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NAOUF£L BRAHIMI £L MILI HISTOIRE SECRÈTE DE LA CHUTE DE BOUTEFLIKA /Ãr1Ø/ Un livre proposé par Michel Taubmann Si vous souhaitez prendre connaissance de notre catalogue : www.editionsarchi p el.com Pour être tenu au courant de nos nouveautés : www.facebook.com/larchi p el E-ISBN : 9782809828474 €opyright © l’Archipel, 2020. SOMMAIRE €ouverture Pa g e de titre Pa g e de co py ri g ht Avant- p ro p os Introduction 1. Une constitution à abattre 2. Un candidat à cor p s p erdu s. Le communiqué fatal 4. « Vendredire » 5. Les Bouteflika font de la résistance 6. Le Bouteflexit É p ilo g ue Remerciements Promo éditeur AVANT-PROPOS Le vol Barcelone-Alger est court, certains passagers n’ont même pas eu le temps de prendre un second café. À peine l’avion s’est-il arrimé à la passerelle du nouvel aéroport d’Alger que les passagers se dirigent vers l’avant de l’appareil. Parmi eux, un homme s’emploie à se connecter sur Internet avec son téléphone portable, son instrument de propagande et de subversion. Il veut informer ses centaines de milliers de « followers » de son arrivée dans la capitale algérienne, une semaine avant la date du premier tour de la présidentielle. Plusieurs secondes passent sans que Rachid Nekkaz parvienne à activer sa page Facebook. Il se dirige vers la passerelle, les yeux rivés à son smartphone, en attente de réseau pour diffuser son « live » à Alger, le premier depuis de nombreux mois. Il ignore qu’à l’entrée du vaste terminal de l’aéroport un discret dispositif des services secrets algériens est déjà en place depuis sept heures du matin : le réseau wifi de l’aérogare est coupé et un brouilleur neutralise toutes les communications et la sG. Quelques mètres plus loin, l’ancien candidat à la présidence algérienne est interpellé par des militaires et très vite mis au secret, loin des regards et des témoins indiscrets. €e jeudi 5 décembre, les autorités algériennes se devaient de mettre à l’ombre un agitateur trop connu auprès de nombreux services de renseignement. Le trublion Rachid Nekkaz, dont les agitations coïncident avec chaque élection présidentielle depuis 2014, multiplie provocations et manipulations, souvent pour le compte d’autrui. N’avait-il pas, au début de l’automne dernier, posté une vidéo enregistrée à Barcelone pour appeler au meurtre de députés algériens ? L’échéance électorale du 12 décembre 2019 est déjà assez houleuse pour ne pas laisser un perturbateur professionnel vaquer à son activité préférée. Sa troisième tentative d’interférer dans la politique algérienne est de trop, elle sera la dernière : Nekkaz échoue en prison, en attendant son procès. « Intakhaba » (« a voté » en arabe), le terme est solennellement prononcé plus de huit millions de fois dans presque toute l’Algérie ce jeudi 12 décembre. Officiellement, le taux de participation global (vote des Algériens de l’étranger compris) à cette élection présidentielle est de s9,8 %. Au-delà de ce chiffre contesté, il est à noter que deux wilayas (préfectures) de Kabylie, sous la pression populaire, ont vu tous les bureaux de vote fermés cinq minutes après leur ouverture. À croire que le pouvoir souhaite faire passer toute une région et toute une population par pertes et profits… Il est d’ailleurs remarquable qu’aucun des cinq candidats n’ait osé se rendre en Kabylie, alors que des meetings avaient été programmés. Pourtant, tous prétendaient devenir le président de tous les Algériens. Abdelmajid Tebboune, 74 ans, est élu dès le premier tour avec 58 % des votes exprimés. Plus de quatre millions de voix sur quarante millions d’habitants, c’est fort peu pour élire un président, mais déjà suffisant pour remplacer Abdelaziz Bouteflika par son éphémère Premier ministre (2 mois et 21 jours en 2017). L’Algérie, sans président depuis dix mois, ne pouvait pas attendre deux ou trois semaines de plus, le temps d’organiser un second tour, pour se doter d’un nouveau chef de l’État… Telle est la marque de fabrique de la démocratie algérienne. Une semaine plus tard, dans un cadre protocolaire très codifié, les premiers mots du président sont particulièrement attendus. €ontrairement à la cérémonie d’investiture de 2014, formalité expédiée laborieusement par Bouteflika en moins de deux minutes, Abdelmajid Tebboune prête le serment constitutionnel, qui l’investit président de la République algérienne. Après les remerciements d’usage et autres figures imposées, il présente les principaux axes de sa politique. Aucun sujet ni aucune frange de la population n’est oublié : jeunesse, femmes, sportifs, école et bien entendu le Hirak1, auquel il tend la main. Sur un ton clair et solennel, Abdelmajid Tebboune demande à être nommé désormais « Monsieur le Président », tout simplement, sans le cérémonial obséquieux imposé depuis deux décennies. Une véritable parole de rupture. Soudain, dans la matinée du mardi 2s décembre, les chaînes de télévision interrompent leur programme et passent en boucle des versets du €oran. L’homme fort du pays, le général chef de corps d’armée et vice-ministre de la Défense Ahmed Gaïd Salah, vient de décéder suite à un arrêt cardiaque. Peu de gens savent à quel point son rôle fut déterminant dans la chute de la maison « Bouteflika », cette « Issaba » (« bande » en arabe) qui se trouve derrière les barreaux et dont certains membres, définitivement écartés du pouvoir, sont en attente de rendez-vous judiciaires. Même la mort de ce personnage clivant, le plus haut gradé de l’armée, adulé par de nombreux Algériens mais hué chaque vendredi par le Hirak, est controversée. €ependant, le démantèlement de la mafia installée au sommet de l’État peut s’inscrire à son actif. Avec des maladresses – en apparence – il a mené à bien sa feuille de route. Les arrestations de manifestants, bien qu’injustifiées, ont créé un point de fixation pour le Hirak. En bon militaire, Ahmed Gaïd Salah a emmené les contestataires sur son terrain sans perdre son ultime objectif : faire élire un président avant la fin de l’année 2019. Mission accomplie : la crise du pouvoir est réglée, reste la crise politique. Trois jours de deuil national sont décrétés après son décès. Après des funérailles grandioses et dignes d’un chef d’État, le nouveau président, selon la €onstitution taillée sur mesure pour la mégalomanie de Bouteflika, se trouve investi de tous les pouvoirs. Abdelmadjid Tebboune, ex-candidat indépendant et sans étiquette, ne traîne pas le boulet du FLN et de ses autres avatars, partis inféodés au pouvoir. Son élection confirme que Bouteflika n’est pas irremplaçable, et il lui revient désormais de mettre un terme à la crise multidimensionnelle que connaît le pays. Mais il doit son accès à la magistrature suprême au Hirak, et à la feuille de route du général- major Ahmed Gaïd Salah. Dès le 2 janvier 2020, les prisons se vident. L’emblématique ancien moudjahid Lakhdar Bouragaa est libéré avec 75 autres détenus d’opinion. Le même soir, un nouveau gouvernement est désigné. La page de Bouteflika est institutionnellement tournée. Silencieux, reclus dans la résidence présidentielle à Zéralda, le président déchu conserve ses secrets, à supposer qu’il ait été au courant de tous les événements qui concernent sa cinquième candidature. Enfin, presque tous. €et ouvrage tente d’apporter, à travers des révélations issues des plus hautes sphères algériennes et françaises, un éclairage inédit sur des événements qui ont bouleversé l’Algérie et pourraient encore nous réserver de nombreuses surprises. 1. « Mouvement », ce terme désigne la vague de manifestations qui a secoué l’Algérie depuis février 2019. INTRODU€TION Octobre 2018. Dressant leur architecture imposante en plein cœur de Paris, les Invalides, demeure éternelle de l’empereur Napoléon Ier, accueillent chaque année un rituel immuable : officiers supérieurs et très hauts gradés du monde entier s’y retrouvent entre anciens camarades, autour de petits-fours et du meilleur champagne. Si les propos sont convenus, le ton est chaleureux, chacun évoquant aventures passées et ambitions futures. Tous ont suivi un cycle de formation de l’Institut des hautes études de la défense nationale (IHEDN), une institution créée en 19s6 et installée après 1945 à l’École militaire. Suivant les préconisations du Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale publié en 2008, l’IHEDN a diversifié ses missions, s’est ouverte à l’international et s’est réorganisée en un pôle « Défense-Affaires étrangères ». Ses champs de compétences furent alors recentrés sur les questions de défense, de politique étrangère, d’armement et d’économie de défense. Au nom de la nécessaire coopération sécuritaire, l’Institut ouvre donc légitimement ses portes aux hauts gradés étrangers. Les Algériens sont bien accueillis depuis un certain 11 septembre 2001, leur savoir-faire dans la lutte anti-islamiste étant particulièrement apprécié par les professionnels français du renseignement. La formation repose essentiellement sur le partage des expériences respectives mais aussi, le cas échéant, sur la mise en commun des informations. Elle permet également de déceler, parmi les élèves qui la suivent, les personnalités étrangères d’avenir. €ertains pourront même être recrutés directement par les Français, toujours intéressés à l’idée d’avoir des agents haut placés à l’étranger. Lorsque des liens de confiance sont ainsi créés, les rendez-vous annuels entre « anciens » peuvent servir de couverture pour ces agents venus d’autres pays, notamment d’Alger, pour des missions plus officieuses. €ar, dans uploads/Litterature/ bouteflika.pdf

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