ÉCHANGES. Bulletin et brochures du réseau « Echanges et mouvement ». Pour abonn

ÉCHANGES. Bulletin et brochures du réseau « Echanges et mouvement ». Pour abonnement, informations et correspondance : BP 241, 75866 Paris Cedex 18, France. Abonnement : 10 euros ou £ 7,00 pour 4 numéros et les brochures publiées dans l’année. Table Avertissement............................................................................................3 Première partie. Récit des événements I – Le démarrage des grèves ....................................................................4 I. 1 – Le 13 mai ................................................................................4 I. 2 – Première semaine: la spontanéité ? ....................................7 I. 3 – Deuxième semaine: la généralisation................................22 II – Le mouvement des occupations .....................................................30 II. 1 – Occuper, s'occuper.............................................................30 II. 2 – Préserver l'outil de travail..................................................34 II. 3 – Rédiger les cahiers de revendications .............................35 II. 4 – Discuter ...............................................................................40 II. 5 – Sortir ou s'enfermer ?........................................................45 III – Grenelle.............................................................................................50 III. 1 – Les négociations ...............................................................50 III. 2 – Le protocole d'accord........................................................51 III. 3 – Le rejet du protocole d'accord..........................................53 IV – Le démontage de la grève...............................................................56 IV. 1 – Jusqu'à la Pentecôte : la grève continue .................................56 IV. 2 – Après la Pentecôte: difficile reprise du travail ...............59 IV. 3 – Renault-Flins ......................................................................63 IV. 4 – Peugeot-Sochaux................................................................66 IV. 5 – Reprise des derniers métallurgistes ................................67 Epilogue....................................................................................................68 Deuxième partie. Eléments d’analyse I – La fin du plein emploi et la stagnation du pouvoir d’achat...70 II – Les limites du travail à la chaîne ...........................................75 III – Conditions d’une grève générale non-insurrectionnelle .....80 Annexes I – Le début du « Mai rampant » en Italie....................................84 II – Le comité d’action RATP.........................................................85 III – Rapport d’orientation présenté à l’AG de Censier....................88 IV – Le comité de liaison interentreprises. Bilan .......................90 Bibliographie............................................................................................95 3 ÉCHANGES — 3 AVERTISSEMENT Les pages qui suivent ne sont pas une histoire des grèves de Mai 68. Elles n’ont pas cette prétention. Pour cela, il aurait fallu que je pousse la recherche bien au-delà de ce que j’ai pu faire ici. Disons plutôt qu’il s’agit d’une compilation de la lit- térature pas trop difficilement accessible sur la question du mouvement des grèves pris au niveau de la base. A fortiori, je n’ai pas fait une histoire de Mai 68, où on aurait repris toute la dimension politique de cette phase de la société française, et encore moins une histoire des interprétations de Mai 68. Une véritable histoire des grèves aurait aussi nécessité de vérifier chaque information à plusieurs sources. Cela n’a pas toujours été possible. Je prendrai connaissance avec le plus grand intérêt des erreurs que les lecteurs pourront signaler. La littérature accessible ne contient aucun récit systéma- tique des grèves de 1968. C’est même étonnant de voir qu’il y a tant d’interprétations et de points de vue sur le mouvement de mai, mais qu’on est bien en peine de savoir avec un peu de dé- tail ce qui s’est passé dans les usines et les bureaux pendant ces quatre ou cinq semaines. Je pense donc que ma compilation peut rendre d’utiles services à ceux qui veulent savoir ce que les salariés ont fait pendant les grandes grèves de Mai 68. B. A. mai 2003 PREMIÈRE PARTIE RÉCIT DES ÉVÉNEMENTS I – LE DÉMARRAGE DES GRÈVES I. 1 – Le 13 mai A partir du 3 mai, le mouvement étudiant initié à Nanterre dé- bouche dans les rues du Quartier latin, et de bien des villes universi- taires de province. Ce mouvement étudiant est en dehors de notre objet. Mais il n’est pas possible de l’ignorer complètement, car il a certaine- ment une influence sur le démarrage des grèves dans les usines. Chronologie des manifestations étudiantes du 3 au 10 mai N Vendredi 3 mai. La police fait évacuer la cour de la Sorbonne occupée par des étudiants, notamment de Nanterre, qui sont venus pour un mee- ting. Elle embarque les étudiants. Cela soulève la protestation des autres. Six heures de violences, 600 interpellations. N 4 mai. 12 condamnations en correctionnelle, dont 8 avec sursis. N 5 mai. Fermeture de la Sorbonne. N Lundi 6 mai. A l’aube : bouclage du Quartier latin (QL) par la po- lice. Dès le matin (pendant le conseil de discipline où comparaissent 8 étudiants, dont Daniel Cohn-Bendit) attroupements et manifs sur le boulevard Saint-Michel. Bagarres avec la police. Ça se transforme en 6 000 personnes à la Halle-aux-Vins (contre la répression). L’Unef* appelle à se rendre à 18 h 30 à Denfert-Rochereau. Puis départ en cor- tège, qui revient vers le QL après passage sur la rive droite. Rue des Ecoles, charge inattendue et violente de la police. Riposte violente des étudiants, barricades. Au même moment, la manif de l’Unef se forme à Denfert. Elle rencontre les flics à la rue du Four. Heurts violents, bar- ricades très construites. Dans la soirée, manifs très violentes au QL (500 blessés, 400 arrestations). Manifs aussi en province, dont vio- lentes à Grenoble N Mardi 7 mai. Rassemblement à 18 h 30 à Denfert. Cortège à travers Paris (en fonction des barrages de police) pendant quatre heures : Invalides, quai d’Orsay, Concorde, Arc de Triomphe (21 h 30). Puis retour vers la rive gauche. Barrage de police au carrefour des rues de Rennes et d’Assas. 50 000 manifestants. Bagarres plus dispersées que la veille. Grande violence de la police. N Mercredi 8 mai. Rassemblement à la Halle aux Vins. Manif par le boulevard Saint-Germain vers le Sénat et la place Edmond-Rostand. Des députés communistes veulent prendre la tête. Ils sont refoulés dans la manif. Sorbonne inaccessible. L’Unef contrôle et obtient la disper- sion sans heurts. — ÉCHANGES 4 * Unef : Union nationale des étudiants français, syndicat étudiant. N Jeudi 9 mai. Pas de manifs. Meetings à la Mutualité (gauchistes, 22-mars**, UJCML***, JCR****...), au Cirque d’hiver (PC, UEC*****). N Vendredi 10 mai. Des manifs de fin d’après-midi s’achèvent en re- montant le boulevard Saint-Michel vers le Luxembourg, où le cortège s’immobilise plus ou moins. Commence alors la première « nuit des barricades » : celles-ci sont très nombreuses sur la montagne Sainte- Geneviève, sans plan stratégique, notamment place Edmond-Rostand, rue Soufflot, et dans les ruelles vers la Contrescarpe. Les flics atta- quent dans la nuit vers 2 heures. Répression violente. Solidarité des ri- verains et grand courant de sympathie pour les manifestants dans l’opi- nion publique. * Durant ces journées de manifestations étudiantes, des contacts se nouent de différentes façons et à différents niveaux entre les deux mondes étu- diants et ouvriers. Au sommet, les bureaucrates de l’Unef et des centrales ouvrières se tournent autour en se flairant le cul. A la base, les jeunes ouvriers s’intéressent activement aux manifestations des étudiants. Cela ne convient pas du tout aux bureaucrates. Le 3 mai, dans L’Humanité, le PC, sous la plume de Georges Mar- chais, prend violemment à partie les étudiants de Nanterre et dénonce l’« anarchiste allemand » Cohn-Bendit. Mais les militants commu- nistes n’acceptent pas unanimement cette condamnation, qui les force à se tenir à l’écart du mouvement. Rioux et Backmann citent le cas d’un responsable des Jeunesses communistes de la banlieue de Paris qui a « un mal fou à retenir les copains, ils étaient déchaînés. Une simple au- torisation du parti, et ils se seraient précipités au Quartier latin. L’au- torisation n’est pas venue ; quelques camarades... sont allés manifester en cachette (1) » Ils citent également le cas d’un responsable syndical qui constate la tension des camarades communistes et les « véritables crises d’absentéisme » qu’on observe parmi les jeunes militants de l’usine les jours de grandes manifestations. Le soir du 6 mai chez Hispano-Suiza, à Colombes (Hauts-de-Seine), trente travailleurs de l’équipe du soir débrayent. Parmi eux, certains syndiqués veulent aller au Quartier latin avec le drapeau de la CGT. Fi- nalement, ils y vont sans le drapeau, à cause « des hésitations des autres » (on suppose qu’il s’agit des autres syndicalistes). Le 10 mai, certains y retournent et participent aux barricades (2). Dans leur récit de la « nuit des barricades » (celle du 10 au 11 mai), Rioux et Backmann signalent le cas de la barricade de la rue de l’Abbé-de-l’Epée, construite par des jeunes travailleurs dont on ne sait pas d’où ils viennent, et qui se révèlent très inventifs. Ils tendent des fils de fer à diverses hauteurs en travers de la rue, pour défendre leur barricade haute de trois mètres. ÉCHANGES — 5 ** Mouvement du 22- Mars : né à Nanterre le 22 mars 1968 avec l’occupation du bâtiment administratif de l’université. *** UJCML : Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes, groupuscule maoïste. **** JCR : Jeunesses communistes révolutionnaires, groupe trotskyste (IVe Internationale). ***** UEC : Union des étudiants communistes, mouvement d’obédience PCF. (1) Jean-Pierre Rioux et René Backmann, L’Explosion de mai, p. 218. Pour les références détaillées des ouvrages cités, voir la bibliographie. (2) Coll.: Ouvriers face aux appareils : une expérience de militantisme chez Hispano-Suiza, p. 172. Il n’y a pas que la CGT à avoir du mal à tenir ses troupes. A l’usine Rhône-Poulenc de Vitry, un tract CFDT du 8 mai affirme : « Étudiants- ouvriers, même combat. » Le 9, un tract de « travailleurs de toutes ten- dances » prend la uploads/Litterature/ les-greves-en-france-en-mai-juin-1968.pdf

  • 11
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager