voxnr.com Dimanche, 10 Octobre 2004 Christoph Luxenberg : le Coran ne parle pas

voxnr.com Dimanche, 10 Octobre 2004 Christoph Luxenberg : le Coran ne parle pas de voile ou de tchador Robert Braun Spiritualités :: Tradition On le sait : le port du voile, dit islamique, suscite encore et toujours de vives controverses sur les podiums officiels de létablissement culturel en Europe. En All emagne, le Tribunal Constitutionnel, la plus haute instance juridique du pays, a ajouté de lhuile sur le feu, par sa décision de septembre dernier, qui laissait aux Laender les pleins pouvoirs de prendre les décisions qui leur semblaient bonnes. L e Tribunal Constitutionnel se déchargeait ainsi subtilement de laffaire. En effet, les questions culturelles et religieuses, en Allemagne, relèvent des Laender, mais , la vigueur des débats le prouve, la question de linterdiction du voile dit islamiq ue ne se limite pas aux frontières de tel ou tel Land et sétend, forcément, à lensemble du pays. Si les gardiens de lordre constitutionnel avaient au moins saisi, de manière cohérente, lampleur de la problématique, ils auraient préconisé un règlement général et unit e, valable pour toute la Fédération allemande. Sans doute le Tribunal Constitutionnel a-t-il opté pour une politique de prudence parce quil ne peut interdire les symboles religieux que sils ne sont pas expressémen t prescrits par les communautés religieuses. Certes, bon nombre de pays musulmans ninsistent pas sur le port obligatoire dun voile; les juges du Tribunal Constituti onnel allemand, pourtant, en ont déduit que le Coran prescrit le port obligatoire dun voile et que, dès lors, ce port est une obligation pour les croyants. Cette con ception des choses peut être désormais mise en doute. Les adversaires du voile dispo sent maintenant darguments plus solides, qui ne sont plus simplement des appels a ux valeurs de lOccident chrétien ou de la Tradition européenne. Lauteur Christoph Luxenberg, qui est obligé décrire sous ce pseudonyme, a publié en 2000 un ouvrage intitulé Die syro-aramaeische Leseart des Koran [= La lecture syro-araméenn e du Coran], qui a rapidement acquis la célébrité dans le monde entier. Une seconde éditi on paraîtra bientôt, en cet automne 2004, mais lauteur nous a déjà révélé en primeur les inn tions quelle apporte par rapport à la première version du livre. Luxenberg les a cons ignées dans une petite revue de critique catholique, Imprimatur (édition n°2/2004). Elle s traitent de la sourate invoquée pour le port du voile. Philologue sémitique averti , Luxenberg présente une nouvelle lecture du texte du Coran, y compris de celui de la sourate qui concerne le port du voile. Certes, il nest pas le premier philolo gue à le faire, tout en soumettant à critique les lectures conventionnelles du livre sacré des musulmans. Cest sa méthode qui est innovante, ainsi que les résultats quelle procure. Là, Luxenberg est original et seul. Pourquoi? Parce quil est le seul à maîtris er les variantes régionales des langues sémitiques anciennes et actuelles, ce qui lu i a permis de procéder à une enquête philologique unique et complète du texte du Coran. Le Coran a été rédigé de manière abrégée Luxenberg publie sous pseudonyme car il sait très bien quil saventure sur un terrain dangereux et que ses recherches peuvent lui coûter la vie. Les doctrinaires islam iques conventionnels réagissent avec passion et énervement parce que Luxenberg relit le Coran dune manière entièrement nouvelle, en reconstruisant les racines syro-araméen nes du texte arabe. Le point de vue islamique part du principe que le Coran a été réceptionné par Mahomet ou par ses compagnons au 7ième siècle, et que, depuis, il est demeuré inchangé. Or les rec herches sur le texte coranique ont bel et bien prouvé que le texte trouvait ses or igines au 7ième siècle, ce qui est indubitable, mais que sa forme actuelle date en f ait du 10ième siècle. Lévolution de lécriture arabe joue un rôle très important dans les avatars du texte corani que; première remarque de Luxenberg, lécriture arabe nexistait pas au moment de lémergenc e du Coran. Certes, la langue arabe existait, mais, pour la transcription, il a fallu faire usage de la langue syro-araméenne, qui, à lépoque, était tout aussi important e que le sera le latin en Europe quelques siècles plus tard. Les tribus arabiques se sont rapidement répandues dans les espaces conquis, ce qui a entraîné la prise de c onscience dune conscience identitaire arabe, qui avait besoin dun système décriture pro pre, lequel devait être créé sur base de lécriture syro-araméenne. Le Coran est donc le pre mier livre écrit en arabe, mais, il faut alors se rappeler quà lépoque de son émergence, l e fondateur de lIslam, le Prophète Mahomet, la rédigé en abrégé, pour lui servir daide-mém Dans cette forme première, abrégée, les fameux points diachroniques, que lécriture arabe ltérieure rendra pleinement, ont été omis. Des 28 lettres de lalphabet arabe, seules si x sont claires et univoques sans le secours de ces points diachroniques. Les 22 autres laissent la possibilité dune multitude de variantes interprétatives, si ces po ints sont omis. Pour les lettrés de lépoque, cela ne posait aucun problème, car ils connaissaient encor e parfaitement les racines syro-araméennes des mots. Pour 900 mots, il a fallu imp oser une lecture unitaire du texte sacré, car dinnombrables interprétations commençaien t à se télescoper, tant et si bien que lIslam risquait à tout moment de se désagréger. La tâ he des lettrés musulmans a résidé en ceci: présenter le Coran dans une forme écrite, enfin achevée, en introduisant a posteriori les points diachroniques manquants dans le texte, afin de rendre toute interprétation erronée impossible. Mais là sest posé un problèm e : les lettrés islamiques du 10ième siècle ne connaissaient plus les racines syro-ara méennes des mots. Cest ainsi que certains passages du Coran paraissent étonnantes. La communauté savante des coranologues évoque alors des passages obscurs. Lun de ces passa es obscurs se trouve dans la sourate 24.31, que les gardiens de la foi islamique considèrent comme un indice important pour ordonner le port obligatoire du voile. La traduction littérale du texte arabe de ce passage de la sourate 24.31 serait, s elon Luxenberg : Elles doivent rabattre leurs khoumour au-dessus de leurs poches. Les lettrés coraniques ont toujours eu du mal à interpréter ce passage difficile, si b ien quils se sont entendus pour en donner une réadaptation unitaire, que lon peut tr aduite comme suit : Elles doivent (...) tirer leur foulard au-dessus de la fente de leur vêtement (à partir de la découpe du cou descendant vers le bas). Cette phrase e st étrange, sonne drôle, ce qui a induit Luxenberg à sinterroger sur sa signification, surtout en se penchant sur trois mots problématiques dans le texte originel, khoumo ur, poches et rabattre. Elles doivent rabattre leurs ceintures au-dessus de leurs hanchesLe mot khoumour était totalement inconnu des lettrés coraniques du 10ième siècle. Pourtant , il existe en arabe un mot similaire, qui signifie recouvrir et dont ils se sont aidés. Luxenberg, en revanche, a réussi à prouver que la signification originelle, syr o-araméenne, du mot khoumour était ceinture. Cette découverte est corroborée par le fait le mot rabattre dans les textes syro-araméens est toujours lié à ceinture. Le passage obscur, après ce travail de défrichage, devrait se traduire ainsi : Elles doivent rabattre leur ceinture sur leurs poches. Ainsi, le dernier mot quil convie nt de rechercher apparaît clairement. Le travail méticuleux du philologue Luxenberg a permis une nouvelle traduction : le terme poches devient hanches (en allemand : Len den, qui signifie aussi lombes ou reins, ndt). De cette façon, le commandement de porte r un voile ou un foulard, devient : Elles doivent rabattre/mettre leurs ceintures au-dessus de leurs hanches. Qui plus est, cette nouvelle lecture peut se référer à un fait historique: rappelons-nous que le Coran contient de nombreux passages où lon o rdonne aux femmes de porter une ceinture, de nouer une ceinture autour de la tai lle, signe de moralité. De même, les hommes ne devaient apparaître à la prière que muni dun e ceinture autour de la taille. La haute signification de la ceinture nest pas seulement le propre de la culture arabo-islamique. Dans lEurope chrétienne, la ceinture revêtait (et revêt toujours) une signification. Par exemple, la ceinture du moine qui souligne la nécessité dune vie a scétique. La ceinture symbolise dans ce cas la séparation entre la partie supérieure d u corps de la partie inférieure, jugée infâmante et maudite. Par ailleurs, en Europe méd iévale, les prostituées ne pouvaient pas, sous peine de sanction, porter de ceinture , car il leur était interdit de saffubler dun symbole de haute moralité. Luxenberg en conclut que la sourate 24.31 ne prescrit pas aux femmes de porter u n foulard. Il estime quelles devraient au contraire utiliser le sens réel et origin el de cette sourate pour sopposer aux ukases des nouveaux doctrinaires de la foi. Certes, les travaux dun seul philologue ne peuvent pas ébranler linfluence concrète dun e texte considéré comme sacré, ni façonner lexpression de la foi islamique. Cependant, uploads/Litterature/ braun-robert-christoph-luxenberg-le-coran-ne-parle-pas-de-voile-ou-de-tchador.pdf

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