Tous droits réservés © Revue de recherches en littératie médiatique multimodale
Tous droits réservés © Revue de recherches en littératie médiatique multimodale, 2019 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 28 sept. 2021 15:53 Revue de recherches en littératie médiatique multimodale LA FANFICTION NUMÉRIQUE : UN ESPACE LETTRÉ DE COMMUNICATION ET DE CRÉATION Magali Brunel Multimodalité et espaces numériques : créer, communiquer, enseigner Volume 10, octobre 2019 URI : https://id.erudit.org/iderudit/1065528ar DOI : https://doi.org/10.7202/1065528ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Groupe de recherche en littératie médiatique multimodale ISSN 2368-9242 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Brunel, M. (2019). LA FANFICTION NUMÉRIQUE : UN ESPACE LETTRÉ DE COMMUNICATION ET DE CRÉATION. Revue de recherches en littératie médiatique multimodale, 10. https://doi.org/10.7202/1065528ar Résumé de l'article L’article présente une expérimentation qui vise à proposer une adaptation en contexte scolaire des pratiques sociales de fanfiction. Après avoir identifié les caractéristiques de ces pratiques qui fondent de véritables espaces lettrés, il s’agit de montrer leurs convergences avec certaines pistes que la didactique de la littérature promeut, en particulier le développement d’un sujet lecteur, la constitution de communautés de lecteurs dans la classe ou encore l’accompagnement d’un sujet scripteur créatif. L’article décrit alors la conception d’une plateforme de fanfiction, réalisée dans le cadre d’une recherche collaborative, et analyse comment chaque espace de la fanfiction permet de développer des compétences littéraires spécifiques. © Tous droits réservés Revue de Recherches en LMM (r2lmm.ca), vol. 10 (2019) LA FANFICTION NUMÉRIQUE : UN ESPACE LETTRÉ DE COMMUNICATION ET DE CRÉATION Magali Brunel, Université Nice Sophia Antipolis-LINE/ Université Grenoble Alpes-LITT&ARTS Résumé L’article présente une expérimentation qui vise à proposer une adaptation en contexte scolaire des pratiques sociales de fanfiction. Après avoir identifié les caractéristiques de ces pratiques qui fondent de véritables espaces lettrés, il s’agit de montrer leurs convergences avec certaines pistes que la didactique de la littérature promeut, en particulier le développement d’un sujet lecteur, la constitution de communautés de lecteurs dans la classe ou encore l’accompagnement d’un sujet scripteur créatif. L’article décrit alors la conception d’une plateforme de fanfiction, réalisée dans le cadre d’une recherche collaborative, et analyse comment chaque espace de la fanfiction permet de développer des compétences littéraires spécifiques. Abstract The article introduces an experiment that aims to propose an adaptation of social practices of fanfiction in schools. After identifying the characteristics of these practices that form real literate spaces, we present their convergences with the orientations that the didactics of literature promote, in particular the development of a reading subject, the constitution of communities of readers in the classroom or the accompaniment of a creative writing subject. The article then describes the design of a fanfiction platform, carried out as part of collaborative research, and analyzes how each space of fanfiction allows to develop specific literary skills. Mots-clés : numérique, fanfiction, didactique, littérature, écriture. Keywords: digital technology, fanfiction, teaching, literature, writing. © Tous droits réservés Revue de Recherches en LMM (r2lmm.ca), vol. 10 (2019) Les pratiques sociales de fanfiction se développent aujourd’hui dans le contexte numérique, le plus souvent au sein de sites dédiés, comme la plateforme fanfic.fr ou encore des sites spécifiquement consacrés à tel personnage ou telle série, comme hpfanfiction.org, centré sur le héros Harry Potter. Connues et adoptées par les jeunes dans le cadre de leurs habitudes culturelles privées, comme l’atteste la dernière enquête Ipsos (2016), les pratiques de lecture ou d’écriture numérique, telles que la lecture de livres numériques ou encore la lecture et l’écriture numériques de fanfictions, sont en revanche des activités très rarement pratiquées dans la classe. Pourtant, en examinant les caractéristiques sociales et les potentialités créatives de ces espaces numériques, que nous pourrions qualifier, avec Doueihi (2011), de nouveaux espaces lettrés, il nous apparaît que la transposition didactique de ces pratiques sociales de référence peut revêtir un intérêt réel, à l’heure où les programmes officiels reconnaissent le lecteur comme sujet et le rôle des communautés de lecteurs dans le développement des pratiques culturelles. Nous faisons ici particulièrement référence aux programmes français pour les cycles 3 et 4 (élèves de 8 à 15 ans) de 2015, qui soulignent le rôle de la littérature dans le développement de l’élève – « elle développe l’imagination, enrichit la connaissance du monde et participe à la construction de soi » (Ministère de l’Éducation nationale, 2015, p. 98) – et celle des échanges entre pairs, à travers la recommandation d’« activités permettant de partager ses impressions de lecture, de faire des hypothèses d’interprétation et d’en débattre de confronter des jugements » (Ministère de l’Éducation nationale, 2015, p. 106). L’objectif de cet article consiste donc à présenter les caractéristiques d’un dispositif d’adaptation scolaire de fanfiction mis en place dans une démarche collaborative dans des classes du secondaire en France et d’en montrer l’intérêt dans le cadre de l’enseignement de la littérature. Nous nous proposons tout d’abord de mettre en évidence les différentes caractéristiques des pratiques numériques de fanfiction et de souligner les points de convergence que celles-ci peuvent présenter avec des objectifs didactiques. Après ce premier temps, nous présenterons le dispositif expérimental mis en œuvre dans trois classes de collège1, au cours de l’année scolaire 2016-2017, en expliquant comment, dans ce projet de transposition didactique, les différents espaces d’écriture ont été conçus et quelles compétences ils visent à stimuler. 1. Cerner les pratiques littéraires de fanfiction Avant de présenter l’adaptation scolaire de la fanfiction que nous avons envisagée, il est nécessaire de mieux saisir les spécificités de cette pratique littéraire, notamment en contexte numérique, et de la replacer dans le cadre plus large des pratiques culturelles de lecture, notamment du jeune public. © Tous droits réservés Revue de Recherches en LMM (r2lmm.ca), vol. 10 (2019) 1.1. Définir la fanfiction 1.1.1. Le genre de la fanfiction sur Internet Les fanfictions, comme les définit Barnabé (2014), sont « des récits fictionnels écrits par les fans qui s’inspirent d’œuvres préexistantes » (p. 35), en particulier littéraires. Ces pratiques d’écriture qui ont été étudiées dès les années 1990 (Jenkins, 1992) voient aujourd’hui un nouvel essor du fait de leur transposition numérique; les fanfictions sont « un phénomène que les TIC n’ont pas créé mais dont elles ont facilité le développement à plus grande échelle » (François, 2007, p. 61). La fanfiction s’intègre ainsi à l’ensemble des textes de littératie multimodale numérique, comme le décrivent Lacelle, Boutin et Lebrun (2017, p. 37), et se rattache plus particulièrement, selon eux, à l’univers transmédiatique des jeunes. Plus précisément encore, la fanfiction appartient aux textes de « narration numérique » (digital storytelling). La particularité du comportement des participants dans des sites de fanfiction est liée à leur double activité; les membres s’expriment à la fois comme lecteurs – ils partagent leurs goûts et leurs ressentis sur leur lecture – et comme scripteurs, puisqu’ils déposent leurs créations que d’autres membres lisent et commentent à leur tour. L’activité fanfictionnelle engendre donc plusieurs espaces et activités qui coexistent, ce qui rend poreuse la délimitation traditionnelle des rôles de lecteur et d’auteur. Dans une fanfiction, les lecteurs adoptent donc un comportement de « fan » spécifique. Ainsi, s’ils expriment leur admiration pour une œuvre ou des personnages, ils s’appuient aussi sur cette œuvre pour écrire à partir d’elle; le fan n’est pas passif dans une admiration un peu paralysante, mais participatif et créatif. Il s’agit, comme le présente François (2009), « à partir d’un événement de l’intrigue originale, de faire bifurquer l’histoire et de créer un monde parallèle, mais aussi concurrent, de celui qu’avaient élaboré les scénaristes ou l’auteur officiel » (p. 166). 1.1.2. La fanfiction comme pratique sociale de référence Deux enquêtes récentes du Centre national de la lecture (CNL) et de l’institut de sondage Ipsos nous renseignent sur les comportements de lecteurs des élèves. La première, qui date de 2017, met en évidence le fait que les pratiques de lecture numériques concernent aujourd’hui environ le quart des lecteurs (24 %). Elle souligne l’influence du numérique sur les comportements culturels, par exemple dans l’achat d’ouvrages ou dans la fréquentation de forums orientant les lectures. La deuxième enquête, parue en 2016, concerne spécifiquement le public des jeunes de 7 à 15 ans. Elle © Tous droits réservés Revue de Recherches en LMM (r2lmm.ca), vol. 10 (2019) précise que les jeunes continuent à avoir de vraies pratiques de lecture (puisqu’ils lisent trois heures par semaine). En revanche, une forte chute de la lecture se manifeste à l’entrée au collège et se confirme au lycée. L’étude signale également de nouvelles pratiques littéraires; la lecture et l’écriture de fanfictions sont présentées comme un phénomène émergeant, qui concerne 12 % des jeunes en lecture et 4 % en écriture. Ces pratiques étant surtout le fait de collégiens et, encore plus, de lycéens. De ces uploads/Litterature/ brunel-2019.pdf
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- Publié le Sep 30, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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