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<><><>^<><>3K><><XX><»<>0<3X>3K><^^ The University of Chicago Library o<><x^<><><^o<^<^<^<^><^<^o<^<x^^ BIBLIOTHÈQUE DE PHILOSOPHIE CONTEMPORAINE LA RAISON ET LA RELIGION PAR LÉON BRUNSCHVICC MemBrE dE l'iNSTiTUT LIBRAIRIE FELIX ALCAN LA RAISON ET LA RELIGION BIBLIOTHÈQUE DE PHILOSOPHIE CONTEMPORAINE LA RAISON ET LA RELIGION PAR LEON BRUNSCHVICG u IVtEivibRE de I'Instîtut LIBRAIRIE FELIX ALCAN 108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PaRIS VF ..<::;iijt.«sïi'? .i-«iii.£Vii,Kli*iî:;; 'BLS/ Qî. Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction réservés pour tous pays Copyright by Librairie Félix Akan, 1939 1^^ INTRODUCTION L — Le présent ouvrage a son point de départ dans une communication qui mouvait été demandée pour le Congrès international de Philosophie, tenu à Prague en septem- bre 1934. J'y avais présenté cette thèse qu'à la raison vraie, telle qu'elle se révèle par le progrès de la connaissance scien- tifique^ il appartient de parvenir jusqu'à la religion vraie, telle qu'elle se présente à la réflexion du philosophe, c'est-à- dire comme une fonction de l'esprit se développant selon les normes capables de garantir l'unité et l'intégrité de la conscience. « Par religion (disait Jules Lachelier du cours d'un dialogue mémorable où il se confrontait à Emile Dur- kheim) je n'entends pas les pratiques religieuses ou les croyances particulières, qui trop évidemment varient d'un état social à un autre. Mais la vraie religion est bien incapable de naître d'aucun rapprochement social; car il y a en elle une négation fondamentale de tout donné extérieur et par là un arrachement au groupe, autant qu'à la nature. L'âme religieuse se cherche et se trouve hors du groupe social, loin de lui et souvent contre lui.... (1) L'état de conscience qui seul peut, selon moi, être proprement appelé religieux, c'est l'état d'un esprit qui se veut et se sent supérieur à toute réalité sensible, qui s'efforce librement vers un idéal de pureté et de spiritualité absolues, radicalement hétérogène à tout ce qui, en lui, vient de la nature et constitue sa nature. » {Ihid., p. 166.) En reprenant l'étude esquissée à Prague, je saisis l'occa- (1) Société française de Philosophie. Séance du 4 lévrier 1913, apud Œuvres de Jules Lachelier, t. II, 1933, p. 170. I^ON BBDNSCHVICG 1 2 LA RAISON ET LA RELIGION . sion de relever un malentendu auquel elle a donné lieu eî que j'ai à cœur de dissiper. Le P. Charles Boyer, qui avait bien voulu de très bonne grâce exprimer quelques réserves au cours de la discussion, me permettra de citer ici son article intitulé : La Religion du Verbe, Apostille à une commu- nication de M. Brunschvicg (Revue de Philosophie, mai- juin 1935) : « M. Brunschvicg prend forcément position contre le christianisme, ou, pour éviter toute équivoque, contre le catholicisme^ parce qu'il condamne, au nom de la philo- sophie^ toute religion positive. » El le P. Charles Boyer précise en note : « Nous ne parlons pas de l'intention de Vauteur, mais du contenu réel et de la portée logique ,et nécessaire de son écrit. » (P. 194.) Ce qui amène le P. Charles Boyer à conclure : « La lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde doit exister en elle-même sans dépendre des reflets qu'elle allume. Pour avoir voulu donner à l'homm^e une grandeur usurpée, l'idéalisme aboutit au pessimisme et à la désespérance ; et quand il parle de la religion du Verbe il ne peut que jouer avec des mots sublimes dont il fait dis- paraître le contenu. » {P. 201.) S'il s'agissait ici de polémiquer, il semble que la réponse serait assez facile : n'est-ce pas une attention sincère et sérieuse à la signification intrinsèque du Verbe, qui oblige, par une voie ii logique et nécessaire », aie délivrer de ses liens de chair, , à renoncer le privilège, évidemment injus- tifié, certainement « usurpé » par notre espèce, d'une figura- Jio/2 humaine, trop humaine, à retrouver enfin l'universalité absolue de la lumière naturelle ? Se met-on réellement en dehors du christianisme, et du catholicisme même, parce qu'on ne se résigne pas à en faire une religion fermée sur la lettre de son symbole, parce que, suivant l'interprétation profonde qu'en donnait un Spinoza, on considère qu'elle a pour raison d'être de s'ouvrir à l'élan infini d'une spiritualité pure ? Le malentendu auquel nous venons de faire allusion est rendu plus douloureux encore par les sentiments fraternels dont il s'accompagne. Des . amis catholiques, des prêtresy INTRODUCTION m\onl confié qu^ils priaient pour moi; ils ajouîaierd déli- catement qu'ils avaient presque à s^en excuser, supposmi que, je regardais ce mouvement de charité comme un reste de superstition. Il a fallu que je les détrompe; le mot m me vient jamais à Vespril, même quand je ne fais que dis- cuter avec moi-même. Mais comment l'amour répondrait-il à l'amour si nous cédions à la tentation présomptueuse de préjuger, pour une conscience qui n'est pas 'la nôtre, du tableau de répariiiion des valeurs religieuses, alors que le devoir strict est de nous borner à déclarer exactemeni le chemin que nous nous sommes efforcé de nous éclairer à nous-même et de découvrir avant que nous soyons en étal de le suivre ? Le philosophe qui n'est que philosophe repren- dra en toute sincérité de cœur la parole simple et noble que Benouvier adressait à Louis Ménard : « Nos dissidences n'ôtent rien à ma sympathie ; nous cherchons la vérité. » (1) Ce que nous aurons, pour noire propre compte, à retenir de la question soulevée par notre contradicteur, c'est que son problème est aussi notre problème. Nous entendons Pascal lorsqu'il nous crie : « Humiliez-vous, raison impuis- sante ; taisez-vous, nature imbécile... Écoutez Dieu. r> {2} Quel Dieu, et dans quelle langue? Si nous avons accepté Vhypothèse que religion signifie religion positive, il ne nous est plus accordé de nous refuser au spectacle de l'histoire : Plusieurs religions semblables à la nôtre, Toutes escaladant le ciel... Et par leur multiplicité se condamnant toutes tz demeurer déchues de leur espérance, sauf une sans doute, une peut- êlre — et laquelle ? Lorsqu'on prend la peine d'envisager la foi religieuse sous les aspects infiniment divers qu'elle a présentés au cours des siècles, on devra, comme le fait M, Henri Dela- croix, conclure à la puissance créatrice de la foi, mais foi - (1) Lettre du 1" septembre 1891, Correspondance inédile publiée par A. Peyre. (Revue de Métaphysique et de Morale, 1902, p. 13,> (2) Pensées, f» 261, Éditions Hachette, fr. 434. 4 LA RAISON ET LA RELIGION créatrice d^une psychologie et d'une sociologie, nullement d'une ontologie et d'une théologie. La parole est impuissante à garantir la parole. Et c'est Pascal lui-même qui nous en avertit : « Tant s'en faut que d'avoir ouï dire une chose' soit la règle de votre créance, que vous ne devez rien croire sans vous mettre en état comme si fumais vous ne l'aviez ouï. » (1) En vain le fidèle rêve de n'avoir qu'à s'incliner devant une autorité qu'il proclamerait infaillible pour définir les limites hors desquelles la pensée n'aura plus le droit de s'exercer. La tentation se retourne contre elle-même; et, là encore, c'est à Pascal que nous en appelons : « // y en a qui n'ont pas le pouvoir de s'empêcher ainsi de songer, et qui songent d'autant plus qu'on leur défend. Ceux-là se défont des fausses religions et de la vraie même, s'ils ne trouvent des discours solides. » (F° 41; fr. 259.) Fénelon, si dur à l'égard de ceux qui passaient pour « Jansénistes », n'en signale pa.s moins au prétendant Jacques III, dans dès termes qui rejoignent curieusement l'esprit du Tractatus Theologico-Politicus, ce qu'il y a d'odieux et de ridicule dans la prétention de l'intolérance ;'« Nulle puissance humaine ne peut forcer le retranchement de la liberté du cœur. » (2) C'est donc du point de vue qui leur est intérieur que' le pror- blême de la vérité du christianisme, et particulièrement du , catholicisme, se trouvera posé devant la conscience humaine, impuissante en quelque sorte à se dessaisir de son autonomie, tenue à porter un jugement objectif sur les religions positives d'après les critères qu'elles-mêmes auront revendiqués. II. — Le contenu réel que le christianisme propose à l'examen de la raison humaine est fourni par les Écritures, (1) F" 273, fr. 260. Cf. P 41, fr. 615 : « On a beau dire. Il faut avouer que la religion chrétienne a quelque chose d'étonnant.— C'est parce que vous y êtes né, dira-t-on. — Tant s'en faut ; je me roidis contre, pour cette raison-là5| même, de peur que cette prévention ne me suborne; mais, quoique j'y sois" né, je ne laisse pas de le trouver ainsi. » (2) Œuvres. Édit. Gaume, 1850, t. VII, p. 102. INTRODUCTION 5 inspirées de Dieu lui-même. Or. comment apparaît le chris- tianisme, rapporté à son axe interne de référence, placé en face de sa propre révélation ? Tout récemment, la réponse venait à nous du haut de la chaire de Notre-Dame à Paris : « Choisissez un groupe de croyants très sincères, très ardents ; mettez entre leurs mains n^ importe uploads/Litterature/ brunschvicg-leon-la-raison-et-religion-1939.pdf

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