UNE MÉMOIRE VIVANTE Le 7 février 1986, nous quittait une pyramide en chair et o
UNE MÉMOIRE VIVANTE Le 7 février 1986, nous quittait une pyramide en chair et os nommée Cheikh Anta Diop, parti sur la pointe des pieds. Paisiblement ! 34 ans après, plus d’un tiers de siècle après la disparition de ce grand panafricaniste, qui a marqué son temps et continue encore à im- primer son impact dans la marche du monde, N° 0001 - vendredi 7 février 2020 Gratuit Edito Le journal de l’étudiant CHEIKH ANTA DIOP - 34 ANS APRÈS SA MORT SUITE P2 C M J N UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP Entretenir la flamme intellectuelle Commémoration de la dis- parition du parrain oblige, le collectif des amicales de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) s’est réuni le jeudi 30 jan- vier 2020 à l’institution du même nom pour dévoiler les préparatifs à cet évé- nement. Son œuvre colossale étant une source intarissable d’inspiration pour les gé- nérations d’étudiants qui se succèdent à l’UCAD, cette 34ème édition se veut un cadre pour, une fois de plus, magnifier et promouvoir l’œuvre du sa- vant sénégalais décédé le 7 février 1986. A cet effet, le collectif des étudiants de l’UCAD an- nonce la tenue d’un cycle de grandes conférences tout au long de la célébra- tion pour servir de tribune aux intellectuels pour débattre sur différents thèmes cher à Cheikh Anta. De l’avis de Cheikh Ah- madou Bamba Faye, pré- sident de l’amicale des étudiants de la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie, par ail- leurs porte-parole du col- lectif des amicales, il est nécessaire, à travers cette commémoration, de revi- vifier le volet intellectuel et scientifique de leur par- rain. En outre, le collectif pré- voit d’organiser un ju- melage avec l’Université Alioune Diop de Bambèye (UADB) afin de partager les travaux et les expé- riences. « L’objectif, c’est de faire en sorte que tout le monde puisse bé- néficier de l’œuvre du Professeur. Ainsi, le per- sonnage sera abordé sur plusieurs angles », assure le porte-parole. « Jeunesse africaine, armez-vous de science… » Maillon important de la po- pulation, la jeunesse est ins- crite au centre des débats. D’où la nécessité de leur donner en exemple le par- rain de l’université publique de Dakar qui les exhortait ainsi : « Jeunesse africaine, armez-vous de science jusqu’aux dents ». S’appropriant cet appel, les étudiants admettent que « la part croissante de la jeu- nesse dans la population afri- caine est une réalité ; raison pour laquelle cette spécifi- cité constitue une donnée essentielle pour l’avenir du continent. D’où la nécessité, pour nous jeunes africains, de puiser au plus profond de nos idéaux et de nos valeurs authentiques pour mieux ap- préhender notre rôle dans un contexte mondialisé ». Pour sa part, El hadji Mou- hamadou Lamine Seydi, membre du Mouvement Karbone 14, s’est félicité de la célébration de leur idole. Il estime que c’est toute la jeunesse qui doit s’imprégner de l’œuvre de Cheikh Anta Diop. Et cette initiative permet, à son avis, de découvrir l’« homme au savoir titanesque » : « Il fut des temps où les étudiants ne pouvaient même pas citer deux phrases de leur parrain. Mais nous espé- rons que les choses vont changer », pointe-t-il. Par Charles DIOMPY Lux mea lex ! Le 7 février 1986, nous quittait une pyramide en chair et os nom- mée Cheikh Anta Diop, parti sur la pointe des pieds. Paisible- ment ! 34 ans après, plus d’un tiers de siècle après la disparition de ce grand panafricaniste, qui a marqué son temps et continue encore à imprimer son impact dans la marche du monde, com- ment continuer à parler de Cheikh Anta Diop, parrain de notre Université qui porte son si prestigieux nom ? Osons d’abord cette question : que serait l’Afrique sans l’auteur de Civilisation et Barbarie ? Assurément son visage ne serait pas le même. En investissant un domaine qui était réservé à une certaine élite blanche à savoir la Recherche scientifique, en redonnant fierté à la jeunesse, en inoculant audace et démasquant les mensonges drapés de la camisole de la Science, Cheikh Anta Diop réussit à allier Savoir et Combat. Dans un contexte colonial et fraîchement postco- lonial, Cheikh Anta Diop comprend très vite que l’idéologie est dans la Science et que le Savoir, sous toutes ses formes, est sculpté, dans le contexte d’alors, pour opprimer le colonisé. C’est pourquoi, il va travailler, dans le sillage des pères fondateurs de la Négritude et de fa- çon plus déterminée, à déconstruire toutes les thèses racistes conte- nues dans l’Anthropologie coloniale de l’époque. C’est l’Egypte qui sera la ‘’Terre promise’’. ‘’Le nègre ignore que ses ancêtres, qui se sont adaptés aux conditions matérielles de la vallée du Nil, sont les plus anciens guides de l’humanité dans la voie de la civili- sation ; que ce sont eux qui ont créé les Arts, la religion (en particulier le monothéisme), la littérature, les premiers systèmes philosophiques, l’écriture, les sciences exactes (physique, mathématiques, mécanique, astronomie, calendrier…), la médecine, l’architecture, l’agriculture, etc. à une époque où le reste de la Terre (Asie, Europe, Grèce, Rome…) était plongé dans la barbarie’’ (Civilisation et barbarie). Pour Cheikh Anta Diop, les termes du combat sont clairs. Il s’agit de retrouver nos racines, reconquérir notre passé pour, non pas nous complaire dans une sorte de paradis perdu, mais pour poser les jalons d’une action créatrice portée sur l’avenir. Si la Science et la Technique ont atteint un haut niveau de perfection sur la Terre de nos Ancêtres, l’Egypte pharaonique, nous ne sommes plus ces sous-hommes, que le Comte de Gobineau décrit dans L ’Essai sur l’inégalité des races hu- maines. Nous ne sommes plus cet albatros ou ce nègre du Tramway que relate Aimé Césaire dans Cahiers d’un retour au pays natal. C’est pourquoi il dira que ‘’la négation de l’histoire et des réalisations intellec- tuelles des peuples africains noirs est le meurtre culturel, mental, qui a déjà précédé et préparé le génocide ici et là dans le monde’’. Cheikh Anta Diop savait mieux que quiconque que ‘’le poison culturel savamment inoculé dès la plus tendre enfance, est devenu partie inté- grante de notre substance et se manifeste dans tous nos jugements’’. Comment parler de Cheikh Anta Diop en 2020 ? Clairement, nous pou- vons affirmer qu’il reste d’une terrible actualité. Dans le monde actuel marqué par une montée de toutes les formes d’intolérance, des senti- ments de racisme et de xénophobie, comment ne pas se remémorer des écrits de Cheikh Anta Diop. Au moment où les idéologies du dé- sespoir montent en flèche, au point d’ailleurs que les jeunes du Conti- nent africain préfèrent emprunter les chemins tortueux et dangereux de l’immigration sans assurance d’un avenir meilleur, la voix de Cheikh Anta Diop tonne avec force. Son œuvre, sans être parole biblique, éclaire la voie à la jeunesse et balise le chemin de la fierté retrouvée. Laissez-moi donc chers étudiants vous féliciter pour l’anniversaire de cet homme formidable, anniversaire qui coïncide avec le lancement du pre- mier numéro du journal Campus. Nous ambitionnons avec vous, d’en faire un espace de discussions et d’échanges d’idées, conformément à la devise de l’Université : ‘’Lux mea lex’’. Vous en serez les premiers animateurs. Nous pouvons trouver ici un cadre indiqué pour confronter nos idées, sans verser dans les extrémismes. L ’Université doit retrouver toutes ses ouvertures, garantes de l’éclosion positive des intelligences. En tant qu’ancien de cette institution, je veillerai à travailler avec vous, à vos côtés, main dans la main, pour transformer cet espace commun et le rendre aussi brillant que la lumière de son parrain : Cheikh Anta Diop. Puisse-t-il continuer à nous inspirer. Abdoulaye Sow SPECIAL CHEIKH ANTA DIOP 2 Numéro 0001 • Vendredi 7 février 2020 www.campusucad.sn Editeur Direction des Œuvres Universitaires de Dakar (COUD) Directeur de publication Abdoulaye Saydou SOW Coordonnateur de la rédaction Mamadou BADJI Rédactrice en chef Néné Jupiter NDIAYE KIDIERA Rédaction Diène NGOM Younouss WATTE Charles DIOMPY Eli MANE Abdou SALL BOUBACAR GASSAMA Ahmeth DJIGO Zahra NDIAYE Impression: AfricaPrint special Cheikh Anta Diop 3 numéro 0001 • vendredi 7 février 2020 DEBAT SUR LE PROBLEME ENERGETIQUE AFRICAIN « La science, la technique et le développe- ment de l’Afrique - l’Afrique et son avenir » Dans cette communication de Cheikh Anta Diop au Symposium international de Kinshasa, du 20 – 30 avril 1985, le savant exprime sa pensée sur une problématique plus actuelle que jamais. Faisons une projection dans le proche avenir et demandons-nous quelle sera la physionomie énergétique du monde, dans 30 à 40 ans, aux confins des an- nées 2010 à 2020. Si le rythme actuel de la consomma- tion mondiale est maintenu les experts sont à peu près d’accord pou r prévoir une pénurie croissante dans le do- maine des sources d’énergie primaires fossiles, c’est-à-dire celui des hydro- carbures, du gaz naturel, du charbon, des tourbes etc., même en faisant la part des nappes et mines importantes restant à découvrir au niveau des conti- nents. En même temps, la pollution atmos- phérique en gaz carbonique qui uploads/Litterature/ campus-a3.pdf
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- Publié le Apv 21, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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