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c rgo Revue Internationale d’Anthropologie Culturelle & Sociale MÉMOIRES ET VIOLENCES EXTRÊMES L’ANTHROPOLOGIE DE GEORGES BALANDIER, HIER ET AUJOURD’HUI Dossier spécial Publiée par : le Centre d’Anthropologie Culturelle (CANTHEL) de l’université Paris Descartes – Sorbonne Paris Cité Le Musée d’ethnographie de l’université de Bordeaux Le laboratoire Aménagement, Développement, Environnement Santé, Sociétés (ADES), CNRS – université de Bordeaux Avec le soutien de l’Institut Universitaire de France Rédaction : 45 rue des Saints-Pères, 75006 Paris - France Périodicité : deux numéros par an Directeur de la publication : Frédéric Dardel, président de l’université Paris Descartes Rédacteurs en chef : Francis Affergan, Erwan Dianteill Rédactrices en chef adjointes : Nadège Mézié, Delphine Manetta Coordinatrice éditoriale : Agathe Marion (Faculté SHS/université Paris Descartes) Comité scientifique : Marc Augé (EHESS), Georges Balandier (†) (université Paris Descartes/EHESS), Carmen Bernand (université Paris Nanterre), Claude Calame (EHESS), Jean-Paul Colleyn (EHESS), Maurice Godelier (EHESS), Danièle Hervieu-Léger (EHESS), Deborah Kapchan (université de New Y ork), Marshall Sahlins (université de Chicago), Bernard Valade (université Paris Descartes), Francis Zimmermann (EHESS). Comité de rédaction : Serge Bahuchet (MNHN), Serena Bindi (université Paris Descartes), Philippe Chaudat (université Paris Descartes), Sophie Chave-Dartoen (université de Bordeaux), Christian Coiffier (MNHN), Saskia Cousin (université Paris Descartes), Vincent Delecroix (EPHE), Thomas Fillitz (université de Vienne), Zhe Ji (INALCO), Mondher Kilani (université de Lausanne), Cécile Leguy (université Sorbonne Nouvelle), Wilfrid Landry Miampika (université d’Alcala), Pierre-Joseph Laurent (université catholique de Louvain), Irène Maffi (université de Lausanne), Valérie Robin Azevedo (université Paris Descartes), Marie Salaün (université Paris Descartes). Conception graphique : Michel T ournier - prépresse (université Paris Descartes) Photo de couverture : ©Valérie Robin Azevedo Pierres du monument au mort « L ’œil qui pleure » de Lima (Pérou), où sont inscrits le nom, l'âge et la date du décès des victimes du conflit armé interne. c rgo Revue Internationale d’Anthropologie Culturelle & Sociale c rgo Revue Internationale d’Anthropologie Culturelle & Sociale 2 c rgo - Revue internationale d’anthropologie culturelle & sociale Éditorial n° 6-7 3 c rgo Revue internationale d’anthropologie culturelle & sociale L ’étude des violences de masse lance un double défi à l’anthropologie. Le premier est d’ordre méthodologique. Alors que de coutume l’enquête ethnologique se déroule dans la présence même des phénomènes ou des événements étudiés, par le truchement des observations et des entretiens, dans notre cas il s’avère impraticable à l‘enquêteur de constater de visu les faits qu’il se propose de décrire. La scène du crime exclut la présence de l’ethnologue, tant par son horreur que par les stratagèmes des criminels qui s’emploient à écarter tout témoin. Ne restent alors que les paroles et les souvenirs de ceux qui disent y avoir assisté. L ’événement parvient donc à l’enquêteur sous une forme détournée, déformée et biaisée. Comment en rendre compte si nous ne pouvons presque jamais l’observer ? Le deuxième défi concerne l’objet d’étude lui-même. Comment se fait-il que des hommes mettent toute leur énergie à éliminer une population, une communauté ou un sous-ensemble d’une nation ? Pourquoi vouloir, à tout prix, procéder à l’anéantissement total, alors que des meurtres sporadiques ou partiels seraient plus faciles à exécuter ? La réponse tient, tout au moins en partie, dans la question. Afin qu’aucun témoin ne subsiste et ne vienne perturber la logique de l’extermination, l’entreprise semble se dérouler selon des modalités de dissimulation et de secret qui garantissent l’imperméabilité absolue de l’acte. Si les tueurs devaient se contenter d’une action parcellisée concernant seulement quelques individus, le risque encouru devant l’histoire serait inassumable. Il faut tout faire pour que cette « race », cette « ethnie », cette « communauté », ce « peuple » paraisse n’avoir jamais existé ; l’entreprise d’extermination est un effort d’anéantissement complet, jusqu’à effacer le souvenir même des victimes. La violence totale est alors conçue comme technique de parachèvement de l’extermination. D’où l’absence de regret et de remords chez les auteurs ; dans leur esprit, si les victimes n’ont jamais existé, alors le crime n’existe pas. La question de la mémoire de la violence devient alors essentielle pour les victimes et leurs descendants, et, du côté des tortionnaires, tout est fait pour nier le crime. C’est la source même du négationnisme. Les articles du dossier coordonné par Valérie Robin Azevedo relèvent ces défis, en les abordant sous l’angle de la mémoire de la violence extrême. Qui sont les porteurs de cette mémoire ? Comment est-elle actualisée dans des manifestations publiques et des cérémonies ? Ces mémoires sont-elles unanimes ou conflictuelles ? L ’explication de l’horreur par les causes ne donne jamais totalement satisfaction. Il manquera certainement toujours quelque chose pour satisfaire notre désir de comprendre, mais cela ne doit pas empêcher l’anthropologie de se saisir d’un tel objet. C’est ce que cArgo propose à travers un premier dossier. Le deuxième dossier de ce numéro est un hommage à Georges Balandier, comme nous l’avions annoncé dans le numéro précédent de la revue. Francis Affergan, Erwan Dianteill 4 c rgo - Revue internationale d’anthropologie culturelle & sociale 5 c rgo Revue internationale d’anthropologie culturelle & sociale Sommaire Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P . 3 Dossier : Mémoires et violences extrêmes Coordonné par Valérie Robin Azevedo • Valérie Robin Azevedo Introduction. Violences extrêmes, morts collectives et mémorialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P . 7 • Maria Pia Di Bella Le « Chemin de l’Holocauste » à Berlin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P . 19 • Fanny Arnaud Les paysages mémoriels en Croatie après la guerre d'ex-Yougoslavie . . . . . . . . . . . . . . . . . P . 35 • Clara Duterme T ourisme de mémoire au Guatemala : interactions transnationales et construction locale de la parole des victimes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P . 57 • Anélie Prudor Des entrepreneurs de mémoire producteurs d’histoire. Des controverses actuelles sur l’évocation de la guerre d’Espagne et l’exil républicain dans le Sud-Ouest de la France . . . . . . . . . . . . . . . P . 73 • Federica Luzi Le corps comme vecteur de transmission. Le passé des réfugiés espagnols de 1939 en France . . . P . 89 • Sabrina Melenotte Lynchage et sorcellerie à Chenalhó. Les coupeurs de tête dans le conflit armé au Chiapas (Mexique) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P . 109 • Maxime T outain L'esprit de Nicolás, esclave congo. Possession et mémoire incorporée dans les cultes d'origine africaine à Cuba . . . . . . . . . . . . P . 129 • Aurélie Deganello De l’eau pour les morts. Rites et mémoire du bombardement atomique de Hiroshima . . . . . . . . P . 147 Dossier spécial : L’anthropologie de Georges Balandier, hier et aujourd’hui Coordonné par Erwan Dianteill et Delphine Manetta • Erwan Dianteill et Delphine Manetta Introduction. L ’anthropologie de Georges Balandier, hier et aujourd’hui . . . . . . . . . . . . . . . . . P . 163 • Jean Copans Georges Balandier et Paul Mercier ou le cheminement gémellaire des inventeurs de l’africanisme nouveau de l’après-guerre (1946-1957-1976) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P . 167 • Nadège Mézié « Attention au départ. Prêt. » Le jeune Balandier par lui-même . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P . 189 • Delphine Manetta La parenté dans l’anthropologie de Georges Balandier. Objet et modèle de mutation . . . . . P . 203 • Natacha Gagné et Marie Salaün L ’effacement du « colonial » ou « seulement de ses formes les plus apparentes » ? Penser le contemporain grâce à la notion de situation coloniale chez Georges Balandier uploads/Litterature/ cargo6-7-dossier-memoires-et-violences-extremes-2017.pdf

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