Wim Hof prend un bain glacé Crédits : Columbia L’homme de glace www.ulyces.co/s
Wim Hof prend un bain glacé Crédits : Columbia L’homme de glace www.ulyces.co/scott-carney/lhomme-de-glace-wim-hof-pologne/ Wim Hof a appris à contrôler son corps par l’esprit pour endurer des températures extrêmes. Aujourd’hui, il enseigne ce talent extraordinaire autour de lui. Au beau milieu de la campagne polonaise, les fondations d’une ferme délabrée craquent et grincent. Dans l’une des pièces glacées, six hommes font de l’hyperventilation. Les fenêtres sont gelées et la neige s’accumule devant la porte d’entrée. Wim Hof scrute ses disciples d’un regard bleu et sévère, comptant leurs respirations. Allongés dans des sacs de couchage, ils s’abritent sous des couvertures. À chaque expiration se forme un petit nuage de buée au moment où la chaleur de leur corps se cristallise dans l’air presque polaire. Lorsque les disciples deviennent blancs comme des linges à force de respirer rapidement, Hof leur ordonne d’expulser tout l’air de leurs poumons, puis de retenir leur respiration pour que leur corps se mettent à trembler et frissonner. J’expire entièrement dans l’air glacial. « N’ayez pas peur de vous évanouir », dit-il. « C’est le signe qu’une certaine profondeur a été atteinte. » L’entraînement Hof est l’un des extrêmophiles les plus connus au monde. En 2007, il a fait la une de la presse à travers le globe en tentant de s’attaquer à l’ascension du mont Everest, ne portant rien d’autre qu’un short en élasthanne et des bottes de randonnée. Il a participé pieds nus à des marathons sur le cercle polaire arctique et plongé son corps dans un bassin de glace pendant près de deux heures. Chacune de ses prouesses a dépassé les limites de ce que la science médicale pensait possible. Hof est persuadé qu’il est bien plus qu’un cascadeur réalisant des exploits. Il pense avoir découvert un potentiel encore méconnu de l’évolution, dissimulé en chaque être humain. Mes poumons sont vides, l’hyperventilation me fait tourner la tête. Je surveille le chronomètre de mon iPad, un léger tic-tac m’indique que les secondes passent. À trente secondes, je veux abandonner et sentir à nouveau 1/14 Premier jour Pieds nus dans la neige Crédits : Andrew Lescelius l’air froid m’envahir, mais je tiens bon. Hof pirate le corps humain pour en accroître les capacités. Les participants sont venus des quatre coins de l’Europe et des États-Unis pour participer à cette formation de sept jours qui consiste à nous apprendre à contrôler les fonctions autonomes de notre corps. Le corps humain exerce la plupart de ses fonctions quotidiennes en mode automatique. Qu’il régule notre température interne, détermine le rythme régulier des battements de notre cœur ou fasse circuler la lymphe et le sang vers un membre blessé, le corps se sert de réponses préréglées, à la manière d’un ordinateur, pour répondre à la plupart des stimuli externes. La formation de Hof a pour but de créer un fossé entre les pressions extérieures et la programmation interne du corps, afin que ce dernier soit forcé de céder plus de contrôle à l’esprit. Hof pirate le corps humain pour apporter certaines modifications à son programme et en accroître les capacités. À soixante secondes, les poumons toujours vides, mon diaphragme commence à trembler. Je dois me balancer d’avant en arrière pour ne pas suffoquer. Et même ainsi, mon esprit est étrangement calme. Derrière mes yeux clos, je vois des taches rouges tourbillonner. Hof m’explique que la lumière est une fenêtre ouverte sur ma glande pituitaire. Il garantit pouvoir enseigner aux gens les méthodes qui permettent de retenir sa respiration pendant cinq minutes et de ne pas souffrir du froid sous la neige et sans vêtements… Après quelques jours de formation, je devrais être capable de contrôler sciemment mon système immunitaire pour lutter contre les maladies ou, si nécessaire, le limiter en cas de dysfonctionnement, comme l’arthrite ou le lupus. Un défi de taille, à n’en pas douter. Le monde est plein d’aspirants gourous proposant des remèdes miracles, et les promesses de Hof me paraissent surhumaines. Son projet a trouvé un écho favorable auprès d’une clientèle prête à faire la guerre au corps humain et à payer 2 000 dollars pour avoir le privilège d’être formé durant une semaine. À l’autre bout de la pièce, les mains de Hans Spaan tremblent. Quand on lui a diagnostiqué la maladie de Parkinson dix ans plus tôt, il a dû quitter son emploi de cadre en informatique. Il prétend que la méthode de Hof lui a permis de réduire la quantité de médicaments que son médecin s’entête à lui prescrire. À ses côtés se trouve Andrew Lescelius, qui vient du Nebraska. Son asthme peut être handicapant au quotidien, il n’a pourtant pas utilisé son inhalateur depuis une semaine. Depuis maintenant près d’une heure, nous entrons dans un cycle d’hyperventilation avant de retenir un moment notre souffle, puis nous recommençons l’opération. À chaque répétition, tenir un peu plus longtemps devient progressivement plus facile. Hof nous explique que respirer très rapidement permet d’ajouter de 2/14 Sniejka (« la Neigeuse ») La plus haute montagne des monts des géants l’oxygène à notre irrigation sanguine afin qu’on ne soit pas obligé de compter sur l’air de nos poumons pour survivre, du moins jusqu’à l’épuisement de cet oxygène. Le désir automatique de reprendre sa respiration est basé sur un simple réflexe de notre esprit : quand il n’y a plus d’air dans les poumons, c’est le moment d’inspirer. Mon système nerveux n’a pas encore réalisé qu’il y a toujours de l’air dans mon sang. À quatre-vingt-deux secondes, ma vision commence à s’obscurcir. La pièce se pare d’un éclat rougeâtre que je ne me rappelle pas avoir vu jusque-là. Je vois peut-être des lumières. Je lâche prise et permet à l’air d’entrer en catastrophe. C’est loin d’être un record, mais après une seule heure de tentatives répétées, j’ai cette fois tenu plus longtemps que jamais. Je souris, j’ai l’impression d’avoir accompli quelque chose. Hof nous demande ensuite d’effectuer un nouveau cycle respiratoire, mais cette fois-ci, au lieu de retenir mon souffle, je dois faire le plus de pompes possibles. Plus habitué à manger du fromage qu’à faire de l’exercice, je ne suis pas très en forme. À la maison, j’arrive peut-être à faire vingt pompes peu convaincantes avant de m’effondrer. Et là, sans air dans mes poumons, j’y arrive sans grande difficulté. Je les enchaîne, et avant même de le réaliser, j’en ai fait quarante. Je décide de remettre entièrement en question l’opinion que j’avais des gourous jusqu’à présent. Hof est un personnage difficile à déchiffrer. D’un côté, il professe une sorte de charabia New Age, un baratin sur la compassion universelle et la connexion aux énergies divines. Mais de l’autre, indubitablement, il y a les résultats. Ses exercices sont relativement simples et transforment mon corps d’une façon indéniable, pratiquement du jour au lendemain. En suivant ses conseils pendant une semaine, je le « pirate » en quelque sorte pour réaliser des prouesses d’endurance. Je n’aurais jamais pensé qu’une telle chose fût possible. J’ai gagné une assurance dont j’ignorais jusqu’ici l’existence. En prime, j’ai perdu trois kilos de graisse : elle s’évacue en grumeaux huileux chaque matin aux toilettes. Notre objectif de la fin de semaine : atteindre le sommet d’une montagne recouverte de poudreuse, après une difficile ascension de huit heures, en ne portant rien d’autre qu’un short. Cette montagne sera mon Everest personnel, bien qu’elle se nomme en réalité Sniejka. Mais même après ces quelques séries d’exercices dans la salle d’entraînement, je ne suis pas sûr de pouvoir y arriver. Je suis à la merci de Hof, qui porte un chapeau vert et pointu. Avec ce couvre-chef, il ressemble à un nain de 3/14 À l’assaut du Sniejka Wim et Andrew Crédits : Andrew Lescelius jardin grandeur nature. Une barbe touffue encadre sur son visage ses yeux bleus perçants et son nez rougi, et son corps est couvert de muscles tendus. La cicatrice chirurgicale d’une quinzaine de centimètres sur son ventre rappelle le jour où il a poussé son entraînement trop loin et a terminé à l’hôpital. Hof est un genre de savant fou, à la fois héros et personnage secondaire d’un même film. Et, comme c’est généralement le cas pour les personnages qui essaient de maîtriser leurs super-pouvoirs, pour développer de telles compétences, Hof a dû en payer le prix. Le grand saut Né en 1959 dans la ville néerlandaise de Sittard à la veille de la révolution hippie européenne, Hof a été élevé dans une famille de neuf enfants d’origine modeste. Quand sa famille apprenait la liturgie catholique, Hof était plutôt attiré par les enseignements orientaux. Il a mémorisé des textes du Yogasūtra de Patanjali et étudié la Bhagavad-Gita et le bouddhisme zen, à la recherche de la sagesse. Il aimait explorer les jonctions entre le corps et l’esprit, mais n’a pas trouvé ce qu’il cherchait dans ses lectures. Puis, à l’âge de 20 ans, au cours d’une fraîche matinée de l’hiver 1979, Hof se promenait seul dans le pittoresque Beatrixpark d’Amsterdam lorsqu’il a remarqué qu’une fine couche de glace s’était formée sur les canaux. Il s’est alors demandé uploads/Litterature/ wim-hof-l-x27-homme-de-glace.pdf
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- Publié le Fev 08, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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