© Nathan 2010 – Terre des lettres 5e – Livre du professeur – 1 Introduction ● L
© Nathan 2010 – Terre des lettres 5e – Livre du professeur – 1 Introduction ● Le Roman de Renart, avec ses personnages animaliers issus de la longue tradition des fables antiques et des bestiaires, est trop souvent présenté comme une sorte de fabliau extrapolé. On va jusqu’à prêter une intention morale à certains épisodes. Renart et les anguilles : il ne faut pas vendre la peau de l’ours… ; Ysengrin dans le puits : il faut réfléchir avant d’agir… C’est faire bien peu justice à une œuvre populaire dont la vocation première est de faire rire et qui se soucie fort peu de moralité. Certains épisodes – que l’on ne trouvera pas dans un manuel destiné à des adolescents – sont même franchement crus (le viol d’Hersent) ou cyniques (Renart se faisant passer pour un prêtre pour dévorer les enfants qu’il prétend baptiser), fruits d’une époque qui n’a rien de pudibonde. ● La littérature du Moyen Âge, c’est aussi cette verdeur, ce goût de la parodie et du calembour, cette inventivité. Aussi, en contrepoint du travail sur la chevalerie, pour rendre témoignage à la vitalité du Moyen Âge et de son art, nous avons voulu montrer, par le choix d’épisodes variés, parfois méconnus, ces aspects de l’œuvre : la richesse de la langue, l’audace des personnages, et celle d’une œuvre dont la satire n’épargne personne. Autant dire que notre premier souci a été de faire rire les élèves en leur montrant Le Roman de Renart pour ce qu’il est : une œuvre comique. Nous espérons que ce dépoussiérage de l’œuvre la leur rendra dans toute sa saveur. Bibliographie • Le Roman de Renart, traduction de Jean Dufournet et Andrée Mélines, Garnier-Flammarion, 1985. Nous recommandons la riche introduction de cette édition. • Robert Bossuat, Le Roman de Renart, Hatier, 1971. Lire une image Le roi Noble et sa cour, enluminure du Roman de Renart manuel de l’élève, p. 131 1. Les personnages représentés sont des animaux : un lion, un cerf, un âne, un loup, un lièvre et un renard. 2. On reconnaît le roi à sa couronne et à sa position assise sur un trône, alors que tous les autres animaux sont debout, tournés vers lui. Il tend vers eux sa patte dans le geste d’un roi qui rend la justice. On devine un sceptre fleurdelisé dans sa patte droite. 3. Cette œuvre a été réalisée au XIVe siècle (fin du Moyen Âge). C’est une enluminure (voir p. 86 du manuel). Cette illustration témoigne de la fortune du Roman de Renart dès les premières années qui suivent sa publication. 4. D’après cette illustration, on peut s’attendre à un récit animalier qui a pour cadre la cour d’un roi. Le renard, qui a donné son nom au roman, doit en être le personnage principal. Repères Renart et son temps manuel de l’élève, p. 132-133 1. Les bourgeois sont les habitants des bourgs (c’est le radical de ce mot), ceux qui vivent du commerce ou de l’artisanat, par opposition aux paysans. Ils constituent une classe sociale dont l’aisance va croissant. 2. Chrétien de Troyes, Béroul et Robert de Boron chantent l’amour courtois et les valeurs chevaleresques. 3. Les œuvres littéraires étaient d’abord diffusées à l’oral par des jongleurs qui allaient de foire en foire et de cour en cour. Mais l’écriture restait l’œuvre des clercs : c’est dans les monastères que l’on copie les manuscrits où sont fixées les œuvres. 4. Le radical du mot bestiaire est best- (bête) : les bestiaires sont des ouvrages qui traitent des animaux, de leurs mœurs mais aussi de leur symbolisme. 5. Comme dans les fables, le Renart du roman éponyme est rusé, hâbleur et sans scrupules. Il se joue volontiers des autres personnages. Texte 1 La première aventure de Renart manuel de l’élève, p. 134 Lecture ➜ Comprendre 1. Les personnages sont Renart, Ysengrin et Hersent. Ysengrin est ici désigné comme l’oncle de Renart. Hersent est la femme d’Ysengrin. 2. Ysengrin vit dans une maison, entretient des relations avec son « neveu » et a des voisins. Le texte parle aussi du « visage » de Renart et non de la gueule et de Dame Hersent « échevelée ». manuel de l’élève, p. 130 à 159 Le Roman de Renart 5 2 – © Nathan 2010 – Terre des lettres 5e – Livre du professeur 3. Renart a faim. 4. Il conseille à Ysengrin de cacher ses bacons et de faire croire qu’on les lui aurait volés, afin de ne pas susciter la convoitise des voleurs. Puis il s’empare lui-même des bacons. Mais quand Ysengrin crie au voleur, il feint de croire que ce n’est que la mise en œuvre de la ruse qu’il lui a suggérée. ➜ Analyser 5. Ysengrin ouvre de grands yeux, Hersent se lève « échevelée », tous deux crient et se lamentent à grand renfort d’exclamations. 6. a. Renart feint de penser qu’il s’agit d’une comédie. b. En fait, c’est lui qui joue la comédie : il a lui-même volé les bacons et sait qu’Ysengrin ne fait pas semblant. 7. « Eh ! bel oncle, qu’avez-vous ? vous me paraissez en mauvais point ; seriez-vous malade ? » Cette phrase reprend la première phrase d’Ysengrin, mais elle est prononcée avec une certaine ironie : la situation s’est renversée : cette fois, c’est Renart qui a bien mangé, et qui arrive frais et dispos, et Ysengrin qui se retrouve en grand désarroi. Renart ignore délibérément la détresse d’Ysengrin de même que celui-ci avait ignoré la sienne. ➜ Interpréter 8. On n’éprouve guère de compassion pour la victime, car elle-même n’en a guère montré pour Renart au début du texte. Fort peu généreux, Ysengrin n’a donné à Renart, son neveu, qu’une médiocre nourriture. Égoïste, il se vante de garder pour lui la meilleure part. 9. Renart est plutôt sympathique : il vole, mais par nécessité – et pour punir l’avarice d’Ysengrin. Il apparaît d’ailleurs particulièrement ingénieux en face de ce personnage sans finesse. 10. On retrouve l’image du renard rusé. Vocabulaire 11. Déjeuner : cesser de jeûner, c’est-à-dire de se priver de nourriture. 12. Échevelé : hirsute, ébouriffé. 13. Mots qui désignent l’action de voler : dépouiller – dérober – détrousser – subtiliser ; le vol lui-même : larcin – rapine ; le voleur : escroc – larron – maraudeur. 14. a. « rouler des yeux » : écarquiller les yeux sous l’effet d’une émotion violente ; « faire la moue » : pousser les lèvres en avant dans une mimique moqueuse ou boudeuse ; « rire sous cape » : rire en cachette, secrètement. b. Ces expressions traduisent le caractère moqueur et fourbe de Renart. Expression écrite Exercice de préparation Les yeux flamboyants/luisants de colère – la pelisse hérissée – la langue pendante – le regard fou/trouble – les babines retroussées – le museau plissé/écumant de rage – le poil dressé/frémissant – les oreilles basses – l’air hagard. Étude de l’image Miniature du Décaméron, de Boccace manuel de l’élève, p. 137 ➜ Une image réaliste 1. Les personnages sont un couple (l’homme et la femme sont assis à table côte à côte, ils portent des vêtements dont les couleurs se répondent, ce qui permet de les associer) et un moine reconnaissable à sa tonsure. 2. L’homme et la femme sont des bourgeois : ils portent des vêtements cossus (teints de couleurs riches), il y a une nappe sur la table garnie de vaisselle d’étain. Le mobilier, notamment le fauteuil sur lequel est assis le moine, témoigne d’une certaine aisance. ➜ Une image satirique 3. Les deux parties différentes correspondent à deux lieux différents, mais aussi à deux moments qui se succèdent dans le sens de lecture. Cette construction permet de comprendre le déroulement de l’histoire. 4. Pendant le repas, le moine a dû exhorter le couple à la piété et la prière, puisque, par la suite, on voit le mari occupé à prier avec son chapelet, les mains jointes et le visage tourné vers le ciel. Pendant ce temps, le moine, toujours reconnaissable à sa tonsure, est au lit avec la femme : il abuse de façon éhontée de la naïveté du mari et se sert de la religion pour parvenir à ses fins. 5. Ce moine paraît cynique et sans scrupules. C’est un hypocrite qui n’observe pas lui-même les règles qu’il préconise aux autres. Cette image fait la satire des moines, qu’elle désigne comme des êtres hypocrites, non respectueux des règles qu’ils professent. Texte 2 Renart et Tiécelin manuel de l’élève, p. 138 Si nous donnons cet épisode à lire en nous appuyant, pour son étude, sur la connaissance que les élèves de Cinquième ont de la fable de La Fontaine, c’est pour mieux souligner l’originalité du Roman de Renart et sa rupture avec une certaine tradition morale issue de l’Antiquité et remise au goût du jour par le classicisme. Lecture ➜ Comprendre 1. Cette histoire rappelle la fable du Corbeau et du Renard. 2. Dans cette version, le corbeau a lui-même dérobé le fromage. Les flatteries de Renart uploads/Litterature/ ch5-corrige-roman-de-renart.pdf
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- Publié le Dec 18, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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