Premier chapitre de l'épître aux Éphésiens Le premier chapitre de l'épître aux
Premier chapitre de l'épître aux Éphésiens Le premier chapitre de l'épître aux Éphésiens est un texte de référence. Il est basé sur la structure mustêrion/apocalupsis, et c'est un lieu de gisement pour le vocabulaire concernant cette structure. Sa lecture conduit à lire la résurrection en référence au « Faisons l'homme à notre image ». La méditation qui est faite ici par J-M Martin est en partie extraite de la deuxième rencontre du cycle "Plus on est deux, Plus on est un", cycle qui est transcrit sur le blog La christité. Le texte a été modifié pour qu'il puisse être lu par quelqu'un qui n'a pas entendu ce qui précédait, et il a été complété pour avoir l'ensemble des versets1. À la fin figure trois annexes : la résurrection comme mise en œuvre ; la traduction de Ephésiens 1 dans la version de la TOB ; un schéma récapitulatif de la structure caché/dévoilé. Je prends le premier chapitre de la lettre de saint Paul aux Éphésiens. C'est un texte extrêmement complexe au premier abord. Il y a d'abord une courte introduction : « 1Paul, apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu, à ceux qui sont consacrés, ceux qui sont à Éphèse, les fidèles dans le Christ Jésus, 2grâce à vous et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. » Après cette introduction il y a deux grandes parties composées comme des prières : la première est une bénédiction : « Béni soit… » ; la deuxième commence par : « j'eucharistie pour… ». Ce sont deux nominations d'attitudes de prière. Et les deux parties se répondent de façon très précise. Première partie : versets 3-15 Dans cette première partie vous avez un discours constitué d'une seule phrase avec beaucoup de noms, de génitifs et de pronoms relatifs. Dans ce discours se trouve un vocabulaire qui peut paraître purement convenu si on l'entend tel qu'il sonne spontanément à notre oreille. Nous allons voir qu'une structure de pensée éclaire ce texte difficile, et qu'il y a une référence à un épisode. « 3Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis en pleine bénédiction pneumatique dans les lieux célestes, dans le Christ 4selon qu'il nous a choisis en lui avant le lancement du monde pour que nous soyons consacrés et sans tache devant lui dans l'agapê ; 5nous ayant prédéterminés pour être fils par Jésus Christ vers lui, selon l'eudokia (l'agrément) de sa volonté, 6pour la louange de gloire de sa grâce qui nous est gracieusement donnée dans le Bien-aimé 7en qui nous avons la rédemption par son sang, la levée des transgressions, selon la richesse de sa grâce 8qui a découlé sur nous en pleine 1 La plupart des compléments viennent du cours d'Ecclésiologie fait par J-M Martin à l'Institut catholique de Paris en 1974-75. La structure mise en évidence dans ce texte est méditée plus longuement dans Caché/dévoilé, semence/fruit, sperma/corps, volonté/œuvre... La transcription du grec est souvent faite phonétiquement (mustêrion, apoaclupsis, iskhus... pour mystêrion, apocalypsis, ischus...) mais pas toujours. Ephésiens chapitre1. Par J-M Martin. www.lachristite.eu 2 sagesse et prudence 9nous ayant fait connaître le mustêrion (le moment caché) de sa volonté selon l'eudokia qu'il avait pré-disposée en lui 10pour l'économie de la plénitude des saisons pour récapituler la totalité dans le Christ, soit les choses qui sont au ciel, soit les choses qui sont sur terre, 11en qui nous avons reçu notre part, ayant été pré-déterminés selon la pré- disposition de celui qui œuvre la totalité selon la délibération (le conseil délibérant) de sa volonté, 12 pour que nous soyons à la louange de sa gloire, nous qui avons espéré d'avance dans le Christ 13lui en qui, vous aussi - ayant entendu la parole de vérité, l'Évangile de votre salut – vous avez cru, vous avez été marqués du sceau du pneuma de la promesse, le saint, 14qui est gage de notre héritage, pour la rédemption de la possession, en louange de sa gloire.» 2 Voici un texte où des mots que nous avons l'habitude d'entendre dans une traduction courante, ne sont jamais interrogés profondément pour eux-mêmes. 1°) Versets 3-4. a) Bénédiction paternelle et référence au Baptême. Il est question d'une bénédiction. Ce mot bénédiction ne nous dit pas grand-chose, mais c'est un mot de l'accueil, un mot du seuil. Bénir c'est bien-dire, c'est recevoir, c'est recevoir avec bénédiction : c'est le bon accueil. Or la bénédiction en question ici, c'est la bénédiction paternelle. Vous allez voir tous les sous-entendus. « Béni soit le Dieu et Père. » La bénédiction paternelle consiste premièrement, lorsque l'enfant est né, à le poser sur les genoux du père. Là il le reconnaît, il lui donne le nom et la promesse de l'héritage, au sens spirituel du terme compris puisque le mot héritage est très important – mais au sens spirituel surtout – dans le monde biblique. Quand donc a eu lieu cette bénédiction-là ? Au Baptême du Christ : le ciel s'ouvre à la terre, ciel et terre recommencent à se parler. Le rapport ciel/terre est dans la symbolique du masculin / féminin et au Baptême c'est le rapport Père / Fils. Le Père dit au Fils : « Tu es mon Fils le bien-aimé », le fils de mon "agrément", le fils que j'agrée et que je reconnais comme fils. Ces mots ont été repris par Luc. Où cette bénédiction a-t-elle lieu ? Elle a lieu « dans les lieux célestes » c'est-à-dire que, dans ce premier verset, nous avons des mots de la scène du Baptême du Christ qui est la scène inaugurale, la scène qui contient en elle tout l'Évangile. b) Lecture des versets 3-4. « 3Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis… » : "nous", bien sûr. La parole « Tu es mon Fils » est une parole de salutation, une parole d'accueil, une parole de reconnaissance de filiation, qui est adressée à Jésus. Mais les premiers chrétiens ont aussitôt compris que cette parole s'adressait à l'humanité en Jésus. C'est la parole par quoi Dieu nous salue. L'Évangile s'ouvre, c'est la première scène : les cieux s'ouvrent donnant à entendre la parole « Tu es mon Fils » adressée au Christ et à l'humanité en lui. Saint Jean a bien marqué cela en distinguant le Fils Monogène (le Fils un) et les tekna (les enfants) de Dieu qui sont enfants dans le Fils un. Et c'est cela qui se révèle d'entrée à l'ouverture de l'Évangile. 2 J-M Martin n'a devant lui que le texte grec, et sa traduction ne vise qu'à faciliter l'étude. Ephésiens chapitre1. Par J-M Martin. www.lachristite.eu 3 « … en pleine bénédiction pneumatique… » En effet au Baptême le pneuma descend sur Jésus, lui qui va être répandu sur l'humanité. Ça ne fait pas difficulté pour les premiers chrétiens parce que l'expression Fils de Dieu existait déjà, et avait déjà un sens collectif : c'est Israël, le peuple, qui était nommé Fils de Dieu. Ici c'est l'humanité tout entière, donc pas simplement un peuple, pas simplement un individu Jésus, mais Jésus dans sa dimension de Résurrection où il se manifeste comme unifiant les enfants de Dieu (ta tekna tou Théou) les déchirés ou dispersés (ta dieskorpisména). Voici une façon d'être multiple : la déchirure. « …dans les lieux célestes… » : on peut dire en effet qu'on a été bénis là puisque c'est la voix venue du ciel qui dit « Tu es mon Fils » lors de la scène inaugurale de l'Évangile. Le verset 3 signifie donc : « Béni soit le Dieu…. qui nous a bénis de pleine bénédiction spirituelle dans la formule “Tu es mon Fils” ». Or, comme il n'y a pas de scénographie de la Résurrection – le moment où Jésus ressuscite est insu, il y a des apparitions du Ressuscité, mais la Résurrection n'est pas représentable ni représentée le plus originellement –, elle se célèbre dans l'affirmation “Tu es mon Fils”. Qu'il y ait un lien entre ces deux choses-là est attesté par de nombreux textes. Je pense par exemple au discours de Paul à Antioche de Pisidie : « Ce Jésus que vous avez mis à mort, Dieu l'a ressuscité le troisième jour selon ce qui est écrit dans le Psaume 2 : “Tu es mon fils, aujourd'hui je t'engendre” » (Ac 13). Cela suppose que la filiation a sa source de manifestation dans la Résurrection. Alors, comme la Résurrection n'est pas représentable, la scénographie du Baptême du Christ où a lieu cette salutation adressée au Christ et à l'humanité en lui, cette reconnaissance de paternité divine, cela devient le lieu d'ouverture de l'Évangile où est anticipé tout le contenu de la résurrection. « …4selon qu'il nous a choisis (exelexato) en lui avant le lancement du monde… » Ce verset concerne le moment de l'élection (eklogê), du choix. Ce mot eklogê sera très souvent employé en contexte ecclésiologique à la mesure où il y aura un rapport entre uploads/Litterature/ chapitre-1-ephesiens.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 09, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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