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CHAPITRE QUATRE Cinéma des années trente Début des années trente sont marqués par la crise économique en France. Les grandes maisons productrices telles que Gaumont ou Pathé font faillite tandis que les petits producteurs ou les producteurs aventureux naissent. Les gens aiment bien le cinéma parlant et les salles du cinéma sont devenues les lieux principaux de distraction et d’évasion. Les premiers films parlants sont surtout des films muets que la musique et les dialogues enregistrés séparément ont embellis. Il faut attendre « Sous les toits de Paris »(1930) pour bien goûter les dialogues. La technique du cinéma n’est pas facile et les producteurs font appel à des dramaturges pour faire des films à partir d’œuvres théâtrales. Ainsi elle rejoint aux producteurs et aux cinéastes qui tournait des films des drames ou appelait des acteurs/actrices des théâtres pour jouer le rôle dans les films. Nous avons vu que Louis Delluc était contre le théâtre filmé et prônait le « cinéma pur ». Néanmoins, nous avons de grands réalisateurs tels que Marcel Pagnol et Sacha Guitry qui ont réalisé beaucoup de films qui sont de véritables chefs-d’œuvre du cinéma adaptés d’œuvres théâtrales. Tandis que Pagnol tournait en plein air « Jofroi » (1933) et Sacha Guitry « Le Roman d’un tricheur » (1936), les événements deviennent de plus en plus sombres, l’arrivée d’une guerre semble imminente ; ce qui est reflété dans les œuvres noirs et pessimistes comme Quai des brumes (1938), La Règle du Jeu (Renoir, 1939). La victoire du Front Populaire aux élections 1936 semble une lueur dans les pénombres des événements à venir. L’antisémitisme, la montée du nazisme et du fascisme en Europe étaient les signes précurseurs des événements à venir. Les films de cette époque (le réalisme poétique) peignaient le destin tragique et fatal qui planait au-dessus de la tête des français. Le Réalisme Poétique: Alors que le cinéma parlant triomphait sur le cinéma muet et qu’il s’imposait dans le monde, le cinéma français exprima une nouvelle tendance – « le réalisme poétique »- à l’instar d’une expression prise par les cinéastes de la Nouvelle Vague à peu près trente ans plus tard. Le premier film classé sous cette rubrique est « La Rue sans nom » de Pierre Chenal, sorti en salle le 2 février 1934. Michel Gorel, le critique, dit à propos de ce film dans le magazine Cinémonde : « Tous les personnages de cette chronique désespérée appartiennent à un présent cuisant, à un présent où nous étouffons. Je dis réalisme, je dis aussi poétique. Car même en traitant ce sujet dur, brutal, Chenal ne renonce pas à la poésie. »1 Pierre Mac Orlan, l’un des précurseurs de ce genre, utilisait le terme « fantastique social » au lieu du « réalisme poétique ». 1 Cette tendance regroupe une dizaine de cinéastes des années trente qui s’expriment autour des même thèmes : Marcel Carné, Pierre Chenal, Julien Duvivier, Jean Epstein, Jacques Feyder, Dimitri Kirsanoff, René Clair, Jean Vigo, Jacques Becker, Sacha Guitry, Jean Renoir. Le réalisme poétique veut dire la poétisation de la réalité. Ces cinéastes se sont inspirés des courants littéraires réaliste et naturaliste ; mais ils ne peignent pas seulement la réalité telle qu’elle est, ils la poétisent. Les personnages des films du réalisme poétique sont souvent issus des classes modestes de la société, des bas-fonds et sont les jouets d’une fatalité à laquelle ils ne sauraient échapper. Tourné souvent en studio, ils décrivent des aspects vulgaires, la réalité vile, grossière et ignoble. Choisissant les cadres les plus réalistes : bistrot, hôtel ordinaire, rue sordide, leurs personnages sont souvent des marginaux, des délinquants, des mauvais garçons, des filles de joie, des clochards. Les cinéastes utilisent tous ces thèmes pour former une sorte de type, des signes. Il faut cependant mentionner que tous les films des années trente ne traitent pas ces thèmes. Ni les films de Jean Vigo ni de Jean Renoir sauf la Bête Humaine d’après Émile Zola ni ceux de Jean Grémillon pourraient être classés dans cette catégorie. Ces cinéastes sont réalistes, influencés par les films impressionnistes mais ils tournent souvent en plein air tandis que les cinéastes du réalisme poétique tournent souvent en studio et explorent une réalité subjective à la limite de la nervosité et un réalisme social sordide et pessimiste. Les films de ce genre sont souvent écrits par poètes et dramaturges comme Jacques Prévert, Henri Jeanson ou Charles Spaak. Pierre Chenal, le précurseur de ce genre, a de la sympathie pour des faibles et des marginaux qui s’expriment dans La Rue sans nom (1934). Les mêmes thèmes se retrouvent dans l’Alibi (1937) et le Dernier Tournant (1939). Le Grand Jeu (1933-34) de Jacques Feyder montre la vie d’un soldat désabusé qui s’éprend d’une prostituée qui a une ressemblance avec son ancienne bien- aimée. Julien Duvivier réalise deux films, La Bandera (1935) et Pépé le Moko (193-36) qui pourraient se classer sous cette rubrique. La Bandera a toutes les caractéristiques du réalisme poétique – dramatique, sordide, pathétique et désespéré : Pierre Gilieth interprété par Jean Gabin est forcé de s’expatrier en Espagne à cause d’un meurtre qu’il a commis. Là- bas il se lie avec des escrocs et est persécuté par un policier, puis est envoyé au Maroc où il trouve l’amour en la personne d’une danseuse de bordel, Aïcha la Slaoui interprétée par Annabella. Il meurt avec ses camarades en défendant un poste du Riff. Seul le policier survit. Dans un autre film, Pépé le Moko, un gangster, sort de la Casbah d’Alger pour rejoindre Gaby, la femme qu’il aime. La Police le suit et le cueille sur le port où il se suicide. 2 Mais les meilleurs exemples des films du réalisme poétique sont ceux de Marcel Carné ; Le Quai des brumes (1938), Hôtel du Nord (1938) et Le Jour se lève(1939) en font une trilogie remarquable. Les héros de ces films sont voués à l’échec, au malheur par un destin irrémédiable. L’aspiration au bonheur par l’amour dans ces films aboutit toujours au désespoir, à l’échec. Quai des brumes montre un soldat déserteur de l’armée coloniale, Jean, (Jean Gabin) arrive au Havre pour s’embarquer dans un pays lointain. Il entre dans un bar où il rencontre une jeune fille orpheline, Nelly, (Michèle Morgan) qui vit avec son tuteur Zabel(Michel Simon) et dont le regard l’émeut : « T’es une drôle de fille quand même…. C’est vrai, j’ai qu’à te regarder, t’écouter, et puis… tu me donnes envie de pleurer…..T’as d’beaux yeux, tu sais ! »Puis Nelly lui demande, « Embrassez-moi »puis, « Embrasse-moi encore. »1. Jean, bien que très amoureux, veut s’embarquer sur un bateau à destination du Venezuela. Il vient faire ses adieux à Nelly. Il est surpris de voir Nelly d’être abusé par son tuteur Zabel. Il tue celui-ci et, à son tour, il est abattu par Lucien, un truand. Il meurt dans les bras de Nelly. Ce film qui a eu un succès énorme à sa sortie était cependant banni et interdit à l’exportation par le gouvernement de Vichy. On l’a accusé d’avoir prêché l’antimilitarisme et d’être une des causes de la défaite française en 1939. L’Hôtel du Nord (1938) est encore une histoire désespérante, triste et sans espoir. Pierre et Renée entrent à l’Hôtel du Nord pour se suicider. Pierre tire sur Renée mais n’a pas le courage de se tuer. Il s’enfuit mais le jour suivant, pris de remords, il se rend à la police. Renée, qui a survécu à sa blessure, est engagée comme serveuse par le patron. M. Edmond, un souteneur, en tombe amoureux et voudrait partir avec elle à l’étranger. Pour justifier son désir vis-à-vis de sa femme, Raymonde (Arletty), il prétend vouloir changer d’air. D’où la très célèbre réplique « Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? »: « J’ai besoin de changer l’atmosphère, et mon atmosphère, c’est toi. » dit Edmond. Agacée par ce qu’elle sait être un mensonge, Raymonde répond : « C’est la première fois qu’on me traite d’atmosphère. Si je suis une atmosphère, t’es un drôle de bled. Oh ! là ! là ! Atmosphère…..Atmosphère……Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? »2 M. Edmond et Renée partent pour Marseille, pensant aller vivre outremer. Au dernier moment, Renée change d’idée et revient à Paris pour voir Pierre, emprisonné. Elle sent que leur amour n’est pas mort. Un truand que M. Edmond avait dénoncé et qui le cherchait l’attend dans l’hôtel. Au lieu de se défendre, Edmond, lui donne son revolver qui tue tous les trois - Edmond, Pierre et Renée. Le Jour se lève(1939)- un ouvrier parisien, François (Jean Gabin) tue un homme et son logement est assiégé par la police. Il refuse de se rendre, revit son passé et les circonstances 3 qui l’ont amené à commettre ce meurtre. Au moment où la police entre de force dans sa chambre, il se tire une balle et gît sur le sol au moment où une grenade est jetée dans sa chambre. Pendant l’Occupation le cinéma français change de caractère. Tandis que les uploads/Litterature/ chapitre-iv-cin-x27-ema-des-annees-trente.pdf
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- Publié le Jul 27, 2021
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