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U dV of Oiiaua 39003007118283 Digitized by the Internet Archive in 2010 witii funding from University of Ottawa littp://www.arcliive.org/details/cliarlesbaudelairOOmauc CHARLES BAUDELAIRE SA VIE - SON ART - SA LÉGENDE TIRAGE A 5ôO EXKMPL. PAPIER \ ERGÉ IL A ÉTÉ TIRÉ 12 EXEMPL. SLR JAPOX ŒUVRES CRITIQUES DU MÊME AUTEUR ESSAIS LWrl en Silence. — De Watleau à Whistler. — Trois crises de Fart actuel. — Idées vivantes. — La Beauté des Formes. — La Reli- gion de la Musique. — La Musique européenne (1850-l9tU). ART ANCIEN Florence. — La Peinture italienne du xii^ au xi\^ siècle. — La Miniature du xn" au xi\^ siècle. — Greuze. — Watteau. — Fragonard. ART CONTEMPORAIN Auguste Rodin. — Albert Besnard. — Puvis de Chavannes. — Louis Legrand. — Victor Gilsoul. — Monticelli. — Schumann. — Jules Laforgue. — La Peinture française de 1830 à 1900. — Histoire de VImpressionnisme. CAMILLE MAUCLAIR CHARLES BAUDELAIRE SA VIE - SON ART - SA LEGENDE Portrait de Charles Baudelaire GRAVÉ A l'eau FORTE PAR Ch. M. PARIS MAISON DU LIVRE 75, BOULE VAUD MALESHERBES, 7S '-_-o^ m 17 Le lecteur est prié de ne point tenir compte de la note relative à l'ortho- graphe du nom de Poe, composée au bas d'une des pages de la préface de ce livre : elle résulte dhin malentendu d'im- primerie et n'a point raison d'être. HENRI DE REGNIER La date du 31 août 1911 aura marqué tout en- semble le cinquantième anniversaire de la mort de Charles Baudelaire et Ventrée de son œuvre dans le domaine public . Lheure est donc venue où nous pouvons joindre à tous les éléments historiques et critiques le plus essen- tiel, c^est-à-dire le recul des années, pour mettre à son point une exacte et impartiale conception de la vie, de Vart, de Vinfluence de Baudelaire. Nous sommes enfin en mesure de ruiner la légende cpCil aida sans doute à naître et dont sa personnalité, Duis sa mémoire eurent tant à souffrir. Cette légende résulta du goût obstiné de Baude- laire pour la mystification. De cette manie du sar- casme, de cette réaction d'une nature infiniment '=56^ VII ^'^ ^ CHARLES BAUDELAIRE ^^ seiisitwe^ les raisons seront examinées plus loin. Ce goût n'a été que trop encouragé par les contempo- rains ^public offusqué ou confrères puérilement ravis. Les uns et les autres, vantant ou dénigrant, ont ap- porté le même zèle à transmettre la renommée de perversité, de monstruosité morale de Vécrivain, con- sacrée par un ridicule procès dont, plus probe et moins adroit que beaucoup , il ne sut ni écarter ni exploiter les conséquences . Sous le nom de « baude- lairisme » — que femploierai toujours en ce livre dans un sens péjoratif — nous avons dû subir Vex- posé indigné et la condamnation pharisaïque d'un état psychologique falsifié, caricaturé. La moindre facétie paradoxale, prise à la lettre, devint u?i chef craccusation. Cet état fut encore moins affirmé par les détracteurs avoués, moralistes ou trissotins, que par une troupe depoétereaux croyant hériter du génie en imitant son désordre, ne comprenant rien à Vart I classique de Baudelaire, et couvrant de son noffi. et n de son exemple les plus insupportables rapsodies sataniques et macabres. Baudelaire nous est donc parvenu affublé des ori- peaux horrifiques du baudelairisme comme un reve- nant traînant son suaire et faisant cliqueter ses chaînes. Il a été placé au milieu du champ littéraire comme un épouvantail. Il n'est point jusqu'à son VIII ^^ SA YIE — SON ART — SA LEGENDE -^ masque glabre^ aux yeux inquiétants , au rictus cé- lèbre^ qui n ait contribué à ce redoutable symbolisme^ affirmé jusque sur son tombeau par un Jeune sta- tuaire de trop bonne volonté. Ceu.v qui aimaient., admiraient, plaignaient Vauteur des Fleurs du Mal et avaient pénétré son œuvre et son âme., ont en vain protesté. Pour les démentir., les ennemis du poète s'unissaient à ses néfastesparodistes en brandissant les armes que la douloureuse raillerie de Baudelaire avait forgées contre lui-même. Il leur a donc fallu attendre Vlteure oii la Jiaine aurait désarmé et oii le baudelairisme aurait rejoint tant d'autres facticités, d'états d'âme caducs, de frénésies péri- mées., au magasin d'accessoires du cabotinage litté- raire. C'est à cette heure que nous sommes. Il n'y a plus de baudelairisme. Le mot, si laid, est démodé comme La chose. Il y a Baudelaire. Il ne peut plus être des- servi, ni par certains témoins de sa vie, ni par les zélateurs maladroits et les pasticheurs ingénus, ni par les apologistes de la morale vulgaire, ni par les critiques universitaires intrus en la poésie — ni par lui-même. Les oripeaux sont tombés, l'épouvantail a été retiré, les lambeaux d'ironie dans lesquels se drapait et se dissimulait cette âme souffreteuse ont disparu. Nouspouvons écarter de Baudelaire tout ce ^K- CHAULES BAUDELAIRE -^ qui ne fat pas lui, de lui tout ce qui ne fut pas son art, et saisi/-, poui- en fini/-, sa légende. Elle s'est auto/-isée de sa vie. Quelle a do/ic été cette fa/ueuse, cette scab/'euse, cette dangc/-euse existe/ice ? Exa//ii/ions-la d'abo/d, sans /'ien celer ^ sa/is rie/i atténuer, sans rie/i e/ijoliver ou noircir, mais en écar- ta/it la nie/iuaille des a/iecdotes, des fiches, qui pas- sio/inent certaine critique co/ifo/idant de bonne foi Vérudition litté/-aire et V i/ivestigatio/i biog/'apJiique et oubliant qu elles ne te/ide/itpas à établir le /ne/ne o/'dre de vérités. Da/is une /lotice su/- la /nort de Tho//ias de Qui/icei/ et su/- les nécrologies //icdveillantes qui la co/nnie/itèrent, Baudelaire écrivait : « D'un bout du //londe à Vautre, la gra/ide folie de la //lorale usurpe dans toutes les discussio/is littéraires la place de la pure litté/'atu/-e.. . Déjà, àpropos des étra/iges oraiso/is funèbres qui suivire/it la //lort d'Edgar Poe^, fai eu Voccasion d'observer que le champ //lortuaire de la littérature est /noi/is /-especté que le cimetiè/e co/nmu/i, oii u/i règle//ic/it de police protège les tombes co/itre les outrages innocents des animau,v. « Je /le peux que sou- scj-ire à V inte/ition de cette liautai/ic, //léprisa/ite et méla/icolique re/na/'que. C'estpour /noiu/ie des im//io- 1. Malgré la transcription Poe donnée par certains écrivains et accep- tée par quelques dictionnaires, nous conservons au nom du poète sa formation américaine POE (sans tréma) qu'a d'ailleurs consacrée le dictionnaire Larousse. ^^ SA VIE — SON ART — SA LÉGENDE ^^ /alités contemporaines que la façon dont^ sans droite sans réelle nécessité, la vie intime de cjuiconque a compté dans les arts est traitée comme un mur public oii chacun crayonne ses commentaires, comme si la jalousie instinctive des foules pour les êtres célèbres n était déjà pas trop encline au ravalement et au décri, et comme si le plus urgent devoir de la critique ne devrait pas être de sauvegarder le prestige de caste des artistes. Sous le prétexte que la vie privée contribue à e.rplicpLer les œuvres, on a parfois outré le zèlejusqu^àde telles investigations qu'elles ressem- blent à des viols et que le désir de déjouer de telles « méthodes historiques » ferait laisser par tout artiste, avec crainte et répugnance, Vordre formel de brûler le plus petit carnet de dépenses. J'ai souvent éprouvé de la honte et de la révolte devant ces tristes aubaines inédites ; et je suis de ceux qui ne peuvent plus, par exemple, supporter quon leur montre encore aujour- d'hui quelque nouvelle preuve de flcdr relativement aux amours de George Sand et d'Alfred de Musset, ou de Lamartine et de M'^^ Charles, sans être exas- pérés. Je reconnais cependant que ce genre d'érudi- tion ne se confond pas toujours avec l'indiscrétion policière, qu' elle peut même être aussi utile pour dé- jouer la calomnie que propre à l'alimenter; et je me reprocherais de tarder un instant de plus à dire que ^^ CHAULES BAUDELAIRE ^^ les cotunientdteiii's niinatieux de Baudelaire que je nommerai au cours de ce livre, faisant la lumière sur sa vie décriée et recueillant ses posthumes , n'ont été guidés que par de nobles considérations, ont bien servi une haute mémoire et ne devront pas être coin- parés aux chercheurs de tares trop fréquemment atta- chés aux artistes célèbres, friands du détail, insou- cieux de savoir s'il contribuera à ravitaille/' les dénigreurs, et pouvant donne/- à ce qu'ils appellent leur critique Vépig/^aphe spécifiant « qu'il /l'est pas de grand ho//i//ie pour so/i vcdet de chambre » . Dans le cas de Baudelaire, qu'o/i a souillé de tant de men- songes, le rétablisseme/it de la franche vérité, l'expo- sition entière des qualités et des faiblesses , ont été des mesu/'es salubres. Mais le bat de ce livre est tout autre. Des faits et gestes de l'ho//i//ie je ne rappellerai que ceux qui éclaireront //lieux l'œuvre /lo/i aux yeux des lettrés, //lais à ceux du gra/id public souve/it prévenu. Il vie/it toujours une heure ou la critique n'est plus l'affaire de quelque « inter/nédiaire des chercheurs et des curieux », oii la sy/ithèse s'impose. J'e/ivisa- gerai Baudelaire — et /lo/i seule/nent le poète, //lais le critique d'a/'t — e/i pe/isa/it qu'il nous ù/iporte bien uploads/Litterature/ charles-baud-elair-00-mau-c.pdf
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- Publié le Mar 27, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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