IDÉOLQGIE ET RATIONALITÉ DANS L'HISTOI.RE DES SCIENCES DE LA VIE DU MÊME AUTEUR

IDÉOLQGIE ET RATIONALITÉ DANS L'HISTOI.RE DES SCIENCES DE LA VIE DU MÊME AUTEUR A LA LI~RJ\IRIE VRIN. 1.," • La connaissance de la vie, 1965 (se éd. 1975) Etudes d'histoire et de philosophie des sciences, 1968 (3 e éd. 1975) La formation. du concept de réflexe aux X;~Ile et XVIIIe siècles (2e éd. 1977) Réédition, avec une Préface, des Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux, et aux 'Végétaux. de Claude Bernard, 1966. AUX PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE Le normal et le pathologique, 1966 (3è éd. 1975) A LA LIBRAIRIE HACHETTE Introduction à l'histoire des sciences (textes choisis) I. Éléments et instruments, 1970. II. Objet, méthode, exemples, 1971, (en collaboration avec S. Bachelard, Cadieux, Y. Conry, Ducrot, Guillerrne, Hamarndjian, Rashed, C. Salomon-Bayet, Sebestik). PROBLÈMES ET CONTROVERSES IDÉOLOGIE ET RATIONALITÉ DANS L'HISTOIRE DES SCIENCES DE LA VIE Nouvelles études d'histoire et de philosophie des sciences PAR Georges CANGUILfiEM 2e édition revue et corrigée Quatrième tirage PARIS LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, PLACE DE LA SORBONNE, V· 2000 HoDtF» CoHf?}r< GJH 305 (:J oCde Irt?: La loi du Il mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part. que « Jes copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » alinéa 1cr de l'article 40). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, co nsti- tuerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code Pénal. ' © Librairie Philosophique J. VRIN, 1988, 1993,2000. Printed in France ISBN 2-7116-0110-2 AVANT-PROPOS Se tromper est humain, persévérer dans l'erreur est diabolique. Ce n'est pas à moi 'de dire à quel degré d'aberration s'élèvent les quelques textes que je me décide à réunit en Ylie d'une nouvelle publication. Je suis assurément trop vieux pour renier, en manière d'amendehonorable et d'allégeance à de nouvelles puissances d'investiture épistémologique, les quelques axiomes méthodologiques que j'ai empruntés, il y a environ quarante ans, pour les faire valoir à ma faqon et à mes risques, non sans amendement, réexamen ou aiguillage. L'introduction, à partir de 1967-68, dans mon enseignement où- dans quelques articles et conférences, du concept d'idéologie scientifique, sous l'influence dès travàux de Michel Foucault et de Louis Althusser, n'était pas seulement une marque d'intérêt et d'acquiescement accordée à ces contributions originales en déontologie de l'histoire des sciences. C'était une façon de rafraîchir; sans la rejeter, la leçon d'un maître dont j'avais lu les livres, faute d'avoir pu suivre les cours, la lecon de Gaston Bachelard dont, quelques libertés qu'ils aient prises avec elle, mes jeunes collègues s'étaient, en fait, inspirés et fortifiés. Je ne pense donc pas que le lecteur des premières Etudes' d'histoire et de philosophie des sciences puisse trouver dans les textes qui suivent les signes d'une inflexion ou d'une évolution. Quant à savoir si mon indifférence à la gestation d'une histoire qui substituerait au partage des sciences et des idées, c'est-à-dire de la littérature, leur intussusception réciproque, me vaudrait ou non la qualification de fossile concep- tualiste, je dois avouer n'en avoir cure. Lorsque, dans son petit coin d'investigations, on a reconnu la discontinuité en histoire, on serait mal venu de refuser la discontinuité en histoire de l'histoire. A chacun sa discontinuité. A chacun ses révolutions du globe savant. 10 AVANT-PROPOS . Par contre, j'aimerais bien pouvoir répondre à une question qui ne m'est posée que par moi-même. L'auteur de L'Archéologie du Savoir, dont les analyses relatives à l'idéologie scientifique m'ont été bien utiles, distingue dans l'histoire du savoir plusieurs seuils de transfor- mation : seuil de positivité, seuil d'épistémologisation, seuil de. scientificité, seuil de formalisation (pp. 243-247). Je ne suis pas sûr d'avoir, dans les études que je publie, bien distingué, comme le souhaiterait Michel Foucault, les différents seuils franchis par les disciplines dont j'esquisse l'histoire. Il me semble, en tout état de cause, <Ill'aucune d'entre elles, hors la prétention de quelques généticiens, n'est parvenue à franchir le seuil de la formalisation (1). .Mais je crois, à la différence de M. Foucault (p. 245) que la médecine expérimentale bemardienne et la microbiologie pastorienne ne .sont pas à égalité dans l'insuffisance de leur-contribution à la scientificité de la médecine clinique. Je' consens très volontiers au reproche de n'avoir pas clairement distingué des seuils de transformation. Mais la .médecine et la biologie, au XIXe siècle, se prêtent plus mal que ne le ferait, par exemple, la chimie de la meme période, à la dissection épistémologique des conditions de leurs «progrès». Ne peut-on soutenir toutefois que la médecine 'p4ysi01ogique. de Claude Bernard offre à considérer le·cas d'une recherche dont I'éplstémologisation, par son propre auteur, féru de philosophêmes, est plus « avancée» ou plus « forte » quela positivité même ? Alors qu'inversement Pasteur, -chimiste et non médecin, s'attache avant tout à la positivité de ses recherches, sans trop se préoccuper de la cohérence de leur épistémologisation (2). n est d'ailleurs possible que mes analyses soient insuffisamment fines et rigoureuses. Je laisse à décider s'il s'agit de réserve, de paresse ou d'incapacité. G.e. Juin 1977 1. cî.Ies travaux de J.H. Woodger :Axiomatic Method in Biology, Cambridge, 1937 ; Formalization ·in Biology, in Logique et Analyse, nouvelle série, num. I, août 1958~ 2. cf. F. Dagognet, Méthodes et doctrine dans l'œuvre de Pasteur, P.U.F.,. 1967 : conclusion. lNTR'O'DÙCTION LE ROLE DE L'EPIS-TEMOLOGIE DANS ~ 'HISTORIOGRAPHIE SCIENTIFIQUE CONTEMPORAINE A qui entreprend d'examiner les rapports entre épistémologie et histoire des sciences une première c.onstatation s'impose, et ce fait lui- meme est instructif pour une position. correcte de la question. .C'est qu'à l'heure actuelle on.dispose, en cette matiêrevde plus de manifestes ou de progranunes que d'échantillons. Au regard du recensement des intentions, le' bilan des réalisations. est maigre. Face à l'histoire des sciences, discipline qui a elle-même une histoire, l'épistémologie se trouve dans une situation fausse, à première vue. Sous le rapport de la chronologie, l'histoire des sciences ne doit rien à cette sorte de discipline philosophique que, depuis 1854, semble.. t-il, on nomme épistémologie (1). L'Histoire des Mathématiques <le, Montucla (1758), l'Histoire de l'Astronomie de Bailly (J 775-1782), le Versuch einer pragmatischen Geschichte der Arzneikunde de Kurt Sprengel (1792-1803) sont des ~vr~ge_~ composés hors de toute référence à un système de copcepts critiques ou normatifs. Sans doute, tous ces travaux procédaient-ils, même sans conscience réflexive 1. cf. J.F. 'Ferrier, Institutes of Mettq:!~ysics.Epistemology est inventé .pour être opposé à ontology, 12 INTRODUCTION revendiquée par chacun de leurs auteurs, d'une conscience d'époque, impersonnellement thématisée dans la doctrine de la perfectibilité indéfinie de l'esprit humain, s'autorisant d'une succession assez continue de révolutions en cosmologie, mathématique et physiologie, opérées par Copernic, Galilée, Descartes, Harvey, Newton, Leibniz, Lavoisier, pour n'anticiper les progrès scientifiques à venir que sous l'aspect de la continuité. Si Sprengel, dans l'Introduction à son Histoire de la Médecine, fait expressément allusion, en raison de la date 1792, à la philosophie critique, c'est comme à une doctrine dont quelques médecins ont été imprégnés, au mëme titre qu'il y eut autrefois des médecines dogmatiques, empiriques ou sceptiques, et nullement comme à un instrument nouveau et efficace de valorisation ou de dévalorisation des procédés du savoir. Il serait donc parfaitement vain de reprocher à des historiens des sciences du XVIIIe et du XIXe siècles de n'avoir mis en œuvre aucun des concepts que des' épistémologues s'efforcent aujourd'hui de faire valoir, auprès de qui pratique et produit l'histoire des sciences, comme règles d'écriture ou de composition.. Or, pmi ces historiens, ceux qui supportent mal le regard dirigé par l'épistémologie vers leur .discipline ne manquent pas de faire remarquer que, nourrie elle-même d'histoire des sciences, l'épistémolo- gie n'est pas fondée à .prétendre rendre plus qu'elle n'a reçu et à réformer en principe ce dont elle procède en fait. Cette acrimonie n'est pas sans quelque rapport, vague ou lâche, avec l'ancienne cotres- pondance établie entre les disciplines' et les facultés de l'âme. Histoire relèverait de Mémoire. Mais on doit se demander de quel côté se trouve l'ambition la plus exorbitante. N'est-il pas plus prétentieux de se prendre pour 'une mémoire que de prétendre exercer un jugement? Dù côté du jugement, l'erreur est Un- accident possible, mais du côté de la mémoire l'altération est d'essence, Des reconstitutions propres à l'histoire des sciences il faut dire ce qui a -ëtë déjà dit des reconsti- tutions en d'autres domaines deI'histoire :- politique, diplomatique, militaire, etc... -, à savoir que, contrairement à l'exigence deLeopold Ranke, l'historien né saurait se flatter de présenter les choses comme elles sesont réellement passées {wie es eigentlich gewesen}. On a souvent commenté le mot de Dljksterhuis, selon lequel l'histoire des sciences n'est pas seulement la mémoire de la science mais ROLl: DE L'ePIS'ttMOLOGIE 13 aussi le «laboratoire» de l'épistémologie (1). Du fait qu'une élaboration n'estpas.une restitution, on peut conclure que la prétention de l'épistémologie uploads/Litterature/ georges-canguilhem-ide-ologie-et-rationalite-dans-l-x27-histoire-des-sciences-de-la-vie-2000-vrin-pdf.pdf

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