Du même auteur La Contre-Révolution en Afrique Payot, 1963 Sociologie de la nou
Du même auteur La Contre-Révolution en Afrique Payot, 1963 Sociologie de la nouvelle Afrique Gallimard, « Idées », 1964 Sociologie et Contestation Essai sur la société mythique Gallimard, « Idées », 1969 Le Pouvoir africain Seuil, « Esprit », 1971 et « Points Essais » n o 780, 2016 Les Vivants et la Mort Essai de sociologie Seuil, « Esprit », 1975 et « Points Essais » n o 90, 1978 et 2008 Une Suisse au-dessus de tout soupçon (en collaboration avec Délia Castelnuovo-Frigessi, Heinz Hollenstein et Rudolph H. Strahm) Seuil, « Combats », 1976 et « Points Essais » n o 782, 2016 Main basse sur l’Afrique Seuil, « Combats », 1978 et « Points Essais » n o 779, 2016 Retournez les fusils ! Manuel de sociologie d’opposition Seuil, « L’Histoire immédiate », 1980, « Points Politique » n o 110, 1981 et nouvelle édition mise à jour sous le titre Retournez les fusils ! Choisir son camp Seuil, 2014 Les Rebelles Contre l’ordre du monde Mouvements armés de libération nationale du tiers-monde Seuil, « L’Histoire immédiate », 1983 et « Points Essais » n o 778, 2016 Vive le pouvoir ! ou les Délices de la raison d’État Seuil, 1985 La Victoire des vaincus Oppression et résistance culturelle Seuil, « L’Histoire immédiate », 1988 et « Points Essais » n o 779, 2016 La Suisse lave plus blanc Seuil, 1990 Le Bonheur d’être suisse Seuil/Fayard, 1993, « Points Actuels » n o 152, 1994 et « Points Essais » n o 808, 2016 Il s’agit de ne pas se rendre Conversations sur France Culture (en collaboration avec Régis Debray) Arléa, 1994 L’Or du Maniema roman Seuil, 1996 et nouvelle édition revue et augmentée « Points » n o P2704, 2011 La Suisse, l’Or et les Morts Seuil, 1997 et « Points Histoire » n o 405, 2008 Les Seigneurs du crime Les nouvelles mafias contre la démocratie (en collaboration avec Uwe Mühlhoff) Seuil, « L’Histoire immédiate », 1998, « Points » n o P631, 1999 et « Points Essais » n o 559, 2007, 2016 La Faim dans le monde expliquée à mon fils Seuil, 1999, 2011, 2015 Les Nouveaux Maîtres du monde et ceux qui leur résistent Fayard, 2002 Seuil, « Points » n o P1133, 2003 et « Points Essais » n o 560, 2013 Le Droit à l’alimentation Précédé de Le Droit du faible contre la raison du fort (en collaboration avec Sally-Anne Way et Christophe Golay) Mille et une nuits, 2003 L’Empire de la honte Fayard, 2005 et « Le Livre de poche » n o 30907, 2007 La Haine de l’Occident Albin Michel, 2008 et « Le Livre de poche » n o 31663, 2010 Destruction massive Géopolitique de la faim Seuil, 2011 et « Points » n o P2879, 2012 ISBN 978-2-02-128878-0 © Éditions du Seuil, octobre 2016 www.seuil.com Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. « Ainsi, vous êtes disparus, mais pas oubliés. Assommés, mais pas réfutés. Vous tous, avec les autres incorrigibles qui continuent la lutte. Vous, qu’on ne peut amender, vous, les partisans têtus de la vérité. » Bertolt Brecht 1 Ce livre est dédié à la mémoire de mes amis Sergio Vieira de Mello, haut-commissaire aux droits de l’homme, et ses vingt et un collaborateurs et collaboratrices assassinés à Bagdad le 19 août 2003, Raoul Décaillet, Martin Sigam, Jean de la Croix Kaelin, Patrick de Laubier, Elie Wiesel. 1. Bertolt Brecht, « Aux combattants », L’Arc, 1973. TABLE DES MATIÈRES Du même auteur Copyright Dédicace Avant-propos - La visite de la cheikha 1 - Les riches contre les peuples 2 - Une pause au bord du chemin 3 - La douce violence de la raison 4 - « En avant vers nos racines » 5 - La stratégie impériale 6 - La guerre et la paix 7 - La justice universelle 8 - Le spectre de la Société des Nations 9 - Palestine Conclusion - Ces combats que nous remporterons ensemble Remerciements AVANT-PROPOS La visite de la cheikha Palais des Nations à Genève : telle une Fata Morgana sur la mer, elle glissait à travers la « Salle des droits de l’homme et de l’alliance des civilisations », deux pendentifs sertis de diamants bleus aux lobes de ses oreilles, un triple collier d’or blanc autour du cou, les doigts parés de l’éclat de ses bagues. Une époustouflante tunique pourpre drapait de près sa haute silhouette, tandis que sa chevelure brune disparaissait en partie sous un turban assorti… La cheikha Mozah bint Nasser al-Missned, deuxième épouse de l’ancien émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa al-Thani, et mère de l’actuel émir, étincelait de mille feux. Elle prit place au centre de la tribune. Dans l’immense salle – don du gouvernement espagnol au quartier général des Nations unies à Genève – se pressaient les ambassadrices et ambassadeurs, les directrices et directeurs des organisations spécialisées, divers invités. J’étais installé au troisième rang, légèrement décalé par rapport à la tribune. À côté de moi était assis un homme trapu, au crâne luisant, au regard pétillant, mon ami Mohamed Siad Doualeh, grand poète de langue somalienne et ambassadeur de Djibouti. Fasciné, il observait les traits étrangement figés de la femme. Se penchant vers moi, il m’interrogea : « Combien d’opérations chirurgicales ? » Elles étaient nombreuses selon la rumeur et, en effet, dans le beau visage de la cheikha, seuls les yeux verts paraissaient vivants. C’était une fraîche matinée de l’automne 2015. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait chargé la cheikha d’une mission importante : elle devait présenter aux dignitaires du siège européen l’« Agenda 2030 » de l’ONU. Rappel historique. En septembre 2000, au seuil du nouveau millénaire, Kofi Annan, alors secrétaire général, avait convoqué à New York les chefs d’État et de gouvernement des 193 États membres de l’ONU. 165 d’entre eux avaient fait le voyage. Il s’était agi de dresser la liste des huit tragédies principales qui ravageaient l’humanité et de tracer les stratégies susceptibles de les éliminer. Ce document était intitulé Millenium Development Goals (Les Objectifs du millénaire pour le développement). Un délai de quinze ans avait été fixé, sinon pour éradiquer ces tragédies, du moins pour les atténuer de manière significative. Un exemple : le but numéro 1 exigeait que fût réduit de moitié, jusqu’à la fin de l’année 2015, le nombre des victimes de la faim et de la sous-alimentation dans le monde. Au terme des quinze ans, le constat est amer : très rares sont les États frappés par une ou plusieurs des tragédies figurant sur la liste – avant tout dans l’hémisphère Sud – qui ont pu en venir à bout. La cible numéro 1, notamment, l’éradication de la faim et de la sous-alimentation, a été complètement manquée. L’« Agenda 2030 », préparé sous la direction de Ban Ki-moon, invite les États membres à continuer le combat, sur des bases et en mobilisant des méthodes nouvelles. Cette fois, ce sont 37 tragédies qui ont été identifiées. Pour en finir avec chacune d’elles, une stratégie spécifique a été définie. Quelque peu choqué, je demandai à mon voisin : « Pourquoi Ban Ki-moon a-t-il confié la mission prestigieuse de cette présentation à la cheikha du Qatar ? » Siad Doualeh, qui avait pris part pendant deux ans à l’élaboration de l’« Agenda 2030 » à New York, me répondit sobrement : « Les Qataris paient. » Le Qatar est une presqu’île d’un peu plus de 10 000 kilomètres carrés dans le golfe Persique. Il partage avec l’Iran son plateau occidental et les fabuleuses réserves de gaz et de pétrole qu’il recèle. Entre 250 000 et 300 000 Qataris, divisés en tribus à la coexistence difficile, peuplent la presqu’île. Depuis la fin de l’occupation anglaise, en 1971, la famille Al-Thani y règne en maître absolu. Le Qatar est le premier exportateur de gaz naturel liquéfié du monde. Les plates-formes offshore y produisent 1 million de barils de pétrole par jour. Le pays a une seule frontière terrestre, avec l’Arabie Saoudite. À l’intérieur de leurs terres, les maîtres de Doha pratiquent un islam wahhabite rigoureux. La charia est la loi du pays. La péninsule, longtemps dominée par les Perses, puis par les Ottomans, n’est qu’une immense plaine aride couverte de sable. 1,8 million de travailleuses et de travailleurs immigrés, provenant principalement du Bangladesh, du nord de l’Inde et du Népal, font tourner l’économie. La cheikha et son fils, l’émir actuel, les traitent en esclaves. À leur arrivée, les immigrants doivent déposer leur passeport. Les abus sexuels commis sur les domestiques, les accidents de travail, les maltraitances sont innombrables. Les patrons qataris exercent un droit de vie et de mort sur leurs esclaves étrangers. En matière de politique étrangère, l’émirat est un pur mercenaire des États- Unis. La plus grande base militaire américaine, en dehors des États-Unis, se trouve au Qatar : Al Udeid est même la plus grande base militaire aérienne du monde. Ses casernes, ateliers, aéroports, repaires sous-marins, hangars, dépôts et centres uploads/Litterature/ chemins-desperance 1 .pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 24, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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