23893 h* LIVRES DES BENI .MZAB CHRONIQUE D'ABOU ZAKA / ITIILIK 1*01 R l.\ l'IlK

23893 h* LIVRES DES BENI .MZAB CHRONIQUE D'ABOU ZAKA / ITIILIK 1*01 R l.\ l'IlKMIi-IIK J'OiS TRADUITE ET COMMENTE HiLK'fflASQUKAY EmjmJmAS ELEVE DC I, ECOLE NORMALE SOKfrKSSgE , PROFESSEUR ACPCG DIMSTOIR Charg de Mission par Monsieur le Ministre dc l'Instruction publique ALGER IMPRIMERIE DE L'ASSOCIATION OUVRIRE V. AILLAT!) ET G" 1879 J CHRONIQUE D'ABOU ZAKARIA LIVRES DES BENI MZAB 23893 CHRONIQUE D'ABOU ZAKABIA PUBLIE POUR LA PREMIRE FOIS TRADUITE ET COMMENTE Emile MASQUERAY lve de l'cole normale "iui-hiiuKe , professeur agrg d'histoire, Charg de Mission par Monsieur le Ministre de l'Instruction publique. ALGER IMPRIMERIE DE L'ASSOCIATION OUVRIRE Y. AILLAUD ET O" 1878 v! t/ LA MEMOIRE MON PERE INTRODUCTION Ce volume intitul Chronique d'Abu Zakdria est lfpre- mier d'une srie dont je ne puis moi-mme prvoir la fin. Plaise Dieu que j'achve m'a tche ! Mais djeette publication est mes yeux une belle rcompense de mes courses et de mes fatigues. Quand, il y a trois am>, je sollicitais de Monsieur le Ministre de l'Instruction Publique et de Monsieur le Gou verneur Gnral de l'Algrie une mission archologique et ethnographique dans l'Aouras et dans le Mzab, je <ne me dissimulais pas que la seconde partie de mon travail serait la plus difficile. Les Mozabites sont lesigensles plus secrets du monde. Tout leur pass et tout leuppr- sent^ contenus dans leurs anciens manuscrits et leurs recueils de lois, sont entre les mains de leurs Clercs/ (1) Hazzaben, qui nous craignent ou nous hassent; et, quand . (1) Je t^ftduis ici Tolba ou Hazzaben par Clercs. Les ! ecclsiasti du Mzab actuel sont encore constitus comme ils l'taient au "M^n-Age Vis vis'des laques. Serve-d'xptiqUef'fctte organisation dans un ouvrage subsquent. VIII j'entrai dans leur mosque de Rardaa, je pus me com parer justement un Turc pntrant dans un monastre chrtien du moyen-ge. J'ai russi sans autre peine que celle d'tre patient et d'appliquer les rgles de conduite que je me suis faites en pays musulman ; mais ce n'est point le lieu d'insister sur ces dtails : je dirai plus tard pourquoi mes devanciers obscurs ou illustres, bien ou mal recommands, avaient chou dans leurs tentatives ; je raconterai comment je suis parti de Laghouat pour le Mzab, en plein t saharien, quel concours de circons tances m'a concili les Hazzaben, quelles dceptions m'ont trouv ferme, et quelles joies m'ont rcompens. Je veux seulement remercier, ds prsent, Monsieur le Gnral Chanzy, Gouverneur de l'Algrie, qui m'a re command de sa personne vla dputation des Bni Mzab venue pour le saluer ; Monsieur le Gnral Wolff, commandant le treizime Corps, qui m'a fait faire mon premier voyage dans l'intrieur de l'Algrie, et a dirig tous les autres de ses bienveillants conseils ; Monsieur le Gnral de Loverdo, qui a mis ma disposition, avec une rare libralit, toutes les notes runies par ses soins la subdivision de Mda ; Monsieur Flatters, commandant suprieur du cercle de Laghouat, qui m'a prt l'appui de son autorit dans le moment le plus critique de mon in trigue Bni Sjen ; Monsieur le capitaine Coyne, chef du Bureau arabe de Mda, dont tant de voyageurs ont pu apprcier avant moi le savoir et l'urbanit ; enfin les diverses personnes qui m'ont, Laghouat, aid de leurs renseignements, fortifi de leur gnreuse sympathie : parmi elles, Monsieur le capitaine Spitalier, du bureau arabe, et mon excellent ami Monsieur Gitton, officier d'administration. IX La Chronique d'Abo Zakaria tait encore inconnue de tous et de moi-mme, quand je gravissais, le 5 mai 1878, le rocher abrupt, isol, qui porte la petite ville guerrire de Melika. J'avais rendu visite, la yeille et l'avant-veille, aux riches Clercs de Rardaa etaux savants de Bni Sjen. Froidement reu, et leurr de promesses sans effet, je savais que tous les Clercs du Mzab devaient se runir bientt dans le marabout de Sidi Abd er Rahman pour se concerter contre moi, et je me deman dais quelle parole magique m'ouvrirait le trsor dont la troisime porte allait sans doute m'tre ferme comme les . deux autres. On m'avait rpondu Rardaa : Vous- en sa vez autant que nous sur notre lgislation : elle drive du Koran ; or, le Koran est entre vos mains., et Bni Sjen : - Nos livres d'histoire sont notre proprit personnelle. Si les Clercs de Melika, petites gens d'ailleurs en compa raison de ceux de Rardaa, m'cartaient par ces fins de non recevoir, j'tais perdu ; car, le surlendemain au plus tard,les cinq collges ecclsiastiques des Clercs del'Oued- Mzab auraient arrt leur ligne de conduite mon gard. Je craignais, mais sans dsesprer de ma bonne toile. Je m'assis en haut du rocher de Melika. Une immense fo rt de palmiers s'tendait au loin devant mes yeux de puis le pied de la grosse ville de Rardaajusqu' huit ou dix kilomtres au-del. En dessous de Rardaa jusqu' Me lika, les jardins taient clairsems ; on ne voyait qu'es paces sablonneux et champs de pierres. A droite, dans un ravin latral de l'Oued Mzab, une bande noirtre m'in diquait tes palmiers de Bou Noura ; gauche, je devi nais une autre fort en arrire de Bni Sjen. Melika, aride, .imprenable, propre comme un soldat sous les ar mes, se dressait au milieu de ces richesses. Je dis aux notableS qui m'entouraient : O sont vos palmiers . A Metlili, chez les Chamba Vous ne possdez donc pas dans l'Oued Mzab? Fort peu. a Et pourquoi ? Voyez cette longue digue en travers de l'Oued, au-dessous de Rardaa ; il y en a de pareilles au- dessus. L'Oued Mzab appartient aux gens de Rardaa qui nous font mourir de faim : ils captent l'eau. Et vous ne pouvez rien du ct de Bou Noura ou de Bni Sjen ? Nous possdons un peu, de concert avec Bou Noura ; mais nous sommes ennemis de Bni Sjen. Nous l'avons incendie autrefois, du temps du cheikh Baba Assa. Cette conversation dissipa mon souci. J'entrai dans la ville. Les ruelles de Melika sont plus propres que celles de nos villages. Les maisons basses, toutes bties sur le mme modle, et de plain-pied sur le rocher, y rendent sensible plus que nulle part ailleurs le principe galitai- re de la cit mozabite. Les visages qui m'entouraient taient sympathiques. Un des principaux Laques me con duisait par la main et me prodiguait les paroles bienveil lantes. Il me fit entrer dans sa maison. Tous les autres grands de Melika vinrent m'offrir leurs services. J'accep tai un verre d'eau, et je demandai que l'on avertit les Clers. Ils m'attendaient dans une petite maison voisine de la mosque. Dans aucune ville Mozabite les Clercs ne sont venus moi ; ils reprsentent l'antique royaut des Imams ibadites. Comme je portais le costume arabe, moins la corde de chameau signe distinctif des laques chez les Bni Mzab, je n'hsitais pas laisser mes chaus sures la porte de leurs salles de conseil, suivant la coutume, et je leur accordais toutes les marques de d frence que notre politesse admet et que leur situation XI exige. J'allai donc chez les Clercs de Melika, et je les sa luai profondment, les pieds nus, la main sur la poitrine, comme j'avais salu ceux de Rardaa et de Bni Sjen. Nous nous assmes sur des chaises, autour d'une ta ble, dans une petite pice carre surmonte d'une cou pole. Les principaux Laques taient entrs, et causaient familirement avec les Clercs. Parmi ces derniers, trois seulement semblaient d'importance. Ce n'tait point l'as semble rigide et taciturne de Rardaa ; j'avais devant moi des sortes de paysans lettrs qui tenaient aux choses de ce monde par mille attaches. Si c'tait l que je de vais dcidment vaincre ou mourir, je n'avais qu' re mercier la fortune de son dernier champ de bataille. Je leur fis lire ma lettre de recommandation, et je leur dis : Je viens vous du Nord de la France ; je ne suis pas Algrien; je dsire obtenir connaissance de vos chro niques, de vos coutumes, et de vos documents lgislatifs. Je suis un chercheur de science comme vous-mmes. Si vous me refusez vos livres, il n'en rsultera pour vous aucun mal ; si vous me les communiquez, vous en reti rerez de grands avantages, car les Arabes vous calom nient, disant que vous tes sortis de la religion par igno rance. Je vous rpte ce que j'ai dit Rardaa et Bni Sjen. On m'a beaucoup promis Rardaa ; mais on m'a conseill de ne point m'adresser ailleurs : je ne pense pas que Rardaa, bien qu'elle soit la plus riche, com mande dans l'Oued Mzab. A Bni Sjen, on m'a dit que je ne trouverais rien chez vous. J'ai voulu nanmoins vous rendre visite ; et vous offrir l'occasion d'tre tout en semble agrables au Gouvernement et utiles votre pays. Je ne vous demande pas de rponse immdiate. J'avoue que le lendemain je fus mu quand, aprs un XII discours de mme genre dans lequel la digue de Rardaa tenait sa place, je vis un des Clercs poser uploads/Litterature/ chronique-d-x27-abou-zakaria-pdf.pdf

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