Comment je critique un article scientifique original How I review an original s

Comment je critique un article scientifique original How I review an original scientific paper En 2002, l' American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine publiait un article consacré aux réflexions d'un expert dans le domaine sur la lecture critique des articles originaux soumis aux revues biomédicales à comité de lecture. Il s'agit d'un sujet d'actualité, le processus d'évaluation « par les pairs » connaissant actuellement tensions et remous, après plusieurs décennies d'immobilité relative. Cet article (Hoppin F.G. Jr : How I review an original scientific article ? Am J Respir Crit Care Med 166 : 1019-23) a semblé intéressant à plus d'un titre au Comité de Rédaction de la Revue des Maladies Respiratoires , qui a obtenu de l'American Thoracic Society, de l' American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine par l'aimable entremise de Martin J. Tobin, et de l'auteur lui-même l'autorisation de publier une traduction. Un objectif de cette publication est de susciter des réflexions des lecteurs, auteurs, et experts de la Revue, pour laquelle un processus d'évaluation de qualité est un gage fondamental de crédibilité. Merci aux parties prenantes d'avoir permis cette opération. Haut de page - Plan de l'article Pourquoi écrire ceci ? La qualité de l'évaluation « par les pairs » des travaux scientifiques publiés dans les publications biomédicales (dites « à comité de lecture ») a suscité récemment un intérêt important avec plusieurs congrès internationaux [1]et un numéro récent du JAMA [2]entièrement consacrés à ce sujet. La qualité de l'évaluation critique des travaux soumis pour publication est très variable [1] [3] [4] [5]. Black et coll. ont suggéré que cette qualité peut être améliorée si les journaux mettent en place une formation des lecteurs auxquels ils ont recours [6]. Comment apprend-on ce métier ? Certains l'apprennent sur le tas, en effectuant des critiques demandées par des journaux, en étudiant attentivement les commentaires émis à propos de leurs propres travaux, ou en comparant leurs propres critiques à celles des autres experts sollicités pour un manuscrit donné. Lorsque le processus éditorial d'un article est terminée, le comité de rédaction de la revue transmet en général la totalité de la correspondance aux experts. Personnellement, je l'analyse toujours, car elle révèle souvent des angles nouveaux et me donne un retour utile sur mon analyse personnelle. Certains, qui doivent se considérer chanceux, ont commencé leur « métier » de « lecteurs » par esquisser des critiques pour le compte de leurs patrons (dans les règles strictes de confidentialité) ce qui leur a permis de profiter d'un tutorat fructueux quant à la qualité scientifique, la présentation et la critique en soi. La revue générale claire et savante de Lock contient des recommandations très utiles [4]et il y a d'autres publications pertinentes sur le sujet [3] [5] [6] [7] [8] [9] [10]. Mais, à ma connaissance, aucun article sur « comment évaluer un article » n'a été publié. J'espère qu'une partie des leçons que j'ai apprises durant de nombreuses années à la fois en tant que critique et en tant que Rédacteur Adjoint, et que les règles que j'applique pourront aider le novice dans cette tâche aussi délicate que fondamentale, et apporter plus d'assurance, ou un ou deux « tuyaux », au lecteur expérimenté. Haut de page - Plan de l'article Qu'est ce qui est nécessaire à une bonne critique d'article ? La motivation Dans mon expérience, les bons « lecteurs » ont un sens déterminé de leur responsabilité envers leurs collègues et la forte conviction que les publications scientifiques, avec l'exigence d'une relecture de bon niveau, sont un élément critique pour le progrès scientifique [6] [8]. Les meilleurs parmi les critiques apprécient également les opportunités d'enseignement et trouvent l'analyse d'un article scientifique aussi informatif et enthousiasmant que la participation à un stimulant séminaire de recherche. Par ailleurs, la qualité de leurs critiques est dotée d'une « contagiosité » importante. La crédibilité scientifique Le défi principal auquel est confronté l'expert est de voir ce que les auteurs eux-mêmes n'ont pas vu. Ceci est une tâche décourageante. Elle requiert une excellence scientifique sur deux plans qui sont une excellente connaissance de la littérature, ce qui signifie non seulement être à jour, mais, et ceci est plus souvent un problème dans mon cas, connaître les articles plus anciens ; la maîtrise du sujet, c'est à la capacité d'appliquer et de corréler des principes et des résultats scientifiques aux nouvelles découvertes. Des compétences différentes peuvent être pertinentes pour un article donné. Un article qui m'est adressé peut contenir par exemple des éléments scientifiques cliniques ou appliqués, de la physiologie pulmonaire générale, de la mécanique pulmonaire ou de la cage thoracique, des modèles mathématiques, ou de la stéréologie. Bien que mon degré de compétence soit inégal dans ces différents domaines, et qu'un article requière souvent une expertise conséquente dans des domaines que je ne peux pas couvrir dans leur totalité, il est du rôle du Rédacteur Adjoint de sélectionner leurs experts de telle façon à ce que les domaines principaux abordés par l'article qu'il leur propose fassent partie de leur domaine de compétence. Une attitude constructive Beaucoup de critiques d'article ne sont pas très utiles. Pourquoi ? Une bonne critique nécessite un temps et un investissement intellectuel conséquents. Or, cet investissement n'est guère reconnu ni valorisé par l'institution académique et les collègues [11]. En effet, la satisfaction de l'auteur est davantage associée à l'acceptation de son travail par la revue qu'à la qualité du travail d'évaluation effectué, ce du moins pour les soumissions à des journaux médicaux généraux [12]. Des auteurs insatisfaits peuvent considérer les experts comme pointilleux, pressés, arbitraires, dogmatiques, de parti-pris, superficiels, faux, arrogants, injustes, jaloux ou malhonnêtes. De tels sentiments sont prévisibles, au regard de l'importance des enjeux pour les auteurs, et du très grand pouvoir des experts, qui leur est en grande partie conféré par leur anonymat. Occasionnellement, ces accusations sont, à un certain niveau, justifiées. Toutefois, une critique perspicace et argumentée peut améliorer de manière substantielle la qualité scientifique et la clarté d'un travail soumis [8]et peut améliorer les connaissances des auteurs et leur capacité à conduire et présenter un travail scientifique. Le lecteur peut ainsi être aussi utile qu'un collaborateur de recherche ou qu'un professeur invité. Mon approche personnelle des travaux qui me sont soumis est résolument respectueuse. Ceci ne signifie en aucun cas faire des concessions, omettre de demander une justification, une explication, et des éclaircissements, ou éviter une recommandation claire. Ceci signifie (même tard le soir, après une journée chargée, avec un article marginal) lire patiemment, en toute objectivité, et ouvert à de nouvelles idées et approches, et faire un rapport totalement clair sans clore le débat de manière hâtive. Cela signifie aussi être attentif à ne pas laisser libre cours à mes instincts de compétition. Le temps Je passe souvent à côté d'éléments importants lors de ma première lecture et je dois souvent « ruminer » avant d'avoir une perspective complète et articulée d'un problème. Le temps nécessaire est très variable. Des techniques, méthodes ou analyses nouvelles ou complexes requièrent plus de temps que celles plus standardisées. Des présentations maladroites obscurcissent et désavantagent un nombre conséquent de travaux autrement méritoires sur le plan scientifique [13], rendant difficile pour le critique de comprendre ce qui a été fait, ce qui a été conclu, comment leur auteurs sont parvenus à leurs conclusions et ce qui fait défaut. Il a été affirmé que la qualité d'une critique d'article augmente avec le temps consacré jusqu'à, mais pas au delà, de 3 heures [6]. Pour beaucoup de textes qui atterrissent sur mon bureau, 3 heures ne suffisent pas pour une lecture attentive et constructive. Cette expérience est partagée par nombre de mes collègues, comme cela ressort de façon évidente du niveau de soin et d'attention que je constate dans les commentaires réalisés par mes collègues et que j'ai l'occasion de lire. Un article complexe et potentiellement important peut nécessiter une journée complète de travail [9]. Etonnamment, les critiques faites par des seniors tendent à être moins bonnes que celles effectuées par les jeunes collaborateurs [7]. Ceci peut être du au fait que les séniors consacrent moins de temps à ce type de tâche [7]! Une autre explication est que les seniors ont plus facilement tendance à rejeter un article lorsqu'ils estiment que le travail comporte clairement de sérieux et irréparables manquements scientifiques et qu'il pensent qu'il est inutile de détailler toutes ces lacunes. Toutefois, les experts qui évaluent des articles doivent se souvenir de la maxime « le temps est l'essence » qui signifie « prenez votre temps, ne vous pressez pas », et qui s'applique même si vous êtes senior. Un élément critique du principe même de l'évaluation par les pairs qui prévaut à la publication scientifique de nos jours (et qui en garantit la crédibilité) est exposé par la question suivante : « comment un universitaire – et en particulier s'il a charge clinique – peut-il trouver le temps d'effectuer des expertises de qualité ? ». Bien que cette activité présente certainement beaucoup d'intérêts importants et intangibles (élargir uploads/Litterature/ comment-je-critique-un-article-scientifique-original.pdf

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