Guide methodologique operateurs d'associativite1. » Le debut du poeme « LePain»

Guide methodologique operateurs d'associativite1. » Le debut du poeme « LePain» en procurera un bon exemple (5/1.2). On peut maintenant preciser l'objectif du commentaire compose et done aussi la definition de sa problematique : montrer comment le texte travaille sur un objet qui est a l'intersection de ces trois plans et determiner dans quel sens et selon quels precedes formels ille modifie. 1.3 le plan du commentaire, mode d'emploi Une fois la problematique ainsi definie, on en deduit mecaniquernent Ie plan general du cornrnentaire. Soit l'exemple du fragment de Queneau. La problernatique est globalement la suivante : l'originalite du passage tient a ce qu'un personnage anonyme, place dans une situation mediocre, semble en retirer un contentement paradoxal grace ii une sorte de disponibilite bon enfant qui entre en correspondance avec la tonalite meme du texte. De Iiitrois questions ou trois centres d'interet : 1. Un personnage qui est un anti-heros (transgression des codes romanesques) ; 2. Une sagesse epicurienne (jouis- sance du quotidien chez Queneau) ; 3. Une poetique generalisee de subver- sion des codes litteraires (l'esthetique converge avec l'ethique). Maintenant quelques conseils pratiques. A chacune des parties on consacre un mini-dossier, une chemise souple sur laquelle on inscrit un titre (au crayon car I'approfondissement de l'analyse peut conduire ii modifier legerement Ie decoupage d'ensemble). On emegistre alors dans chacun des dossiers tous les elements du texte - ii quelque niveau qu'ils appartiennent : mots, figures, themes, rythmes, composition, etc. - se rapportant a chaque partie. On s'efforce, au fur et a mesure, de dasser ces elements (en les distri- buant sur des feuillets dont chacun correspondra a une sous-partie), et, de proche en proche, on aboutit ainsi a I'organisation interne de chaque partie. IIva de soi que ces procedes artisanaux sont avantageusement remplaces par une utilisation analogue des commodites qU'offre Ie traitement de texte. 1.4 Introduction et conclusion • L'introduction Elle a une triple fonction : capter l'attention et I'interet du lecteur ; lui l.Ibid., p. 119. Guide methodologique presenter Ie texte ; lui exposer la problematique selon laquelle on se propose de l'analyser. Elle comporte done toujours trois temps: - Amener Ie sujet. On n'entre pas de plain-pied dans le texte (proscrire les debuts du type : ~ Ce texte de... »). On consacre d'abord deux ou trois phrases a telle consideration assez generale pour qu'un lecteur non prepare puisse se sentir concerne par ce qui va suivre et qui entretienne d'autre pan avec Ie texte un rapport assez direct pour qu'on puisse y venir naturellement et sans tarder. Cette amorce se rattache au texte soit par son theme global, par le problerne qu'il souleve (4: Hugo et Ie mythe napoleonien ; 7: le debar d'idees a la fin du xvn" siecle), soit par la forme litteraire dans laquelle il s'inscrit (3 : mutation du heros de roman; 6 : le denouement dans la drama- turgie classique), soit par un trait remarquable de l'ceuvre auquelle passage est emprunte (2: Madame Bovary et la mort du romantisme), soit par un caractere bien connu de l'auteur ou de son epoque, que Ie texte confirme ou au contraire contredit , etc. - Presenter le texte, comrne si le lecteur ne l'avait pas sous les yeux. C'est-a-dire indiquer : • l'auteur: eviter tout developpernent mecanique et intempestif ; ne conserver strictement - et en peu de mots - que ce qui peut eclairer tel ou tel aspect du texte ; • Ie titre de ]'ceuvre: toujours souligne d'un trait a la main (ou en itahque) ; les guillemets sont reserves au titre d'un poeme, d'un chapitre de roman, bref a une partie de l'ceuvre ; et Ie geme auquel elle appartient : roman, conte, nouvelle, tragedie, comedie, essai philosophique, poeme en vers, en prose, etc. ; • la situation du texte dans I'ensemble : dans Ie cas d'un extrait de roman ou de piece de theatre, expliquer d'une phrase l'endroit de I'intrigue OU prend place le fragmem ; dans Ie cas d'un poeme, situation dans Ie recueil, si elle est Significative. EventuelIement, si cela importe a la comprehension du texte, situer brievement I'ceuvre dans I'ensemble de la production de I'auteur ou dans un courant. Toujours indiquer la date de publication de J'ceuvre ; • Ie theme principal du passage, sous une forme tres concise; • si elle est caracteristique (opposition de deux parties, repartition des masses typographiques dans Ie poeme libre ... ), la composition du texte. - Definir la problematique sous la forme d'une serie de questions, ce qui revient a annoncer Ie plan du commentaire. • La conclusion HIe comporte toujours deux parties: - HIe recapirule les resultats obtenus, c'est-a-dire les reponses apportees aux questions soulevees dans l'introduction, en s'attachant ales mettre en valeur. Cette premiere phase de la conclusion debouche sur un jugement esthetique (reussite, beaute, originalite du texte... ) ; - ElI~~Iargit la perspective en replacant le texte, les problemes qu'il pose, son esthetique, dans un ensemble plus vaste : la maniere de l'auteur (3) la nouveaute de l'oeuvre (2) ou sa specificite (4), la reprise (7) ou la modification (6) du theme dans une ceuvre ulterieure, etc. 1.5 Du bon usage des citations Une des regles absolues du commentaire compose est qu'il s'appuie syste- matiquement sur Ie texte. II Ie cite done constamment. Les citations doivent imperativement respecter les regles suivantes : - Sauf exc.eption, elles sont placees apres l'idee qu'elles illustrent ; mais elles ne constituent pas en elles-memes une preuve: citer ne dispense pas d'analyser ni d'argumenter ; - Elies doivent etre scrupuleusement exactes, et placees entre guillemets ; - Elles ne sont pas trop tongues, et c'est logique. Une phrase entiere offre plusieur~ p~s a l'analyse. On ne citera donc a chaque fois que Ie fragment conceme. 511on r~tranche un ou plusieurs mots a I'interieur de la phrase, la suppresslOn sera Signa lee par [... ] ; encore faudra-t-il que la partie restante demeure syntaxiquement acceptable; .- Leprobleme se pose du raccord entre la citation et la phrase qui l'intro- dUll. Ou bien Ie fragment cite vient apres deux points et l'on se trouve alors dans Ie cas de figure precedent (le narrateur du Pere Goriot declare paradoxalement: « Ce drame n'est [pas] un roman ~). Ou bien il s'integre a la phrase du commentaire qui Ie cite et alors Ie raccord doit etre syntaxique- ment Correct; les modifications du texte cite que cette exigence rend parfois necessaires seront placees entre crochets (Fontenelle explique que Ie « malheur ~ consistant a negliger les faits au profit de la cause «arriva si p~i~amment s~r la fi~ du sie~le [precedent] a quelques savants d'Allemagne, qu ttl ne peut s] empecher d en parler * en ce point de son expose). 6 -_._- .._ .••.• -~·-O· j-~ 2. Les instruments de I'analyse litteraire 2.1 La typologie des textes J.-M. Adam (1987), considerant leur heterogeneite de fail, rue Ia perti- nence d'une typologie des textes ; i1lui substirue une typologie de sequences, preferant apprehender le texte comme une structure sequentielle. II distingue sept types de sequentialite : narrative, descriptive, explicative-expositive, argumentative, injonctive-instructionnelle, dialogale-conversationnelle, poetique-autotelique+. Un texte peut etre constitue soit d'une sequence homogene (par exemple narrative), soit d'une serie de sequences du meme type, soit, le plus souvent, d'une combinaison de sequences heterogenes, leur enchatnement se definis- sant en termes d'insertion de sequences et de dominante sequentielle. « La Dent d'or » ofEreun cas typique d'insertion d'une sequence narrative dans une sequence argumentative (711.1). Le narrateur du Pete Goriot interrompt bien vite son recit au profit d'une discussion sur Ie genre du livre qui commence, dans laquelle il interpelle son lecteur: cette fois, c'est une sequence conversationnelle inseree dans un texte a dominante narrative. Chaque type se caracterise par des marques morphosyntaxiques de surface (narrarif : verbes d'acrion au passe, connecteurs chronologiques, etc.), qui fonctionnent pour Ie lecteur comme des criteres de reconnaissance du type, et surtout par des « superstructures ~ profondes - il peut, du reste, ne pas y avoir correspondance mecanique entre les deux plans, la « surface» jouissant d'une sorte d'autonomie relative -, que nous envisagerons a propos des quatre types principaux . 2.2 l'enonciation II est toujours necessaire d'examiner les marques de l'enonciation que comporte un texte, c'est-a-dire les traces, discretes ou prononcees, de l'emet- teur, de son destinataire ainsi que du lieu et du temps depuis lesquels il s'adresse a lui. Rappelons que La presence ou au contraire l'effacement (relatiO de ces marques conditionnent l'appartenance du texte a la cau!gorie du 1. Les programmes pour Ie college el Ie Iycee parlent, eux, de far;on lres voisine, des formes de discours. uUloe memOOOI()glque discours ou a celle du fecit (lesquelles determinent a leur tour Ie choix des temps verbaux : present, furur, passe compose ou imparfait, passe simple, plus-que-parfait). Pour l'essentiel, ces marques sont les deictiques (mots dont le referent est tributaire de la situation d'enonciation) : pronoms de la premiere et de la deuxierne personne, ainsi que les possessifs correspondants: « je » et « mon » renvoient a l'emetteur du discours uploads/Litterature/ commentaire-theorie.pdf

  • 17
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager