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Vieille chanson du jeune temps Je ne songeais pas à Rose ; Rose au bois vint av

Vieille chanson du jeune temps Je ne songeais pas à Rose ; Rose au bois vint avec moi ; Nous parlions de quelque chose, Mais je ne sais plus de quoi. J'étais froid comme les marbres ; Je marchais à pas distraits ; Je parlais des fleurs, des arbres Son oeil semblait dire: " Après ? " La rosée offrait ses perles, Le taillis ses parasols ; J'allais ; j'écoutais les merles, Et Rose les rossignols. Moi, seize ans, et l'air morose ; Elle, vingt ; ses yeux brillaient. Les rossignols chantaient Rose Et les merles me sifflaient. Rose, droite sur ses hanches, Leva son beau bras tremblant Pour prendre une mûre aux branches Je ne vis pas son bras blanc. Une eau courait, fraîche et creuse, Sur les mousses de velours ; Et la nature amoureuse Dormait dans les grands bois sourds. Rose défit sa chaussure, Et mit, d'un air ingénu, Son petit pied dans l'eau pure Je ne vis pas son pied nu. Je ne savais que lui dire ; Je la suivais dans le bois, La voyant parfois sourire Et soupirer quelquefois. Je ne vis qu'elle était belle Qu'en sortant des grands bois sourds. " Soit ; n'y pensons plus ! " dit-elle. Depuis, j'y pense toujours. Victor HUGO, Les Contemplations (1856), « Autrefois » Proposition de plan pour le commentaire I – L’importance de la nature 1) Une nature omniprésente : thème phare du romantisme/ la nature est présente à chaque strophe. Elle est comme un personnage à part entière 2) Une nature sublimée : « la rosée offrait ses perles »/ « le taillis ses parasols »/ « les mousses de velours »/ lieu idyllique avec le chant des oiseaux et « l’eau qui courait fraîche et creuse » et personnification « la nature amoureuse » Sorte de jardin d’Eden 3) Une nature propice aux émois amoureux : semble complice du jeune couple et présentée comme un refuge « les parasols », « les mousses de velours » « les grands bois sourds » (répété deux fois). Semble favoriser l’intimité et le secret II – Le personnage féminin 1) Une jeune fille séduisante Prénom Rose : rappelle la nature/ fleur associée à l’amour, à la jeunesse et à la beauté (cf poésie de Ronsard). Celle-ci est d’ailleurs évoquée comme « belle » « beau bras » : portrait valorisant Vingt ans donc plus expérimentée Semble à l’aise dans cet environnement avec lequel elle est en osmose et qui semble lui servir d’écrin : d’ailleurs « les rossignols » la chantent cad la célèbrent pour sa beauté. Rossignol : oiseau associé à l’amour 2) L’audace de Rose Envoie des signaux au jeune homme « leva son beau bras tremblant » suggère l’émoi/ « son pied nu » « air ingénu » : faussement naïve. Elle attend quelque chose du jeune homme « son œil semblait dire : « Après ? » . Elle prend l’initiative mais ce qu’elle attend de lui ne vient pas : elle « soupire » et « sourit » comme s’amusant ou s’impatientant de son inexpérience « Soit, n’y pensons plus » : elle met un terme définitif/ Personnage déterminé III – Le regard amusé du poète sur l’adolescent qu’il était 1) Un souvenir de jeunesse ? emploi des temps du passé Poème lyrique : emploi de la 1ère personne du singulier 2) Un autoportrait peu flatteur et ironique : « Seize ans »/ « l’air morose » « froid comme les marbres » : comparaison + peu enclin à l’amour « nous parlions de quelque chose mais je ne sais plus de quoi », « l’air distrait » : semble plus intéressé par la nature que par Rose : portrait assez dévalorisant qui s’oppose à celui de Rose : antithèse. Le poète semble se moquer de lui-même D’ailleurs, « les merles [le] siffl[ent] » comme se moquant de lui 3) Un jeune homme naïf : Anaphore de « je ne vis pas » : il est hermétique aux signaux qu’elle lui envoie et ne réalise que trop tard Passif : « je ne savais que lui dire » je la suivais dans le bois : s’oppose à l’esprit d’initiative de Rose Chute du poème qui souligne le décalage entre les deux personnages/ rupture temporelle « depuis, j’y pense toujours » Référence au titre : vieille chanson car caractère universel uploads/Litterature/ commentaire-vieille-chanson-du-jeune-temps 2 .pdf