La Princesse de Clèves -- Dissertation sur œuvre : La princesse de Clèves est-e
La Princesse de Clèves -- Dissertation sur œuvre : La princesse de Clèves est-elle, selon vous, une héroïne libre de ses choix ou une victime de la société de son temps ? I. La Princesse de Clèves : individu soumis à la pression sociale et morale de son époque. a. Soumise à sa condition de femme au XVIème siècle : - Ne choisit pas son mari : il lui est imposé par sa mère, par les circonstances qui font que seul le prince de Clèves la demande en mariage, par l’obligation pour une jeune fille de 16 ans de se marier rapidement. On ne sait pas du tout ce qu’elle pense de toutes les intrigues autour de son mariage (héroïne muette au début du roman), et la réponse à sa mère que le prince lui cause moins de répugnance qu’un autre suffit à la marier. Mariée sans même savoir ce qu’est l’amour. Pratique des mariages arrangés dans les familles royales et de l’aristocratie, l’individu est soumis à la logique du clan : la fille du Roi doit épouser le roi d’Espagne, Monsieur d’Anville la petite-fille de Diane de Poitiers. Ce sont les parents qui décident qui leurs enfants vont épouser. - Modestie extrême : jeune fille obéissante puis épouse pleine « d’estime et de reconnaissance » - rappel à son fiancé son devoir de bienséance : « une personne où l’on ne pouvait atteindre ». - Soumise à son Oncle, le Vidame de Chartres, qui provoque, à deux reprises, des rencontres avec Nemours + afin de lui conserver la protection de la reine, réécrit la lettre avec le duc de Nemours : moment de bonheur partagé qui augmente son trouble et ses sentiments à son égard. Citations : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………. b. Soumise à la Cour et à sa condition de femme appartenant à la haute noblesse : - Soumise aux exigences et divertissements du Roi et des Reines : orchestrent sa rencontre avec Nemours, ce qui provoquera le coup de foudre – Marie Stuart l’entraîne dans les jeux galants. - Mariage et choix de son époux soumis aux jeux de pouvoirs en place et aux relations entre la Reine et la favorite, Mme de Valentinois. - Soumise aux obligations mondaines qui sont liés à sa classe sociale : doit paraître à la Cour, assister aux fêtes, et si elle ne le fait pour des raisons personnelles, doit trouver un prétexte. Ex : bal du maréchal de Saint-André ; pour éviter Nemours ensuite, doit convaincre son mari qui a pouvoir de décision sur elle. Beaucoup d’obligations sociales. - Société où les obligations sont multiples et où les penchants de l’individu ne sont pas pris en compte. Citations : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………. c. Soumise à une éducation janséniste - Sa mère lui inculque une éducation prônant la vertu ≠ la passion. La met en garde contre les dangers de cette dernière. Peinture très pessimiste de l’amour et des Hommes => héroïne « programmée » par l’éducation qui lui a été donnée. - Suite à la mort de sa mère : supplie son mari de la « conduire » et de prendre le relai de sa mère dans son éducation et ses choix. - Soumise à la morale chrétienne qui imprègne cette société : il n’y a pas de divorce, et une femme doit être fidèle à son mari, sous peine de perdre sa réputation et de manquer à ses devoirs. Morale incarnée par Mme de Chartres. Aussi quand elle tombe amoureuse de M. de Nemours, la princesse comprend que c’est un malheur et elle fait tout pour combattre cette passion, jusqu’à la fin. Citations : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………. Obligations paradoxales : on ne choisit pas son mari (obligation aristocratique d’alliance entre les familles) MAIS on doit lui être absolument fidèle (obligation chrétienne) ; on n’a pas le droit d’avoir un amant (obligation chrétienne) MAIS on n’a pas non plus le droit d’éviter les lieux où on peut le rencontrer (obligation d’aristocratie). Ne peut créer qu’une grande souffrance de l’individu ou de la tromperie comme c’est le cas de pratiquement tout le monde… sauf de l’héroïne. II. L’évolution du personnage vers une autonomie de décision accrue. a. Une lutte déterminée contre les dangers des passions. - Etymologie du terme < patior : idée de soumission, passivité de l’être humain face à la puissance de l’amour – de la passion. Princesse paraît soumise à ses passions : jalousie lors de l’épisode de la lettre – tait le vol du portrait - épisode des palissades… - Lutte permanente : nombreux soliloques du roman montrent ses hésitations, sa difficulté à agir et faire des choix. Mais démontrent également les efforts désespérés de l’héroïne pour rester fidèle à son mari, à ses valeurs, à sa quête du bonheur. Donnent une profondeur à l’héroïne : l’être de papier, dès lors, quitte la fonction du personnage stéréotypé pour gagner et profondeur, en complexité, et calquer ainsi les méandres de l’âme humaine, en proie aux passions : « Veux-je me manquer à moi-même ? » - Toute l’intrigue du roman repose sur sa décision d’accepter l’amour de M. de Nemours ou de le refuser. C’est elle qui décide du sort des hommes qui sont amoureux d’elle : M. De Guise, M. de Clèves, M. de Nemours. Elle a le pouvoir du fait de son rang social et de sa beauté. Et plus l’histoire avance, plus elle est amenée à prendre seule des décisions du fait de la mort de sa mère et de la difficulté que son mari a à la guider, comme elle le lui demande, parce qu’il est jaloux. Ainsi c’est elle qui décide de fuir Nemours à Coulommiers, d’avouer son amour à son mari, décision centrale dont toute la fin dépend, de ne pas recevoir le duc… Ces décisions sont prises après des délibérations intérieures dont le roman donne de plus en plus d’exemple. Citations : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………. b. Le renoncement : un choix à l’encontre des mœurs de son temps - Le repos et la solitude : seules conditions possibles à la liberté et au bonheur– délivrance du joug de la Cour et des passions humaines. - La décision essentielle, celle de la fin, de se retirer du monde et de ne plus voir M. de Nemours, est prise en totale autonomie. En effet, tous les gens qui pourraient exercer des pressions sur elle sont morts, et étant veuve elle pourrait épouser Nemours sans craindre le regard social. C’est elle et elle seule qui, après un raisonnement construit et non pas par peur ou par désir de s’adapter, décide de se retirer. - La décision finale de la princesse se fait au bout d’un long raisonnement qui montre l’évolution de l’héroïne : elle ne répondait rien aux décisions ou aux demandes de sa mère ; elle dialoguait avec son mari pratiquement d’égal à égal, après avoir compris que sa jalousie ne pouvait en faire un bon directeur de conscience, par exemple sur le fait qu’elle n’ait pas reçu le duc ; elle a l’ascendant sur Nemours lors de la dernière conversation avec lui, c’est elle qui lui parle le plus et il n’a rien à répondre. Citations : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………. c. Une héroïne ambiguë : la complexité de la psychologie humaine. Le renoncement peut s’interpréter de plusieurs façons : on peut supposer que la princesse obéit toujours ainsi à l’éducation de sa mère, qui lui a peint une image si pénible des passions et des hommes, et aussi à son remords d’avoir causé la mort de M. de Clèves : la princesse reste ainsi sous influence ; on peut aussi voir que ce renoncement s’explique au terme d’un raisonnement impeccable, qui fait appel à l’expérience que la princesse a de la Cour, pays de séduction, et de la jalousie, éprouvée à la suite de la lecture de la lettre de Mme de Thémines: dans ce cas elle choisit librement une vie dégagée des passions – et c’est sans doute ce qu’a voulu nous montrer la romancière, que le bonheur consistait dans le retrait ; on peut aussi supposer que le retrait répond à un désir d’être aimée de façon durable, puisque la frustration du duc de Nemours va prolonger sa passion, et à une volonté de rester dans sa vie comme un souvenir exceptionnel. La princesse serait alors prisonnière d’un orgueil inconscient légué par sa mère. Citations : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………… ……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………. • Conclusion Il est indubitable que la princesse grandit dans ce livre, passant du statut de jeune fille dépendante des décisions des adultes, au rang de veuve ayant expérimenté le tourment des passions et qui tranche en connaissance de cause. Son pouvoir de décision s’accroit. Cependant on peut estimer qu’elle paraît ne se dégager jamais entièrement de l’emprise de sa mère qui a peint une vision si négative des passions, image typique du courant religieux janséniste dont Mme de Lafayette était proche. Elle reste ainsi victime, non pas de la société de son temps, qui admet qu’on vive ses passions, surtout lorsqu’on est veuve, mais d’une conception uploads/Litterature/ correction-dissertation 2 .pdf
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- Publié le Aoû 07, 2021
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