Une correspondance scolaire au collège en classe de 5e. Aude Roussel 1 Une corr

Une correspondance scolaire au collège en classe de 5e. Aude Roussel 1 Une correspondance scolaire au collège en classe de 5e Ou comment donner du sens à l’écriture au collège ? Aude Roussel Professeur de français Dans le cadre de l’année de stage pour valider mon CAPES de Lettres Modernes, j’ai eu en charge une classe de 5e dans un collège de Loire-Atlantique. Dès le début d’année, il m’a semblé important de fédérer les élèves autour de projets communs ; tous les élèves de 5e participant déjà à un projet lecture, je me suis orientée vers un projet concernant plus spécifiquement l’écriture. Certains élèves de cette classe étant en grande difficulté orthographique, ils appréhendaient les exercices d’écriture. Le projet peut alors apparaître comme un moyen de dédramatiser l’écriture et peut-être amener les élèves à aimer écrire et à en comprendre tous les intérêts. J’ai donc choisi pour construire mon projet, une écriture plus quotidienne, peut-être moins marquée scolairement, une écriture plus cursive – au même titre que la lecture cursive proposée par les programmes- permettant ainsi de déplacer son sens et sa fonction. Selon moi, Le mode épistolaire correspond à cette idée d’écriture cursive. La correspondance scolaire est assez souvent pratiquée à l’école élémentaire et par les enseignants de langues dans le second degré. Par contre, elle est très peu présente dans les témoignages d’enseignants de lettres tant au collège qu’au lycée. Or, la correspondance scolaire est un très riche vecteur permettant une ouverture sur le monde et les autres. C’est aussi, d’un point de vue pédagogique, une source inépuisable de travaux engendrant de nombreux apprentissages. J’ai donc tenté durant cette année d’apporter aux élèves un nouveau regard sur l’écriture par le biais de la correspondance. Pourquoi pratiquer la correspondance scolaire au collège, en cours de français ? Dès les premières séances de cours, je me suis aperçue que l’écriture scolaire (les fameuses « rédactions ») concentrait nombre de peurs d’élèves. Suite à ce constat, j’ai réfléchi à des dispositifs permettant d’atténuer cette peur et de réconcilier les élèves avec l’écriture. Pour commencer, j’ai utilisé différents dispositifs pour mettre en valeur leurs écrits : des textes rédigés soit dans le cadre d’un exercice, soit dans le cadre d’une évaluation, ont été accrochés sur les murs de la salle de français. Comme nous partagions cette salle avec d’autres classes, les élèves furent fiers d’avoir des lecteurs potentiels. Nous Une correspondance scolaire au collège en classe de 5e. Aude Roussel 2 avons continué cette mise en valeur au cours de l’année et des panneaux de jury littéraire et d’exposés ont rejoint les premiers textes. Pour couronner le tout, à la fête de fin d’année du collège, nous avons exposé toutes ces productions dans le hall d’entrée afin d’agrandir le cercle des lecteurs ; les élèves furent vraiment très contents d’être lu par leurs camarades et par les professeurs. Par la suite, les élèves ont eu à inventer leur propre récit de chevalerie lors d’une séquence sur ce thème, rédigé dans un livre enluminé qu’ils fabriqueraient. Ce projet d’écriture longue par étapes (la séquence s’est déroulée sur 4-5 semaines) a beaucoup plu aux élèves et leur a permis d’avancer face à leur appréhension de l’écrit. Le projet est pour moi un élément essentiel ; il permet de rendre les élèves plus acteurs de leurs apprentissages. En se projetant, l’élève se fixe un horizon d’attente mais ce point d’arrivée est tout aussi important que le cheminement. Lorsque l’on chemine, on expérimente, on tâtonne, on fait des erreurs, on revient en arrière mais on avance quand même. Les élèves éprouvent généralement des difficultés à se projeter : pour une grande majorité d’entre eux, tous les enseignements sont cloisonnés, et certains perçoivent mal les liens entre les différentes séances d’une même matière. Le projet –qui est fortement lié au décloisonnement- permet de créer du lien et de donner du sens. Lorsque les élèves ont commencé à rédiger leur deuxième étape de récit de chevalerie, ils ont rapidement pris conscience de l’intérêt de se relire, de retravailler son texte pour en assurer la cohérence. De plus, la fabrication du livre les a obligés à consulter dans leur classeur les premières séances consacrées au travail des scribes et aux enluminures. L’écriture par étapes a aussi permis de dédramatiser l’acte d’écrire car l’erreur y était autorisée. Par ce travail de cheminement, les élèves ont pu découvrir leurs capacités à imaginer, à créer mais aussi à écrire de façon cohérente, en respectant des consignes et en soignant l’ écriture. J’ai éprouvé beaucoup de plaisir à lire leurs récits ainsi qu’à admirer la qualité graphique de leurs livres enluminés. Ce projet d’écriture longue fut de plus le déclencheur et le moteur de notre correspondance scolaire. En effet, lorsque j’ai proposé aux élèves le projet de correspondance, ils l’ont accepté bien qu’il restât assez abstrait pour eux. Quand je leur ai soumis l’idée d’envoyer leur livre de chevalerie à leurs correspondants, le projet a pris une toute autre dimension : lorsqu’on a des lecteurs, l’acte d’écrire prend du sens. On n’écrit plus seulement pour avoir une note mais pour être lu par des lecteurs de la « vraie vie », qui plus est par d’autres adolescents. Avoir des lecteurs et se projeter dans le temps de l’année scolaire permettent d’éclairer différemment l’écriture au collège et de lui conférer un sens différent. L’écriture scolaire, grâce à la correspondance scolaire, prend alors une nouvelle dimension. Une correspondance scolaire au collège en classe de 5e. Aude Roussel 3 La correspondance scolaire au collège : comment ça marche ? Ce projet a tout d’abord nécessité une organisation en amont du côté des enseignants et du côté des élèves. Pour mettre en place un tel projet, il faut être deux, deux enseignants et leurs deux classes respectives. J’ai donc demandé à une amie qui est enseignante de français en région parisienne si elle voulait y participer avec une de ses classes. Cette enseignante accorde une grande part de ses heures à différents projets et c’est donc avec plaisir qu’elle a accepté ma proposition. Tout comme moi, elle était novice dans ce domaine de la correspondance mais impatiente de s’y lancer. Il me semble important de connaître la personne avec qui l’on va vivre ce projet ; nous en avons beaucoup discuté en amont et nous avons continué d’échanger très régulièrement tout au long de l’année. Ce projet correspondance est aussi un projet de correspondance entre adultes. En ce qui concerne les élèves, nous avons choisi d’établir une correspondance entre classes de même niveau afin de permettre des échanges plus symétriques. Dans les deux classes, la plupart des élèves ont accueilli le projet avec enthousiasme et les questions d’ordre pratique ont fusé : « ils habitent où ? », « On va aller les voir ? », « Ils vont venir ? ». Certains élèves ont aussi demandé s’ils auraient des correspondants individuels, aspect du projet auquel je n’avais pas pensé préalablement. J’avais en tête l’idée d’une correspondance de classe à classe et ils me proposaient une correspondance d’individu à individu : quand le projet de l’enseignant rencontre celui de l’élève... Cette discussion avec les élèves a été très riche et m’a permis de me détacher de mon projet et de les laisser se l’approprier, et ainsi commencer à en devenir acteurs. La correspondance a débuté par l’écriture d’une lettre collective accompagnée de textes individuels (les élèves ont tracé leur portrait sous forme d’un acrostiche avec les lettres de leur prénom) et nous avons envoyé le tout dans une enveloppe décorée de photos de la région. Les correspondants ont pris beaucoup de plaisir à découvrir les acrostiches et l’enveloppe qui présentait la région. Ils ont à leur tour rédigé une lettre collective et ont choisi, pour se présenter la technique des portraits chinois. Il est intéressant de constater que la réception du courrier a engendré une grande motivation chez les élèves du collège de Magny-les-Hameaux : ils ont eux aussi été attentifs à la présentation de leurs portraits chinois et leur enveloppe était elle aussi décorée avec des photos de leur région. L’écriture des lettres individuelles a débuté dès la réception du premier courrier. D’un commun accord avec l’autre enseignante, nous n’avons pas voulu effectuer nous-mêmes les jumelages car nous ne voulions pas imposer la correspondance individuelle. C’est une correspondance spontanée qui a émané des élèves eux-mêmes. Les élèves de ma classe ont choisi leurs correspondants de départ en fonction des portraits chinois qui leur plaisaient Une correspondance scolaire au collège en classe de 5e. Aude Roussel 4 le plus. Aucune restriction n’a été émise et deux élèves pouvaient écrire à la même personne. Certaines élèves m’ont demandé de relire leur lettre pour corriger d’éventuelles erreurs, d’autres ne l’ont pas souhaité. Pour ce premier envoi, je suis revenue de façon individuelle sur certains codes épistolaires mais dans l’ensemble, ce qui avait été appris lors de l’écriture collective fut retenu et mis en application. Les destinataires de ces lettres les ont reçues avec beaucoup de plaisir et y ont uploads/Litterature/ correspondance-college.pdf

  • 27
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager