Proposition de corrigé : sujet n°1 Rappel du sujet : « Qu'est-ce que les Contem
Proposition de corrigé : sujet n°1 Rappel du sujet : « Qu'est-ce que les Contemplations ? C'est ce que l'on pourrait appeler, si le mot n'avait quelque prétention, les Mémoires d'une âme. » écrit Victor Hugo dans la préface des Contemplations. Or, d'après le dictionnaire Littré, les « mémoires » sont « des récits où sont racontés les événements de la vie d'un particulier ». Est-ce le cas du recueil de Victor Hugo, et des autres « mémoires d'une âme » écrits par des poètes et poétesses depuis le XIXe siècle ? Pour répondre à cette question, vous vous appuierez sur votre lecture des livres I à IV des Contemplations de Victor Hugo, ainsi que sur les autres poèmes et recueils étudiés cette année dans le cadre du parcours « Mémoires d'une âme », ou issus de votre culture générale. Eléments pour l'introduction : Il faut montrer, dans toute introduction de dissertation, où se trouve le problème, en quoi il se pose, pourquoi il est important. Ici, le sujet porte sur l'utilisation par Victor Hugo (mais aussi par le programme de français) du terme « mémoires » (dans l'expression « mémoires d'une âme ») pour désigner un ouvrage poétique, alors qu'il désigne ordinairement une forme de récit autobiographique. Il s'agit donc de relever ce qui, dans la définition donnée, entre en contradiction apparente avec les textes étudiés. La difficulté, c'est que vous ne pouvez pas donner d'exemple précis de poème pour l'instant. Il faut donc raisonner « en théorie », à partir uniquement du genre (poésie), du titre « Contemplations » et de la préface, dont vous connaissez peut-être d'autres extraits par cœur. Voici un exemple de ce type de travail : La définition dit que les mémoires sont des « récits où sont racontés » : les « mémoires » sont donc ordinairement des narrations. Or, quand on pense « poésie », et en particulier « poésie romantique », on pense à un genre littéraire dont la fonction première n'est pas de raconter une histoire, mais plutôt d'exprimer des sentiments personnels (c'est la poésie lyrique). Est-ce que les poèmes que vous avez étudiés peuvent être qualifiés de « récits » ? La définition dit « les événements » : les « mémoires » ne s'intéressent donc normalement pas au quotidien, au banal, mais plutôt à ce qui sort de l'ordinaire, ce qui est important. Là encore, est-ce valable pour les poèmes des Contemplations et du parcours ? Vous ne pouvez pas encore donner d'exemples de poèmes en introduction, mais le simple titre « les Contemplations » suggère tout autre chose que des « événements ». La définition dit « de la vie d'un particulier » : les « mémoires » cherchent donc traditionnellement à représenter quelque chose de précis, qui a réellement existé. On peut même y entendre un « pacte autobiographique » (ce que l'auteur raconte doit être véridique). Mais le simple fait de mettre sa vie en poèmes ne conduit-il pas à déformer la réalité ? Et pourquoi d'ailleurs mettre en poèmes ? Probablement pour faire résonner cette vie vécue, pour que chaque lecteur puisse entendre une histoire qui n'est pas la sienne, entrer en empathie avec des sentiments qui ne sont pas les siens. Donc pour tendre à l'universel. C'est d'ailleurs ce que Victor Hugo annonce dès sa préface : « Est-ce donc la vie d'un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi. […] Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. » Il y a donc une contradiction apparente entre « la vie d'un particulier » et l'histoire de tous. Or Victor Hugo prétend les écrire en même temps. Vous pouvez bien sûr, en introduction, donner des exemples de « mémoires » qui ne sont pas des recueils de poèmes, comme par exemple ceux de Saint-Simon, ou de Chateaubriand, et montrer qu'ils sont effectivement proches de la définition proposée, alors que cette définition semble ne pas convenir, en première approche, aux « mémoires d'une âme » poétiques. A la fin de votre introduction, il faut reformuler la question posée sous forme de problématique, c'est-à-dire la recopier tout en faisant apparaître les concepts qui posent problème. Voici ce que vous pouvez écrire dans notre cas : « … Nous pouvons donc nous demander si les recueils que l'on peut nommer, avec Victor Hugo, « mémoires d'une âme », ont bien pour fonction de raconter l'histoire véridique et particulière de quelques moments importants de la vie du poète. » Deux propositions pour le plan (et de multiples recombinaisons) : Puisqu'il y a plusieurs points qui posent problèmes, on peut envisager un plan thématique qui discute point par point la définition. Chaque partie suit ensuite un plan dialectique (cela fait trois mini- dissertations). Remarque : l'ordre des parties importe peu ici. On a conservé ici l'ordre de la citation, mais il peut être préférable d'aller du plus simple au plus compliqué. I. Les « mémoires d'une âme » semblent exprimer plutôt que raconter (A), cependant l'expérience subjective peut se raconter comme une émotion (B). En fait c'est le but même du poète que d'atteindre ce qu'il y a derrière les choses et de pouvoir l'exprimer plutôt que de raconter la surface des choses (C). → voir ci-dessous IA, IIA et IIIA pour des exemples. II. Les « mémoires d'une âme » racontent des expériences infimes plutôt que des événements (A), mais ils les assemblent pour leur faire prendre sens, et alors toute rencontre, toute question, peut faire « événement » (B). En fait, les « événements » de l' « âme » ne sont pas ceux de la « vie » : il y a une dimension métaphysique que les poèmes prennent en charge (C). → voir ci-dessous IB, IIB et IIIB pour des exemples. III. Les « mémoires d'une âme » veulent donner une portée universelle (A) mais se fondent sur des éléments biographiques (B). En fait, l'identité du poète change et s'augmente dans sa tension vers l'universel, par l'expérience de l'écriture (C). → voir ci-dessous IC, IIC et IIIC pour des exemples. Cependant, il peut être intéressant de relier ces questionnements dans un plan entièrement dialectique. Remarque : le I et le II ci-dessous peuvent être aisément inversés, mais ici le point de départ est le préjugé, l'opinion « à première vue », amorcée en introduction (un poème ne raconte pas d'événement, et déforme) I. On pourrait croire que les « mémoires d'une âme » prennent le contrepied des « mémoires » traditionnels par leur approche poétique de la vie... A) … car ils peuvent avoir pour fonction de procurer au lecteur une émotion, une sensation, une impression musicale, ou une opinion, un avis, plutôt que de raconter un événément → impression de légèreté dans des poèmes des Contemplations, par le motif des oiseaux, ou des amourettes (les exemples sont multiples) ; → une citation qui montre des choix d'images et de sonorités marquantes (par exemple : « J'aime l'araignée et j'aime l'ortie ». Il n'y a pas d'histoire à raconter ici, et « araignée » et « ortie » peuvent être choisies pour leurs sonorités dures et leur symbolique (« noirs êtres rampants ») ; → exemple de non-narration chez un autre auteur, par exemple dans le livre lu en lecture cursive, ou dans un document complémentaire, par exemple chez Apolinaire (« Si je mourais là-bas sur le front de l'armée ») : il n'y a rien à raconter, simplement à imaginer. B) … car aussi ils fragmentent la représentation de la vie d'un homme en de multiples expériences parfois banales et infimes, loin des « événements » → exemples de poèmes très courts (« Ecrit au bas d'un crucifix », ou « Mes deux filles »). qui fragmentent la vie. Diversité des mètres (alexandrins, décasyllabes, etc) et diversité de la taille des poèmes, pour s'adapter à la diversité des « choses vues » (petits poèmes pour les promenades, grands pour les méditations sur les luttes universelles) ; → dans « Mes deux filles », c'est une scène banale au jardin qui est décrite, on peut penser à une photographie, un instantané... → dates des poèmes : allers et retours entre des époques différentes, et non récit chronologique époque par époque ; → exemple chez un autre auteur d'expérience petite, banale, de « non-événement », comme chez Césaire : « j'entendais monter de l'autre côté du désastre, un fleuve de tourterelles et de trèfles de la savane ». C) … car enfin ils effacent les traces de l'individu qui a vécu, pour raconter une expérience de l'existence commune à tous les vivants, quitte à « mentir » → Hugo change les dates pour donner l'illusion d'un journal intime et faire que les poèmes paraissent au plus près de la vie vécue ; → Il efface de nombreuses traces qui rendent son histoire particulière : le nom de Léopoldine, des membres de sa famille (« mes deux filles »...) ; uploads/Litterature/ corrigc3a9-sujet-1-bb1.pdf
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- Publié le Apv 09, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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