G. Bady, Sources Chrétiennes – HiSoMA 1 PALÉOGRAPHIE GRECQUE ÉLÉMENTS DE COURS

G. Bady, Sources Chrétiennes – HiSoMA 1 PALÉOGRAPHIE GRECQUE ÉLÉMENTS DE COURS PLAN [Introduction] : Quelques définitions et un avant-goût 1 Petite histoire du grec 2 Numération des Grecs 3 [1] Histoire des textes grecs : Éléments généraux d'histoire des textes 4-6 Résumé de l'histoire des manuscrits grecs 7 [2] Codicologie : Instruments, encre, matériaux 8 Le papier : filigranes et formats 9 Forme des livres et composition des cahiers 9-10 Réglure 11 Reliure 12 [3] Paléographie : Graphie des lettres 13 Accents, esprits et autres signes 13 Paragraphes et ponctuation 14 Mentions concernant le texte et sa copie 14 Forme des lettres, ligatures et abréviations 15-17 [4] Analyse des fautes : Causes 18 Classification 18-20 [5] Ecdotique : Histoire du texte But et méthodes 21 Recension, collation et sélection 22 Classement des témoins, stemma et histoire du texte 24-26 Établissement du texte et apparat critique Règles pour le choix des leçons 27 Aspects du texte édité 27 Apparat critique: rédaction et abréviations 28 Bibliographie sélective 29-30 N.B. Ce cours, fait pour accompagner des reproductions de manuscrits (ici manquantes pour respecter les droits des images), consiste en fiches de synthèse, souvent faites à partir d'ouvrages anciens ou récents. [INTRODUCTION] QUELQUES DÉFINITIONS PALÉOGRAPHIE : étude de l'écriture des manuscrits (mot abrégé en « ms » ou « mss ») – sur papyrus, parchemin ou papier (discipline pratiquée par les littéraires surtout); par manuscrits, comprendre non pas des autographes de l'auteur (sens moderne du mot « manuscrit »), mais des copies manuelles faites par des copistes ÉPIGRAPHIE : étude des textes gravés sur des supports – pierre, argile, métal, etc. – autres que papyrus, parchemin et papier (souvent les épigraphistes ne sont pas paléographes : les spécialités sont distinctes) CODICOLOGIE : étude du codex (support matériel de l'écriture) PHILOLOGIE : étude des mots, ou du texte en tant que texte (morphologie, syntaxe, style, histoire, sens et réception) PAPYROLOGIE : étude des papyrus (la papyrologie est logiquement une partie de la paléographie, mais concrètement c'est une spécialité distincte) ECDOTIQUE : art d'éditer un texte ancien AVANT-GOÛT : HISTOIRE DES TEXTES GRECS EN RACCOURCI Antiquité (Ve-IVe s.) : création Période hellénistique (IIIe-Ier) : travail critique et normalisation Période romaine (Ier-VIIIe) : sélection (+ traductions) et passage au codex ; âge des archétypes Renaissance byzantine (IXe-Xe) : translittération (passage à la minuscule) et encyclopédisme ; âge des prototypes Période des Paléologues (XIIIe-XVe) : conservation et passage au papier; période des recentiores Humanisme (XVe-XVIe) : confrontation et impression Le support : cire —> papyrus —> parchemin —> papier La forme : rouleau —> codex L'écriture : onciale —> minuscule La diffusion : Athènes —> Alexandrie —> Constantinople —> Rome, Paris, etc. (env. 40.000 mss conservés dans le monde). G. Bady, Sources Chrétiennes – HiSoMA 2 PETITE HISTOIRE DU GREC Le grec ancien n'est pas une langue morte, mais une langue ancienne. C'est au départ un dialecte indo-européen, qui, au rythme des invasions successives venues du nord, et suivant les régions, a pris plusieurs formes. 1. PREMIÈRES DONNÉES HISTORIQUES ET GÉOGRAPHIQUES Les premiers hellénophones, les Achéens et les Ioniens, peuplades venant des Balkans, arrivent en Grèce vers -2000 et supplantent la civilisation minoenne établie à Cnossos, en Crète. Vers 1600 se développe ainsi la civilisation mycénienne, en Crète et dans le Péloponnèse. Les Éoliens, eux, arrivent vers 1400. La civilistation mycénienne s'effondre vers 1200 à l'arrivée des Doriens. Peu à peu se crée la polis, et l'expansion de chaque cité dans les colonies commence à toucher l'Asie mineure et tout le pourtour méditerranéen; toutes les villes de Sicile et du sud de la péninsule italienne, appelée Grande Grèce, parlaient grec au Ve s. av. J.-C.; une partie de la Gaule aussi : parmi les colonies se trouvent Marseille (Μασσαλία), Agde (Ἀγαθὴ Τύχη), Antibes (Ἀντίπολις) ou Nice (Νίκαια). On distingue plusieurs dialectes : l'ionien : en Attique (illustré par Platon, Sophocle, etc.), en Eubée, en Asie mineure (Hérodote) l'éolien : Béotie, Thessalie, Lesbos (Alcée, Sapho) le dorien : Laconie, Argos, Corinthe, Crète, Rhodes, Italie (Pindare, Théocrite) l'arcado-chypriote, qui n'a pas donné de littérature. N.B. La langue d'Homère, comme celle des chœurs de théâtre, est un mélange artificiel, et purement littéraire, d'ionien et d'éolien. 2. HISTOIRE SOMMAIRE DE LA LANGUE Vers 2000 devait exister une sorte de grec commun ou « proto-grec ». Le premier document connu de langue grecque date du XVe s. av. J.-C. Par rapport aux autres langues indo-européennes, le grec réduit le nombre des consonnes, augmente celui des voyelles et simplifie la déclinaison (ablatif, instrumental et locatif disparaissent). Le grec ancien enseigné aujourd'hui correspond en fait au dialecte attique, qui, par l'importance politique, économique et surtout culturelle d'Athènes, fut longtemps une sorte de langue internationale (y compris en Occident, jusqu'au début de notre ère). Les conquêtes d'Alexandre, roi d'une Macédoine devenue hellénophone, y furent pour beaucoup, de même que la nature cosmopolite de l'empire romain. En s'étendant, l'attique a pris des couleurs plus ioniennes et a été légèrement modifié pour former la « langue commune » ou κοινή (ἡ κοινὴ διάλεκτος). Au IIe s. de notre ère, cette évolution, qui comporte déjà la plupart des changements de prononciation qu'on trouve aujourd'hui en grec moderne, provoque la réaction d'écrivains dits « atticistes » qui, comme Lucien, écrivent dans un grec qui se rapproche le plus possible de l'attique du Ve s. Le grec reste langue impériale pendant toute la période byzantine. À partir de 1204 (prise de Constantinople par les Croisés), il n'est plus imposé par le pouvoir impérial; les dialectes refleurissent, pour donner lieu aux dialectes modernes. La domination turque (1453-1821) apporte bien des changements lexicaux; bientôt, au XIXe s., se pose la « question de la langue » (γλωσσικὸ ζήτημα) : comment combler l'écart entre langue parlée et langue écrite ? A. Coray (1748-1833) propose d'embellir la langue parlée pour la rendre plus « pure » : c'est la langue dite « katharévoussa » (καθαρεύουσα), qui fut la langue officielle de tous les documents publics jusqu'en 1975, date à laquelle elle fut remplacée par la langue démotique (« du peuple »), celle que tout le monde parle et qui évolue aujourd'hui à une vitesse accélérée. 3. HISTOIRE SOMMAIRE DE L'ÉCRITURE Une légende veut que l'alphabet ait été inventé par Cadmos, fils d'Agénor, roi de Phénicie : au XIVe s, il se serait installé en Béotie, où il aurait apporté 12 lettres. Les données de l'histoire, quant à elles, ne sont pas moins fascinantes. La civilisation mycénienne utilisait pour écriture ce qu'on a appelé le linéaire A et le linéaire B; le linéaire A n'a toujours pas été déchiffré, le linéaire B était un syllabaire (un signe pour une syllabe; 90 signes en tout). Cette écriture s'est perdue avec l'effondrement de Mycènes. Vers le Xe s., les Grecs adoptent l'alphabet dit phénicien, qui ne comportait que des consonnes. Ils le perfectionnent en attribuant des lettres consonantiques à des sons vocaliques : les voyelles sont une création grecque; ainsi le aleph a donné le alpha et le yod le iota. Changement décisif ; de l'écriture grecque dérivent notamment les alphabets copte (Égypte), cyrillique (Russie) et latin. Le premier document alphabétique grec que l'on connaisse date de -720. Comme toute écriture de type sémitique, on écrivait de droite à gauche. Puis on pratiqua l'écriture en βουστρόφηδον (litt. « en sillons de bœuf »), alternant de ligne en ligne la direction de droite à gauche et de gauche à droite ; pour finir, au Ve s. av. J.-C., on n'écrivit plus que de gauche à droite. L'alphabet phénicien était fait de majuscules; de même, le grec n'eut que des majuscules, cursives ou non, jusqu'au IXe s. ap. J.-C., où les manuscrits dits « en onciales » (du nom d'une forme arrondie de la majuscule) furent convertis en minuscules ; les mots n'étaient pas séparés et les accents ne furent inventés qu'au IIIe s. av. J.-C. par Aristophane de Byzance (la prononciation devait commencer à être incertaine); la ponctuation, elle, ne devint systématique qu'au Xe s. ap. J.-C. Les lettres d'imprimerie actuelles sont dérivées des premiers caractères grecs fondus au XVIe s. par Claude Garamont d'après l'écriture, encore pleine de ligatures, du Crétois Ange Vergèce. Les premières impressions où toutes les lettres étaient séparées comme aujourd'hui ont été réalisées en Hollande à la fin du XVIIe s. L'écart est aussi grand entre la graphie actuelle et celle du Ve s. av. J.-C. qu'entre la prononciation érasmienne et la prononciation très chantante de ce siècle d'or… G. Bady, Sources Chrétiennes – HiSoMA 3 Pour mémoire, cette page du Bailly rappelant que, dans les manuscrits, les Grecs utilisaient des lettres comme chiffres… G. Bady, Sources Chrétiennes – HiSoMA 4 ÉLÉMENTS GÉNÉRAUX D'HISTOIRE DES TEXTES GRECS cf. L.D. REYNOLDS & N.G. WILSON, D'Homère à Érasme. La transmission des classiques grecs et latins, Paris 1984 [PRÉCISIONS PRÉALABLES SUR LA DIFFUSION DES TEXTES DANS L’ANTIQUITÉ] Il est important de ne pas projeter sur l’Antiquité notre idée moderne d’« édition » ou de « publication ». Plusieurs étapes doivent être distinguées : 1) la mise uploads/Litterature/ cours-paleo-grecque.pdf

  • 12
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager