LES CIMBRES ET LES KYMRI Author(s): H. d'Arbois de Jubainville Source: Revue Ar

LES CIMBRES ET LES KYMRI Author(s): H. d'Arbois de Jubainville Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 24 (Juillet à Décembre 1872), pp. 40-51, 336 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41736837 Accessed: 13-02-2017 11:37 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique This content downloaded from 160.80.16.70 on Mon, 13 Feb 2017 11:37:34 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms LES CIMBRES ET LES KYMR1 M. Henri Martin a réuni en un volume, sous le titre à' Études d'ar- chéologie celtique , des mémoires pleins d'intérêt qu'il a écrits depuis une dizaine d'années sur les origines celtiques. La plus grande partie consiste en récits de voyages faits dans la Bretagne française, dans le pays de Galles, en Irlande : on y trouve la peinture vive, colorée, passionnée môme de ces contrées où deux races celtiques déchues ont conservé avec amour, au milieu d'une civilisation su- périeure, leur langue, une partie de leurs mœurs et de nombreux monuments figurés. Le reste du volume est le produit d'un travail de cabinet, et l'éminent écrivain y expose ses vues sur l'ethnogra- phie celtique et sur la valeur historique des poésies didactiques galloises connues sous le nom de Triades. Nous sommes de ceux qui doutent de l'antiquité de ces textes versifiés, écrits dans une langue aussi récente que le français de nos jours, et aussi éloignée du gaulois que le français moderne l'est du latin. Nous ne contesterons pas que sur certains points ils ne paraissent justifier l'importance que divers celtistes leur ont attribuée. Mais notre but n'est pas ici de discuter la date et la valeur de ces documents : nous voulons examiner le fondement d'une théorie ethnographique que M. Henri Martin a empruntée à M. Amidée Thierry et qui est aujourd'hui presque universellement admise en France. On devrait distinguer deux races celtiques en Gaule : 1* les Gaels, qui auraient peuplé la Gaule centrale et l'Irlande; 2" les Kymri.qui auraient occupé la Gaule septentrionale et la Grande-Bretagne. La race kymrique ne ferait qu'un avec celle des Cimbres vaincus par Marius. Cimbri et Kymri serait le même nom. Celte doctrine n'est pas propre à M. Henri Martin ; non-seulement il n'en est pas l'auteur : il n'est pas le seul qui l'ait adoptée; je la trouve dans l'Histoire de France de MM. Bordier et Charton, dans celle de M. Dareste, dans celle de M. Guizot, dans la plupart des manuels d'histoire de France qui sont entre les mains des écoliers. This content downloaded from 160.80.16.70 on Mon, 13 Feb 2017 11:37:34 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms LES CIMBRES ET LES KYMR1. 40 Mais M. Henri Martin a, par le grand succès de son Histo France, contribué plus que personne à propager celte thès graphique; et maintenant, ce système, combattu par M. R Belloguet dans un ouvrage justement couronné par l'Acadé inscriptions, trouve pour défenseur M. Henri Martin, dans d'ailleurs si instructif dont nous venons de donner le titre et d quer le sujet. Nous allons examiner en détail les assertions dont l'ensemble stitue ce système. Et d'abord, les Cimbres seraient des Kymri, par conséqu Gaulois. Nous croyons, nous, que les Cimbres étaient des Germain nos preuves : Auguste dit dans le monument d'Ancyre : « Cimbrique et Charydes et Semnones et ejusdem tractusaÍM manorum populi per legatos amiciliam meam et populi Rom tierunt. » Strabon (liv. VII, chap. 2) : Twv ûi r £pij.avôlv oí irpoffápxtixoi itap^xouffi tä ňxsvS. rvwpíÇovt tcüV IxêoXâiv tou 'Privou Xaêóvteç rí|V ápj(V> "A^êtoç. T outíov vvoipiijLíiJtaTOL 2oúva|J.êpoí te xai KÍ[J.êpoi. Pline l'Ancien (Hist, nat., IV, 14) : « Germanorum genera quinqué : Vindili, quorum pars B diones, Varini, Carini, Guttones; alterum genus Ingaevon rum pars Cimbri, Teutoni, Ghaucorum gentes.. . . » Tacite ( Germania , chap. 37) : « Eumdem Germaniae si tum proximi oceano Cimbri tenent, nunc civitas, sed gloria ingens, veterisque famae late vest nent. . . Sexcentesimum et quadragesimum annum urbs no bat, quum primum Cimbrorum audita sunt arma, Caecilio ac Papirio Carbone consulibus. f Ex quo si ad alterum imp Trajani consulatum coraputemus ducenti ferme et decem an guntur. Tamdiu Germania vincitur et Scauro Aurelio et Servilio Caepioneque C vel captis, quinqué simul consulares exercitu rum tresque cum eo legiones etiam Caesari pune C. Marius in Italia, divus Julius in Gal Germanicus in suis eos sedibus perculerunt. Voilà des textes formels s'il y en a : le pre plus solennel et le plus authentique ; le seco This content downloaded from 160.80.16.70 on Mon, 13 Feb 2017 11:37:34 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 42 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. qui, dans l'antiquité, a le mieux connu la Gaule et les contr sines; le quatrième est tiré du seul ouvrage spécial sur les G que l'antiquité nous ait transmis. Quant au troisième, s'il vi compilateur, il est conçu en des termes précis et didactiqu on ne peut méconnaître la valeur. Qué nous oppose- t-on? Cicéron, Salluste, plus des écrivains comme Plutarque, D de Sicile, Appien ou Dion Cassius, qui travaillaient de secon et qui, par conséquent, sont pour nous sans force contre de originaux. Cicéron et Salluste ont une tout autre autorité premier abord, les passages que cite M. Henri Martin (p. 140, notes) peuvent sembler décisif«. Salluste a écrit (De bello jugurth. , 114) : « Adversum Gallos ab ducibus nostris Q. Caepione et M. male pugnatum. » Il s'agit dans ce texte des deux généraux romains que les C battirent en Gaule, le 6 octobre de l'an 1 OS avant J.-C. (1) d'après l'extrait de Tacite cité plus haut, auraient été dan journée vaincus par des Germains, tandis que suivant Sall auraient été vaincus par des Gaulois. Cicéron parle de la victoire remportée par Marius sur les Cim en Italie, l'an 101 avant J.-C. A cette bataille célèbre les étaient des Germains, dit expressément Tacite dans les q lignes reproduites par nous : suivant Cicéron, c'étaient des {De prov. consular., f 13). « Ipse ille C. Marius. . . influentes in Italiani Gallorum m copias repressit. . , » Dans le traité De oratore , II, 66, Cicéron revient sur cette id « Valde autem ridentur etiam imagines quae fere in deformi aut in aliquod Vitium corporis ducuntur cum similitudine tur ut meum illud in Helvium Maneiam : « jam ostendam cuj sis. » Quum ille : « ostende quaeso, » demonstravi digito p Galium in Mariano scuto Cimbrico sub Novis, distortum, ej gua, buccis fluentibus , risus est commotus : nihil tam M simile visum est. » « Il n'est pas possible, dit M, Henri Martin, que Cicé « Salluste n'aient pas su distinguer les Gaulois des Germa « avaient vu dans les rues de Rome des milliers de captifs (i) Amédée Thiařřy, Ritt, dei Gaulot», li». V, chap. i. This content downloaded from 160.80.16.70 on Mon, 13 Feb 2017 11:37:34 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms LES CIMBRES ET LES KYMRI. 43 « et teutons, et ne pouvaient ignorer que ce fussent deux « différents, parlant des langues différentes. » Mais il y a longtemps déjà que cette difficulté est réso 1837, l'illustre créateur de la grammaire comparée des la celtiques, Zeuss, dans son remarquable ouvrage intitulé Di schen (p. 40 et suivantes, 141 et suivantes), a montré commen plique l'apparente contradiction des écrivains que nous avo J. Grimm, qui si souvent se platt à contredire Zeuss, est avec lui pour combattre les critiques modernes qu'égare la nance des noms des Cimbres et des Cymrý ( Geschichte der d Sprache , 3e édition, p. 441) (1). Remarquons d'abord que le nom de Gaulois, Gallus, est é aux langues celtiques. César le dit formellement : qui lin Celtae(%), nostra Galli appellantur. Gallus est donc un mot vient de la racine gar , qui en sanscrit veut dire « appeler » (Po traege de Kuhn, IV, 81; Etymologische Forschungen, 2* éd p. 228 et suivantes, n° 418; Corssen, Aussprache, 2" éd p. 430; Curtius, Griechische Etymologie, 2e édition, p. 1 signifie d'une manière générale «celui qui appelle », « le cr spécialement, en fait de volailles, il désigne l'oiseau de basse-c le cri matinal réveille désagréablement les dormeurs. Les désignaient par le même mot les guerriers du nord, dont guerre les impressionnait plus désagréablement sur le ch bataille que le chant du coq pendant le sommeil dans leur ou leurs fermes. Mais quelle raison y avait-il pour attribuer c à nos aïeux plutôt qu'à nos voisins orientaux? C'était un te néral qui s'appliquait aux uns comme aux autres (3). César est le premier écrivain romain chez qui l'on voie p le terme ethnographique Germanus. uploads/Litterature/ d-x27-arbois-de-jubainville-les-cimbres-et-les-kymri.pdf

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