L'UNICITÉ DU MONDE DANS LE « TIMÉE » DE PLATON Author(s): Jean-Claude Fraisse S

L'UNICITÉ DU MONDE DANS LE « TIMÉE » DE PLATON Author(s): Jean-Claude Fraisse Source: Revue Philosophique de la France et de l'Étranger, T. 172, No. 2, ÉTUDES DE PHILOSOPHIE ANCIENNE: Hommage à Pierre-Maxime Schuhl pour son quatre-vingtième anniversaire (Avril-Juin 1982), pp. 249-254 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41093326 Accessed: 18-04-2017 02:19 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Philosophique de la France et de l'Étranger This content downloaded from 200.75.19.153 on Tue, 18 Apr 2017 02:19:24 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms L'UNICITÉ DU MONDE DANS LE « TIMÉE » DE PLATON Le commencement du Timée de Platon situe ce grand dialogue dans le prolongement de la République d'une part, dans celui du Philèbe d'autre part. Le rappel inaugural de Socrate, qui renvoie à l'entretien de la veille, est un résumé de thèses essentielles de la République, et fait évidemment apparaître que le récit cosmologique de l'origine du monde sera le complément, mais en même temps le fondement de la description de la cité idéale. Il apparente par là le nouveau dialogue aussi bien au Politique, qui nous décrivait à travers son mythe les principes de la décadence et à tout le moins de la dis- tance entre le sensible et l'intelligible ou entre cités perverties et cité idéale. Mais le Timée est en même temps et avant tout le récit de l'origine du monde ; et un tel récit, par le rôle de cause qu'il assigne au démiurge, ne peut pas ne pas revenir sur ce qui est le statut de la cause dans le Philèbe, sur le mélange qu'elle effectue pour engendrer des êtres mixtes, à la fois parents de l'intelligible et de la limite et engagés dans une matière sensible qui les voue à l'illi- mité. Nous sommes donc à la rencontre d'une réflexion politique qui s'est toujours voulue normative et a posé sa référence à la norme à travers les mythes du législateur idéal et de la décadence des cités historiques, et d'une réflexion strictement métaphysique, spéculant sur les genres de l'Etre, sur la nécessité de son existence, sur sa finalité. Abordant par deux biais différents le problème du rapport entre l'intelligible et le sensible, entre ce qui relève de l'éternité idéale et Revue philosophique, n° 2/1982 This content downloaded from 200.75.19.153 on Tue, 18 Apr 2017 02:19:24 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 250 Jean-Claude Fraisse ce qui témoigne de la temporal de rencontrer celui de la duali modèle et la copie, le monde d d'autant plus que son premier de monde, et que cette idée, im sairement en question la possi distinct de celui dont nous so dans ces quelques pages, attirer thèse de l'existence d'un seul Commençons par suivre l'e bien connu. Il existe deux typ l'Etre et ignore la naissance et naissance et au devenir, mais premier est appréhendé par un (voï)(Jiç fiera Xóyou), tandis accompagnée de sensation (8ó£ saurait surprendre le lecteur d de plus que tout ce qui naît nombreux dialogues, mais en devons-nous, dès lors, situer l jours existé ou a-t-il eu un c « II est né » (Feyovev), question comme relatives à une origine tion, mais, manifestement, com ou sensible du Monde. Platon p Monde, dans la mesure où il es sur le modèle de ce qui est au à lui-même et objet d'intellect (29 c), et, quoique né, il renvo que la cause de son existence e gible, et n'est sans doute pas d « la cause de toutes choses » de ce dernier dialogue, il est clai appartient au genre des « mix phénomènes où la cause de tou mité. Cette appartenance au g justifie rétrospectivement le cription de la genèse du Monde à ce qui possède l'Etre éternell This content downloaded from 200.75.19.153 on Tue, 18 Apr 2017 02:19:24 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Le « Timée » de Platon 251 ferme et inébranlable, celui qui est seulement vraisemblable et nous devons nous satisfaire d'un mythe (fxîtôoç, 29 d). Selon un schéma déjà rencontré dans la Répu- blique, la pensée du sensible relève de l'opinion, celle de l'intelligible de la science et celle du mixte est elle-même un mélange ; d'autre part, et selon le Sophiste, notre pensée est elle-même quelque chose qui participe à la fois du mouvement et du repos, du même et de l'autre. Pour toutes ces raisons, la représentation que le Timée pourra nous donner de la structure du monde, engagée tout à la fois dans un objet mixte et dans la temporalité des déterminations discursives, ne pourra que revêtir la forme d'un récit vraisemblable. C'est dire que le mythe de la création d'un monde vivant doté d'une âme et d'un intellect par la providence de Dieu ne doit pas être saisi dans une perspective temporelle, mais que cette perspective tem- porelle est néanmoins la plus propre à nous transmettre la vérité. Quelle est cette vérité ? Sa première formulation est que, le Monde étant ce qu'il y a de plus beau, et ce qu'il y a de plus beau possédant nécessairement l'intelligence, le monde est un tout intel- ligent. L'intellect supposant à son tour l'âme comme son substrat, le Monde ne peut être qu'un tout animé et vivant. On remarquera que les conditions de réalisation du Monde sont ici dictées par l'ordre d'émergence des facultés du vivant intelligent (l'âme permet la vie, qui permet elle-même la présence de l'intellect), là où l'ordre de dépendance ontologique serait précisément inverse, puisque le Philèbe nous a appris que la Cause est parente de l'intellect et que celui-ci est donc premier. Plotin ne s'y trompera pas, qui placera l'intellect avant l'âme et l'âme avant la matière. Mais l'ordre suivi ici par Platon tient aux exigences du muthos, qui part de ce qui nous est le plus immédiatement accessible parce que nous en avons des exemples. Que l'intellect ait en fait les vertus de la cause, c'est ce que confirme l'idée enfin abordée que le monde que nous voyons est le rejeton immédiat du monde intelligible, et qu'il contient les autres vivants comme ce monde intelligible contient les vivants intelli- gibles (30 cd). Contenant tous les autres vivants, le monde possède à la fois totalité et unicité. C'est à ces idées de totalité et d'unicité, dont Platon nous dit qu'elles caractérisent le monde sensible, mais sont dérivées de son modèle intelligible que nous voudrions nous attacher, car elles suffisent à comprendre, même si nous nous souvenons que le Monde appartient au genre des mixtes défini dans le Philèbe, que celui-ci n'est pas un vivant comme les autres, et que la métaphore artifi- cialiste est en ce qui le concerne fort mal adaptée. This content downloaded from 200.75.19.153 on Tue, 18 Apr 2017 02:19:24 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 252 Jean-Claude Fraisse Comme on Ta déjà remarqué la totalité est particulièremen bien qu'il soit un vivant, ne tel vivant particulier qui a po la partie d'un tout (30 c), mai la condition d'être unique : s sensible, ces deux exemplair d'un même monde. Ce serait et il serait le seul à véritablem Mais dire que le Monde vivan c'est lui accorder le même ca le mythe nous dit qu'il est l effet, du texte du livre X d qu'était la mimesis, le rappo on remarquera que, dans ce se distinguait de tous les aut par l'artisan étaient, pour leu un même modèle, et les lits atteindre à une multiplicité l'artiste. Dans le Timée, on c Démiurge n'a ni le statut de évidemment celui d'une simp même répétable. Cette constatation parado a généralement plus soulig d'abord clair que l'idée de tot même plan ou à un même n être répété, aucun de ces tou est donc une idée parfaiteme sens pour penser une totalité ce qui fait sa propre spécific contraignante que n'importe la conformité du Monde sens point de lui attribuer une un réalité intelligible. Mais nous voyons que cett liée à une autre, que d'ailleur au point où nous en sommes, de répétition du monde sensibl il répond ; il ne serait donc p This content downloaded from 200.75.19.153 on Tue, 18 Apr 2017 02:19:24 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms Le « Timée » de Platon 253 autre Monde, pourvu que celui- différent. Or on doit constater s'il ne semble que viser la répét même que l'argument dit du « t dans le Parménide (131-132). exemple, était une autre réalité idée qui, en les enveloppant, per l'infini. La duplication est don même plan, mais elle est égalem plan qui impliquerait une mim tout intelligible, ou aussi bien l uniques chacun uploads/Litterature/l-x27-unicite-du-monde-dans-le-timee-de-platon.pdf

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