Annales. Economies, sociétés, civilisations Démons, merveilles et philosophie à

Annales. Economies, sociétés, civilisations Démons, merveilles et philosophie à l'Âge classique Jean-Marie Goulemot Abstract The appearances of the comets in 1654 and 1680 provide an illustration of the manner in which 17th century absolutism formed culture specific to social elite through process of marginalization The formerly common culture thus became restricted to the popular masses ft became the object of tripartite attack that of the fashionable social elite that of the Enlightenment and of the Church itself which denounced superstition One finds evidence for this in the writings of Bayie of Abbé Thiers of Père Lebrun of Dom Calmei and of Lenglet Dufresnoy It is thus false to suppose that the rationalism of the Enlightenment destroyed popular culture Repeated denunciations of it prove that it was still very much alive Analyses of the articles devoted to The History of Superstitions in the Encyclopédie demonstrate the ambiguity of the philosophical position For those who know how to read them and to take into account their formulation they translate unmistakably into what has been termed in another context the return of the repressed Citer ce document / Cite this document : Goulemot Jean-Marie. Démons, merveilles et philosophie à l'Âge classique. In: Annales. Economies, sociétés, civilisations. 35ᵉ année, N. 6, 1980. pp. 1223-1250; doi : https://doi.org/10.3406/ahess.1980.282699 https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1980_num_35_6_282699 Fichier pdf généré le 11/04/2018 EN FRANCE SOCI ET CULTURE MONS MERVEILLES ET PHILOSOPHIE AGE CLASSIQUE Héritier et continuateur en cela des Lumières elles-mêmes le discours sur le xvine siècle est circonscrit culturellement aux écrivains aux sculpteurs aux peintres et aux musiciens Longtemps ailleurs aux seuls grands écrivains grands peintres grands sculpteurs et grands musiciens Si peu peu il est enrichi par volonté positiviste épuiser le champ ou du fait de nouveaux choix idéologiques de minores est toujours dans espace une culture elitiste et minoritaire il est constitué Quand on sait que les plus grands succès de librairie atteignent la veille de la Révolution un tirage de quelques milliers exemplaires que la France lisante se réduit quelques milliers hommes et de femmes et que les visiteurs des salons les amateurs art plastique les habitués des concerts ou de opéra sont moins nombreux encore il faut en conclure la vanité des prétentions la totalité sociale une telle histoire culturelle En ce qui concerne le livre si on se restreint ce domaine qui rassemble traditionnellement les matériaux de Vliistoire des idées il faut admettre que pas plus que les Lumières ne sont tout le xviiie siècle la France lisante est toute la France culturelle Essentiellement urbaine cette France lisante est pas réductible non plus aux philosophes et leur clientèle antiphilosophie quoi en aient dit les philosophes eux-mêmes appuie sur de larges secteurs de opinion est-à-dire que univers culturel dominé par le livre il peut être socialement circonscrit est pas rigoureusement homogène et coexistent des cultures différentes Il est possible repérer une culture parisienne et une culture provinciale une culture huguenote et une culture catholique. On pourrait sans jouer sur de vaines différences diversifier plus encore Mais là est pas mon propos Si la réduction du xvnie siècle aux seules Lumières masque la diversité réelle une élite lisante la réduction du culturel au livresque ignore par préjugé par incapacité penser la différence ou échapper du monde de la bibliothèque les réalités une ou des cultures paysannes et plus largement populaires qui existent hors du livre On me pardonnera ici imprécision de ma terminologie car pourquoi ne pas admettre que les cultures non livresques appellent aussi une très large diversification Au-delà des facilités offertes investigation par le matériau-livre archive en forme de bibliothèque est notre complexe Gutenberg qui explique 1223 EN FRANCE SOCI ET CULTURE peut-être que la première approche intéressante un savoir paysan se soit faite par intermédiaire des petits livres de la Bibliothèque bleue de Troyes Livres petits de qualité moindre mais livres quand même Si nul ne peut ignorer les travaux des folkloristes pour accéder une connaissance des cultures majoritaires mais non dominantes de Age classique qui jamais rêvé de trouver au ur de archive écrite trace une parole paysanne porteuse une culture propre hors de interpellation de ceux qui la dénigrent la refusent ou la nient Il est facile de montrer que la quête une parole paysanne reflexive est illusoire et il est de parole paysanne présente dans la mémoire écrite que soumise la nécessité de répondre au juge agent du fisc ou aux officiers seigneuriaux Ces limites posées il ne agit pas de rejeter le livre comme un trop faible secours dans une recherche des cultures marginalisées erreur peut-être été de interroger dans la perspective une transparence le livre étant alors défini comme un reflet Aux almanachs aux livres de la Bibliothèque bleue de Troyes il été demandé de livrer ce que pensaient les paysans qui étaient censés les lire Perspective étroite et même simpliste qui oblige ne prendre en compte une faible masse de livres et postuler plus ou moins implicitement que les paysans ils en sont pas les auteurs se reconnaissent en eux Postulat très fortement discutable comme on sait5 Il ne faut pas sous prétexte élargir un corpus par trop maigrelet confondre représentations culturelles du paysan dans églogue la pastorale ou idylle et réalités de univers rural Le discours littéraire sur le paysan est toujours fût-il celui hautement favorable et largement informé de Rétif de La Bretonne extérieur son objet soumis des médiations et des codes écriture il nous informe est abord sur la pratique de la littérature et sur idéologie du groupe qui la produit et la consomme La littérature consacrée aux paysans nous apprend abord quelle image en font les milieux cultivés qui lui sont extérieurs Néanmoins dans cette étude et pas seulement par goût du paradoxe je proposerai pour atteindre en de du livresque le livre lui-même Non point oeuvre littéraire ni même ce discours réflexif paysan qui existe que dans notre désir ou cette littérature destinée élite paysanne comme put être la Biblio thèque bleue de Troyes mais un ensemble de textes qui ont pour objet la dénonciation des pratiques superstitions et préjugés populaires tout au long de Age classique Vaste domaine on trouve les uvres des hommes glise qui luttent contre les superstitions païennes encore vivaces dans les milieux ruraux ou dressent en historiens comme Lenglet Dufresnoy archive des croyances populaires écrits de médecins comme ceux de Bienville qui lutte contre les formes archaïques de la pratique médicale uvres de philosophes comme Bayie Duval ou les encyclopédistes de mondains enfin comme abbé Bordeion Ce qui unit cet ensemble de textes dont je aurai pas outrecuidance de croire ils constituent une formation discursive mais dont je pense ils préfigurent ce étoffés élargis aux discours des appareils judiciaires hospitaliers académiques elle pourrait être est ils écrivent dans la dénégation et le refus Extérieurs leur objet puisque écrivant un ailleurs culturel sans doute le jugeant le refusant au nom de la Loi religieuse ou de la Raison et pourtant existant que par lui criture de la distance de ironie et qui pourtant traduit une fascination un attrait ce ailleurs il est convenu appeler le retour du refoulé 1224 J.-M GOULEMOT PHILOSOPHIE ET SUPERSTITION En prologue cette analyse je voudrais poser quelques faits évidence et avancer quelques hypothèses trop insister sur ordre politique instaure Louis XIV on laisse dans ombre instauration de modèles culturels et sociaux qui étend sur tout Age classique et laquelle participa activement absolutisme Le Grand Siècle peut-on oublier est aussi institution des formes du bien-dire dans un espace social déterminé par Vaugelas la fixation de la langue parlée par Académie le dictionnaire aura sa première édition en 1694 où sont éliminés les provincialismes les mots venus du patois et des dialectes le vocabulaire des métiers Par ailleurs si la Préciosité peut apparaître comme un mouvement ambigu de contestation et de résistance féministe aristocra tique 7) elle va en créant une ligne de partage dans la langue commune dans le sens de la réforme entreprennent Vaugelas et les académiciens On peut pensons Henri IV et ses gasconnades poser sans trop exagération que aux premières années du xvne siècle parler de cour et parler de ville ne sont pas aussi radicalement opposés pas plus que ne est le langage du paysan de celui de son seigneur Le partage culturel passe par le latin la possibilité de lire et écrire et non par une diversification du fran ais Ce qui ne veut pas dire unité linguistique corresponde une unité sociale La mise en place de modèles littéraires laquelle concourt Académie et le développement du mécénat étatique confirment une tendance Il existe alors plus nettement encore auparavant des formes culturelles urbaines destinées élite sociale Car est bien de la culture littéraire une élite sociale et non comme époque de la République des Lettres un milieu intellectuel il agit ici Sans doute avait-il existé des noyaux de culture aristocratique mais leur rôle demeurait restreint local pourrait-on dire Ici le phénomène est ordre national produit par tat monarchique qui vise contrôler selon la formule de Pomian la production des signes culturels Nouvelle langue uploads/Litterature/ demons-merveilles-et-philosophie-a-l-x27-age-classique 1 .pdf

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