NOTES DE LECTURE Sous la direction de Gérard Laudin Société Française d'Étude d

NOTES DE LECTURE Sous la direction de Gérard Laudin Société Française d'Étude du Dix-Huitième Siècle | « Dix-huitième siècle » 2015/1 n° 47 | pages 627 à 735 ISSN 0070-6760 ISBN 9782707186317 DOI 10.3917/dhs.047.0627 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-dix-huitieme-siecle-2015-1-page-627.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Société Française d'Étude du Dix-Huitième Siècle. © Société Française d'Étude du Dix-Huitième Siècle. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Dans l’introduction de cette édition critique d’une grande qualité érudite et éditoriale, Simon Surreaux s’interroge sur le contraste, à la lecture des correspondances de Victoire Louise Joseph Goyon de Matignon, épouse de Charles de Fitz-James, entre la part d’émoi et la part de conventionnel dans son écriture. Ainsi Victoire Louise « parle de la maladie de ses enfants, se soucie des défaillances physiques de son père, s’alarme de la santé de son mari sur le théâtre de la guerre », tout en exhibant « des attitudes codifiées par une éducation nobiliaire faite de principes, de préceptes et d’une conscience appartenant à l’élite ». Pour comprendre cette attitude, Simon Surreaux retrace, en postface, sa vie de femme issue d’une des plus anciennes familles nobles de Normandie. Victoire Louise se marie avec Charles le 1er février 1741. Elle réside en partie, pendant les campagnes de son mari, dans leur château familial situé dans le canton de Clermont-en-Beauvaisis, et lui écrit tous les trois ou quatre jours des lettres plutôt longues. Son mari lui répond tous les cinq jours, mais ses lettres arrivent avec retard et par paquets. Elle réside le reste du temps à Paris, faubourg Saint-Germain. Pour mieux comprendre sa sensibilité, Simon Surreaux commence par préciser la carrière militaire de son mari et son contexte historique. Il montre ainsi que cette correspondance nous situe dans la période où les Fitz-James furent des acteurs et des témoins de leur temps, ce qui explique l’abondance des informations que la duchesse trans- met à son mari et à ses proches, prioritairement à sa belle-sœur. Son premier intérêt réside donc dans les mentions constantes, par la duchesse, de cette implication de son époux, d’autant plus que nous sommes dans les années les plus difficiles du règne de Louis XV, avec d’abord la tentative d’assassinat de Damiens en 1757, puis la guerre de Sept Ans et la lutte contre les Parlements. Des mentions certes constamment teintées d’inquiétudes, ainsi dans une lettre du 4 août 1757 : « Le chevalier de Breteuil arrive dans le moment de Compiègne et dit que vous avez été détaché à la poursuite des ennemis et que vous en êtes revenu en bonne santé. Cette nouvelle qui paraît délicieuse à tout le monde me tourne la tête… Tant que ne m’écrirez pas, je jugerai avec raison que j’ai tout à craindre. » Face à un mari qui lui écrit de manière plutôt contenue, la duchesse est sincère, émotive, donc plus libérée des conventions. Nourrie d’ouvrages, surtout d’histoire, présents dans une abondante bibliothèque (2414 volumes), sa sensibilité est marquée aussi par les plaisirs de l’esprit soulignée par son style novateur. Un style issu de l’expérience quotidienne de la possession d’importants biens matériels auquel s’ajoute le plaisir de se savoir éclairé par son écriture (voir sur ce point Pierre Bergounioux, Le style comme expérience, éditions de l’Olivier, 2013). Mais l’expérience de l’inégalité homme/femme, source de dépit, n’en est pas pour autant absente, bien au contraire, à l’exemple des prières qu’elle doit adresser à des officiers proches de son mari pour qu’ils viennent la voir, avec un certain insuccès (« J’en ai été pour mes peines et mes politesses », 8 décembre 1763). Cette édition des correspondan- ces de la duchesse est enfin enrichie d’annexes relatives à la famille Fitz-James, par exemple © Société Française d'Étude du Dix-Huitième Siècle | Téléchargé le 13/02/2023 sur www.cairn.info (IP: 5.14.110.67) © Société Française d'Étude du Dix-Huitième Siècle | Téléchargé le 13/02/2023 sur www.cairn.info (IP: 5.14.110.67) 628 Notes de lecture des lettres de provision de maréchal de France, d’un relevé des sources, d’une abondante bibliographie et d’un index des noms propres. Jacques Guilhaumou Le Journal d’Antoine Galland (1646-1715). La période parisienne, volume I (1708-1709), éd. dir. Frédéric Bauden et Richard Waller, avec Michèle Asolati, Aboubakr Chraïbi et Étienne Famerie, Leuven-Paris-Walpole MA, Peeters 2011, 588 p. ; volume II (1710- 1711), 2012, 540 p. Longtemps Antoine Galland n’est resté dans les mémoires que pour avoir été le premier à traduire les Mille et une nuits, succès européen jamais démenti ; sa version est d’ailleurs aujourd’hui encore disponible en livre de poche. Du coup le reste de sa carrière était à peu près restée dans l’ombre. à tort, car ce fut une des plus remarquables figures d’érudit de la République des lettres au temps de Louis XIV. D’une curiosité universelle, grand expert en langues orientales, il a laissé, outre quelques publications, une immense moisson d’iné- dits dans les domaines les plus divers. Il a en particulier tenu un journal pendant une durée record qui le range parmi les plus remarquables diaristes que l’on connaisse. Il a commencé au plus tard en 1669, première attestation sûre d’une activité en ce domaine. Et la plume ne lui tombera des mains que peu de jours avant sa mort, en 1715. A-t-il entre-temps parfois interrompu de tenir registre de ses faits et gestes ? On ne sait au juste. Car malheureusement une grande partie du journal s’est perdue. On ne dispose que du début et de la fin, soit d’une part des années 1672-1673, témoignage de son premier séjour en Orient, récemment publiées sous le titre de Voyage à Constantinople (2002). Restait le journal de la fin de vie, la période 1708-1715. Notre érudit vit désormais à Paris. Il y est « antiquaire du roi », professeur d’arabe au Collège Royal, élu à l’Académie des Inscriptions, autant de fort beaux titres qui ne peuvent pourtant lui assurer qu’une existence bien médiocre, proche de la misère. Le manus- crit du journal se trouve dans le considérable fonds Galland disponible à la BnF ; il n’était connu que par des publications fragmentaires, au reste bien défectueuses. Frédéric Bauden et Richard Waller se sont courageusement attelés à sa publication diplomatique intégrale. Les deux volumes actuels seront suivis de deux autres encore ; un dernier proposera index et bibliographie. Il y fallait bien du mérite, car ces éphémérides sont de lecture aride. Galland ne se soucie nullement d’étaler ses états d’âme. Pour reprendre un néologisme forgé par Michel Tournier, il a tenu de fait un journal « extime », dressant jour après jour un compte rendu minutieux, mais sans commentaire, de ses travaux, de ses lectures, de ses expertises en matière de médailles ou d’inscriptions antiques, enfin des séances à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dont il fut membre d’une assiduité exemplaire, jamais avare de doctes commu- nications. Cette existence modeste, tout entière dévouée au travail, se déroule ainsi sous nos yeux, monotone et bien remplie. Ce pourrait être d’assez mince intérêt au bout de quel- ques pages, les mêmes informations revenant avec une régularité lassante, si l’édition n’était enrichie d’une annotation d’une prodigieuse minutie. Le journal, tel qu’il est devenu dans cette édition, se révèle une chronique quasi exhaustive de la vie érudite sur toute la période. S’y lit le déroulement au jour le jour de l’activité de l’Académie des Inscriptions, mais aussi de tout ce qui s’est discuté, disputé, publié pendant ces années au sein de la République des Lettres. Les innombrables médailles, pierres gravées, intailles qui sont passées entre les mains de notre érudit, les inscriptions qu’il a déchiffrées, l’immense liste des livres qu’il a tenus entre les mains, tout a été repris, expliqué, commenté. Pour cela les deux éditeurs principaux ont dû faire appel, entre autres, à des spécialistes en numismatique, épigraphie, langues orientales qui ont fourni les éclaircissements indispensables. Au total s’érige ainsi un impressionnant monument d’érudition qui témoigne éloquemment que les « savants » modernes sont de dignes successeurs de leur illustre devancier. Henri Duranton © Société Française d'Étude du Dix-Huitième Siècle | Téléchargé le 13/02/2023 sur www.cairn.info (IP: 5.14.110.67) © Société uploads/Litterature/ dhs-047-0627 1 .pdf

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