Vivre en Eglise – Livre I – Textes ecclésiologiques et théologiques – Confessio
Vivre en Eglise – Livre I – Textes ecclésiologiques et théologiques – Confession de foi des Eglises de la Réforme Mis à jour 08/2017 L'AUTORITE DE L'ECRITURE DISPOSITIONS EPCAAL DISPOSITIONS EPRAL Juin 1981 Les confessions de foi, et en particulier la Confession d'Augsbourg dont nous avons ces derniers temps redécouvert la richesse, renvoient toutes à la Bible comme source de leur autorité. Les multiples façons de lire aujourd'hui la Bible et les nombreuses méthodes d'interprétation utilisées de nos jours ont apporté un enrichissement certain en permettant de découvrir une plus grande plénitude du message des Saintes Ecritures. Mais souvent aussi le lecteur de la Bible est dérouté par le foisonnement des grilles de lectures appliquées à l'Ecriture Sainte, dont il ne saisit plus clairement l'autorité unique et normative en matière de foi. C'est pourquoi, en collaboration avec la Commission de Théologie de l'ANELF, le Consistoire Supérieur soumet à la réflexion et à la méditation des membres de l'ECAAL les thèses que voici : I.- L'autorité de l'Ecriture Sainte 2) Les Eglises et les communautés chrétiennes sont unanimes pour affirmer l'autorité de l'Ecriture Sainte. C'est par la Bible et son témoignage que Dieu parle à son peuple. Cette unanimité est réjouissante, elle est le lien unissant tous les chrétiens. Pourtant elle est insuffisante, car on ne saurait se contenter d'une simple référence formelle à l'Ecriture Sainte. La tâche bien plus difficile est de définir la manière dont l'Ecriture Sainte a autorité au sein de nos Eglises. 3) Il existe en effet différentes manières d'aborder l'Ecriture Sainte et de lui donner autorité. Sans en être toujours conscient, chacun de nous lit et reçoit à sa façon le message scripturaire. Ainsi, par exemple, certains passages d'évangiles ou d’épîtres, certains psaumes semblent avoir, dans la vie de nos communautés, plus d'importance que d'autres. Cette simple constatation nous indique que, dans le cadre de l'affirmation générale de l'autorité de l’Ecriture, nous faisons un certain choix qui nous amène à donner à tel passage plus d'autorité qu'à un autre. 4) Cette problématique n'est certes pas nouvelle. Toute l'histoire des Eglises nous permet de découvrir la manière dont on donnait autorité à l'Ecriture et dont on l'interprétait. Ce problème remonte à l'histoire biblique elle-même. Tout en affirmant comme eux l'autorité de l’Ecriture, Jésus s'opposait aux pharisiens et aux sadducéens sur la manière d'interpréter et de donner auto- rité à l'Ancien Testament. Cette même question suscitait des tensions au sein de la jeune communauté chrétienne elle-même, provoquait des discussions entre les apôtres et opposait la première communauté chrétienne à la communauté juive (Matth. 5, 2. Cor. 3, 4-6, Actes 15). 5) Nous sommes aujourd'hui dans une autre situation culturelle : nous bénéficions des apports de l’archéologie, du développement des sciences humaines (psychologie, Vivre en Eglise – Livre I – Textes ecclésiologiques et théologiques – Confession de foi des Eglises de la Réforme Mis à jour 08/2017 psychanalyse, linguistique, sociologie, etc.) qui donnent accès à de nouvelles possibilités d'interprétation des textes bibliques, qualifiés généralement de grilles de lecture. Malgré les risques que cela comporte, notre lecture de la Bible peut s'en trouver enrichie. II. - Les grilles de lecture de l'Ecriture Sainte 6) Il n'y a pas de lecture « innocente » d'un texte biblique. Même inconsciemment, nous sommes toujours influencés d'une manière ou d'une autre, ne fût-ce que par notre propre point de vue et les traditions de notre Eglise. Avant de définir comment nous donnons autorité à l'Ecriture Sainte, il est important de rappeler les principales grilles de lecture de la Bible que nous utilisons et que nous rencontrons autour de nous. 7) La lecture spontanée, partant du principe que la Bible est claire en elle-même, consiste à rechercher ce que la lecture d'un texte m'apporte personnellement, ce qu'un texte «me dit ». Selon le lieu et le moment un passage nourrira ou non ma foi. Ce lien entre message biblique et foi de l'homme est essentiel. Cette lecture, à elle seule, est pourtant insuffisante, car l'autorité du message biblique pourrait alors dépendre du subjectivisme, voire des états d'âme du lecteur. 8) La lecture fondamentaliste donne autorité au texte et à la lettre elle-même. Face aux interprétations humaines, cette lecture affirme l'immuabilité de la Parole de Dieu. Mais le contexte et le caractère historique et humain du récit biblique sont trop négligés face à l'affirmation de l'autorité du mot et de la lettre dont le sens reste apparemment figé. 9) La lecture historico-critique cherche, quant à elle, à découvrir le sens du texte en remplaçant et en étudiant le passage biblique dans son contexte historique premier. Cette grille permet un retour aux sources mêmes du récit. Si on se limite à cette seule lecture, on risque néanmoins de réduire l'Ecriture à un document littéraire, historique et archéologique. 10) La lecture, selon une tradition d’Eglise, se réfère aux interprétations faites d'un passage scripturaire dans l'histoire de l'Eglise. Elle tient compte de la manière dont un texte a été compris et vécu à travers les siècles au sein d'une des confessions chrétiennes. Elle risque cependant de donner un poids trop grand à la tradition et à ceux qui l'expriment aujourd'hui dans la vie de l'Eglise. 11) La lecture morale consiste à faire de l'Ecriture un ensemble de préceptes éthiques et moraux. Moins courante chez les chrétiens engagés, elle apparaît plus fréquemment chez ceux qui vivent une relation plus distendue par rapport à leur Eglise et qui sont tentés de faire de la Bible un code de bonne conduite. Une telle lecture est souvent faite par les milieux non chrétiens ou par les grands moyens d'information. 12) Les lectures politiques interprètent la Bible à la lumière d'une philosophie ou d'une idéologie, en fonction d'événements politiques et de facteurs socio-économiques contemporains. Les uns s'intéressent ainsi avant tout à la mise en question par Jésus et les prophètes des structures de la société dans le but de créer une société plus humaine. Vivre en Eglise – Livre I – Textes ecclésiologiques et théologiques – Confession de foi des Eglises de la Réforme Mis à jour 08/2017 D'autres chercheront dans la Bible ce qui peut justifier une situation ou des structures politiques constantes. Ces lectures risquent cependant de réduire le message biblique à un programme politique ou à une idéologie. 13) Cette liste n'est pas exhaustive. Il faudrait signaler les grilles de lecture moins fréquentes, mais utilisées par ci par là. Ainsi la lecture psychologique ou psychanalytique attache une grande importance à l'être et au comportement des personnes apparaissant dans les récits bibliques. La lecture structuraliste, quant à elle, interprète les textes en partant de leur structure interne et de l'utilisation des mots faite par le passage. Comme les autres, ces grilles de lecture nous permettent de découvrir maintes richesses des textes bibliques, mais elles conduisent toutes à des impasses dès qu'elles sont radicalisées au point de devenir une fin en elles-mêmes. 14) Chacune de ces grilles à son intérêt. Il serait dangereux de n'en utiliser qu'une seule au détriment des autres. Elles sont toutes insuffisantes et aucune ne saurait prétendre être en elle-même la clé de lecture qui donne autorité au message biblique. On ne saurait par ailleurs être satisfait d'une simple juxtaposition de grilles de lecture que l'on utiliserait selon ses propres convenances. III. - Jésus-Christ, clé de lecture de l'Ecriture Sainte. 15) La Bible est une collection de livres d'époques et d'auteurs divers qui, animés par l’Esprit, rendent témoignage à la révélation de Dieu au sein du peuple d'Israël et plus spécialement à la personne de Jésus-Christ, Seigneur et Sauveur, en qui toutes les promesses de Dieu sont réalisées. Nous découvrons dans l'Ecriture Sainte le mouvement de l'histoire du salut depuis les origines jusqu'à la mort et la résurrection de Jésus-Christ, salut et accomplissement pour toute l'humanité. 16) Ayant au 16ème siècle redécouvert l'importance de l'Ecriture pour la vie de l’Eglise, Luther s'est efforcé d'en définir l'autorité. Il n'y avait pour lui qu'une seule manière de donner autorité au texte biblique : Jésus-Christ, parole faite chair et son action salvatrice pour les hommes, sa croix et sa résurrection. Un texte d'Ecriture veut être lu à la lumière de Jésus-Christ. Ainsi Luther découvrit la clé de lecture de l'Ecriture affirmée par les apôtres et Jésus lui- même. Paul déjà donnait autorité aux textes scripturaires à la lumière de Jésus-Christ. Jésus lui-même se comprenait comme celui qui est « venu accomplir la loi et les prophètes » (Mat. 5/17, Luc 24/25-27). 17) Le texte biblique doit devenir témoignage de Jésus- Christ, parole d'Evangile. Pris pour lui-même, un texte biblique peut rester lettre morte, mais lu à la lumière de Jésus-Christ, Sauveur des hommes, ce même texte devient Evangile, vivat vox dei, parole de salut et de libération. 18) Luther avait pour cette raison parlé du « centre de l’Ecriture » : Jésus-Christ. Lui seul donne autorité à l'Ecriture. Ni la lettre, ni le lecteur, ni aucune autre donnée ne sauront prétendre lui conférer autorité. Pour permettre de découvrir dans l'Ecriture ce qui annonce Christ, porte Christ et mène vers Christ, Luther avait uploads/Litterature/ i-14-l-autorite-de-l-ecriture.pdf
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- Publié le Jul 23, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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