DOUTE ET CONVICTIONS Introduction à la philosophie de Cicéron Tome II : Chapitr

DOUTE ET CONVICTIONS Introduction à la philosophie de Cicéron Tome II : Chapitres annexes et bibliographies Dissertation présentée par Stéphane Mercier en vue de l’obtention du grade de Docteur en Philosophie Promoteur : prof. Jean-Michel Counet Louvain-la-Neuve, septembre 2009 CHAPITRES ANNEXES « Se consacrer à la lecture et à l’écriture, adoucir la fatigue que donne l’une des deux par le repos que procure l’autre, lire les écrits des Anciens, écrire ce que liront les hommes à venir, et, en remerciement du bienfait que nous a apporté la littérature antique, témoigner de la reconnaissance et du souvenir au moins envers les hommes à venir si nous ne le pouvons envers les anciens, sans nous montrer, autant que possible, ingrats envers ceux-ci, mais faire connaître leurs noms s’ils sont inconnus ou ramener à la lumière ceux que leur grand âge a ensevelis et les transmettre aux générations de nos arrière-petits-fils comme dignes de respect ; les porter dans son cœur et les avoir à la bouche comme quelque chose de doux et, pour finir, leur témoigner, en les aimant de toutes les façons, en se souvenant d’eux et en les célébrant, une reconnaissance obligée, à défaut d’être égale à leur mérite », voilà tout ce que nous voulons (Pétrarque, VS I 6). REMARQUES PREALABLES A PROPOS DES CHAPITRES ANNEXES laton, Sénèque et Pétrarque ont été sollicités dans le cours de notre étude, certes, mais ne l’ont été que ponctuellement, et pas toujours sur les questions où l’on eût escompté les croiser ; c’est que, à propos de ces questions (la vertu comme unique bien chez Sénèque, par exemple), les rencontrer eût entravé la bonne marche de notre exposé, en raison de l’abondance de la matière à invoquer1. Voilà pourquoi il nous a paru préférable de réserver les convergences de vues, les parallèles les plus substantiels à ces annexes. Celles-ci, étant conçues comme autant de suppléments aux notes de bas de pages, prendront plutôt la forme d’essais, dans lesquels la trame des références sera très dense. Point de « littérature secondaire » ici, car il s’agit seulement de mettre en évidence la présence de réflexions et d’idées qui, chez ces auteurs, répondent aux vues de Cicéron telles que nous les avons exposées dans le corps de notre étude. Les essais formant nos chapitres annexes ont l’allure de constellations de références (plus de 900 au total), car l’essentiel ne résidait pas dans l’analyse, mais dans l’invention – au sens de « découverte » – des loci similes, et dans l’organisation de ceux-ci de manière à former un tout cohérent. Plutôt que de nous cantonner à telle ou telle œuvre déterminée, nous avons cru opportun, afin de mieux manifester l’étendue des similitudes relevées entre nos auteurs, de limiter le nombre des auteurs en question, de manière à pouvoir proposer un relevé tiré de la lecture de leurs œuvres intégrales (ce que, faute de temps, ou plutôt parce que nous n’avons pas toujours employé au mieux ce bien aussi précieux que fuyant, nous n’avons pu faire que pour Platon et Sénèque ; l’essai relatif à Pétrarque n’est, par conséquent, que l’ébauche de ce qu’il eût été si nous avions lu toute son œuvre) ; il nous semble en effet que lire un auteur dans son intégralité permet de mieux apprécier la 1 D’autres auteurs, nous l’avons signalé à la fin de notre préface, eussent également trouvé leur place en annexe, tant il y avait des choses à dire les concernant et en relation avec Cicéron (et nous pensons en particulier à Plutarque ou à Montaigne, dont il nous eût été agréable de traiter), mais, comme le dit Aristote, il faut bien s’arrêter (Met. XII 3, 1070a4) ; et Platon lui-même est de cet avis, quand il observe qu’un travail ne cesse jamais d’être fini, si on veut l’accroître et le peaufiner sans cesse : « Nous ressemblons » alors, dit l’Étranger du Politique, « à des statuaires qui, dans leur zèle parfois intempestif à charger de détails ou à agrandir plus qu’il ne le faut chacune de leurs œuvres, en retardent l’achèvement » (Pol. 277a ; à rapprocher de Nom. VI 769a-b : « Tu sais, pour prendre un exemple, comment le travail des peintres qui cherchent à reproduire différents êtres vivants paraît sans limites : mettre de la couleur ou en changer, ou quel que soit le nom que les peintres lui donnent, ce travail d’embellissement semble ne jamais pouvoir s’arrêter »). P Remarques préalables 6 tournure d’ensemble de sa pensée, car « on ne doit pas juger les philosophes d’après quelques mots », comme l’observe très justement Pétrarque, « mais bien d’après l’ensemble permanent de leurs doctrines, comme je l’ai appris de Cicéron lui-même et, plus encore, de la raison naturelle » (IGN 4). Sénèque n’est pas d’un autre avis, quand, dans l’une de ses Lettres à Lucilius, il recommande à son ami de « déposer l’espoir de goûter en l’effleurant le génie des grands hommes : il faut que ton regard l’embrasse tout entier, que tu le retournes sous toutes ses faces. Tout s’effectue chez eux par continuité. Chaque trait de l’œuvre de génie est un des filaments qui composent la trame et qui la soutiennent ; rien ne s’en peut retrancher : autrement, tout croule. Je ne refuse pas qu’on examine le détail des membres, mais que ce soit dans le sujet entier. Une belle femme n’est pas celle dont on vante la jambe ou le bras : c’est celle dont un ensemble de formes retire au détail l’admiration » (Ep. IV 33.5). Dans cette perspective, et pour ne pas modeler servilement la progression de notre exposé, dans ces annexes, sur le plan de notre étude consacrée à Cicéron lui-même, nous organiserons la matière conformément à ce que nous suggèrent1 les œuvres de chacun des auteurs traités dans ces chapitres : « Là où l’argument de la discussion, tel un souffle, nous portera, c’est là que nous devrons nous rendre », comme le dit Platon (Resp. III 394d). Les liens avec la pensée de l’Arpinate seront, du reste, suffisamment manifestes pour qu’il ne soit pas indispensable de renvoyer sans cesse à l’étude principale : la chose, à notre avis, serait fastidieuse, et sans profit réel. En ce qui concerne l’étendue de chacun des trois essais qui vont suivre, il est naturel que celui que nous consacrons à Pétrarque soit le plus bref, dans la mesure où il ne repose que sur une lecture partielle de ses écrits. Les thèmes que nous avons choisi de retenir chez Platon, parce qu’ils n’étaient pas toujours ceux qui nous sont apparus les plus pertinents concernant Sénèque, expliquent que l’essai sur le premier de ces deux philosophes soit sensiblement plus court que celui qui porte sur le second. Du reste, nous ne chercherons pas à celer que, quoique nous admirions beaucoup l’œuvre du philosophe athénien, notre affection toute particulière pour Sénèque, « le meilleur des maîtres de morale » aux dires de Pétrarque (IGN 3), n’est pas étrangère à l’ampleur prise par les considérations portant sur son œuvre… Dira-t-on, enfin, que, tout cela, il suffisait de l’avoir vu dans notre étude principale, à propos de l’Arpinate ; que quelques références eussent été suffisantes ; que, quitte à aborder d’autres auteurs, une étude plus approfondie eût été plus souhaitable ? Le dernier point est incontestable, mais chaque travail a ses limites, et ce que nous n’avons pu entreprendre ici pourra fort bien être l’objet d’études ultérieures. Quant aux deux premières remarques, elles concernent vraisemblablement la dimension répétitive des annexes que 1 La part donnée à la subjectivité est plus importante encore ici qu’ailleurs, puisque, dans le choix des passages retenus afin d’élaborer ces chapitres, c’est en lecteur de Cicéron que nous avons lu ou relu Platon, Sénèque et Pétrarque. Un autre point de vue, d’autres attentes, eussent assurément donné à ces pages une toute autre physionomie ; et, comme le dit Pétrarque, « un même vent ne peut également contenter des hommes que la navigation porte vers des rivages contraires » (VS I 3). Que les spécialistes de chacun des auteurs traités ici nous pardonnent de les avoir moins utilisés pour eux-mêmes que dans la perspective de notre étude sur la pensée de Cicéron ! Remarques préalables 7 nous proposons ; nous ne contestons nullement cet aspect de la question, mais bien la conclusion qui en est tirée, car il est des choses qu’il n’est pas inutile de reprendre, de redire et de mieux cerner en y revenant à plusieurs reprises. Comme l’écrit en effet Platon, « c’est une belle chose, dit-on, que de parler deux ou trois fois des belles choses, et de les examiner autant » (Gorg. 498e) ; et Sénèque assure de même que « toute vérité salutaire veut être souvent retournée, souvent ressassée, de sorte que, non contents de la connaître, nous l’ayons sous la main » (Ep. XV 94.26). Qui plus est, en revenant sur des éléments que nous avons déjà rencontrés chez Cicéron, nous pensons les manifester sous un jour différent en uploads/Litterature/ doute-et-convictions-introduction-a-la-p.pdf

  • 36
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager