1 2006 – 2007 Licence Sciences de l’Education E54SEM – L’Éducation Nouvelle : i
1 2006 – 2007 Licence Sciences de l’Education E54SEM – L’Éducation Nouvelle : idées et courants Le document qui suit, bien que reprenant quelques éléments du cours, ne se veut pas exhaustif, loin de là, mais plutôt un support pour mieux comprendre et reprendre ce cours. Cours 1 ROUSSEAU, ITARD ET NEILL : TROIS PEDAGOGUES DANS UN MEME COURANT. Par Romain JALABERT - ROUSSEAU Jean-Jacques (1712 – 1778) Repères biographiques 1712 (28 juin) : Naissance à Genève. Sa mère, Suzanne Bernard, décède des suites de l’accouchement le 7 juillet. Jean-Jacques Rousseau grandit aux côtés de son père Isaac, horloger à Genève, et de son frère aîné François. 1722 : A la suite d’une querelle avec un citoyen genevois, Isaac Rousseau quitte Genève pour s’installer à Nyon. Il confie Jean-Jacques à son oncle, Gabriel Bernard, qui l’envoie en pension à Bossey (chez le Pasteur Lambercier). 1724 : Retour chez son oncle, à Genève, où il débute un apprentissage chez le greffier Masseron. 1726 : Apprentissage du métier de maître graveur chez Ducommun. 1728 : Le curé de Confignon le confie aux soins de Mme de Warens. Rousseau entretiendra avec elle une longue et tumultueuse relation amoureuse. 1732 : Maître de musique à Chambéry. 1740 : Préceptorat à Lyon, chez les Mably (rédaction du « Projet pour l’éducation de Monsieur de Sainte-Marie »). 1741 : De retour à Chambéry, Rousseau travaille à un nouveau système de notation musicale qui sera récompensé par l’Académie des Sciences de Paris en 1742, mais ne sera pas jugé suffisamment novateur pour remplacer le précédent. 1743 : Dissertation sur la musique moderne. De septembre 1743 au mois d’août 1744, Rousseau occupe les fonctions de Secrétaire de l’Ambassadeur de France à Venise. 1745 : Début de sa liaison avec Thérèse Levasseur, ainsi que de ses échanges avec Diderot, Condillac et Voltaire. 1747 : Décès de son père. 1749 : Rousseau collabore à l’Encyclopédie en rédigeant les articles sur la musique. 1750 : Son Discours sur les sciences et les arts est récompensé par l’Académie de Dijon du premier prix et le rend désormais célèbre. 1755 : Publication du Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Commencement de la querelle (épistolaire) avec Voltaire. 1756 : S’installe à Montmorency. 1758 : Publication de la Lettre à d’Alembert sur les spectacles. 1761 : Publication de La nouvelle Héloïse qui connaît un grand succès à Paris. 1762 : Publications successives : Du Contrat social et l’Emile ou de l’éducation. Les deux ouvrages sont interdits en France. L’Emile est condamné par le parlement à être lacéré et brûlé sur la place publique. Décrété de prise de corps le 9 juin, Rousseau s’enfuit en Suisse, 2 pour finalement s’installer à Môtiers le 10 juillet, ses deux ouvrages ayant été interdits à Genève. 1764 : Rédaction d’un Projet de Constitution pour la Corse. 1765 : Expulsé de Môtiers après la publication des Lettres écrites de la Montagne. 1766 : Séjour en Angleterre, chez le philosophe David Hume, avec qui il se fâchera assez rapidement. Il commence alors à rédiger ses Confessions. 1767 : Retour en France. Publication d’un Dictionnaire de Musique. 1768 : Rousseau épouse Thérèse LEVASSEUR à Bourgoin. 1776 : Rédaction des deux premières promenades des Rêveries du promeneur solitaire. 1777 : Rédaction de cinq nouvelles promenades. 1778 : Rédaction des trois dernières promenades. Jean-Jacques Rousseau décède le matin du 2 juillet 1778, à Ermenonville. 1782 : Publication posthume des Confessions ainsi que des Rêveries du promeneur solitaire. 1794 : Rousseau est transféré au Panthéon. 1801 : Mort de Thérèse Rousseau – Levasseur. Le pédagogue Rousseau ? L’évocation du « pédagogue Rousseau » suscite parfois de vives réactions. Et pour cause, Rousseau est ce pédagogue qui a confié à l’assistance publique, entre 1746 et 1752, les cinq enfants nés de sa relation avec Thérèse LEVASSEUR. Si nombre de personnes ne voient là que pure anecdote, d’autres s’indignent du fait qu’un tel homme ose se poser comme éducateur et trouvent là matière à discréditer ses « beaux discours ». Quelques-uns ont malgré tout essayé, après sa mort, de lui trouver des excuses ; notamment les romanciers. Pour certains, ces enfants n’étaient pas les siens ou n’ont jamais existé, et il ne s’agirait que d’une invention des LEVASSEUR afin de retenir Rousseau auprès de Thérèse. Pour d’autres, la fable aurait été montée de toutes pièces par Rousseau lui-même afin d’ajouter à la sincérité de ses Confessions par un tel aveu (l’auteur parle dans ses Confessions de « faute grave, impardonnable »). Rousseau, pour sa défense, avance un « usage du pays » auquel il n’a vraisemblablement pas échappé. Certes son comportement n’a rien d’exceptionnel pour l’époque1 et l’Histoire regorge de cas d’enfants abandonnés (Moïse, Œdipe, Romulus et Rémus, Victor de l’Aveyron …) ; ce qui fait dire au biographe de Rousseau, Raymond TROUSSON, que « Jean-Jacques est un cas célèbre, non un cas exceptionnel ». Le plus grand tort de Rousseau serait donc d’être devenu célèbre par la suite, et lui reprocher de n’avoir pas mis ses théories en pratique n’aurait aucune cohérence chronologique, selon Michel Launay : « Pour prétendre que le livre n’a rien à nous apprendre parce que son auteur ne l’a pas mis en pratique, il faudrait donc renverser la chronologie, interdire à Rousseau – et à soi-même – toute chance de repentir sincère, et rester sourd à l’appel qui, du fond de la nuit, témoigne de la possibilité de se racheter, et de tirer du mal un bien : "Je n’écris pas pour excuser mes fautes, mais pour empêcher mes lecteurs de les imiter.". En vérité l’Émile est, encore aujourd’hui, un excellent moyen de progresser dans l’amour des enfants, "et comme il faut aimer, très intelligemment". » Michel Launay (Préface de l’Édition GARNIER – FLAMMARION). « Rousseau pédagogue, éducateur », cela peut encore paraître surprenant au regard du peu d’expérience en la matière. Mis à part son année en tant que Maître de musique à Chambéry, quelques leçons de musique ça et là, et deux courtes « missions » préceptorales où il ne se sent pas véritablement à son aise, Jean-Jacques Rousseau n’a pas réellement exercé ni marqué en tant que pédagogue. Pourtant il a laissé Émile ou de l’éducation, que nombre de personnes 1 En témoignent les chiffres enregistrés par l’Institution des enfants trouvés : 3234 en 1745, 3785 en 1750, 5032 en 1760, et 7676 en 1776. 3 considèrent comme étant à la fois le traité d’éducation et l’expression la plus achevée de la philosophie de Rousseau. Émile ou de l’éducation En 1762, Rousseau publie successivement Du contrat social et Émile ou de l’éducation. Rapidement les deux ouvrages sont interdits en France et l’Émile est condamné par le Parlement à être lacéré et brûlé en public. Décrété de prise de corps le 9 juin de la même année, Rousseau s’enfuit in extremis à Genève, où les ouvrages seront également bannis. Commence pour Rousseau une longue période d’errance. Il est notamment reproché à l’Émile une remise en cause de l’esprit académique et des préjugés sociaux, mais sa condamnation tient essentiellement à l’introduction, dans le Livre IV, de la désormais célèbre « Profession de foi d’un vicaire savoyard ». Rousseau fait alors l’apologie d’une religion naturelle, fondée sur les lumières de l’esprit et l’écoute des sentiments. S’opposant clairement à la religion révélée, il conteste l’autorité de l’Église et réfute le dogme. Il faut dire que c’est dans un contexte très particulier qu’a été publié l’Émile et que s’apprêtant à expulser les Jésuites, le Parlement a très probablement voulu paraître impartial. De plus, Rousseau avait « franchi le Rubicon » en signant son ouvrage, chose qui ne se faisait pas et qui lui a valu d’être pris pour « exemple » par le Parlement. Malgré l’interdiction l’ouvrage circule clandestinement et touche de nombreux lecteurs. Le quart de siècle qui suit voit par ailleurs la publication de livres sur l’éducation doubler. Pourtant l’idée que l’Émile est un traité d’éducation, bien que très répandue, ne fait pas l’unanimité ; et la simultanéité de sa parution (et de son interdiction) avec celle du Contrat social amène à s’interroger : l’Émile, traité d’éducation ou de politique ? Dans un article intitulé « Émile : pour en finir avec l’éducation »2, Yves Vargas affirme que « contrairement à une réputation tenace, Émile n’est pas un traité d’éducation. Rousseau y étudie par quels mécanismes la nature humaine se développe dans le sens de la sociabilité ». Doit-on voir un une prémonition, un clin d’œil, une provocation de Rousseau dans ces quelques lignes extraites du Livre I de l’Émile ? : « Lisez la République de Platon. Ce n’est point un ouvrage de politique, comme le pensent ceux qui ne jugent des livres que par leurs titres. C’est le plus beau traité d’éducation qu’on ait jamais fait ». Que rajouter à cela ?, sinon que dans les Dialogues Rousseau désigne l’Émile comme « un traité de la bonté originelle de l’homme, destiné à montrer comment le vice et l’erreur, étrangers à sa constitution, s’y introduisent uploads/Litterature/ education-nouvelle-1-pdf.pdf
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- Publié le Mai 29, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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