Émile DURKHEIM (1895) “ Origine du mariage dans l’espèce humaine d’après Wester

Émile DURKHEIM (1895) “ Origine du mariage dans l’espèce humaine d’après Westermarck ” Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt Dans le cadre de la collection: "Les classiques des sciences sociales" Site web: http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l'Université du Québec à Chicoutimi Site web: http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm Émile Durkheim (1895), “ Origine du mariage… d’après Westermarck.” 2 Cette édition électronique a été réalisée par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi à partir de : Émile Durkheim (1895) “ Origine du mariage dans l’espèce humaine d’après Westermarck ” Une édition électronique réalisée à partir d'un texte d’Émile Durkheim (1895), « Origine du mariage dans l’espèce humaine d’après Westermarck. » Texte extrait de la Revue philosophique, 40, 1895, pp. 606 à 623. Texte reproduit in Émile Durkheim, Textes. 3. Fonctions sociales et institutions (pp. 70 à 92). Paris: Les Éditions de Minuit, 1975, 570 pages. Collection: Le sens commun. Polices de caractères utilisée : Pour le texte: Times, 12 points. Pour les citations : Times 10 points. Pour les notes de bas de page : Times, 10 points. Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’) Édition complétée mercredi, le 16 octobre 2002 à Chicoutimi, Québec. Émile Durkheim (1895), “ Origine du mariage… d’après Westermarck.” 3 Table des matières “ Origine du mariage dans l'espèce humaine d'après Westermarck ” Section I Section II Section III Section IV Émile Durkheim (1895), “ Origine du mariage… d’après Westermarck.” 4 “ Origine du mariage dans l'espèce humaine d'après Westermarck 1 ” Émile Durkheim (1895) Une édition électronique réalisée à partir d'un texte d’Émile Durkheim (1895), « Origine du mariage dans l’espèce humaine d’après Westermarck. » Texte extrait de la Revue philosophique, 40, 1895, pp. 606 à 623. Texte reproduit in Émile Durkheim, Textes. 3. Fonctions sociales et institutions (pp. 70 à 92). Paris: Les Éditions de Minuit, 1975, 570 pages. Collection: Le sens commun. Retour à la table des matières Les publications sociologiques consistent trop souvent en constructions purement dialectiques, vides de toute matière, pour que nous ne saluions pas avec empressement l'intéressant travail de M. Westermarck sur les origines du mariage, que M. de Varigny a récemment traduit de l'anglais en français. Tandis qu'on voit trop fréquemment des sociologues improvisés trancher les questions les plus hautes de la science sans avoir jamais acquis, par des recherches spéciales, la pratique directe des faits sociaux, M. Westermarck n'a abordé le sujet déterminé qu'il traite qu'après avoir réuni une masse imposante 1 Paris, Guillaumin, 1895, 530 p. Émile Durkheim (1895), “ Origine du mariage… d’après Westermarck.” 5 de documents dont plusieurs sont inédits. Ce n'est Pas sur telle ou telle généralité philosophique qu'il appuie la thèse qu'il essaie d'établir, mais sur des observations qu'il s'est attaché à multiplier autant que possible. Son livre nous paraît donc être d'un utile exemple à une époque où la vogue croissante et, peut-être, trop rapide des études sociologiques fait éclore de tous côtés des vocations hâtives que l'impatience du succès, le désir de répondre sur-le- champ aux exigences et aux préoccupations de la foule, rendent trop souvent indifférentes à toute circonspection scientifique. Mais si l'on ne saurait trop louer dans cet ouvrage l'abondance des infor- mations, le grand esprit de sincérité qui inspire toute la recherche, l'indépen- dance du jugement, en revanche, la méthode suivant laquelle les faits ainsi réunis sont élaborés est loin de nous paraître aussi irréprochable. Elle s'éloi- gne même tellement de celle que nous avons eu nous-même l'occasion d'ap- pliquer à cette question du mariage et de la famille, au cours d'un enseigne- ment encore inédit, qu'il nous est impossible d'accepter la plupart des proposi- tions auxquelles l'auteur aboutit. C'est donc sur ce point, avant tout, qu'il convient de s'expliquer. I Retour à la table des matières Ce qui caractérise tout d'abord la méthode de M. Westermarck, c'est qu'elle est essentiellement ethnographique et psychologique. Des deux sources auxquelles peut puiser le sociologue, les monuments de l'histoire et les récits des voyageurs, M. Westermarck s'interdit a peu près complètement la première. Elle ne lui paraît utilisable pour résoudre les ques- tions d'origine que si l'on s'astreint systématiquement à rechercher, dans les institutions historiques, les survivances d'un passé plus lointain, et une telle recherche lui semble, non sans raison, pleine de dangers. Il convient, dit-il, de n'expliquer comme rudiments sociaux que ce qui ne peut être expliqué autre- ment ; c'est donc une autre explication qu'il faut tenter en première ligne et, pour l'obtenir, il faut s'adresser, non pas à l'histoire, mais à l'ethnographie. C'est seulement avec des documents directement empruntés à la vie des primi- tifs que l'on peut retrouver les formes primitives de l'organisation sociale. Émile Durkheim (1895), “ Origine du mariage… d’après Westermarck.” 6 Cependant, l'auteur reconnaît que, à eux seuls, les faits ethnographiques ne sauraient complètement suffire à cette tâche. Pour pouvoir séparer ceux qui se rapportent aux premières étapes de l'humanité de ceux qui n'ont apparu que plus tard, il faut avoir, au préalable, « quelques connaissances sur l'antiquité de l'homme » (p. 6), c'est-à-dire s'être fait une notion de ce qu'était l'homme au début de son évolution. Cette notion, M. Westermarck l'emprunte, sans hésitation et presque sans critique, au darwinisme. « La science moderne, dit- il, nous apprend que les premiers êtres qui ont mérité le nom d'hommes étaient probablement les descendants, graduellement transformes, de quelque ancêtre à face de singe. Nous pouvons, en outre, tenir pour certain que toutes les qualités physiques et psychiques que l'homme, dans son état actuel, parta- ge avec ses parents les plus proches parmi les animaux inférieurs, se produi- sirent aussi aux étapes les plus anciennes de la civilisation humaine. » Dans ces conditions, le sociologue est nécessairement amené à attribuer au facteur psychologique un rôle prépondérant dans le développement collectif. Car admettre que les documents ethnographiques, pour être compris, ont besoin d'être rattachés à la nature primitive de l'homme, et même que celle-ci peut être reconstituée avec ce que nous savons des espèces animales supérieures, c'est Poser comme un axiome évident que notre constitution psychique et mê- me notre nature animale, c'est-à-dire la partie de nous-mêmes qui dépend le plus immédiatement de conditions organiques, est la source éminente de la vie sociale. C'est, d'ailleurs, ce que déclare expressément notre auteur. Il se plaint que les sociologues aient trop négligé ces sortes de causes et estime que la principale originalité de son livre est de leur restituer l'importance à laquelle elles ont droit. Nous avons montré, dans notre ouvrage sur les Règles de la méthode sociologique, quels sont, suivant nous, les inconvénients d'une telle procé- dure. L'insuffisance des renseignements que nous fournit l'ethnographie est, du reste, reconnue par l'auteur lui-même. C'est qu'en effet chez les peuples que nous ne connaissons que de cette manière, le droit n'existe qu'à l'état de coutume ; or il est singulièrement difficile d'atteindre une pratique collective quand elle n'est pas encore parvenue à prendre conscience d'elle-même et à s'exprimer en formules définies. Mais ces difficultés sont encore accrues quand il s'agit de faits vitaux et profonds comme ceux qui concernent la structure de la société domestique ; car, précisément parce qu'ils sont à la racine de la vie sociale, ils échappent à la conscience commune et, à plus forte raison, sont bien malaisés à apercevoir pour un observateur qui ne les voit que du dehors. Comme il n'en saisit que l'expression la plus superficielle, il est exposé à en méconnaître le sens et, par suite, à les tronquer. Comment sépa- rer, par un simple coup d'œil jeté en passant, le fait du droit, là où le droit ne s'est pas encore consolidé à part du fait qu'il règle ? C'est ainsi qu'on a été parfois induit à transformer quelques anecdotes isolées en règles juridiques. M. Westermarck croit que la quantité des informations peut en compenser la médiocre qualité et que, pour échapper à tous ces risques d'erreur, il est néces- Émile Durkheim (1895), “ Origine du mariage… d’après Westermarck.” 7 saire, mais suffisant, de compulser « de volumineux travaux » d'ethnographie (p. 4). Nous croyons, au contraire, qu'en sociologie, Comme dans les autres sciences, la quantité des observations est chose secondaire ; que ce n'est pas en les accumulant qu'on les purifie de leur vice originel, si elles ont été faites dans de mauvaises conditions, et que l'on n'obtient pas la vérité en prenant la moyenne d'un grand nombre d'erreurs et en se décidant d'après la majorité. Ce qui importe, avant tout, c'est d'avoir des faits bien établis et démonstratifs, cruciaux, comme disait Bacon, fussent-ils, d'ailleurs, peu nombreux. De plus, les sociétés inférieures, si humbles qu'elles soient, ne sont pas nées d'hier. Toutes ont une histoire ; certaines étaient déjà entrées en déca- dence à l'époque où elles ont été observées pour la première fois. Comment savoir ce qui est primitif uploads/Litterature/ emile-durkheim-origine-du-mariage-dans-l-x27-espece-humaine-d-x27-apres-westermarck-1895.pdf

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