Juliette Klopp 1D Entrainement à la dissertation : "En quoi Manon Lescaut est-i
Juliette Klopp 1D Entrainement à la dissertation : "En quoi Manon Lescaut est-il le roman de la déchéance ?" Manon Lescaut représente le roman de la déchéance du XVIIIe siècle par excellence, notamment de par la déchéance sociale et morale des personnages, et surtout du chevalier Des Grieux. Ainsi, le roman est, dans un premier temps, marqué par la transgression de la morale de l’Eglise. Manon et le chevalier rompent avec toute morale chrétienne de par leurs nombreuses actions immorales. Les deux tourtereaux vivent ensemble, sans pour autant être mariés, et Manon refuse même la proposition de mariage de Des Grieux. Ce dernier, lui, se tourne vers le jeu, lourdement interdit par la religion, et vers la triche, ce qui est d’autant plus immoral. Dans les discours de Des Grieux, les blasphèmes se multiplient, notamment lorsqu’il compare Manon à une déesse, Aphrodite, ou encore à une « apparition ». Devant Tiberge, il préfère suivre son train de vie hédoniste, à la recherche de bonheur dans la souffrance et la religion, que lui propose son ami, en refusant l’au-delà pour la figure plus que terrestre de Manon. Donc, en plus de transgresser la morale, il vit en marge de la religion chrétienne. Dans un deuxième temps, Des Grieux se défait de ses liens familiaux, qui lui promettaient prospérité et noblesse. L’entretien qu’il tient avec son père, lors duquel il dit tout abandonner pour Manon, son père le déshérite, en affirmant « Adieu, fils ingrat et rebelle ». Le chevalier se retire alors lui-même de la société et se marginalise, avec pour seul but de satisfaire sa passion, et rejoindre la belle dans le statut du tiers-état. La déchéance sociale et morale du chevalier, accompagné par Manon, se retranscrit également dans leur tendance au libertinage. Entre jeu, tromperies et infidélités, les deux amoureux suivent un mode de vie des plus libertins, ce qui les rend d’autant plus condamnables. Il est dit que Manon « aimait trop l’abondance et les plaisirs » pour les sacrifier à Des Grieux. En effet, les deux amoureux sont guidés par leur amour pour l’argent et le luxe, ce qui les mène à commettre des actions immorales. Manon dupe premièrement un vieil homme, Mr. De G, afin de lui soutirer de l’argent, pour ensuite faire payer ses charmes, avant de demander de l’agent à Tiberge, pour réparer leurs erreurs. De façon générale, l’argent est une notion qui est omniprésente dans le roman, sous forme de « fortune », et qui marque la déchéance sociale et morale de Des Grieux, en le rabaissant au statut de Manon ; libertin. Le statut de « roman de déchéance », opposé au « roman d’apprentissage » est aussi attribué à Manon Lescaut pour la contre-ascension de ses personnages, qui évoluent à reculons sans apprendre de leurs erreurs. Ceci peut être mis en évidence par la structure temporelle du récit, qui souligne les péripéties des amoureux qui s’enchaînent, toutes pires les unes que les autres. Les personnages enchaînent les rechutes, à l’exemple de Des Grieux, qui multiplie les séjours en prison, à Saint Lazare, puis à Châtelet, comme à l’exemple de Manon, qui trompe Des Grieux à de nombreuses reprises. Si les péripéties s’enchaînent aussi rapidement, c’est non seulement car les personnages n’apprennent pas de leurs erreurs, mais c’est également à cause de leur caractère manipulable. Il est évident que Des Grieux se laisse manipuler plus d’une fois par Manon, ce qui l’amène à déclamer « Perfide Manon ! Ah ! perfide ! perfide ! ». De plus, les deux personnages se font manipuler par Lescaut, qui incite Manon à la prostitution et Des Grieux au jeu. Leur caractère crédule est presque moqué, y compris par Des Grieux lui-même qui fait preuve d’autodérision notamment lorsqu’il affirme « par un tour de génie qui m’est particulier, je fus touché par l’ingénuité de son récit » avec beaucoup d’ironie. La contre-ascension des personnages escalade, et s’intensifie. Cette gradation négative renforce l’aspect de déchéance dont est teinté le roman, car le lecteur observe Des Grieux et Manon sombrer dans des problèmes de plus en plus grave, et anticipe ceux à venir. Le déroulé d’un roman d’apprentissage promet aussi une gradation, seulement, celle-ci permet aux personnes d’atteindre un objectif, lors du dénouement. Dans Manon Lescaut, cette gradation entraîne les personnages dans une décadence, en résultant d’ailleurs sur une fin tragique. Enfin, le roman de déchéance est caractérisé par sa fin tragique, résultat d’une morale libertine et d’un enchaînement de péripéties immorales. La mort de Manon est l’événement du roman de déchéance par excellence, pareille à une punition aux amoureux pour leurs actions impies. Sa mort représente le fait que « la fin de ses malheurs approchait », ce qui insinue que la mort est le seul échappatoire pour se libérer du train de vie libertin. Cet évènement laisse Des Grieux sans vie, qui traine « depuis une vie languissante et misérable » et qui « renonce volontairement à en mener jamais une plus heureuse ». Loin de rebondir sur l’évènement tragique, à prendre comme une opportunité pour se repentir, Des Grieux se laisse abattre et s’enfonce encore un peu plus dans la déchéance. À la fin d’un roman d’apprentissage, le lecteur est ressourcé et satisfait par l’évolution positive des personnages, au contraire de Manon Lescaut où il est profondément meurtri par cette fin brutale. Ceci est d’autant plus vrai que le lecteur avait été prévenu dans « l’avis de l’auteur », au début du livre, où Des Grieux est présenté comme un « jeune aveugle », « un exemple terrible de la force des passions ». Le lecteur démarre la lecture sous un angle préventif, en observant un mode de vie à ne surtout pas suivre, et les personnages comme des contre-exemples. Cette fin tragique était donc-t-elle annoncée dès les premières pages ? Le roman de déchéance commence alors par une prévention et se termine par une illustration de ce qui arriverait à ceux qui ne suivent pas une vie réglée. La mort de Manon aurait aussi pu être annoncée par les nombreuses prolepses employées par le chevalier, comme « pour mon malheur », ce qui signale au lecteur que les personnages courent à leur perte et « se précipitent volontairement dans les dernières infortunes ». Cette fin tragique représente ainsi une certaine morale. En effet, l’auteur a trouvé important de punir les personnages pour leurs actions. Il défend ainsi les personnages comme Tiberge, qui suivent à la ligne la morale chrétienne. Dans « l’avis de l’auteur », il déclare même que « l’ouvrage entier est un traité de morale », « un modèle d’après lequel on peut se former ». L’intrigue paraît alors d’autant plus déchéante, car suivie par une morale. Les personnages sont si déchéants qu’on parle même d’anti-héros, qui mettent en valeur les véritables valeurs héroïques, de par leur échec à les atteindre. Donc, Manon Lescaut peut être qualifié de roman de déchéance de par la fin tragique réservée aux personnages libertins. uploads/Litterature/ en-quoi-manon-lescaut-est-un-roman-de-decheance.pdf
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- Publié le Mai 14, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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