LITTÉRATURE LES PERSONNAGES DANS LES FAUX MONNAYEURS Note : Les citations sont

LITTÉRATURE LES PERSONNAGES DANS LES FAUX MONNAYEURS Note : Les citations sont tirées du roman ou de l’autre œuvre au programme, Journal des faux-monnayeurs J.FM. I. Les personnages dans le roman Description Tous les personnages ont un air de famille : tous sont parisiens, bourgeois d’esprit, chrétiens et artistes. Ils sont très cultivés et au courant de l’actualité. Ces personnages du roman ne sont jamais décrits dans leur apparence extérieure, ils sont réduits à leur voix : « Je sais comment ils pensent, comment ils parlent ; je distingue la plus subtile intonation de leur voix ». En effet, ils nous sont souvent présentés dans un dialogue, où l’auteur commente les « tons » de leur voix. Bien plus, ce qui s’impose d’abord à Gide lorsqu’il crée un personnage, ce n’est pas son visage ou son caractère mais un discours qui exprime un état d’âme. Cette méthode explique que presque tous ses personnages soient des intellectuels, même les plus caricaturaux : Gide ne crée que des personnages qui aiment parle. Ils évoluent dans un univers social limité : celui de la bourgeoisie cultivée, des professions libérales fondées sur l’art de la parole. Leur vie mentale s’exprime tout naturellement en monologues, en lettres, en discussions. Des tics professionnels marquent le langage de tous : pour Profitendieu, c’est le « je sais que » du juge d’instruction ; pour Vincent, ce sont les termes techniques de la biologie ; pour Bernard et Olivier, c’est le jargon des lycéens. Cela permet à Gide « ne jamais exposer d’idées qu’en fonction des tempéraments et des caractères » Il parle plusieurs fois de sa faculté de dépersonnalisation, de son inaptitude à s’exprimer en son nom propre. Voici la règle que se donner Gide pour présenter les personnages : « Ne pas amener trop au premier plan - ou du moins pas trop vite - les personnages les plus importants, mais les reculer, au contraire, les faire attendre. Ne pas les décrire, mais faire en sorte de forcer le lecteur à les imaginer comme il sied. » II. Le personnage principal : Bernard Il est le héros du roman. Adolescent élevé par sa mère, Marguerite, et par Albéric Profitendieu, juge d’instruction. Albéric Profitendieu n’est pas son géniteur, il l’élève et l’aime comme ses propres enfants. Bernard, ingrat, va quitter le nid familial prétextant qu’il vient de découvrir qu’Albéric n’est que son beau-père. Comme pour tous les personnages de Gide, on dispose de peu d’informations sur son physique, si ce n’est qu’il a les yeux francs et le front clair. Il est intransigeant et déterminé, cultivé et beau parleur. Son père adoptif dit de lui qu’il a un côté rude et indompté. Son nom de famille, « Profit-en-dieu », pourrait souligner l’hypocrisie bourgeoise de la famille, mais Bernard était un saint qui, au XIIe siècle, luttait contre le relâchement des mœurs dans les abbayes. Il combattait également les hérétiques et aspirait à une nouvelle croisade. Tout comme son homonyme, Bernard se distingue par son amour du mysticisme et de la vie contemplative, sa rigueur et sa pureté. C’est d’ailleurs de cette façon que le personnage aime Laura. Le jeune homme est en formation : il quitte son foyer, exerce deux métiers, aime deux femmes, puis vit une sorte de révélation qui le pousse à rentrer chez lui. On peut parler d’un parcours initiatique. Affranchi et révolté, le personnage est par là même plus aimable. Gide, à travers lui, dénonce une certaine idéologie de la famille comme geôle intellectuelle. La bâtardise coïncide avec la découverte de la liberté et la volonté de trouver l’authentique. Bernard se veut naturel et sincère, mais il s’avère décevant en ce qu’il renoue avec sa famille et donc avec l’institution établie. Il n’a pas réussi à échapper au spectre de son père. Lui aussi est un faux-monnayeur. III. Les relations entre les personnages Une des originalités du roman de Gide est sa construction non linéaire, ce roman constitue une rupture dans l’histoire du roman, tant au niveau de la forme que du contenu. Il faut absolument que le lecteur puisse comprendre les relations entre les personnages. Note : une excellente modélisation des personnages peut être consultée en suivant le lien suivant : https://commons.wikimedia.org/wiki/ File%3ALFM_Mod%C3%A9lisation_(Pierre_Desmet).pdf Je ne serai trop vous inciter à consulter cet arbre généalogique des personnages. IV. Comment Gide a construit ses personnages ? La méthode adoptée par Gide afin de créer ses personnages correspond bien au rôle qu’il entend leur faire jouer. Le lecteur cherchera en vain des précisions sur le physique, ou la démarche de tel ou tel héros du livre, quelques rapides notations suffisent à croquer un personnage, suggérer une silhouette. La mise en œuvre des personnages Gide écrit qu’il tâche d’enrouler les fils de son intrigue autour de ces petites bobines que sont ses personnages. Ils sont neutres. Ils ne sont rien. Ils sont des personnages en quête de leur situation qu’ils trouveront dans le roman. Les personnages de Gide sont au départ des signes impersonnels. Le personnage part d’une idée qui est l’âme créative ; Bernard, le personnage le plus proche de Gide peut- être, est d’abord une idée d’un être de volonté, de rigueur, de liberté, d’un être sans racine. Sa situation familiale fait de lui un bâtard. Edouard doit à sa situation de narrateur d’être le romancier de cet univers. Comme tel, il n’est l’être de personne, il n’est l’être de nulle part. Tous peuvent être étudiés dans le rapport avec leur situation, qui fait leur véritable personnalité. Cette vue, fondamentalement artistique, réconcilie le monde réel et le monde fictif. Un élément propre au créateur intervient au moment de l’écriture, c’est le hasard. La base fondamentale des personnages : la personnalité gidienne Les personnages dépendent intimement de l’écrivain. Ils sont des éléments de sa particularité. Tous les personnages des Faux-Monnayeurs forme une ronde des diverses personnalités de Gide à ses différents âges. Les personnages se caractérisent avant tout par leur langage. Gide s’en explique dans le Journal des faux-monnayeurs (JFM). : « c’est plutôt le langage que le geste qui renseigne » (p. 85). Le romancier cherche donc à rendre leur lexique mais aussi leur ton, leur phrasé. - Mélanie Vedel, a l’habitude de ne pas terminer ses phrases qui ce qui donne à sa pensée une sorte « de flou poétique ». - Marguerite Profitendieu se caractérise par un ton plaintif et une succession de questions. - A l’opposé, Lilian Griffith et Passavant sont passés maîtres dans l’art du sous- entendu et l’ironie. Ce que révèle avant tout le langage, c’est le poids de la tradition, de l’éducation qui donne parfois l’impression que les personnages se comportent comme de véritables perroquets. - Lady Griffith donne un petit cours sur les procédés des bons romanciers : « Mais vous ne ferez jamais un bon romancier parce que vous ne savez pas écouter » (p. 59). Leçon que l’on retrouve dans le J.F.M. : « Le vrai romancier les écoute et les regarde agir ; il les entend parler dès avant que de les connaître » p. 85. Pour la construction de personnages, Gide a recours à une méthode inverse de celle de Zola : le romancier naturaliste pour créer ses personnages, part d’une fiche où il consigne sous une forme elliptique les traits dominants qu’il développera dans la rédaction de son ouvrage ; Gide, lui, termine au contraire par ces formules à l’emporte-pièce qui figurent dans le roman en lieu et place des portraits. En ce qui concerne, les personnages les plus importants, Gide préconise ne pas les « amener trop au premier plan ou du moins pas trop vite, mais les reculer, au contraire, les faire attendre. Il recourt pour eux à une découverte progressive et jamais achevée. Cela se révèle vrai dans le cas d’Edouard et Olivier. Oedipe roi de Pier Paolo Pasolini RÉSUMÉ I. Introduction En 1967, Pier Paolo Pasolini tourne une adaptation de la tragédie de Sophocle, Oedipe Roi, avec Franco Citti dans le rôle principal, et Silvana Mangano dans le rôle de Jocaste. Ce film est le premier volet de ce que son créateur appellera occasionnellement la "trilogie mythique", qui se composera ensuite de Carnets de notes pour une Orestie africaine (1968), et enfin de Médée (1970). Bien qu'Oedipe roi se présente comme une adaptation d'un classique de la littérature antique, il est en réalité plutôt une réécriture : en effet, les deux tiers du film de Pasolini ne sont pas présents dans l'oeuvre originelle de Sophocle. Aussi est-il important de saisir toute l'évolution de la narration du film de Pasolini, ce que nous vous proposons de faire grâce à un résumé détaillé. Bien que la structure de l'oeuvre de Pasolini pose question (cf. la fiche "Structure d'Oedipe roi de Sophocle"), nous avons choisi de la présenter ici, pour plus de facilité, comme une structure ternaire, composée de trois mouvements : le prologue, la partie mythique, puis l'épilogue. II. Le prologue Le prologue d'Oedipe Roi de Pasolini se situe bien loin de la Grèce antique, puisque Pasolini le localise dans uploads/Litterature/ les-personnages-dans-les-faux-monnayeurs.pdf

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