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© Éditions Albin Michel, 2019 pour la traduction française Édition originale américaine parue sous le titre : KISS THE GIRLS AND MAKE THEM CRY Mary Higgins Clark © Nora Durkin enterprises, Inc., 2019 Publié en accord avec l’éditeur original Simon & Schuster, Inc., New York. ISBN : 978-2-226-44858-3 COLLECTION « SPÉCIAL SUSPENSE » Ce livre est un ouvrage de fiction. Toute ressemblance avec des faits avérés, des lieux existants ou des personnes réelles, vivantes ou décédées, serait purement fortuite. En souvenir aimant de John Conheeney, mon merveilleux époux. Prologue 12 octobre GINA KANE s’étira dans son siège côté hublot. La porte du long-courrier se referma et le personnel de bord se prépara au décollage. Elle poussa un soupir de soulagement. La place du milieu de sa rangée de trois était vide, et le resterait durant le vol Hong Kong-New York de seize heures sans escale. Par chance, le passager installé côté allée avait pris un somnifère et fermait déjà les yeux. Il dormirait sans doute pendant au moins huit heures. Parfait. Elle voulait avoir le temps de réfléchir tranquillement, sans être obligée d’échanger des banalités. C’étaient ses parents qui auraient dû faire ce voyage. Ils s’étaient enfin décidés après plus d’un an de tergiversations. Ils l’avaient appelée tout excités pour lui dire qu’ils avaient déposé un acompte et étaient « prêts pour l’aventure ». Elle se souvenait de sa mère disant, comme cela lui arrivait souvent : « Nous voulons le faire avant d’être trop vieux. » L’idée que l’un et l’autre puissent devenir vieux lui était totalement étrangère. Ils étaient tous deux grands amateurs de plein air, de randonnées, à pied ou à vélo. Mais au cours du dernier check-up de sa mère, le médecin avait décelé une « anomalie ». Un vrai choc, une tumeur cancéreuse inopérable. Elle qui avait été l’image même de la santé était morte en quatre mois. Après l’enterrement, son père avait reparlé du voyage. « Je vais l’annuler. Quand je vois les autres couples du club de randonnée, le faire seul serait trop déprimant. » Gina n’avait pas hésité. « Papa, tu ne vas pas y aller seul. Je pars avec toi. » Ils avaient passé dix jours à marcher, traversant les petits villages des montagnes du Népal. Après qu’ils eurent rejoint ensemble Hong Kong en avion, son père avait pris le vol direct pour Miami. Elle avait tout de suite su ce qu’il fallait faire. Son père avait été ravi du voyage, et elle aussi. Elle n’avait jamais regretté une seule seconde sa décision. Mais pourquoi cette détermination s’évanouissait-elle quand il s’agissait de Ted ? C’était pourtant un type épatant. Tous deux avaient trente-deux ans. Il était convaincu qu’elle était la femme de sa vie. Bien que déçu de la voir partir à l’autre bout du monde, il l’avait encouragée : « La famille doit toujours passer en premier. » C’était une phrase qu’il lui avait répétée à maintes reprises lorsqu’ils assistaient aux réunions de son incroyable tribu. Elle avait beau y penser, elle ignorait encore ce qu’elle allait dire à Ted. Il avait le droit de savoir ce que serait leur avenir. Combien de temps puis-je dire encore : « J’ai seulement besoin d’un peu plus de temps ? » Comme toujours, ses réflexions n’aboutirent à rien. Cherchant une distraction, elle ouvrit son iPad et entra le mot de passe de sa boîte mail. L’écran afficha aussitôt « Nouveaux messages ». Quatre-vingt-quatorze au total. Elle tapa plusieurs noms pour faire apparaître ceux qu’elle attendait. Aucune nouvelle de CRyan. Surprise et désappointée, elle appuya sur NOUVEAU MESSAGE, entra l’adresse de CRyan, et écrivit : Hello C, j’espère que vous avez reçu l’e-mail que je vous ai envoyé il y a dix jours. J’aimerais beaucoup en savoir plus sur votre « terrible expérience ». Vous pouvez me joindre quand cela vous conviendra. Bien à vous, Gina. Avant de presser ENVOYER, elle ajouta son numéro de téléphone à la suite de son nom. Le seul autre e-mail qu’elle ouvrit provenait de Ted. Elle était sûre qu’il s’était déjà organisé pour qu’ils dînent ensemble. Et parlent. Ce fut avec un mélange de soulagement et de déconvenue qu’elle lut son message. Hello Gina, J’ai compté les jours avant de te revoir. Eh bien, je vais devoir continuer de compter. Désolé. Je pars ce soir à Los Angeles pour une mission spéciale que la banque m’a confiée. J’y resterai au moins une semaine. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis déçu. Je te promets de rattraper le temps perdu à mon retour. Avec tout mon amour, Ted Une voix se fit entendre dans le haut-parleur annonçant le décollage imminent et demandant d’éteindre tous les appareils électroniques. Elle ferma son iPad, bâilla et cala un coussin contre la cloison pour appuyer sa tête. L’e-mail envoyé dix jours plus tôt, celui qui allait mettre sa vie en danger, lui trottait dans l’esprit tandis qu’elle sombrait lentement dans le sommeil. Première partie 1 L’APP ARTEMENT de Gina était situé dans la 82e Rue à l’angle de West End Avenue. Ses parents le lui avaient donné lorsqu’ils avaient pris leur retraite et s’étaient installés en Floride. Vaste, avec deux chambres et une cuisine spacieuse, il faisait l’envie de ses amis, souvent à l’étroit dans des appartements avec une seule chambre ou dans des studios. Elle déposa ses bagages et regarda sa montre. Vingt-trois heures trente à New York, vingt heures trente en Californie. Une bonne heure pour appeler Ted. Il décrocha immédiatement. « Bonjour, ma belle voyageuse. » Sa voix était profonde et aimante, et un élan de bonheur envahit Gina. « Je ne peux te dire à quel point tu m’as manqué. – Toi aussi tu m’as manqué. – Ça me tue d’être coincé à Los Angeles toute une semaine. » Après avoir bavardé quelques minutes, Ted mit fin à la conversation. « Je sais que tu viens d’arriver, tu dois être épuisée. Je cours d’une réunion à une autre. Je t’appellerai quand les choses se seront calmées. – Ça marche ! – Je t’aime. – Moi aussi. » En raccrochant, Gina se rendit compte que le déplacement imprévu de Ted lui laissait un sentiment mitigé. D’un côté, elle aurait aimé le voir sans attendre, de l’autre elle était soulagée d’échapper à la discussion pour laquelle elle n’était pas encore prête. À cinq heures et demie du matin, elle sortait de la douche, étonnamment fraîche et dispose. Elle avait dormi presque huit heures d’affilée dans l’avion et quatre autres une fois chez elle. Elle n’éprouvait aucun effet du redoutable décalage horaire dont souffraient la plupart des gens après un long vol d’est en ouest. Et elle avait hâte de reprendre son travail. Diplômée du Boston College, section journalisme, elle avait très vite obtenu un poste d’assistante dans un journal local de Long Island. Des restrictions budgétaires avaient forcé le journal à se séparer de nombreux seniors. Un an plus tard, elle écrivait des articles dans la rubrique Société. Ses papiers sur le monde de la finance avaient attiré l’attention du rédacteur en chef de Your Money. Elle n’avait pas hésité à rejoindre ce jeune organe dynamique, et les sept années qu’elle y avait passées l’avaient comblée. Mais le déclin des journaux papier et la diminution des recettes publicitaires avaient eu des conséquences désastreuses. Après la faillite de Your Money, il y avait de cela trois ans, elle s’était retrouvée journaliste free-lance. Si elle appréciait de pouvoir choisir ses sujets, il lui arrivait de regretter le salaire régulier et l’assurance maladie dont elle avait bénéficié en tant qu’employée. Elle était libre d’écrire les articles qu’elle voulait, mais en fin de compte il fallait trouver quelqu’un pour les acheter. L’Empire Review l’avait sauvée. Lors d’une visite à ses parents en Floride, des amis lui avaient raconté horrifiés que leur petit-fils de dix- huit ans avait été marqué au fer rouge durant une séance de bizutage de sa fraternité. Des lettres grecques lui avaient été imprimées à l’arrière de la cuisse. Les plaintes adressées à l’administration de l’université étaient restées vaines. Les gros donateurs parmi les anciens élèves avaient menacé de supprimer leur contribution si on donnait un coup d’arrêt à la communauté de la « Vie grecque ». L’Empire Review avait immédiatement accepté son idée d’article. Ils lui avaient consenti une avance confortable et une enveloppe généreuse pour ses notes de frais. La publication avait fait sensation. Les journaux télévisés du soir l’avaient mentionnée et « 60 Minutes » lui avait consacré une séquence. Le succès de l’histoire de la fraternité avait fait grimper d’un coup la notoriété de Gina en tant que journaliste d’investigation. Elle était inondée d’e-mails confidentiels de soi-disant lanceurs d’alerte et de gens qui prétendaient avoir connaissance de scandales majeurs. Elle avait suivi quelques-unes de ces pistes et en avait tiré des articles qui avaient été publiés. Le problème était de distinguer les détenteurs d’informations dignes d’intérêt des innombrables cinglés, employés aigris et théoriciens du complot. Gina jeta un coup d’œil à sa montre. Elle uploads/Litterature/ en-secret-mary-higgins-clark-by-m.pdf

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