PAUL VERLAINE ODES EN SON HONNEUR PAUL VERLAINE ODES EN SON HONNEUR 1893 Un tex

PAUL VERLAINE ODES EN SON HONNEUR PAUL VERLAINE ODES EN SON HONNEUR 1893 Un texte du domaine public. Une édition libre. ISBN—978-2-8247-1171-3 BIBEBOOK www.bibebook.com À propos de Bibebook : Vous avez la certitude, en téléchargeant un livre sur Bibebook.com de lire un livre de qualité : Nous apportons un soin particulier à la qualité des textes, à la mise en page, à la typographie, à la navigation à l’intérieur du livre, et à la cohérence à travers toute la collection. Les ebooks distribués par Bibebook sont réalisés par des bénévoles de l’Association de Promotion de l’Ecriture et de la Lecture, qui a comme objectif : la promotion de l’écriture et de la lecture, la diffusion, la protection, la conservation et la restauration de l’écrit. Aidez nous : Vous pouvez nous rejoindre et nous aider, sur le site de Bibebook. http ://www.bibebook.com/joinus Votre aide est la bienvenue. 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Odes en son honneur 1 Tu fus une grande amoureuse A ta façon, la seule bonne Puisqu’elle est tienne et que personne Plus que toi ne fut malheureuse Après la crise de bonheur Que tu portas avec honneur, Oui, tu fus comme une héroïne, Et maintenant tu vis, statue Toujours belle sur la ruine D’un espoir qui se perpétue En dépit du Sort évident, Mais tu persistes cependant. Pour cela, je t’aime et t’admire Encore mieux que je ne t’aime Peut-être, et ce m’est un suprême Orgueil d’être meilleur ou pire Que celui qui fit tout le mal, D’être à tes pieds tremblant, féal. Use de moi, je suis ta chose ; Mon amour va, ton humble esclave, Prêt à tout ce que lui propose Ta volonté, dure ou suave, Prompt à jouir, prompt à souffrir, Prompt vers tout hormis pour mourir ! Mourir dans mon corps et mon âme, Je le veux si c’est ton caprice. Quand il faudra que je périsse Tout entier, fais un signe, femme, Mais que mon amour dût cesser ? Il ne peut s’éterniser. 1 Odes en son honneur Jette un regard de complaisance, O femme forte, ô sainte, ô reine, Sur ma fatale insuffisance Sans doute à te faire sereine : Toujours triste du temps fané, Du moins, souris au vieux damné. 2 Odes en son honneur 2 Laisse dire la calomnie Qui ment, dément, nie et renie Et la médisance bien pire Qui ne donne que pour reprendre Et n’emprunte que pour revendre… Ah ! laisse faire, laisse dire ! Faire et dire lâches et sottes, Faux gens de bien, feintes mascottes, Langue d’aspic et de vipère ; Ils font des gestes hypocrites, Ils clament, forts de leurs mérites, Un mal de toi qui m’exaspère, Moi qui t’estime et te vénère Au-dessus de tout sur la terre, T’estime et vénère, ma belle, De l’amour fou que je te voue, Toi, bonne et sans par trop de moue, M’admettant au lit, ma fidèle ! Mais toi, méprise ces menées, Plus haute que tes destinées, Grand cœur, glorieuse martyre, Plane au-dessus de tes rancunes Contre ces d’aucuns et d’aucunes ; Bah ! laisse faire et laisse dire ! Bah ! fais ce que tu veux, ma belle Et bonne, — fidèle, infidèle, — Comme tu fis toute ta vie, Mais toujours, partout, belle et bonne, Et ne craignant rien de personne, Quoi qu’en aient la haine et l’envie. 3 Odes en son honneur Et puis tu m’as, si tu m’accordes Un peu de ces miséricordes Qui siéient envers un birbe honnête. Tu m’as, chère, pour te défendre, Te plaire, si tu veux m’entendre Et voir, encore que laid et bête. 4 Odes en son honneur 3 L’écartement des bras m’est cher, presque plus cher Que l’écartement autre : Mer puissante et que belle et que bonne de chair, Quel appât est la vôtre ! O seins, mon grand orgueil, mon immense bonheur, Purs, blancs, joie et caresse, Volupté pour mes yeux et mes mains et mon cœur Qui bat de votre ivresse, Aisselles, fins cheveux courts qu’ondoie un parfum Capiteux où je plonge, Cou gras comme le miel, ambré comme lui, qu’un Dieu fit bien mieux qu’en songe, Fraîcheur enfin des bras endormis et rêveurs Autour de mes épaules, Palpitantes et si doux d’étreinte à mes ferveurs Toutes à leurs grands rôles, Que je ne sais quoi pleure en moi, peine et plaisir, Plaisir fou, chaste peine, Et que je ne puis mieux assouvir le désir De quoi mon âme est pleine Qu’en des baisers plus langoureux et plus ardents Sur le glorieux buste Non sans un sentiment comme un peu triste dans L’extase comme auguste ! Et maintenant vers l’ombre blanche — et noire un peu, L’amour il peut détendre Plus par en bas et plus intime son fier jeu Dès lors naïf et tendre ! 5 Odes en son honneur 4 La sainte, ta patronne, est surtout vénérée Dans nos pays du Nord et toute la contrée Dont je suis à demi, la Lorraine et l’Ardenne. Elle fut courageuse et douce et mourut vierge Et martyre. Or il faut lui brûler un beau cierge En ce jour de ta fête et de quelque fredaine De plus, peut-être, en son honneur, ô ma païenne ! Tu n’es pas vierge, hélas ! mais encore martyre Non pour Dieu, mais qui te plut. (Qu’ont-ils à rire ?) A cause de ton cœur saignant resté sublime. Courageuse, tu l’es, pauvre chère adorée, Pour supporter tant de douleur démesurée Avec cette fierté qui pare une victime. Avec tout ce pardon joyeux et longanime. Et douce ? Ah oui ! malgré ton allure si vive Et si forte et rude parfois. Douce et naïve Comme ta voix d’enfant aux notes paysannes. Douce au pauvre et naïve envers tous et que bonne Sous un dehors souvent brutal qui vous étonne, Vous, les gens, mais dont j’ai vite su les arcanes ! Douce et bonne et naïve, âme exquise qui planes Au-dessus de tout préjugé bête ou féroce, Au-dessus de l’hypocrisie et du cant rosse Et du jargon menteur et de l’argot fétide Dans la région pure où la haine s’ignore, Où la rancune expire, où l’amour pur arbore Sur la blancheur des cieux sa bannière candide. O résignation infiniment splendide. En ce jour de ta fête et malgré nos frivoles Préoccupations moins coupables que folles 6 Odes en son honneur De baisers redoublés pour le cas, et l’antienne Plus gentille encor qu’excessive des mots lestes, Recueillons-nous pourtant, pensons aux fins célestes Afin qu’après ma mort ou, las ! après la tienne, Le survivant pour l’absent prie, ô ma chrétienne ! 7 Odes en son honneur 5 « Quand je cause avec toi paisiblement, Ce m’est vraiment charmant, tu causes si paisiblement ! Quand je dispute et te fais des reproches, Tu disputes, c’est drôle, et me fais aussi des reproches. S’il m’arrive, hélas ! d’un peu te tromper, O misère ! tu cours la ville afin de me tromper. Et si je suis depuis des temps fidèle, Tu me restes, durant juste tous ces temps-là, fidèle. Suis-je heureux, tu te montres plus heureuse Encore, et je suis plus heureux, d’enfin ! te voir heureuse. Pleuré-je, tu pleures à mon côté. Suis-je pressant, tu viens bien gentiment de mon côté. Quand je me pâme, lors tu te pâmes. Et je me pâme plus de sentir qu’aussi tu te pâmes. Ah ! dis quand je mourrai, mourras-tu, toi ? » Elle : « Comme je t’aimais mieux, je mourrai plus que toi. » … Et je me réveillai de ce colloque Hélas ! C’était un rêve (un rêve ou bien quoi ?) ce colloque. 8 Odes en son honneur 6 Mais après les merveilles Qui n’ont pas de pareilles De l’épaule et du sein, Faut sur un autre mode Dresser une belle ode Au glorieux bassin. Faut célébrer la blanche Souplesse de la hanche Et sa mate largeur, Dire le ventre opime Et sa courbe sublime Vers le sexe mangeur Que chastement, encore Que joliment, décore Et défend juste assez L’ombre qui sied aux choses Divines, peu moroses Rideaux drûment tressés, Teutatès adorable, Saturne plus aimable, Anthropophage cher Qui veut aux sacrifices Non le sang des génisses Mais le lait de ma chair. Nous chanterons ensuite L’aine blonde et sa fuite Ambrée au sein uploads/Litterature/ verlaine-paul-odes-en-son-honneur.pdf

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