Archives de sciences sociales des religions 140 | 2007 Varia Jean-Pierre Brach
Archives de sciences sociales des religions 140 | 2007 Varia Jean-Pierre Brach & Jérôme Rousse-Lacordaire, (dirs.), Études d’histoire de l’ésotérisme. Mélanges offerts à Jean-Pierre Laurant pour son soixante- dixième anniversaire Paris, Éditions du Cerf, coll. « Patrimoines », 2007, 457 p. Stéphane François Édition électronique URL : http://assr.revues.org/10173 ISSN : 1777-5825 Éditeur Éditions de l’EHESS Édition imprimée Date de publication : 1 décembre 2007 Pagination : 157-310 ISBN : 978-2-7132-2145-3 ISSN : 0335-5985 Référence électronique Stéphane François, « Jean-Pierre Brach & Jérôme Rousse-Lacordaire, (dirs.), Études d’histoire de l’ésotérisme. Mélanges offerts à Jean-Pierre Laurant pour son soixante-dixième anniversaire », Archives de sciences sociales des religions [En ligne], 140 | octobre - décembre 2007, document 140-11, mis en ligne le 01 juillet 2008, consulté le 05 octobre 2016. URL : http://assr.revues.org/10173 Ce document a été généré automatiquement le 5 octobre 2016. © Archives de sciences sociales des religions Jean-Pierre Brach & Jérôme Rousse- Lacordaire, (dirs.), Études d’histoire de l’ésotérisme. Mélanges offerts à Jean-Pierre Laurant pour son soixante-dixième anniversaire Paris, Éditions du Cerf, coll. « Patrimoines », 2007, 457 p. Stéphane François 1 Comme son sous-titre l’indique, ce recueil est dédié au chercheur Jean-Pierre Laurant, l’un des pionniers de « l’historisation critique des courants ésotériques et de la pensée dite “traditionnelle” » (p. 17), qui fut longtemps chargé de cours à l’EPHE (Ve section). 2 L’ésotérisme, dont il est question dans cette recension, est un monde foisonnant, souvent étrange au plus grand nombre : pour certains, il s’agit d’un terme « fourre-tout » ; pour d’autres, d’un discours volontairement « crypté » ; il peut aussi s’agir d’un ésotérisme traditionaliste, d’un Guénon ou d’un Evola ; ou enfin d’un discours gnostique. Ces différences de signification ont fait dire à Jean-Pierre Laurant que la pensée ésotérique pouvait être vue comme un « “mot autobus” où montent des gens qui ne se connaissent pas et qui descendront à des haltes différentes sans s’être parlé, mêlés à d’autres voyageurs, au hasard du trajet, n’ayant en commun que la destination » (L’ésotérisme, 1993 : 8). Complétant cette définition assez poétique, Jacques Maître estime, quant à lui, que l’ésotérisme peut être vu comme un « mode d’existence souterrain de visions du monde qui se veulent alternatives aux savoirs “officiels”. » (p. 25). Malgré cette impression d’hétérogénéité, il a été possible d’en établir une critériologie. Ainsi, Antoine Faivre en a établi une, devenue classique, qui distingue six composantes, dont quatre essentielles (les correspondances, la Nature vivante, l’imagination et les médiations, l’expérience de la transmutation) et deux accessoires (la pratique de la concordance et la transmission). Cette critériologie a été reprise par Jean-Pierre Laurant dans ses travaux, Jean-Pierre Brach & Jérôme Rousse-Lacordaire, (dirs.), Études d’histoire de ... Archives de sciences sociales des religions, 140 | 2010 1 constatant qu’elle avait le double avantage de diminuer « les risques de confusions avec les disciplines classiques [...] dont les champs recoupent celui de l’ésotérisme sans s’y confondre » et « de faire la part des fausses sciences que le besoin croissant d’irrationnel multiplie, d’autant que nombre d’entre elles s’avancent sous le masque ésotérique ou, à tout le moins, se couvrent du mot. » (L’ésotérisme, p. 10). Même s’il s’éloignera par la suite d’Antoine Faivre sur le point de la transmission, soulignant que « la pensée ésotérique développe dans l’histoire des modes spécifiques de transmission où prédominent l’oralité, la relation personnelle de maître à disciple, l’initiation et, dans une moindre mesure, le secret. » (p. 18). 3 Ce très riche recueil est donc non seulement un hommage aux travaux de l’un des meilleurs spécialistes de l’ésotérisme, par un grand nombre de spécialistes internationaux de cette discipline (Philippe Baillet, Jean-Pierre Brach, Antoine Faivre, Philippe Faure, Jean-Jacques Glassner, Hans Thomas Hakl, Massimo Introvigne, Jacques Le Brun, Jacques Maître, Jean-François Mayer, Pierre Mollier, Marco Pasi, Jérôme Rousse- Lacordaire, Mark Sedgwick, Thierry Zarcone, PierLuigi Zoccatelli, etc.), mais aussi un précieux manuel pour celui qui veut aborder la question de l’ésotérisme. L’impression générale est une très haute qualité des interventions. L’« Avant-propos » d’Émile Poulat met en lumière non seulement le parcours intellectuel de Jean-Pierre Laurant mais aussi sa profonde humanité, sa gentillesse et sa modestie. Les différents thèmes, transdisciplinaires (« Histoire et sociologie de l’ésotérisme », « Ésotérisme chrétien », « franc-maçonnerie et occultisme », « Politica hermetica », « Ésotérisme, art et littérature »), abordés dans ces Études couvrent les principaux axes de recherches de l’« ésotérologue », pour reprendre le néologisme d’Émile Poulat (p. 8), qu’est Jean-Pierre Laurant. Cela dit, il est nécessaire de se pencher plus précisément sur les différentes parties de ce recueil, car certains articles méritent d’être mis en lumière par leur qualité. 4 La première, « Histoire et sociologie de l’ésotérisme », est à la fois l’une des plus intéressantes parties de ce livre et l’une des plus ardues, car elle offre au lecteur des outils méthodologiques pour analyser le monde foisonnant de l’ésotérisme : Jacques Maître, « Ésotérisme et instances officielles de régulation des savoirs » ; Pier Luigi Zoccatelli, « Note pour servir à une sociologie de l’ésotérisme » ; Mark Sedgwick, « Quelques sources du XVIIIe siècle du pluralisme religieux inclusif ». Les deux autres textes de cette partie, « René Guénon et Alain Daniélou » d’André Coyné et « Julius Evola et l’histoire comparée des religions » de Hans Thomas Hakl, sont plutôt des analyses historiques mettant en perspective, via l’étude de personnages clés, les rapports conflictuels entre les « instances officielles de régulation des savoirs », pour reprendre l’expression de Jacques Maître, et des auteurs ésotériques de premier plan, c’est-à-dire dont la réputation s’est diffusée hors des milieux confinés de l’ésotérisme. 5 La deuxième, « Ésotérisme chrétien », se penche sur les différents aspects des rapports conflictuels et féconds entre l’ésotérisme et le christianisme. En effet, comme le fait remarquer Émile Poulat dans son « Avant-propos », l’ésotérisme chrétien reste une terra incognita qui, durant une longue période, inquiétait la frange la plus réactionnaire de l’Église catholique. Cette partie est donc une utile mise en lumière d’un monde riche, mais évoluant souvent de façon cachée, l’un des sens, ne l’oublions pas, du mot « occultisme » comme a pu le montrer Jean-Pierre Laurant (dans le langage courant, le mot « occulte » et ses dérivés renvoient à ce qui est caché, masqué. Cf. J.-P. Laurant, « occultisme » in J. Servier (dir.), Dictionnaire critique de l’ésotérisme, Paris, PUF, 1998, pp. 964-967). En effet, selon Émile Poulat, « de la Révolution française jusqu’à nous, il a existé un véritable Jean-Pierre Brach & Jérôme Rousse-Lacordaire, (dirs.), Études d’histoire de ... Archives de sciences sociales des religions, 140 | 2010 2 ésotérisme chrétien, et même catholique, tantôt caché, secret, pour échapper à la réprobation des autorités ecclésiastiques, tantôt dissident, affiché, pour jouir de sa liberté » (p. 14). Parmi les contributions, plus intéressantes les unes que les autres, figure celle de Patrick Lequet, « L’enseignement eucharistique intégral du Hiéron de Paray-le- Monial. Une tentative de réponse au darwinisme ». Ce texte analyse la tentative, à la fin du XIXe siècle, de fonder un créationnisme à la française. 6 La troisième, « Franc-maçonnerie et occultisme », est une gageure au vu de la complexité de ces deux milieux. Pourtant, les auteurs de cette partie l’ont réussie, proposant au lecteur des contributions de qualité qui démythifient, avec une grande érudition, certains aspects de ces milieux souvent sujets aux spéculations les plus aventureuses. Deux grands thèmes se dégagent : le premier, sur les rapports entre la franc-maçonnerie et l’occultisme (« Un emblème maçonnique chrétien au siècle des Lumières : le grand sceau du Grand Chapitre Général de France » de Pierre Mollier et « René Guénon et les origines de la franc-maçonnerie : les limites d’un regard » de Roger Dachez), et un second, sur l’occultisme (« Un ésotériste danois en Turquie au début du XXe siècle : autour du “Dervish Diary” de Carl Vett » de Thierry Zarcone et « Aux origines des mystères des mystères : Konx Om Pax » de Marco Pasi). Enfin, la contribution de Jean-François Mayer (« Les apocryphes modernes »), inclassable, revient sur l’un des phénomènes les plus intéressants du christianisme moderne : l’apparition de ce qu’il appelle les textes « apocryphes et pseudépigraphes ». Ces textes, parfois présentés comme des découvertes de textes antiques, tentent de propager une autre image de Jésus, venant corriger l’obscurantisme supposé des Églises. 7 La quatrième, « Politica hermetica », dont le titre est un clin d’œil à l’association et la revue éponymes fondées en 1984 par, notamment, Victor Nguyen, Étienne Kling (cf. son intervention « Une histoire de l’association Politica Hermetica »), Émile Poulat, Jean-Pierre Brach, Michel Bouvier, Stéphane Rials, Pierre-André Taguieff et Jean-Pierre Laurant qui en est vite devenu l’un des principaux animateurs, traite des rapports féconds entre l’ésotérisme et la politique. En effet, les interventions de Michel Bouvier, « Mystique de l’âge d’or et État dans la pensée politique traditionaliste », et Massimo Introvigne, « L’interprétation des sociétés secrètes chinoises : entre paradigme, politique et criminologie » uploads/Litterature/ esoterisme-et-initiation.pdf
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- Publié le Mai 01, 2022
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