QUELQUES ÉLÉMENTS DE SÉMANTIQUE DES PRÉPOSITIONS, ENTRE MONOSÉMIE, POLYSÉMIE ET
QUELQUES ÉLÉMENTS DE SÉMANTIQUE DES PRÉPOSITIONS, ENTRE MONOSÉMIE, POLYSÉMIE ET HOMONYMIE Catherine Chauvin Klincksieck | « Études anglaises » 2009/4 Vol. 62 | pages 455 à 467 ISSN 0014-195X ISBN 9782252036969 DOI 10.3917/etan.624.0455 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-etudes-anglaises-2009-4-page-455.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Klincksieck. © Klincksieck. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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L’approche propose de séparer, notamment, ce qui provient de la préposition en tant que telle, et ce qui pourrait provenir d’autres niveaux d’analyse ; elle propose enfin un questionnement sur cer- tains exemples et certaines des notions utilisées. This paper is a summarized presentation of a few problems having to do with the semantics of prepositions, notably the primariness of spatial uses and/or spatiality ; the monosemous/polysemous/homonymous nature of prepositions; and the status and role of possible constructions, idioms or “use types”. An opposition between what is linked to one particular preposition and other more general uses is more particularly dwelt on, and some notions and a few examples are discussed. Lorsque l’on traite des prépositions, un certain nombre de problèmes se posent, autant syntaxiques (ou morpho-syntaxiques) que sémantiques ; l’une des questions est celle de la façon dont on peut concevoir, et représen- ter, leur sémantisme. La question de la polysémie et de la monosémie se pose bien entendu pour d’autres éléments que les prépositions (noms, verbes…), mais le cas des prépositions se révèle peut-être tout spécialement délicat. Nous proposons dans les pages qui suivent de revenir sur ces questions en tentant de les problématiser, et de les illustrer à partir de quelques exemples commentés. Parmi celles-ci, quelques-unes sont récurrentes. 1. D’une part, le sens des prépositions est-il spatial, ou du moins prio- ritairement spatial ? Même s’il n’est pas sûr qu’il faille commencer par Catherine CHAUVIN, Quelques éléments de sémantique des prépositions, entre mono- sémie, polysémie et homonymie, ÉA 62-4 (2009) : 455-467. © Klincksieck. © Klincksieck | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 115.77.45.143) © Klincksieck | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 115.77.45.143) 456 Études Anglaises — 62-4 (2009) cette question, on sait qu’elle est notoirement controversée (les caractères gras dans les citations ont été ajoutés pour plus de lisibilité) : Most traditional prepositions have meanings to do with relations in space and time . . .. Not all prepositions have this kind of meaning (for example, despite . . . doesn’t), so this can’t be used as a condition for belonging to the class of prepositions, but it is relevant to a general definition of prepositions. (Huddleston and Pullum 128) [Prepositions] represent an excellent ‘laboratory’ for investigating the way in which spatial experience grounds any other kinds of non-spatial, non-physi- cal concepts. (Tyler and Evans ix et x) My aim is to show that it is, at least at some deep level, pointless to approach the semantics of prepositions by their spatial meaning or use, which is commonly identified with its literal or prototypical meaning […]. Such an assumption is based on the hypothesis of an a priori isomorphism between the properties of “spatial language”, and especially prepositions, and those of externally perceived space. This view can be challenged in many ways. (Cadiot 2002, 41) On notera que la simple opposition spatial/non spatial, même si elle est mise en avant, n’épuise pourtant pas le débat : qu’entend-on par « spatial » ? L’espace est à concevoir de manière abstraite, « fonctionnelle », gestaltiste (voir infra) ? Les prépositions ont-elles à voir avec un espace abstrait ou un monde essentiellement humain et habité ? Quel degré possible de « méta- phorisation » accorde-t-on à la notion ? La question du sens des préposi- tions entre espace et « autre chose que » l’espace reste donc sujette à débat. 2. Un autre point de débat, touchant au premier, est celui de savoir dans quelle mesure les prépositions sont polysémiques, et en quel cas, comment on représente leur polysémie ; sont-elles essentiellement monosé- miques, et en quel cas, de nouveau, quel sens, supposant nécessairement un certain degré d’abstraction, peut-on leur donner ? On pourra opposer des approches en termes de listes d’emplois, de « réseaux » (Lakoff), ou s’appuyant sur un invariant, et mettant en question leur polysémie (voir par exemple Dufaye pour l’anglais, Franckel et Paillard pour le français). Une approche monosémique privilégiera un seul sens, généralement abs- trait (puisqu’il doit rendre compte de tous les emplois rencontrés), d’un item donné ; une approche polysémique mettra en avant la multiplicité des sens rencontrés, en tentant, si l’on oppose polysémie et homonymie, de rendre compte des liens qui existent entre ces emplois. Une approche homonymique verra différents sens et les posera comme indépendants les uns des autres (ex. against « not in favour of », vs. against the wall ; peu importe qu’il y ait un lien ou non). © Klincksieck | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 115.77.45.143) © Klincksieck | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 115.77.45.143) Sémantique des prépositions 457 3. On pourra également évoquer au moins deux « autres » hypothèses, celle du lien avec les cas, et celle des prépositions dites « incolores » — les prépositions ont pu être assimilées à des équivalents du cas pour les langues qui ne l’exprimeraient éventuellement pas, ou plus : dans le cadre de la grammaticalisation, les prépositions viennent prendre la place des cas dans des langues passant d’un marquage synthétique à un marquage analytique (voir par ex. Boulonnais 2008). La question se pose également de l’éven- tuelle existence de « prépositions incolores », n’ayant fonction que de rela- teur, sans apport sémantique particulier : certaines prépositions seraient vides sémantiquement, ou éventuellement leur apport sémantique serait très limité. Nous proposons dans cet article de revenir de manière synthétique (donc incomplète) sur quelques-unes de ces questions, en mettant en avant quelques points possibles de discussion (I.). Nous discuterons ensuite (II.) de quelques pistes d’application ou de discussion de quelques-uns des con- cepts présentés, à partir de quelques exemples. I. Le sémantisme des prépositions : questions générales Le sens des prépositions est-il spatial, casuel, abstrait, autre ; et comment peut-on représenter la diversité de leurs emplois ? 1. 1. Le sens des prépositions et la question du « spatial » Les quelques citations ont donné une première idée de la diversité des réponses apportées ; il peut donc être intéressant de revenir sur quelques aspects de cette question. • Toutes les prépositions ne sont pas spatiales Huddleston et Pullum, dans la citation donnée plus haut, citent le cas de despite. Certes, les prépositions n’ayant pas de sens spatial sont peut-être plus rares, et les prépositions « centrales » (in, at, on, to, etc.) ont généra- lement des emplois spatiaux. Groussier : 1997 propose que la plupart des prépositions ont bien au moins un sens spatial (premier). Cependant, la présence de ces cas peut amener à mettre en doute l’équivalence « préposi- tion = espace », et éventuellement pointer vers un traitement différencié des prépositions (voir infra). • Tous les emplois des prépositions ne sont pas spatiaux Pour donner quelques exemples, against a un emploi que l’on pourra dire « spatial » dans He leant against the wall (dans la mesure où il fait référence à une position dans l’espace), mais pas dans He voted against the Conservative candidate. I’m going to London n’est qu’un cas parmi l’en- semble des configurations rencontrées avec to (cf. dance to the music, Boulonnais, Chauvin in prep.). At est éventuellement « spatial » dans He © Klincksieck | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 115.77.45.143) © Klincksieck | Téléchargé le 13/10/2021 sur www.cairn.info (IP: 115.77.45.143) 458 Études Anglaises — 62-4 (2009) was sitting at his desk, mais pas (directement ?) dans He was amazed at her reaction. Les exemples peuvent bien entendu être multipliés : on n’épuise pas, avec les sens « spatiaux », les emplois des prépositions. Cet argument peut sembler évident ; c’est autour de la question de la primarité des sens spatiaux, et de la représentativité de ceux-ci, qu’il y a davantage débat. • Certaines prépositions uploads/Litterature/ etan-624-0455.pdf
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- Publié le Dec 21, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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