UN LIVRE ANIMÉ, qu’est-ce que c’est ? Il n’y a pas de définition. Les livres an

UN LIVRE ANIMÉ, qu’est-ce que c’est ? Il n’y a pas de définition. Les livres animés se caractérisent d’abord par leur interactivité. Ils désignent un livre dont les pages possèdent des dispositifs variés qui permettent d’animer, de transformer, de mettre en relief les illustrations. L’animation peut être STATIQUE (sans mouvement) : Effets sensoriels : tactiles, optiques, odorants, sonores ou autres : trous, découpes, transparents… L’animation peut être DYNAMIQUE (avec mouvement) : 1- Dépliage automatique : le lecteur provoque un déplacement du décor en tournant la page 2- Animation manuelle : le lecteur agit sur le décor pour déclencher des mouvements Dans tous les cas, le système vise à une transformation du contenu de la page et séduit principalement par l’effet de surprise. Histoire du livre animé Les premiers livres à systèmes apparaissent au Moyen-âge, bien avant l’imprimerie et s’adressent à des adultes. Il s’agit de manuscrits scientifiques ou religieux. Les systèmes d’animation simples à vocation savante et pédagogique sont utilisés : pages prédécoupées, volvelles (disques de papier mobiles), volets. Le plus vieux livre à éléments mécaniques est un manuscrit du 13e siècle (1250) : Chronica majora du moine anglais Matthew Paris. Des disques mobiles permettent de déterminer les dates des fêtes chrétiennes. A la fin du Moyen-âge, des livres de médecine dévoilent les secrets du corps humain sous des volets superposés. Le premier « livre à système » imprimé est Cosmographie de Pierre Apian, paru en 1524. L’astronome et mathématicien allemand propose de comprendre les mouvements des étoiles et la position des planètes en actionnant des disques Le 18e siècle et les premiers livres animés pour la jeunesse. L’idée d’une littérature spécifique pour la jeunesse émerge et les livres à systèmes vont s’adapter à ce nouveau public. En 1730, le graveur et éditeur allemand Martin Engelbretch (1684-1756) propose des théâtres miniatures en papier. Les scènes sont alignées les unes derrière les autres pour donner un effet tridimensionnel. En 1765, un imprimeur -libraire londonien, Robert Sayer publie les premiers livres animés (movable book en anglais). Il développe un système d’animation avec des pages coupées en plusieurs parties à l’horizontale pouvant être associé différemment. Ces ouvrages sont aussi appelés « métamorphoses » ou « Arlequinades » en raison d’un des héros le plus représenté : Arlequin (livre pêle-mêle) . Le 19e siècle, âge d’or du livre animé La production de livres animés connait un essor, facilitée par l’industrialisation de l’imprimerie et l’apparition de la chromolithographie (procédé d’impression lithographique en couleurs, utilisant la quadrichromie). Les éditeurs se spécialisent, les créations se diversifient : livres à figures mobiles poupées à habiller), livres à images transparentes, livres à illusion d’optique, livres sonores…) En 1831, Jean-Pierre Brès, un français, est le 1er à intégrer les images à tirettes dans son « Livre joujou avec figures mobile » qui est l’un des tout premiers ouvrages dits interactifs. (VISUEL ou panneau) Vers 1835,le premier ouvrage en relief est produit en Autriche. En 1860, on voit arriver les livres avec des tableaux en relief, produits par l’éditeur anglais Dean. De 1870-1880, la production devient assez intense et les dispositifs se diversifient : Théâtres miniatures, livres sonores, lanternes magiques, panoramas, des hologrammes, des flip books (livrets se feuilletant très rapidement de manière à apparaitre comme un petit film). L’Angleterre et l’Allemagne sont à cette époque les principaux concepteurs et producteurs de livres animés. Le plus célèbre du genre est l’Allemand Lothar MEGGENDORFER (1847-1925) Il est un des premiers à introduire des mécanismes complexes, très impressionnants pour l’époque. Citons surtout Le grand cirque international en 1887 (panorama en relief qui se déploie sur plus d’un mètre de long). En France, 2 éditeurs parisiens se partagent le marché : Capendu et Guérin-Muller. Après la 1ère guerre, la production se raréfie. Les créateurs d’avant-garde, (Gallimard, le Père Castor*) abordent le livre à système sans s’y engager vraiment. Ils recherchent, dans la mouvance de Freinet, à promouvoir l’interactivité, la formation par le jeu avec le livre, mais sont réticents face aux vulgaires livres jouets. *Paul Fauchet, fondateur des albums du Père Castor, publie les Panoramas (1937-1938) sous forme de livres accordéons. Au milieu des années 1930 arrivent des livres populaires de grande qualité, les premiers POP-UP, expression qui évoque l’idée de jaillissement, de surprise. Ce terme est déposé par un américain, Harold Lentz en 1932. En France, les premiers Pop-up de Disney sont publiés (Mickey Hop-Là en 1934). 1950 et 1960 : les années fastes Après-guerre, la production du livre animé s’étend à toute l’Europe. On assiste à une création riche, diversifiée et novatrice. Les éditeurs adaptent les contes en livres animés, les héros préférés des enfants (Babar, Zig et Puce..) Germaine Bouret (1907-1953) grande illustratrice pour enfants Née à Paris, d’un père berrichon et d’une mère anglaise. En 1927, elle illustre son premier livre, “Touche à tout, ses tragiques mésaventures”, édité chez Fernand Nathan puis la collection Nounouk. Elle réalise de nombreux ouvrages utilisant des techniques élaborées de découpe, de collage et d’animation. En France, des maisons d’édition se spécialisent dans ce secteur comme Robert de Longchamp pour les éditions Flots bleus. (Vieilles chansons animées de G. Bouret, 1951) Bruno Munari (1907-1998) En Italie, c’est le célèbre Bruno Munari renouvelle la production du livre pour la jeunesse en créant des « livres objets-jeux contenant des surprises ». Peintre, sculpteur, designer, architecte, graphiste, écrivain, cinéaste, il participe à divers courants artistiques de son temps. Il intègre le mouvement Futuriste*et devient ensuite membre du mouvement Art Concret*. Parallèlement, le livre va devenir le support de ses créations artistiques. Il s’intéresse au livre en tant qu’objet et pas uniquement au récit. Il aime créer des effets de surprise en utilisant des systèmes simples (pliage, découpage, transparents, images à volets. Ex : Dans la nuit noire)). Pour l’artiste, la surprise permet de créer un lien affectif antre’ le livre et l’enfant/ « Une surprise trouvée dans un livre quand on est tout petit conduit à la rechercher toute sa vie dans les livres ». Il est aussi le concepteur d’une série d’ouvrages appelés les « prélivres ». « Ils sont conçus pour s’adapter à des petites mains, les couleurs différentes et peu communes se conjuguant avec les matériaux. Ils offrent une variété de stimulations, de sensations et d’émotions ». Il mène une réflexion très intéressante sur le contenu et la forme du livre en associant l’objet à la matière pour ainsi étonner, surprendre et ouvrir les portes d’une nouvelle dimension. Dans les années 50, la Tchécoslovaquie est à la pointe de l’innovation avec l’artiste Vojtech Kubasta (1914-1992) En 1938, il obtient son diplôme en génie civil et en architecture mais son désir de créer des projets artistiques est plus fort. En combinant ses multiples talents en architecture, arts graphiques, théâtre de marionnettes, l’illustrateur crée plus de 120 livres pop-up. Il est l’auteur d’une série célèbre, les « Tip et Top » (Tip Top et les bateaux, Tip Top et les avions, Tip Top dans la forêt…) deux personnages drôles et décalés qui nous font voyager dans un monde naïf et tendre… Il crée aussi de fabuleux décors dans un format A3 qui se déploient sur une double page comme le bateau de Christophe Colomb… Kveta Pacovska (1928) Elle entreprend des études à l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Prague et se confronte à l’avant-garde européenne. Elle dessine, peint et crée des collages par lesquels elle expérimente le lien entre texte et image. Son coup de crayon est d’une grande originalité. Les couleurs omniprésentes stimulent l’imagination des lecteurs et l’abstraction de ses dessins apporte aux livres d’enfants un aspect graphique et artistique. « J’ai fait quelques livres, une série, que j’appelle les livres « à toucher ». Ce qui me semble important, ce n’est pas seulement ce que vous voyez avec vos yeux, mais aussi ce que vous pouvez sentir, la forme d’un chiffre ou d’une lettre c’est de pouvoir utiliser, si possible, les cinq sens […] » Années 1970 naissance du POP-UP moderne L’éditeur américain Waldo Hunt fonde la maison d’édition Intervisual Communication. Il produit des centaines de livres Pop-Up pour des maisons d’éditions américaines, françaises, anglaises et japonaises. Le plus grand succès de la maison d’édition (1979) est le livre de Jan Pienkowski, Maison hantée, le pop-up le plus vendu dans le monde jusqu’à ces dernières années, qui combine tous les systèmes, , y compris sonore. Citons un japonais Katsumi Komagata (1953) Graphiste, il fait ses classes dans l’atelier du grand affichiste Kazumasa Nagaï au Japon et participe à la création d’identités visuelles dans le domaine de la mode. Il se familiarise avec l’univers de Bruno Munari, Leo Lionni et Tana Hoban dont il découvre les livres alors qu’il travaille aux Etats-Unis. A son retour à Tokyo, il invente pour sa fille des cartes visuelles qui deviendront la série « Little eyes » que publie Kaishei-Sha. Il crée sa propre agence « One Stroke » qui publie près de 25 titres. « Little eyes » . Elle est composée de 4 séries réalisées entre 1990 et 1993 : "Voir, sentir, jouer" où le regard du bébé devient uploads/Litterature/ exposition-le-livre-dans-tous-ses-etats 1 .pdf

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