1 DE LA MYTHOLOGIE CLASSIQUE AUX MYTHES LITTERAIRES ___________________________

1 DE LA MYTHOLOGIE CLASSIQUE AUX MYTHES LITTERAIRES ______________________________________________________________________________________________ Plan  Introduction I. Lien entre le Mythe et la Littérature II. Le Mythe littéraire 1. Définitions 2. Origines, représentations et réécritures au fil des époques III. Catégories principales du Mythe littéraire  Conclusion ________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________________  Introduction Si le terme « mythe », en son sens général est apparu au 19è siècle, le «mythe littéraire» n’est sur les devants de la scène qu’à partir du début du 20è siècle. Et bien que nous n’ayons par une date exacte de cette nouvelle notion, nous savons que c’est grâce aux influences des philosophes tels que Nietzsche et Schelling, des psychanalystes comme Freud et Jung, de la mythologie comparée que l’on doit à Adalbert Kuhn, aux frères Grimm et à Max Müller que la notion du « mythe littéraire » prit forme. Nous aborderons, tout d’abord le rapport étroit qui existe entre le mythe et la littérature. Ensuite, nous expliquerons ce qu’est un « mythe littéraire ». Enfin, nous verrons comment la figure du mythe a été utilisée dans les textes littéraires avant d’en venir à citer les catégories du « mythe littéraire ». I. Lien entre le Mythe et la Littérature A mi-chemin entre le merveilleux qui fascine et le sacré qu’on accepte pour « vrai », le mythe permet à l’imagination de répondre à la question des origines mais également de répondre aux diverses questionnements liés à l’Homme ; ses préoccupations, ses buts etc. En conséquence, depuis l’Antiquité, l’inspiration littéraire (poétique) a continuellement conditionné l’être humain à créer. Cette action s'expliquerait par le pouvoir de la poésie qui de pousse le récepteur à interpréter les choses. Ainsi, présente-t-elle, par la beauté du rythme et du vers, une réalité similaire à notre univers mais teintée de représentations fictives. C’est cette même fiction (fruit d’une création poétique) qui donna naissance à ce que les grecs avaient nommé « muthos » et ce que les français ont intitulé « mythe » dès le 19è siècle. Ainsi, malgré que les poètes tels Hésiode et Homère, aient reconstitué, dans leurs ouvrages, des récits fictifs et difficiles à croire, ils ont pu non seulement mettre par écrit des croyances dites « sacrées » mais ils on aussi transmis un message important : « aucune idée ne peut être reçue si elle n’obéit pas à des règles esthétiques ». De ce fait, toute création littéraire, bien qu’elle soit la vision personnelle d'un créateur, permet à tout être de s’enrichir et satisfait son envie de connaitre son Univers. Dans ce sens, la notion du « mythe » ne peut point être dissociée de la littérature bien que cette dernière ne reprenne pas en totalité les aspects du mythe. En effet, Si Hésiode et Homère se sont concentrés sur le récit mythique en mettant l’accent sur plusieurs personnages, sur des situations considérées comme sacrées, la littérature, reprend que certains aspects du mythe qu’elle modifie avec une grande liberté. Autrement dit, la littérature ne calque pas mais sélectionne certains aspects et des personnages bien spécifiques. Ainsi, elle ne reste pas fidèle au texte initial mais utilise le modèle connu de tous afin d’en faire des nouvelles versions. Notons que les reprises littéraires s’inspirent de tous les textes considérés comme sacrés de tout genre ; les récits gréco-romains, les Livres monothéistes telle que La Bible. Toutefois, il faut veiller à ne pas considérer les textes littéraires comme étant des écrits « sacrés » dans le sens théologique. En dehors des reprises de la mythologie biblique et gréco-romaine, plusieurs récits et fables du Moyen-Âge ainsi que ceux des 16ème, 17, 18 et 19ème siècles se sont transformés en mythe à partir du 20ème siècle. Cours n°6 « Les grands mythes » Jeudi 8 novembre 2017 Faculté des Lettres et des Sciences Humaines d’Ain Chok - Casablanca- ------------------------------------------- Pr. Fellahi Salma 2 II. Le mythe littéraire 1. Définitions L’expression « mythe littéraire » n’est apparu que tardivement. En effet, on en parle qu’au début du 20è siècle ; le mythe littéraire renvoie à tout mythe ayant pour origine un récit soit :  antique polythéiste (gréco-romain, égyptien, babylonien, germanique, etc), et biblique,  culturel et moderne (les nouveaux mythes liés au Moyen-âge jusqu’au 19ème siècle),  contemporain (propres à l’époque de l’écriture, à la notre). Mais afin de pouvoir parler de « mythe littéraire », un élément est important ; la survie et la reprise d’un mythe bien spécifique dans plusieurs créations littéraires (roman, poésie, théâtre). Autrement dit, nous ne pouvons parler de « mythe littéraire » que si un personnage/une situation sont repris par plusieurs auteurs à travers des siècles et dans des contextes différents. De ce fait, « le mythe littéraire » est un mythe qui a été repris plusieurs fois par la littérature et l’Art. En effet, l’œuvre littéraire en abordant le mythe ancien, le réécrit pour lui donner une nouvelle dimension liée à l’époque de la rédaction. Conséquemment, le récit collectif et oral considéré jadis comme « sacré » est désacralisé : le mythe devient l’objet d’un nouveau récit individuel. Cela veut dire que le « mythe littéraire » n’est guère un récit auquel « l’on croit », mais un récit sur lequel il faut s’interroger. Il n’est donc pas étonnant que les écrivains s’inspirent aussi bien d’un mythe antique/classique (mythologie gréco-romain/ biblique) ou ancien (nouveaux mythes liés au Moyen-Âge) et l’élargit et le réinterprète. En somme, la notion du mythe est inséparable de la littérature: les mythes inspirent la littérature, alors que la littérature les fait vivre en les renouvelant. 2. Origines, représentations et réécritures au fil des époques Alors que l’Antiquité avait opposé deux modes de pensée contradictoires, l’un voué à la célébration des panthéons gréco-romains, l’autre exigeant la reconnaissance d’un seul Dieu (monothéisme), le Moyen Âge mêle les deux univers dans un mélange inaccoutumé. La décoration des cathédrales associe de manière étrange les figures de la Bible et les dieux grecs tels Apollon, Aphrodite, Eros ou Zeus. Les auteurs médiévaux usent d’expressions où émergent les références chrétiennes. François Villon nomme par exemple la vierge Marie « haute déesse ». Dans cette perspective, la mythologie est vue soit comme étant une superstition populaire qui associe au Dieu de la Bible une infinité de divinités secondaires, comparables aux anges, aux fées ou aux lutins, soit comme étant une mythologie perdurable parce qu’elle est vidée de sons sens, et n’est plus qu’une manière de parler. La Renaissance (16ème), en retrouvant les sources de l’Antiquité, éclaire un héritage d’un jour nouveau. Les mythes recouvrent alors leur consistance narrative et leur vigueur originelle, et pour ainsi dire leur caractère durable et stable. Pendant le Grand siècle (17ème) le règne de Louis XIV laisse apparaitre l’image d’un roi soleil dont la lumière commence à s’atténuer ; l’image apollonienne n’est pas la bienvenue. En effet, Louis XIV qui prétendait baigner dans la lumière est un mythe qui nous rappelle un Jules César dont la famille se ventait de descendre de Vénus). En France, des poètes de la cour comparaient Henri III ou Charles IX à Hercule. Mais ces assimilations ne sont que des renvois symboliques qui ne reprennent pas le mythe antique mais l’évoquent uniquement. Ce Grand siècle marque toutefois un fait important : l’église se concentre sur le merveilleux chrétien et rejette toute mythologie gréco-romaine ou autre. Il s’agit de la querelle des anciens et des modernes qui lance une réflexion sur les vertus /les limites de la mythologie. Ceci engendrera des pièces parodiques comme Virgile travesti (1648) de Scarron ou des pièces classiques comme Oedipe de Corneille (1659). Cette contestation place le mythe au cœur d’une polémique et donne naissance, au Siècle des Lumières (18ème) au rejet de tout ce qui est « mythe ». Les philosophes, épris de raison, s’indignent alors devant l’irrationalité des fables et des légendes et se basent essentiellement sur l’analyse et la rationalité. Toutefois, le 18ème siècle, même en démystifiant les croyances anciennes en aussi tiré bénéfice en les représentant notamment en peinture ou dans les parodies tel que dans qu’Homère travesti (1716) de Marivaux. Ajoutons que le Siècle des Lumières avait eu un goût prononcé pour les mythes orientaux (Découverte des Mille et une nuits dû à la traduction en français - 1704/1717- d’Antoine Galland) et la vie des sauvageons (Les cannibales -1595- écrit par Montaigne qui considérait le sauvage comme étant bon et sage : Le mythe du bon sauvage). Le romantisme (19ème siècle) s’attacha, quant à lui, à l’univers médiéval en l’enrichissant d’une attention nouvelle des légendes locales. 3 Ainsi, le début du siècle met notamment en exergue les cycles héroïques des légendes (Faust) et les récits des siècles précédents (Don Juan, Don Quichotte). Aussi, l’épanouissent du romantisme ouvre aux légendes ou au réel les portes du mythe. Dans la Légende des Siècles, par exemple, Victor Hugo embrasse dans un même souffle épique le monde biblique, les exploits homériques et les combats de Charlemagne1. Dans la Belle Hélène (1864), la guerre de Troie se réduit aux propositions d’une comédie de salon où l’adultère est excusé uploads/Litterature/ fellahi-salma-de-la-mythologie-classique 1 .pdf

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