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RÉFÉRENTIEL DE NAISSANCE APPLIQUÉ À LA GÉNÉALOGIE ET AUX PROCESSUS TRANSGÉNÉRAT

RÉFÉRENTIEL DE NAISSANCE APPLIQUÉ À LA GÉNÉALOGIE ET AUX PROCESSUS TRANSGÉNÉRATIONNELS GUIDE PRATIQUE N° 3 Georges Colleuil Préambule De la rupture à la reliance On est loin aujourd’hui des années soixante-dix claironnant le « Famille, je vous hais ! » d’André Gide, fondement de toute une génération caractérisée par les conflits et le rejet de l’entité familiale. Une bascule s’est produite dans les années quatre-vingt-dix durant lesquelles un courant réhabilitant la structure familiale met au goût du jour thérapie familiale et décodage de l’arbre généalogique. Freud disait : « La généalogie est la psychanalyse des pauvres. » Ce qui n’était pas forcément péjoratif car autant pensait-il au début que la psychanalyse s’adressait à une élite intellectuelle et financière, autant est-il revenu sur ce principe et a-t-il souhaité que la psychanalyse s’adresse au plus grand nombre, et notamment aux personnes les plus pauvres. Aujourd’hui on est plus proche d’un « Famille, je vous aime », ferment des thérapies systémiques qui se sont développées à partir des années 1980-1990 : constellation familiale, généalogie thérapeutique et autres approches dans lesquelles on travaille essentiellement sur le principe d’interaction entre le MOI et le NOUS. Cet ouvrage est le troisième volet d’un triptyque composé d’un premier ouvrage consacré au Référentiel de Naissance proprement dit, un deuxième volume consacré aux Référentiels d’alliance et celui-ci consacré aux Référentiels généalogiques et collectifs. 9 RÉFÉRENTIEL DE NAISSANCE 10 Ces trois Guides pratiques constituent un résumé de mon livre Le Référentiel de Naissance – Tarot l’île au trésor. Les deux derniers Guides pratiques sur les Référentiels d’alliance et généalogiques apportent néanmoins des précisions supplémentaires absentes de l’ouvrage de référence. La connaissance des bases du Référentiel de Naissance est nécessaire à la compréhension fluide de cet ouvrage. Toutefois, pour ne pas priver de nouveaux lecteurs de l’intérêt de cette étude, j’ai décidé de reproduire au chapitre 4 un résumé expliquant ce qu’est un Référentiel de Naissance et comment on le calcule. Le lecteur qui ne connaît pas du tout le Référentiel aura intérêt à lire ce chapitre en premier, les autres pourront s’en dispenser. I La mythologie, une histoire de famille L’étude des grands récits mythologiques, que ce soit dans la culture grecque, égyptienne, indienne, etc., nous conduit toujours vers ce constat d’ignorance : quelle est l’origine du monde et des êtres ? Si on sait peu de chose sur l’origine des mythes eux-mêmes, les mythes en revanche sont bavards sur l’origine de tout ce qui existe. Aujourd’hui, nous n’avons plus besoin de mythologie pour expliquer pourquoi il y a de l’orage – non ce n’est pas Zeus qui est en colère –, nous avons des explications dites « scientifiques ». Mais l’intérêt du mythe réside en cela qu’il constitue une métaphore très pertinente de l’origine de nos pulsions inconscientes. Pour le coup, le mythe ne nous livre plus l’origine des choses mais nous conduit vers la connaissance et la fine compréhension de ce que nous sommes en profondeur et que nous ignorons. Comme le disait en substance en son temps Paul Diel, les combats, les alliances qui se jouent dans les histoires mythologiques sont des projections des conflits inconscients qui se jouent à l’intérieur de nous. Ainsi, comme chacun le sait, le mythe d’Œdipe a offert à Freud un matériau et une métaphore exceptionnels pour lui permettre d’expliquer la construction du psychisme et du désir dans l’inconscient de l’enfant de 0 à 6 ans. Tout le monde connaît le complexe d’Œdipe mais nous sommes bien moins nombreux à connaître le complexe d’Électre, qui a évoqué un temps le fantasme du meurtre de la 11 RÉFÉRENTIEL DE NAISSANCE 12 mère, notamment chez les jungiens, les complexes d’Héraclès ou de Thésée sur le besoin de reconnaissance, les complexes d’Antigone, de Dionysos ou de Persée. On peut faire correspondre à chaque mythe une métaphore de la condition humaine. Tout est question d’ouverture d’esprit, de capacité à se projeter et à identifier avec précision ce qui se joue exactement dans la dévoration d’un enfant par son père (mythe de Cronos), dans l’orgie meurtrière (mythe d’Héraclès), dans les tromperies sans fin qui émaillent la vie des dieux et des héros, dans l’inceste permanent, la violence infinie, l’infanticide, le cannibalisme et plus si affinités. N’oublions pas non plus la modernité et l’actualité de nombreux actes tels que l’enlèvement de jeunes filles dans certaines régions d’Afrique ou du Moyen-Orient, histoires déjà largement relatées dans des légendes ancestrales telles que l’enlèvement des Sabines par exemple. L’histoire des dieux et des héros revient essentiellement à l’histoire de leur origine et de leur transmission. Cela m’amène à réfléchir sur la notion d’héritage et de testament. J’ai pu constater que ces deux notions sont relativement permanentes dans les récits mythiques. Notamment en ce qui concerne le pouvoir. Que fait-on du pouvoir ? Si on veut le garder pour soi, et en priver ses héritiers, on est sûr de le perdre. L’exemple est aussi clair chez Ouranos que chez Cronos dans la mythologie grecque. Zeus brisera cette malédiction en partageant le pouvoir avec ses frères, ses sœurs et ses enfants. La meilleure façon de garder le pouvoir reste encore d’accepter de le partager. Il est curieux d’observer les différences de relation existant entre les dieux, les héros et la notion de testament : que reçoivent-ils ? Que transmettent-ils ? 13 LA MYTHOLOGIE, UNE HISTOIRE DE FAMILLE Le mythe de Persée est à cet égard très intéressant : D’abord parce qu’il constitue le fondement même de l’esprit de chevalerie tel qu’il va se développer dans tout l’Occident chrétien pendant des siècles, notamment avec saint Georges, pourfendeur de dragons. Ensuite parce qu’il est une illustration assez étonnante de deux grandes problématiques psychologiques auxquelles on est souvent confronté dans le travail thérapeutique, et pour lesquelles on manque cruellement d’outils : 1 - la problématique qui met en scène un enfant et un de ses grands-parents, à savoir comment se gère la transmission en sautant une génération ; 2 - puis une sorte d’Œdipe symétrique où ce n’est plus le père qui interdit la fusion entre l’enfant et sa mère, mais l’enfant qui interdit la fusion entre sa mère et un prétendant lorsque le père est absent. Cette histoire commence bien avant la naissance de Persée. Acrisios et Proétos sont frères jumeaux. Ils se détestaient tellement qu’ils se disputaient déjà dans le ventre de leur mère1. Acrisios, roi d’Argos, avait une fille du nom de Danaé. Perturbé de ne pas avoir de garçons, il consulta l’oracle de Delphes qui lui annonça qu’il mourrait de la main de son petit-fils. Effaré par l’oracle, il décida alors d’enfermer Danaé dans une tour inaccessible pour empêcher quiconque de s’en approcher, éloignant tout prétendant, et garantissant ainsi la virginité de sa fille. Mais la meilleure façon de subir son destin c’est encore de vouloir s’y opposer. Danaé fut fécondée par Zeus, qui, pour l’occasion, se transforma en pluie d’or et pénétra par tous les pores de la jeune femme. Elle en conçut un fils, Persée. 1. Au contraire d’Isis et Osiris qui s’aimaient tellement qu’ils faisaient déjà l’amour dans le ventre de leur mère. RÉFÉRENTIEL DE NAISSANCE 14 Acrisios hésita à tuer l’enfant et sa mère par crainte de la vengeance des dieux, alors il les expulsa du royaume en les enfermant dans un coffre qu’il jeta dans la mer. Le courant les amena jusqu’à l’île de Sérifos où ils furent recueillis par un pêcheur et conduits auprès du roi Polydectès qui régnait sur l’île. À l’instar de Moïse – ô la force de l’inconscient collectif – Persée, sauvé des eaux, fut élevé dans la famille royale. Au fil des années, les avances du roi Polydectès pour Danaé furent de plus en plus pressantes. Elle se refusait à lui mais subissait un harcèlement violent. Persée, enfant, puis adolescent, se dressait régulièrement contre le roi pour protéger sa mère. Celui-ci usa d’un stratagème pour se débarrasser de l’enfant. Au cours d’une cérémonie où il simula son mariage avec Hippodamie, il demanda à tous les membres de sa cour de lui offrir un cheval. Persée qui n’avait pas les moyens d’acheter un cheval lui proposa dans un accès d’orgueil de lui ramener la tête de Méduse, la Gorgone qui transformait en pierre tout être qui la regardait. Persée partit à la recherche de Méduse, avec l’aide d’Athéna qui le protégea et le conseilla. Il réussit à s’approcher de la Gorgone en reculant et en lui tendant le bouclier que la déesse lui avait confié. Lorsque Méduse se vit dans le reflet du bouclier, elle se pétrifia elle-même, Persée put ainsi lui couper la tête. Il attacha la tête de Méduse sur son bouclier qui devint alors une arme redoutable. C’est ainsi qu’à son retour il réussit à se débarrasser de Polydectès et sauva sa mère de ses griffes. Il sauva également Andromède de la mort, l’épousa et partit avec elle et Danaé pour rejoindre Argos. Apprenant le retour de sa fille et de son petit-fils, Acrisios s’éloigna le plus loin possible du royaume d’Argos, inquiet de voir l’oracle se réaliser, uploads/Litterature/ ghid-practic-3-franceza-georges-couleuil.pdf