HYMNE DES SEPT SERMENTS: Texte sacré Peul du Ferlo Traduction et Commentaires:
HYMNE DES SEPT SERMENTS: Texte sacré Peul du Ferlo Traduction et Commentaires: Amadou Sadio DIA Introduction: Par ce texte qui laisse deviner une poignante résonance religieuse et éthique avouée, nous nous proposons de livrer au public francophone de la diaspora une tentative possible de traduction et de commentaires qui se veulent, avant tout, didactiques. En effet, nous pensons notamment à la jeune génération montante francophone et surtout d'origine Peul à qui nous livrons les deux versions en Pulaar et en Français, assorties de commentaires interprétatifs et explicatifs. Il s'agit d'un exemple d'hymne religieux très ancien dont des fragments ont été recueillis par le regretté grand intellectuel Yero Doro Diallo auprès des groupes de lignages Peul du Ferlo oriental qui ont su préserver certaines des plus belles pages de la littérature sacrée Peul. La possibilité de recueillir et de transcrire en graphie arabe ou latine et de traduire ces chef-d'œuvres permet un heureux passage de l'oralité à la littérature, rendant ainsi ces deux canaux complémentaires. Fixer un texte oral par l'écrit, c'est aussi une autre façon de créer ou de recréer. Toujours est-il que la gageure est de taille: il est difficile de rendre, par la traduction, toute la belle facture poétique, les procédés mnémotechniques dont on sait peu de chose aujourd'hui ainsi que les gestuels codifiés qui y sont adjugés puisqu'il s'agit d'une prière, au sens fort et noble du terme. Ceci est donc un modeste coup d'essai et d'autres, mieux outillés, plus inspirés et plus adroits, sauront mieux en faire un coup de maître, avec plus de vigueur et de rigueur. Mais il faut bien enclencher l'initiative. Ce texte est loin d'être complet car seuls les initiés en possèdent le corps entier avec toutes les qualités morales, les capacités intellectuelles et les dons artistiques requis que cela nécessite. Ceci est d'autant plus vrai quand on se promène dans une des cultures les plus anciennes et les plus profondes du continent africain. Alors, ces débris ne constituent que quelques pages de l'immense édifice qu'est l'incommensurable bibliothèque Peul. Aussi, c'est une revendication de programme de continuer sur cette lancée: de recherche et de diffusion de la mémoire collective Peul dans ce qu'elle a de mieux à offrir à l'humanité; la voie comme la voix de la vie pastorale qui, par elle-même, est une œuvre d'art et de religion. Alors le Peul du Ferlo ne se sera pas lui-même oublié comme le monde n'aura pas laissé le Peul sombrer dans l'oubli. Par un exemple précis que voilà, ce texte dit Konngol (Konngi, au pluriel),véritable hymne à l'économie de la nature, au divin et à l'humain, révèle, avec bonheur surprenant ce que cachent le signe, le symbole et le sens profonds des expressions du banal quotidien tel: 'Harameeji-am jeeɗiɗi'. Toutes ces catégories d' interjections de joie ou de peine, de boutade, de confessions négatives ou positives et des professions de foi dites 'paroles mineures 'Haala tookosa' ont, toutes, une historicité. Il y en a autant que les jours et nuits, disent les Peul mais seules les grandes personnes, au sens spirituel du terme, peuvent en retracer l'histoire et dénouer l'ésotérique qui relève de la 'grande parole' 'Haala mawka'. Le texte 'Konngol' est la trame historique et topologique à fonction artistique, rituelle et éthique et contient le clair et l'obscur du 'Haala tokosa' au quotidien. Nous traduirons donc le titre de ce texte par : 'Konngol Harameeji Jeeɗiɗi' = 'Hymne des Sept Serments'. D'aucuns seront tentés, à tort ou à raison, de relier ce texte, par exemple, aux dits 'Dix Commandements' des religions révélées, ou bien au 'Livre des Confessions Négatives dit Livre des Morts' de l'Égypte ancienne ou bien encore aux Ramaya ou Purana de l'Inde ancienne. Bien que toute analogie ait de l'intérêt, des raccourcis déductifs trop simplistes commandent à la prudence car il faut d'irréfutables preuves historiques et anthropologiques. Il n'y a pas deux expériences de civilisation absolument identiques ou bien totalement différentes si l'on considère les logiques de chronologie et de cartographie réelle des cadres géographiques concrets de la genèse puis de l'évolution de la culture Peul. Si les sept serments de l'hymne peuvent être considérés comme universels, c'est leur combinaison spécifique qui en fait un ensemble originel et original dans la singularité du contenu comme de l'expression propre à la vision éthique et esthétique Peul. Il n'y va pas autrement car c 'est la la combinaison des notes de musique qui en fait la singularité du rythme,de l'harmonie ou de mélodie reconnaissable. Donc les sept serments sont un tout comme mouvement d'ensemble pour former un Konngol. D'autres Konngi relatifs aux normes éthiques auxquelles les Peul attachent un inestimable prix, telles: la pudeur physique,morale et intellectuelle;l e sens inné de l'honneur; l'esprit de contenance et de resserve;la patience face aux doutes et erreurs de la vie sociale; existent vraisemblablement. Il y a une logique de revendication dans d'exhumation de ce patrimoine et de sa réédition, face aux exigences du présent et de l'avenir. Ce Konngol est récité devant une statuette en or en forme de bovidé, pour saluer lever du soleil, face à l'Est, avec les rites gestuels précis, dans la stricte discipline des sens ainsi que la pureté corporelle et mentale requise. Saluer, c'est plus qu'un simple geste ou parole de politesse: c'est une adoration du divin omniprésent et éternel par l'entremise de tous les éléments de l'univers y compris l'humain. Dans la vision Peul,la salutation est un acte d' adoration de son créateur en passant par son semblable humain ou bien par un astre. Saluer, c'est le condensé de l'attitude de savoir-vivre et de savoir-être Peul face aux lois de la nature et de la société. Qualifier ce texte-Konngol de 'pré-islamique' relève d'une convention et de convenance dont l'intérêt relève de codification chronologique et de prédisposition idéologique. Ce qui serait vrai mais combien réducteur. Ce sont plutôt le contenu théologique, le sens éthique et l'utilité pratique du texte qui comptent. Le débat ne se poserait pas car l'expérience culturelle Peul a eu et aura à partager un tronc commun de la première religion monothéiste primordiale depuis la période Rama-Kush ...avec ses dérivées dans les variantes ultérieures des religions révélées. Une fois convenu qu'il n'y a qu'une seule religion monothéiste universelle primordiale avec ses diverses manifestations et expressions selon des expériences spécifiques sans lesquelles on ne pourrait de parler langue ou de culture, encore moins de ses produits telle la littérature ou l'oralité. Le Konngol, le Taalol (Taali,au pluriel) qui se définit comme bréviaire d'initiation à l'art de vie pastorale, au savoir et au pouvoir politique ainsi que le Fantaŋ qui se comprend comme poème mythique sous forme d'ode bucolique dont la préoccupation populaire n'aura privilégié que le support musical instrumental par le classique air du même nom,ainsi que le Cefol (Cefi,au pluriel) incantation magique comme connaissance de volonté mobilisant les lois physiques,biologiques selon les règles de correspondance cosmique,relèvent de la littérature et de l'oralité sacrées Peul. La musique du Fantaŋ inspire celui qui en joue et les paroles déclamées engagent ceux qui l'écoutent et comprennent la portée et l'enjeu du message. Ces genres sont habillés par la parole sacrée qui, disent les Peul, est divinement exacte; il convient donc d'être exact avec elle. Le Tinndol (Tinndi, au pluriel)se peut traduire par conte, le Daarol (Daari, au pluriel) roman historique sous forme épique et tragédique ainsi que le Leele (Leeleji,au pluriel) qui se compose en poème romantique de libre inspiration pour le loisir et le plaisir, peuvent se simplifier au niveau de littérature ou oralité profane tout en conservant un tréfonds sacré. Il en est de même pour les Konnguɗi qui peuvent se comprendre par paroles libres sous forme de dicton, proverbe, déclaration d'attitude ou d'intention. Les Konngi relèvent du sacré alors que les Konnguɗi sont profanes sans pour autant être démunis du sérieux. Tous ces genres se regroupent sous le générique Coñce (littérature et oralité) qui est une intersection entre le nyenyal (l'art) et le nyeenyal (la sagesse) et qui se résume par le culte de la beauté au sens propre comme au sens symbolique. Tous ces genres reflètent les profondeurs de la vision du monde, le cadres normatifs et les échelles de valeur de la tradition Peul. Souhaitons et osons espérer que cette contribution, ô combien modeste, saura interpeller nos enfants à davantage d'ambition d'explorer, avec courage et méthode, d'autres pans inestimables de cet héritage culturel que nous ont légué nos ancêtres et que nous transmettrons à nos descendants. Konngol Harameeji*¹ Jeeɗiɗi*² 1. Buuɗal yurmeende*3 2. ƴellitiingal e innde Geno*4 3. Yo jam nyallu haa to ciinyciiɗe-ma kaaɗi. 4. Ɓesngu ina e wuro, jawdi ina sarii e ladde harimaaji*5 5. Yo yiitere-ma reen*6 6. Kala ko njeyɗa*7 min coottirii*8 ɗum 7. Biigi*9 baggi, gay dimaaɗi*10 e ƴiiƴam sagataaɓe *11. 8. Minen ɓiɓɓe Fulɓe*12 min ngoondanii-ma *13 9. Harameeji jeeɗiɗi ɗi min pirtataa : 10. Goo: min ngujjataa *14! 11. Ɗiɗi: min penataa *15! 12. Tati: min kulataa *16! 13. Nay: min njanfotaako *17! 14. Joy: min taƴataa ennɗam*18! 15. Jeegom : min pirtataa aadi *19! 16. Jeeɗiɗi: uploads/Litterature/ kongol-l-x27-hymne-des-sept-serments.pdf
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- Publié le Mai 17, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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