Revue d'histoire de l'Église de France Alfred Jeanroy. Le théâtre religieux en
Revue d'histoire de l'Église de France Alfred Jeanroy. Le théâtre religieux en France du XIe au XIIIe siècle. Introduction et traduction Citer ce document / Cite this document : Alfred Jeanroy. Le théâtre religieux en France du XIe au XIIIe siècle. Introduction et traduction. In: Revue d'histoire de l'Église de France, tome 12, n°56, 1926. pp. 347-348; http://www.persee.fr/doc/rhef_0300-9505_1926_num_12_56_2401_t1_0347_0000_2 Document généré le 27/05/2016 BULLETIN CRITIQUE 34? fût prêté davantage aux recherches, si l'on ne s'était pas contenté d'y ranger les noms de lieu sous leur forme ancienne. Victor Carrière. A. Jeanroy. — Le Théâtre religieux en France du XI" au XIIIe siècle. Introduction et traduction. — Paris, E. de Boccard, 1924. Petit in-8° carré de xxx-160 pages. Dans1 les « Poèmes et récits de la vieille France », l'une des trois collections qud mettent aujourd'hui à la portée dlu public les trésors de notre ancienne littérature, M. Alfred Jeanroy nous donne un choix des iscènes1 l'es plus caractéristiques du théâtre médiéval en une traduction dont sa seience philologique nous garantit déjà la fidélité. Pour la première fois, dans un recueil de ce genre» est accordée à l'office dramatisé ou au drame liturgique la place auquel il a droit, puisqu'il est seul à représenter, révérence parler, l'art du théâtre, au xie et au xiie siècle. C'est pourquoi d'ailleurs il n'est peut être pas suffisant de lui attribuer avec l'éditeur une portée exclusivement didactique. Pour expliquer cet extraordinaire développement de la liturgie, il faut tenir compte de l'instinct dramatique, du sens littéraire dont certains clercs pouvaient être doués, de la tendance symbolique se manifestant dès le ixe siècle, chez un Amalarius par exemple, lequel voit dans les sous-diacres les femmes assistant Jésus au pied de la croix et, dans le calice, l'image du sépulcre. Il faut invoquer encore, surtout en ce qui concerne les bruyants offices de Noël, depuis la Saint-Nicolas, qui se fête le 6 décembre, jusqu'à ceux, plus joyeux encore de l'Epiphanie, la survivance de fêtes et solennités païennes, dont l'Eglise, moins par habileté sans doute que par nécessité, a absorbé et sanctifié les usages, car rien n'est plus difficile que de déraciner les rites, soit qu'ils aient aux yeux du peuple une valeur propitiatoire, soit que, simplement, ils servent à ses divertissements. Il convient de souligner dans ce domaine, comme dans les autres parties de la littérature,, poésie lyrique ou poésie narrative, le rôle initiateur et inventif de notre pays. C'est à l'imitation des églises de France et en particulier des Bénédictins de Fleury-sur- Loire, véritable centre littéraire, que Ethelwold, entre 965 et 975, introduit dans sa Regularis Concordia un Office du Sépulcre. Que l'on songe à l'ogive, que l'on songe au Graal, que l'on pense à la Croisade, partie de Cluny, Clermont et Clairvaux, que l'on pense aux ordres religieux militaires imités du Temple, au commencement il y a la France. Cela est (plus évident encore lorsque celle-ci abandonne, dans ce primitif art scénique, le latin de l'Eglise pour le parler du vulgaire1, à l'exception des rubriques qui, elites, restent plus longtemps 348 REVtJE d'histoire de l'église de prance fidèles à la langue du rituel. Ce sont d'abord des refrains en français comme chez Hilaire (première moitié du xne siècle) ou dans le Mystère de la Résurrection de Tours auquel il aurait fallu faire une place, puist la traduction de couplets entiers, comme dans ^émouvant Sponsus, qu'on nous donne ici en entier, jusqu'à ce que, mais à la fin du xne seulement, il ne subsiste plus en latin que les didascalies et les répons; ainsi du Jeu d'Adam. L'invasion progressive de l'élément profané se manifeste encore sur deux points : la mise en scène et le comique. Celle-là s'étale dans les splendeurs du Paradis terrestre et les grotesques horreurs de l'Enfer, érigés1 sous le porche (je le maintiens!, malgré l'opinion contraire de M. A. Jeanroy, car comment expliquer autrement que «. Figura » se retire in Ecclesiam ?). Le décor est bien plus développé encore dans lie Mystère de la Résurrection, localisé par l'édi-. teur pour la première fois dans le Centre de la France et dont le curieux prologue, fournit une description des divers: lius ou mansions, où se transportera l'action. Quant au comique qui n'est point absent, notons-le, du drame liturgique lui-même (je songe par exemple aux boniments du marchand de parfums et d'onguents, dans l'office de Tours), il a sa place dans les scènes de séduction, dans les « trucs » et dans les grimaces des diable» du Jeu d'Adam, mais il devient surtout envahissant, à la fin du xne siècle, toujours, sousi l'influence de l'esprit bourgeois dans le Saint-Nicolas de Jean Bodel et, plus tard, au milieu du siècle suivant, dans le Miracle de Théophile de Rutebuef . Le drame cesse d'être anonyme et « catholique » au. sens étymologique du mot, nous approchons de l'exubérante production cyclique des xive, xve et xvie siècle, à laquelle M. Jeanroy se propose de consacrer un nouveau volume de la collection qu'il dirige avec autant de goût que de compétence. Il ne sera pas moins1 bien accueilli! que celui-ci1. Gustave Cohen. 1. Voidi quelques .observations de détail. Paige vi, n. I, medieval, 1. : mediaeval; page xx, n. 1, Mis. 178 d'Orléans, la cote actuelle est : 2Q1. — Pages 1 et 7, plour les drames de Rouen, il eût mieux valu citer Ga&té et particulilèremenit K. Younig, dont osi trouvera les travaux énumérés aux pages iv et v de la (nouvelle édition de mom Histoire de La Mise en scène dans le Théâtre religieux français du Moyen Age (Paris, Champion, 1926, in-8°) ; à la ,pa;ge 11, il; aurait fallu .ci ten lie itexte de Bilsen; à la page 14, celui qu'ont publié W. Fôrster et Koschlwitz, dans la 4e édition de leur Altfranzoesisches Uebungsbuch, 1911, pp. 9*1 et s. — Enfin, quelques additions bibliographiques, dues surtout au retard involontaire apporté à ce compte rendu. (En 1925 ont paru une nouvelle édition du Jeu d'Adam, iaccompa,gnée d'une traduction par rmoin collègue M. H. Cha- mard (Paris, Colin, iin-1'2), le Jeu de Saint^Nicolas, publié par M. A. Jeanroy; le Miracle de Théophile, publié par iMimc Grace Frank, les deux ■derniers dans les « Classiques français du Moyen Age », dirigés par M. Raques, Paris, Champion, in-12; et le draime de la Résurrection par F.-Ed. Schneegans, dans lia « Bibliotheca romanica », Strasbourg, Heitz. uploads/Litterature/ gustave-cohen-rend-compte-du-livre-de-alfred-jeanroy-le-theatre-religieux-en-france-du-xie-au-xiiie.pdf
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- Publié le Jui 19, 2022
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