L’art de Maupassant est fait d’équilibre entre le récit des péripéties, les des
L’art de Maupassant est fait d’équilibre entre le récit des péripéties, les descriptions limitées et fonctionnelles, et le jeu entre discours direct / discours indirect / discours indirect libre. Il est aussi marqué par l’utilisation de phrases plutôt courtes avec une ponctuation expressive et de paragraphes eux aussi plutôt courts, voire très courts, qui donnent une mise en page aérée. La langue, quant à elle, est soutenue dans le récit et dynamique dans le discours direct, recherchant même le pittoresque en transcrivant les paroles des personnages populaires. Illustration – extrait (au dialogue abrégé) de Pierre et Jean (ch. 8) : Alors il s’étendit tout habillé sur son lit et rêvassa jusqu’au jour. Vers neuf heures il sortit pour s’assurer si l’exécution de son projet était possible. Puis, après quelques démarches et quelques visites, il se rendit à la maison de ses parents. Sa mère l’attendait enfermée dans sa chambre. (…) La voix de la bonne sortit des profondeurs du sous-sol : — V’la, M’sieu, qué qui faut? — Où est Madame ? — Madame est en haut avec M’sieu Jean ! (...) — Tiens, te voilà, toi ! Tu t’embêtes déjà dans ton logis. — Non, père, mais j’avais à causer avec maman ce matin. Jean s’avança, la main ouverte, et quand il sentit se refermer sur ses doigts l’étreinte paternelle du vieillard, une émotion bizarre et imprévue le crispa, l’émotion des séparations et des adieux sans espoir de retour. En ce qui concerne l’organisation du récit, Maupassant utilise le plus souvent une narration linéaire avec éventuellement quelques retours en arrière explicatifs limités (dans Bel-Ami par exemple). Si les romans sont classiquement à la troisième personne avec un point de vue omniscient dominant, les nouvelles présentent une grande diversité narrative qui joue avec les différentes focalisations et les différents narrateurs. On peut repérer en effet des récits à la troisième personne destinés directement au lecteur (Une partie de campagne – Aux champs - Deux amis - Mademoiselle Fifi - Boule de suif...) et des récits à la première personne dans lesquels le narrateur, témoin, acteur principal ou secondaire, raconte un souvenir présenté comme personnel (Un réveillon – Mon oncle Sosthène – Qui sait ?…). Il peut aussi s’adresser à un auditoire (collectif ou individualisé) et raconter un évènement de sa vie (Conte de Noël - Apparition - La main ...), ce qui justifie l’appellation de conte parfois utilisée par Maupassant, comme pour les récits à la première personne enchâssés dans un récit plus vaste où un personnage raconte au narrateur principal souvent quasi implicite ou en prenant la parole devant un auditoire, une histoire qui lui a été racontée précédemment (la Rempailleuse) ou à laquelle il a pris part (la Main – la Petite Roque…) ; ce récit se présentant parfois sous l’aspect d’un manuscrit (la Chevelure) ou d’une lettre (Lui ?). Ainsi la richesse des thèmes abordés, la vision personnelle du monde qui s’en dégage et la maîtrise de l’art d’écrire placent Guy de Maupassant aux premiers rangs des prosateurs 1 du XIXe siècle ; il demeure en particulier le plus marquant des auteurs de nouvelles de la littérature française. Gustave Flaubert Flaubert commence le roman en 1851 et y travaille pendant cinq ans, jusqu’en 1856. À partir d’octobre, le texte est publié dans la Revue de Paris sous la forme de feuilleton jusqu’au 15 décembre suivant. En février 1857, le gérant de la revue, Léon Laurent- Pichat, l’imprimeur et Gustave Flaubert sont jugés pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». Défendu par l’avocat Antoine Jules Sénard [1], malgré le réquisitoire du procureur Ernest Pinard, Gustave Flaubert sera finalement acquitté[2],[3]. Le roman connaîtra un important succès en librairie. Honoré de Balzac avait déjà abordé le même sujet dans la Femme de trente ans en 1831 sous forme de nouvelle-roman qui parut en 1842 dans l’édition Furne de la Comédie humaine, sans toutefois faire scandale. C'est en sa mémoire que Flaubert a sous-titré l'oeuvre moeurs de province, faisant référence à la nomenclature de la Comédie Humaine. Au début, Flaubert ne voulait pas qu'on illustre son roman avec un portrait de femme pour laisser libre cours à l'imagination du lecteur. Résumé Le mariage d’Emma et de Charles. Après avoir suivi ses études dans un lycée de province et à la faculté de Rouen, Charles Bovary s'établit à Toste comme officier de santé. Suite aux instances de sa mère, il se marie à une riche veuve. Il découvre bientôt que cette dernière est une virago et qu'elle ne possède pas autant de biens qu'elle le prétendait. Mais elle meurt quelques temps après. Lors d'une banale visite, Charles fait la rencontre d'une jeune femme, Emma Rouault, élevée dans un couvent et s'ennuyant à la ferme avec son père. Emma se laisse séduire et se marie avec lui. Marquée au fer rouge par ses lectures romantiques de jeunesse, et nourrissant une vision passionnément lyrique de l'existence, elle se prend à rêver d'une vie en adéquation avec ses aspirations naïves de jeune fille grâce à son mariage. Mais sa vie en couple dégénère rapidement pour devenir insipide et monotone. Charles, privé d'ambition, ne répond pas à ses attentes d'une vie exaltante. Arrive le bal donné au château de la Vaubyessard, qui marque une étape déterminante dans la vie d'Emma, lui laissant entrevoir les charmes tentateurs d'une vie privilégiée dont elle rêve depuis sa plus prime jeunesse. Cette soirée continuera longtemps de hanter son esprit. Désabusée par le retour brutal à la réalité, celle d'une vie étouffante et ennuyeuse qu'elle mène avec son faible mari, Emma dépérit. Pour qu'elle se rétablisse, il lui faut changer d'air. Charles décide de s'installer dans un village-bourg, proche de Rouen, Yonville- l'Abbaye, alors que Madame Bovary est enceinte. Elle fait la connaissance du pharmacien 2 Homais, archétype du notable de province bouffi d'orgueil et de Léon, un clerc de notaire dont elle éprouve le charme, mais qui part pour Rouen. Si elle se rétablit, Emma n'en reste pas moins écœurée par son mari, qui semble ne pas comprendre ses préoccupations. Elle va se laisser séduire, lors des comices agricoles, par Rodolphe, riche propriétaire terrien mais coureur de jupons impénitent. Il se lassera vite du romantisme hyperbolique de la jeune femme. C'est après être tombée malade, suite au brusque départ de Rodolphe, qu'elle revoit Léon à un spectacle. Cette deuxième liaison l'entraînera fréquemment à Rouen et l'obligera à des dépenses somptuaires. Elle contractera des dettes auprès d'un usurier, Lheureux. Menacée par une saisie de ses biens et plus seule que jamais, Emma se suicide en absorbant de l’arsenic. Charles decouvrira plus tard les lettres échangées avec ses amants. Il finit par mourir de chagrin après lui avoir toutefois pardonné. Analyse Madame Bovary recèle des aspects réalistes et des aspects romantiques comme l’œuvre de Flaubert qui oscille elle-même sans cesse de la grisaille à la couleur, de la terne réalité aux fastes de l’imagination. Il y a loin de l’Éducation sentimentale à Salammbô, de Bouvard et Pécuchet à la Tentation de saint Antoine. Mais même lorsque Flaubert entend écrire sur un sujet trivial, il renonce au réalisme pur. Qu’il n’ait pas réussi à exorciser les vieux démons de son adolescence, c’est tant mieux ! Nous avons alors sous les yeux une œuvre originale qui échappe aux règles trop étroites d’une école, d’un mouvement ou tout simplement d’une doctrine. Son roman y gagne en profondeur, en personnalité, en universalité pourrions-nous dire. Flaubert pouvait affirmer : « Ma pauvre Bovary souffre et pleure dans vingt villages de France ! », preuve qu’il ne s’agissait plus de la simple transcription réaliste de l’affaire Delamare. L’auteur des Trois contes se situe exactement à la charnière de son siècle, héritant du mal du siècle romantique, cette difficulté à vivre dans un monde borné, il annonce le spleen baudelairien et l’incapacité à s’accommoder d’une existence qui brime l’idéal. Épurant le romantisme de ses excès, il fonde une certaine impartialité dans le récit, ouvrant la voie au roman moderne fait de critique et d’échec. Accordant une grande importance à l'esthétique, Flaubert, pour qui «le style est tout», en recherchant une musicalité, un rythme, des phrases ciselées sacralise l’Art et laisse présager les magiciens du verbe qui auront nom les symbolistes. Flaubert particulièrement dans Madame Bovary reste donc un solitaire, un artiste indépendant dont l’œuvre agira à la manière d’un ferment littéraire. 3 uploads/Litterature/ gustave-flaubert 1 .pdf
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- Publié le Oct 28, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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