Marceau Gast Basagagna (Ramon) et Sayad (Ali). -Habitat traditionnel et structu
Marceau Gast Basagagna (Ramon) et Sayad (Ali). -Habitat traditionnel et structures familiales en Kabylie In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°19, 1975. pp. 198-200. Citer ce document / Cite this document : Gast Marceau. Basagagna (Ramon) et Sayad (Ali). -Habitat traditionnel et structures familiales en Kabylie. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°19, 1975. pp. 198-200. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1975_num_19_1_1325 198 COMPTES RENDUS De l'ensemble du palais beylical de Hamman-Lif, l'auteur a résumé ce qu'il a pu glaner sur son histoire. Une bonne bibliographie et d'excellentes et nombreuses photographies comp lètent ce volumineux et très riche ouvrage remarquablement édité par le C.N.R.S. L. GOLVIN Ramon BASAGAGNA et Ali SAYAD, Habitat traditionnel et structures familiales en Kabylie. Préface de Mouloud MAMMERI, Mémoires du C.R.A.P.E. XXIII, Alger, 1973, 21 x 27 cm, 160 p., 44 fig., 23 tableaux annexes. Ce livre pourrait s'intituler plus justement "Essai d'anthropologie sociale chefc les At-Yanni (Grande Kabylie)". C'est le premier ouvrage de ce genre que des chercheurs du C.R.A.P.E. publient dans un catalogue déjà très riche de sérieuses études. Ce livre sobre et modeste, sous certains aspects, se propose d'analyser les structures sociales en partant de la connaissance de l'habitat et d'une étude démographique dans l'ensemble appelé At-Yanni ou Beni-Yenni, et composé de sept villages situés sur une chaîne de montagnes de Grande Kabylie à 145 km d'Alger, totalisant 1 2 000 habitants. L'ouvrage qui comporte dix chapitres pourrait être divisé en trois grandes parties : étude de l'habitat, organisation sociale, données statistiques. La présentation de la maison kabyle ou axxam (x = kh) fait référence aux nombreuses études déjà publiées sur ce thème et en particulier celle de P. Bourdieu : "La maison kabyle ou le monde renversé" qui sera très souvent citée tout au long de l'ouvrage. Malheureusement les auteurs demeurent trop respec tueux devant ces études et ne donnent pas leur avis sur la présentation faite d'un ensemble d'oppositions un peu trop parfaites et que nous a brillamment exposé P. Bourdieu. L'un des auteurs étant lui-même originaire des At-Yanni (Ali Sayad) il eût été passionnant de le voir confronter et juger ce qu'il connaît des habitudes de son village avec ce que nous dit Bourdieu. De même l'inventaire et la description de l'habitat est un peu sec, dépouillé de cette chaleur du regard de l'ethnographe. On a l'impression que les auteurs n'ont d'observations que de seconde main et n'ont pas vu ni étudié en détail ce dont ils parlent. On ne sent pas vivre les gens dans ce décor,, on ne réalise pas leur potentiel affectif, psychique, dans la trame de leurs relations sociales. L'analyse de l'organisation sociale fait souvent référence à l'ouvrage classique de Hanoteau et Letourneux qui date de 1893. Cependant, l'on aurait aimé là encore en connaître les différences éventuelles qu'offraient les At-Yanni par rapport aux observations relevées en 1893. La société nous est présentée comme une suite concentrique d'organisations : le couple, la famille ou axxam, la descendance commune ou taxerrubt (Kharrouba en arabe. A ce sujet, je me demande si ce mot d'arabe algérien ne vient pas du terme arabe Qarâba qui désigne en Arabie la parenté avec idée de proximité, d'approche, sans aucune analogie avec la caroube et les graines dans la gousse, comme on aime à expliquer COMPTES RENDUS Kharrouba en Kabylie). Plusieurs taxerrubt forment un adrum (plur. iderma). Plusieurs iderma forment le village ou taddart. L'ensemble des villages forment V'aarche (Vâarc) ou tribu "dont le nom est celui d'un ancêtre plus mythique que réel". Le groupement ethnique étant la taqbilt. "Le village kabyle est habituel lement divisé en sof . . . les relations sociales entre les sof vont de l'hostilité déclarée à la coopération résolue" (p. 57). Dans les hiérarchies sociales on distingue au bas de l'échelle les aklan souvent négroïdes, et à l'autre extrémité les marabouts. Ceux-ci comme presque partout au Maghreb, prétendent venir de la Seguiet el Hamra. Les auteurs ne précisent pas si tous ces marabouts se disent chorfas ou simplement mrabtines (vocable issu de al mouraboutines, les Almoravides). Les termes de parenté sont présentés d'une façon très claire. Les abréviations françaises, telles qu'elles sont indiquées dans le "dictionnaire de l'ethnologie" (de M. Panoff et M. Perrin, Payot, 1973) auraient pu être utilisées à la place des abréviations anglaises. On imagine le travail qu'il reste à opérer sur ce vocabulaire : analyse sémantique, origine linguistique des expressions, influence de l'arabe sur le vocabulaire et son incidence sur les structures, etc. Les auteurs nous fournissent un précieux matériel ethnographique. Le chapitre sur "La pratique matrimoniale et les aspects juridiques" (Chap itre VIII), nous rappelle que c'est en 1749 que les Kabyles ont édicté une nouvelle loi coutumière ou qanun décidant l'exhérédation des femmes . . . "ce triomphe du vieil esprit kabyle sur la loi musulmane" (p. 91). Après une étude des mariages et dont les statistiques n'ont traité malheureusement que le village d'At-Larba, l'on arrive (p. 108) à l'apport essentiel et de loin le plus important de ce travail. Toutes les idées reçues sur la société arabe trouvent ici leur contrepied. 1) — l'endogamie (mariage entre enfants de deux frères n'existe pas) — le mariage avec la fille de l'oncle maternel (ou de la tante maternelle) est plus fréquent que le premier; 2) — la fréquence des mariages dans la famille agnatique est statistiquement négligeable — la fréquence des mariages dans la famille utérine est significativement plus importante que dans la famille agnatique. Les auteurs pensent que les affirmations sur le mariage entre cousins parallèles relèvent d'une projection du système arabe de parenté, sur le système berbère ; ils ne croient pas que le mariage type soit celui d'un homme avec la fille de son oncle paternel, ni que la norme soit celui d'un homme avec la fille de son oncle maternel. Les pourcentages nous sont donnés pp. 110 et 111. Sur 610 unions, c'est le mariage avec la cousine croisée matrilinéaire qui l'emporte. Malheureusement, ici, une suite d'erreurs de numérotation dans les textes et les dessins rendent la lecture incompréhensible sans correction. Il faut lire : fig. 43, p. 110, et dans les croquis p. 111:1 devient 3, 2 devient 4, 3 devient 1, et 4 devient 2. Et paradoxalement, après avoir constaté le monde clos et pesant dans lequel 200 COMPTES RENDUS vit la femme, l'on s'aperçoit qu'elle régit en grande partie les unions qui sont recherchées, d'abord parmi les parentes les plus proches de la famille maternelle. Les auteurs concluent que "le problème des structures familiales en Kabylie ne peut être saisi en profondeur qu'au terme d'une analyse où sont confrontées les données sur le système de parenté d'une part, sur le rôle et le statut des acteurs de ce système d'autre part" (p. 114). Ainsi le dernier chapitre nous éclaire sur le statut de la femme. Il semble que la coupure même d'avec la société des hommes ait donné à la femme un poids excessif sur les plans affectifs et moraux à l'intérieur de la famille, et que les hommes, loin d'être indifférents à cette influence, en sont au contraire hypersensibilisés, on pourrait même dire "tyran nisés" ! Mais lorsque l'habitat évolue par émigration en ville, on constate un déséquilibre culturel et une valorisation du couple . . . "Ces nouvelles familles tendent à adopter des structures conjugales dans l'ordre du Gouvernement et à conserver les structures agnatiques dans l'ordre de la filiation" (Secrétariat social d'Alger). Les auteurs concluent : "On peut prévoir ainsi que cette restructuration ne se fera pas sans conflit dans une société où le groupe prime l'individu". Vingt pages de tableaux et d'analyses statistiques complètent ce travail louable à beaucoup d'égards malgré quelques faiblesses et timidité. Ainsi, l'on retrouve en Kabylie cette ambivalence dans la filiation (qu'on pourrait qualifier de bilatérale mais non pas bilinéaire) qu'on perçoit plus nettement chez les Touareg, chez les Arabes du Yémen du Sud, en Syrie, et peut-être les percevrons-nous ailleurs quand les dernières études en cours seront publiées. R. Basagagna et A. Sayad ont planté un repère dans les recherches d'Anthro pologie sociale sur l'Afrique du Nord et le bassin méditerranéen. Ils ont fait parler les chiffres et interprété avec prudence les résultats. Nous espérons que la voie ouverte sera suivie par d'autres chercheurs avant qu'il ne soit trop tard pour relever les derniers témoignages dans un pays en pleine révolution sociale et culturelle. Marceau GAST Micheline GALLEY, Badr az-zin et six contes algériens, rapportés par Aouda, conteuse de l'Ouarsenis. Paris, Armand Colin, 1971, 288 p., 4 pi. h.-t. Collection "Classiques Africains", II. Sous ce titre "Badraz- zîn et six contes algériens" Micheline Galley nous propose la lecture de sept contes merveilleux qui peuvent être regroupés sous deux grands thèmes : l'épreuve et le conflit. C'est ainsi que les trois premiers relatent la traversée d'un espace et, dans cet accès au lieu indiqué par le destin, l'individu, triomphant de tous les obstacles dans le dédale de péripéties inextri cables, devient héros. Quant aux quatre suivants ils mettent en scène divers uploads/Litterature/ habitat-traditionnel-et-structures-familiales-en-kabylie.pdf
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- Publié le Mar 12, 2022
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- Langue French
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