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Sciences sociales et humaines (MESOJ)- ISSN 2109-9618- N°4.Vol.2. (2011) 1 « IDENTITE ET SINGULARITE » OU «GLOBALISATION ET UNIVERSALISATION» VERS UN COSMOPOLITISME RENOUVELE EL Mossadak EL Hassan RESUME : Nous devons analyser comment vivre l’universalité (argumentée et négociée) en même temps qu’avec la particularité des uns et des autres. Comment transcender les clivages identitaires et les frontières géographiques, religieuses ou les barrières linguistiques ? Peut-on concilier l’universel et le particulier ? En effet, nous assistons à un monde devenu un village global, de plus en plus attaché et connecté par la mondialisation économique et les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Cependant, les revendications des diversités culturelles, le réveil des particularismes et le refus des normes universelles jugées occidentalistes, submergent l’humanité et atteignent un degré jamais inégalés. Devant ce dilemme, comment opérer une ré-conciliation qui en apparence, est jugée insurmontable, voire indépassable ? Comment remédier à cet affrontement entre l’universel d’un côté et le particularisme de l’autre côté ? Chacun de nous veut contribuer à la mondialisation et en même temps chacun ne cesse de revendiquer ses identités singulières. L’universel s’oppose t-il à l’identitaire ? Peut-on transcender leurs clivages ? De la même manière que les Lumières ont bouleversé l’universel, la mondialisation a changé notre façon d’envisager la question de l’universel. De plus, les contestations Sciences sociales et humaines (MESOJ)- ISSN 2109-9618- N°4.Vol.2. (2011) 2 sont de plus en plus visibles et s’est traduite par l’explosion des particularités. L’humanité ne parle pas encore une langue commune, mais des langues conjuguées au pluriel. Aussi, aucune culture ne peut prétendre être une traduction complète à elle seule de l’universel. Mots-clefs : singularité, universel, particularisme, cosmopolitisme, identité, mondialisation, religion, système-monde, principe (U). local/mondial, ressemblance/différence, société traditionnelle/ société mondiale, rationalité communicationnelle. O.N.U. Introduction : La thèse défendue par l’auteur est que les normes universelles et les singularités culturelles ne sont pas opposables et que toute opposition fausse le débat, si on garde à l’esprit que les valeurs universelles sont des idéaux et que les particularités culturelles sont des réalités changeantes. L’un et l’autre peuvent converger, dialoguer sans que l’un ne puisse annuler l’autre. Et tout d’abord, il faudrait chercher comment argumenter en faveur d’un cosmopolitisme renouvelé. Cela n’est pas sans repousser l’idée tant répandue selon laquelle certaines religions sont responsables plus que d’autres des guerres et conflits. Il n’y a pas de règles en la matière, puisque dans le monde d’aujourd’hui on trouve toutes les configurations d’affrontements interreligieux, à l’intérieur du christianisme comme à l’intérieur de l’islam, entre l’islam et le christianisme ; entre le bouddhisme et indouisme… Les conflits actuels (litiges frontaliers, mouvement indépendantiste, tensions intérieurs, guerre civile, conflit international…) sont loin d’être des conflits inféodés au fait religieux. La religion et la politique sont d’ordres différents, la première est d’essence spirituelle, elle a pu développer parfois des conflits Sciences sociales et humaines (MESOJ)- ISSN 2109-9618- N°4.Vol.2. (2011) 3 guerriers, mais cela n’est pas toujours le cas, la deuxième est d’essence temporelle. Elle commence avec les rivalités d’intérêts. Leurs rencontres ne peuvent s’envisager que dans deux cas possibles :  Lorsque la politique se sert des croyances spirituelles et religieuses pour parvenir à ces fins ;  Lorsque la religion déploie des ambitions temporelles. Nous cherchons à asseoir le cosmopolitisme renouvelé sur un débat nouveau entre le « local » et le « mondial », synonyme de l’opposition entre la société « traditionnelle » et la société « moderne » ou encore, penser autrement la dialectique de la « particularité » et de l’ « universalité ». 1- DOUBLE CONTINGENCE L’esprit universaliste a associé le cosmopolitisme, comme l’a fait la pensée des Lumières, aux trois principes : liberté, égalité et fraternité, dans une société plurielle, que seule la liberté des un et des autres peut garantir. Il est important de voir dans cet option et même dans les Trois livres sacrés que l’univers est un et nous sommes tous des citoyens des mondes, l’unité de l’homme est indivisible. Carrefour de civilisations et dépositaire de multiples traditions, orientale et occidentales, la région méditerranéenne a connu suivant les âges, différents empires et multiples civilisations – égyptiennes, grecques, africaines et mésopotamiennes –. Effectivement, une unité s’est forgée à travers la culture arabo- musulmane facilitant pendant longtemps la circulation des personnes, l’échange des savoirs et des marchandises. Ainsi l’espace méditerranéen a pu connaître une paix durable et s’est vu forger un monde à la fois divers et unifié. L’Empire Ottoman a consolidé la coexistence des ethnies et des confessions faisant état d’une harmonie et respect des religions des uns et des autres dans le même espace. Mais, il s’en est suivi plusieurs versions de cosmopolitisme humain : le cosmopolitisme colonial a fondé Sciences sociales et humaines (MESOJ)- ISSN 2109-9618- N°4.Vol.2. (2011) 4 par les armes une hiérarchisation des communautés et un eurocentrisme des valeurs, provoquant une riposte des colonisés qui a été souvent identifié avec le rejet de l’autre ou le refus de sa culture. Les tragiques expériences du XXème siècle avec son cortège de domination et souffrance a fait que le retour à l’identité culturelle a été souvent confondu avec le repli de soi ethnique ou religieux. Aussi les autres expériences comme les tendances communistes et nationalistes ont fait apparaître le cosmopolitisme - pour les premiers- comme une forme dégénérée de l’internationalisme, tandis que pour les seconds, l’exemple de l’aliénation identitaire a constitué parfois un obstacle majeure des rapprochements des peuples. Cela n’est pas sans mentionner les ripostes tiers- mondistes, écologiques et altermondialistes à la globalisation, devenue à tort synonyme de l’ « américanisation » du monde. En effet, La transnationnalisation ou le Système-Monde dont parle Wallerstein est en marche et personne n’est en mesure de l’arrêter. Plus, le dépassement de la vision nationaliste devient la condition sine qua non pour toute efficacité ou lutte contre les dangers écologiques, climatiques, terroristes ou de désordre économique qui guette le monde. 2- L’UNIVERSALISATION ET LE PRINCIPE U : Le principe d’universalisation implique la formation d’un accord entre les intérêts de toutes les personnes en jeu, au terme d’une discussion au cours de laquelle chacun d’entre eux peut faire valoir son point de vue dans la liberté et la légalité. Les normes qui en découlent bénéficient d’une telle reconnaissance intersubjective et peuvent être considérés comme représentant un intérêt commun pour toutes les personnes concernés. En exigeant un consensus qui résulte d’une discussion dans laquelle toutes les personnes visées délibèrent sut leur intérêt commun, ce principe d’universalisation revêt une Sciences sociales et humaines (MESOJ)- ISSN 2109-9618- N°4.Vol.2. (2011) 5 portée bien différente d’une contrainte formelle. Cette discussion permet aux intéressées de tenter de se convaincre réciproquement qu’il est l’intérêt de chacun d’entre eux de rendre obligatoire une manière d’agir, et ce grâce à une évaluation commune de leurs intérêts respectifs. Seule une discussion suivant une procédure tendant à établir entre les interlocuteurs des relations pragmatiques de symétrie et de réciprocité, tout en leur accordant au préalable un droit égal de participation au débat1. Le principe d’universalisation répondrait 1 - Habermas évoque les normes suivantes : a. « Tout sujet capable de parler et d‟agir doit pouvoir rendre part à des discussions. b- Chacun doit pouvoir problématiser toute affirmation. - Chacun doit pouvoir admettre dans la discussion toute affirmation. - Chacun doit pouvoir exprimer ses points de vue, ses désirs et ses besoins. c- Aucun locuteur ne doit être empêché par une pression autoritaire, qu‟elle s‟exerce à l‟intérieur de la discussion, de mettre à profits ses droits tels qu‟ils sont établis en (a) et (b). Voir Habermas, J. (1986). Morale et Communication. Conscience morale et activité communicationnelle. Trad. Bouchindhomme, Ch. Paris, p .110-111. donc à l’impératif de la formation d’une volonté rationnelle commune permettant de justifier la force obligatoire des normes pratiques. Dans cette perspective, le principe U (d’universalisation) traduit l’impératif en vertu duquel la validité d’une norme pratique dépendrait d’un consensus rationnel qui porterait sur les conséquences que l’application généralisée de la norme en jeu entraînerait pour les intérêts de toutes les parties concernées. Selon Hare2 philosophe de droit, le principe d’universalisation revêt aussi la portée d’in impératif de réversibilité de rôles et de traiter selon Alain Gewirth3 de manière équivalente les être similaires. 3- DE LA COMMUNICATION RATIONNELLE AU COSMOPOLITISME NORMATIF Dans cette approche, le cosmopolitisme que nous 2 - Hare, R. M. (1963). Freedom and Reason. Oxford. 3 - Gewirth, A. (1978). Reason and Morality. Chicago & Londres. Voir aussi Gewirth, A. (1982) Human Rights. Essay on Justification and Application, Chicago & Londres. Sciences sociales et humaines (MESOJ)- ISSN 2109-9618- N°4.Vol.2. (2011) 6 défendons, basé sur la rationalité communicationnelle (Habermas) peut s’établir comme une stratégie planétaire pour le développement durable, la diversité culturelle, la défense de la paix et le respect du droit de l’homme. L’Etat-Nation et les réclamations identitaires, culturelles ici et là ne sauraient avoir la capacité pour juguler ou s’opposer à un monde déréglé, voir politiquement et socialement désintégré sous l’impact d’un monde globalisé. Par ailleurs, la mondialisation en cours, la révolution technologique et des télécommunications rendent aujourd’hui notre monde beaucoup plus petit uploads/Litterature/ hasan-identite-et-singularite1.pdf

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