@ HISTOIRE de la CHINE par René GROUSSET (1885-1952) ( 1942 ) Un document produ

@ HISTOIRE de la CHINE par René GROUSSET (1885-1952) ( 1942 ) Un document produit en version numérique par Pierre Palpant, collaborateur bénévole Courriel : pierre.palpant@laposte.net Dans le cadre de la collection : "Les classiques des sciences sociales" dirigée et fondée par Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi Site web : http ://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiquesdessciencessociales/index.html Une collection développée en collaboration avec la Bibliothèque Paul-Émile-Boulet de l’Université du Québec à Chicoutimi Site web : http ://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm René GROUSSET — Histoire de la Chine 2 Un document produit en version numérique par Pierre Palpant, collaborateur bénévole, Courriel : pierre.palpant@laposte.net à partir de : Histoire de la Chine, Par René GROUSSET (1884 — 1940) Club des Libraires de France, sans date, 344 pages. Édition originale 1942 Polices de caractères utilisée : Pour le texte : Times, 12 points, et Pour les citations : Times 12 points et Comic sans MS 10 points. Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5’ x 11’’ Édition complétée le 30 novembre 2004 à Chicoutimi, Québec. René GROUSSET — Histoire de la Chine 3 T A B L E D E S M A T I È R E S Tableau des dynasties — Notes sur l’ art chinois — Notes Carte des provinces — Carte du continent Chapitre 1. — Terre chinoise Chapitre 2. — L’ expansion d’ une race de pionniers Chapitre 3.— Féodalité et chevalerie Chapitre 4.— Les sages d’ autrefois Chapitre 5.— Par le fer et par le feu Chapitre 6.— Le César chinois Chapitre 7.— De l’ empire militaire à l’ empire traditionnel Chapitre 8.— Pax sinica Chapitre 9.— Triomphe des Lettrés Chapitre 10.— La route de la soie Chapitre 11.— Révélation du bouddhisme Chapitre 12.— Splendeur et décadence des Han Chapitre 13.— L’ épopée des trois royaumes Chapitre 14.— Les grandes invasions et le bas empire Chapitre 15.— Une autre sculpture romane : l’ art Wei Chapitre 16.— Yang-ti, fils du ciel Chapitre 17.— T’ ai -tsong le Grand Chapitre 18.— Drames à la cour des T’ ang Chapitre 19.— Un grand siècle : au temps du poète Li T’ ai -po Chapitre 20.— Crise sociale et ruine de l’ État Chapitre 21.— Les Song et le problème des réformes Chapitre 22.— Un rêveur couronné : l’ empereur Houei -tsong Chapitre 23.— La douceur de vivre Chapitre 24.— Cristallisation de la pensée chinoise Chapitre 25.— Le conquérant du monde René GROUSSET — Histoire de la Chine 4 Chapitre 26.— Qoubilaï, « le grand sire » Chapitre 27.— Marco Polo Chapitre 28.— Une restauration nationale : les Ming Chapitre 29.— Le drame de 1644 Chapitre 30.— Les grands empereurs mandchous : K’ ang -hi et K’ ien -long Chapitre 31.— L’ irruption de l ’ Occident Chapitre 32.— La révolution chinoise Chapitre 33.— Données permanentes et problèmes actuels * * * René GROUSSET — Histoire de la Chine 5 A ma fille Ginette, Madame Pierre Lenclud René GROUSSET — Histoire de la Chine 6 CHAPITRE PREMIER Terre chinoise La civilisation en Asie est le fait des « Mésopotamies », c’ est -à-dire des grandes plaines d’ alluvions dont la fertilité naturelle a suscité chez l’ homme la vocation agricole. Tel fut le cas dans l’ Asie occidentale pour la Babylonie. Tel est le cas dans l’ Asie orient ale pour la « Grande Plaine » chinoise. Elle s’ étend, cette Grande Plaine, depuis Pékin au nord jusqu’ au Houai -ho au sud, depuis les approches de Lo-yang à l’ ouest jus qu’ à l’ éperon montagneux du Chan-tong vers l’ est, sur 324.000 kilomètres carrés, superfi cie supérieure à celle de l’ Angleterre et de l’ Irlande. Comme l’ Egypte, selon le mot d’ Hérodote, est « un don du Nil », la Grande Plaine est un don du Fleuve Jaune et des autres cours d’ eau associés. « A une époque relativement récente, — du moins dans le sens que les géologues donnent à cet adjectif, — cette plaine était un bras de mer dont les vagues venaient battre contre la falaise du Chan-si, tandis que l’ actuelle presqu’ île du Chan -tong était une île. » Pendant des siècles, le Houang-ho a déposé sur cette aire les masses énormes de limon qu’ il avait arrachées, plus à l’ ouest, aux plateaux de terre jaune, créant ainsi de toutes pièces un sol alluvial d’ une merveilleuse fertilité. Sous cette accumulation de dépôts limoneux, la mer s’ est comblée, le litt oral a reculé toujours plus à l’ est. Ce travail, notons -le, se continue de nos jours encore. C’ est ainsi que le limon exhausse d’ année en année le lit du Fleuve Jaune, au point que les riverains sont obligés de surélever à proportion leurs digues et que le fleuve finit — spectacle paradoxal et combien dangereux — par couler « comme sur une gouttière » au-dessus du niveau de la plaine. A l’ ouest et en arrière de la Grande Plaine règnent les terrasses de terre jaune d’ où descend le fleuve nourricier et qui couvrent une superficie de plus de 260.000 kilomètres carrés. Toute cette zone de collines est en effet recouverte d’ une immense nappe de terre jaunâtre, analogue au lœss d’ Alsace, fine poussière d’ argile, de sable et subsidiairement de calcaire, déposée depuis des millénaires par le vent, accumulée en masse énorme et découpée en terrasses par le ravinement. Terre en principe aussi fertile (quand la pluie ne fait pas défaut) que la Grande Plaine, et née, comme elle, en vocation agricole : c’ est le royaume d u millet et du blé (1). Du reste la zone de terre jaune des terrasses du nord-ouest et la Grande Plaine de limon alluvial du nord-est se soudent en transitions insensibles sur d’ immenses espaces qui constituent même, de Pékin à K’ai-fong et de K’ ai -fong aux approches de Nankin, la partie la plus fertile de l’ ensemble : ici la culture du millet, propre aux terrasses de lœss, se combinera avec la culture du riz, propre aux bassins du Houai-ho et du Yang-tseu (2). René GROUSSET — Histoire de la Chine 7 La civilisation chinoise naquit dans cette zone avec l’ agricul ture même, plus précisément avec la culture du millet, puis du riz. Les siècles inconnus de la préhistoire furent consacrés à l’ in cendie et au défrichement de la brousse qui couvrait les plateaux de lœss au nord-ouest, à l’ assèchement des marais qui couvraient au nord-est la majeure partie de la Grande Plaine. Les vieilles chansons du Che king célèbrent ce labeur. « Ah ! ils désherbent, ah ! ils défrichent ! Leurs charrues ouvrent le sol. Des milliers de couples dessouchent, les uns dans les terrains bas, les autres dans les terrains élevés. » Et plus loin : « Pourquoi a-t-on arraché la brousse épineuse ? Pour que nous puissions planter notre millet. » Parmi les héros divins à qui la société chinoise attribuera la direction de ce labeur collectif, elle placera Chen-nong qui a appris aux hommes les incendies de brousse ainsi que l’ usage de la houe, et Heou-tsi « le Prince-Millet ». Une non moindre importance est reconnue aux travaux d’ assèchement et d’ endiguement mis sous le nom de Yu le Grand, fondateur de la dynastie légendaire des Hia : il sauve la terre des eaux, « mène les fleuves à la mer », multiplie les fossés et les canaux. Ce fut la vie agricole et sédentaire ainsi pratiquée par les ancêtres des Chinois aux confins du lœss et de la Grande Plaine qui les différencia d’ avec les tribus — sans doute de même race — restées au stade des chasseurs nomades dans les steppes du Chen-si et du Chan-si septentrionaux d’ une part, dans les forêts marécageuses du Houai-ho et du Yang-tseu d’ autre part. Il n’ y a pas lieu de supposer ici d’ opposition ethnique, encore moins d’ ima giner une immigration des Proto-Chinois soi-disant venus de l’ Asie centrale. Du rest e, les tribus « barbares » qui encerclaient ainsi l’ étroit domaine chinois primitif devaient se siniser à leur tour dès la fin de la période archaïque, quand elles abandonnèrent (spontanément pour ce qui est des tribus du Yang-tseu) la vie nomade pour la vie agricole. De même, au Tonkin, si les Annamites se sont différenciés de leurs frères, les Muong, c’ est qu’ ils se sont consacrés à la culture des rizières dans les basses plaines littorales, tandis que dans les forêts de l’ arrière-pays les Muong ne voulaient connaître de l’ agriculture que la pratique intermittente du ray. La vie de la société paysanne dans la Chine archaïque ne dut peut-être pas différer beaucoup de ce qu’ elle est aujourd’ hui encore dans ces mêmes régions. Dans la Grande Plaine, maisons en torchis (la brique interviendra plus tard) qui résistent mal aux pluies de mousson et au forage des rongeurs ; sur les plateaux de lœss, troglodytisme avec chambres creusées à flanc de falaise, de sorte que uploads/Litterature/ histoire-de-la-chine.pdf

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