VIII HEURS ET MALHEURS DES MAGICIE}TS , L'accident de Venise alerta le Dr Faust

VIII HEURS ET MALHEURS DES MAGICIE}TS , L'accident de Venise alerta le Dr Faust. Est-ce que, par hasard, son merveiileux pouvoir diminuerait ou I'abandonnerait? l.a façon brutale dont les magistrats d" ia ville d'Ingolstadt I'avaient banni, commença de I'effrayer. (Procès-Verbal de 1528.) Conrad Gesner, de Zurich, avait beau ranger Faust parmi les magiciens les plus connus. Ie comparer à Paraceise. ajoutant de façon flatteuse que Faust jouissait d'un renom extraordinaire dtt à ses réussites de magicien, par exemple Ce magicien Faust, bête très corrompue et cloqque d'un grand nombre de diables. MnNtln, ptr MlNuus sa consultation chez le prince évêque de Bamberg, auquel il ût un horoscope re- marquable dont le préiat se montra très content. puis ses excellentes prédictions à Philippe von Hutten au sujet d'une expédition au Vénézuela. prédictions par- faitement réalisées. E': ,.ourtant un venr de défiance se levait et souffiait contre lui. Reuchlin et Mélanchton ne pouvaient plus le voir. IIs disaient pis que pendre contre iui. Faust redoutait qu'il lui arrivât le 381 même sort qu'à Luc Gauric. le magicien italien bien connu. qu'à la table de Luther on présentait comme son concurrent. C'était un prélat né en 1476 à Gifoni. dans le rovaume de Naples. mathématicien. astrologue. et qui s'adonnait à la magie. Il y gagna une jolie fortune. Mais comme il avait annoncé à Bentivoglio de Bologne. qu'il serait prochainement chassé de la ville. on lui fit subir cinq jours d'estrapade. Et le grand prévôt Mummo. à qui Childe- bert imposa la torture de Florence. selon Grégoire de Tours. pour son art en sor- cellerie, n'était'il pas dans toutes les mémoires ? Déjà. Faust avait eu sa terrible querelle avec Tritheim. Que se passa-t-ii au juste avec le célèbre moine abbé et magicien? Johannès lui annonça-t-il de mauvais présages. ou bien le moine. inquiété, préféra-t-il brusquer et rompre violem- ment avec un adepte si compromettant? Cette querelle. cette animosité tournée en haine - ce qui surprend de la part du placide vieillard - on les trouve consi- gnées au lon_q d'une lettre assez ancienne, datée de 1507, et que I'on se passait sous le manti-aU. Certaine regrettable affaire de Kreuz- nach en avait été pour le moins le déplo- rable prétexte. C'est en réalité la fable de I'apprenti sorcier. L'élève répudié par le maître épouvanté, qui soudain ne le connaît plus. On sait la vantardise et I'orgueil de Faust. Suivant I'exemple des jeux de menton et d'épaules. les rodomontades de Cornélis Agrippa. Johannès regardait avec amusement les veux stuDéfaits 382 du vulgaire qui écoutait toutes oreilles ouvertes. sa science. Il goûtait la jouissance d'étonner. Il cherchait même à stupéfier. Ces fanfaronnades, certaines brutalités. I'excessive humeur germanique qui était la sienne. lui attiraient beaucoup d'ennemis. Ses farces au surplus et certaines amitiés avec de mauvais garçons fort bruyants. si elles lui attiraient les rieurs de son côté. avec les étudiants, suscitaient de vigi- lantes inimitiés. Une certaine débauche lui créait aussi des jalousies. Enfin. Tritheim pratiquait la nécroman- cie : il fit des apparitions : celle effectuée devant I'empereur Maximilien est célèbre. Johannès et Cornélis y réussirent aussi brillamment. Ils le proclamèrent trop publi- quement, divulgant des pratiques qui relevaient nettement de la sorcellerie et mettaient en cause le moine. Il faut ensuite savoir. et c'est capital pour expliquer I'odieuse lettre. calom- nieuse. injurieuse. qui va suivre, que I'abbé Tritheim a été mis en accusation de sorcel- lerie en mai 1503 déjà. Il a écrit le 10 mai 1503 une lettre pathétique à Johann de Westerburg, le suppliant de le défendre contre pareille accusation. Il échappa de justesse aux poursuites. Or Johannès Faust. qu'il connaît bien, le compromet. Il faut trancher dans le vif. Le moine abbé est impitoyable. Son excès le juge. Que se passa-t-il? Kreuznach? En effet, Johannès avait obtenu d'un de ses protecteurs de la Réforme et ami. le bailli Franz de Sickin- gen. très porté sur les sciences occultes et qu'Albert Dùrer a représenté sur son étrange gravure Le Chevalier fu la Mort (voir notre reproduction), d'enseigner dans une petite école. à Kreuznach. Un fâcheux événement fit congédier ie jeune professeur. Le moine - seul à rapporter ce déplorable fait - I'attribue à un scan- dale de mceurs avec les jeunes élèves. Ce fut le prétexte de cette violente rupture. La lettre du 20 août 1507. malgré sa violence incroyable. mérite d'être lue en son entier. Elle est écrite de Wurzbourg. Tritheim y répond à une demande de renseignements - elle tombe bien - du mathématicien Jean Virdune de Hasfurt. astronome de l'Électeur Pai-atin. qui tira I'horoscope de Mélanchton et qui était une personnalité en vue. La lettre est rédigée en latin et nous la traduisons : << Cet homme, au sujet duquel tu m'as écrit, ce Georges Sabeilicus Faust qui a osé s'intituler le premier des nécroman- ciens, est un vagabond, un hâbleur et un clerc ambulant, digne d'être fouetté de verges, pour être guéri de I'envie de pro- fesser désormais en public ded choses si abominabies et si contraires à la Sainte. Écriture. Car que sont les titres qu'il s'attribue, sinon les indices d'un esprit imbécile et insensé. qui se montre imper- tinent et non philosophe? Voici quels sont en effet les titres sous lesquels il se désigne : Magister Georgius Sabellicus Faustus Junior, source de nécromancie. astroloque. magicien habile et heureux chiromancien, agromancien. pyromancien. expert en hydro- mancie. Vois la sotte témérité de cethomme et jusqu'à quei point il porte ia folie. Il a la présomption de se donner comme une source de nécromancie. alors qu'ignorant en réalité toutes les vraies sciences. il eût dû s'intituier bouffon bien plutôt que maître. Mais sa perversité ne m'est pas inconnue. L'année dernière, en revenant de la Marche de Brandebourg, je trouvai ce même individu dans la viile de Gelnhau- sen; on me paria dans i'hôtellerie de beaucoup de choses vaines qu'il avait promises. non sans une grande témérité. Mais dès qu'il fut informé de mon arrivée, il s'enfuit de cette hôtellerie et personne ne put le déterminer à se présenter devant moi. Les titres de sa sottise. qu'il t'a donnés, et dont je viens de parler, il me les envoya aussi par un bourgeois de I'endroit. Des prêtres me rapportaient dans la vilie qu'ii avait prétendu, devant une nombreuse réunion. avoir acquis une science si grande de la philosophie et posséder une si heureuse mémoire. que si toutes les æuvres de Platon et d'Aristote périssaient et qu'en même temps le souve- nir de leur philosophie s'effaçât entière- ment de i'esprit des hommes, il pourrait. comme un autre Esdras I'Hébreu et Dar la seule force de son intelligence. les leur rendre tout entiers et sous une forme suoé- rieure à la forme actueile. < Plus tard, pendant que j'étais à Spire, il vint à Wurzbour_q et, mû par la même vanité, il osa. raconte-t-on, dire en pré- sence d'un grand nombre de personnes, que les miracles du Christ, notre Sauveur, n'étaient pas des choses bien merveilleuses, 383 et que tout ce que ie Christ avait fait. il pourrait le reproduire à tout moment, et autant de fois qu'il le voudrait. Pendant le dernier carême de cette année. il vint à Kreuznach. ct toujours a'rssi sottement glorieux, il promettait monts et merveiiles. disant qu'il était. en alchimie. le plus habiie de tous les adeptes qui lurent jamais. et qu'il connaissait et pouvait donner tout ce qui fait 1'objet des désirs des hommes. Sur ces entrefaites. un emploi de maitre d'école vint à vaquer dans certe ville, il en fut pourvu par Franz de Sickingen. baiili de ton prince. et extrêmement curieux des sciences occuites. Mais il fut bientôt convaincu de s'être livré sur des enfants aux actes de débauche les pius abominables et, dès que son crime eut été dévoilé. il se déroba par la furte au châti- ment qui I'attendait. Voila le (témoignage)) appuyé sur ies ( autorités les plus cer- taines >. que je puis te rendre de cet homme dont tu attends la venue avec tant d'impatience. Lorsque tu le verras. tu trouveras non pas un philosophe. mais un homme plein de fatuité et tourmenté par une excessive témérité. > Ainsi donc, Tritheim veut fake fouetter de verges Faust ! Queile outrance pour le doux abbé! Il I'accuse de forfanterie. de sodomie et bat en brèche la réputation grandissante de Johannès. jeune étudiant sur lequel alfluent les témoignages les plus flatteurs. clui est < magister ), déjà. La vioience du ton. l'accumuiation des qualificatifs. le poids des accusations. ces affirmations en contradiction flagrante avec Ia majorité des témoignages concernant Faust, sont des indices qui trahissent I'incident brutal qui a éciaté entre eux. 384 Comment se fait-il que Jean Virdung s'adressât à Tritheim pour avoir des renseignements sur Faust, et non pas au bailli Franz? On l'a remarqué ef le critique Maximilian Schwengberg I'a souligné. Tout ie réquisitoire (comment ne pas évoquer celui de Guiilaume de Nogaret. à la requête de Philippe le Bel. contre les Templiers. accusés eux aussi. d'hérésie, de sodomie etc.?), et la longueur du document uploads/Litterature/ histoire-de-la-magie-381-433-p08.pdf

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