Histoire de la Musique du MOYEN-AGE Musicologie LA REDECOUVERTE DU CHANT GREGOR

Histoire de la Musique du MOYEN-AGE Musicologie LA REDECOUVERTE DU CHANT GREGORIEN, OU L’ENJEU D’UNE RECONQUÊTE SPIRITUELLE DE L’EGLISE OCCIDENTALE 1. Reconsidération du passé Au début du XIX°, un évènement majeur révolutionne la musicologie de la musique Ancienne : la reconstruction de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes, où les moines se réinstallent. Dom Guéranger (1805-1875), moine bénédictin, met en place un centre de recherche sur le chant grégorien, avec la volonté de collectionner le maximum de sources, qu’il recopie et consigne dans un même livre : reconstitution d’une bibliothèque importance réappropriation du patrimoine liturgique. Grande question du XIX° : quelle valeur accorder au passé ? La Révolution Française a bouleversé le monde religieux (destruction des édifices, des sources, etc). Dans ses œuvres, Wagner parle du passé (légendes germaniques, etc), tout comme le romantisme de manière générale, mais la vision est très exotique. Berlioz, dans sa Symphonie Fantastique (1830), insère le fameux Dies iræ, messe des morts, qui est la première citation médiévale très claire. Franz Liszt reçoit en commande une messe médiévale, qui deviendra la Missa Choralis (1865) : le Moyen- Âge intéresse enfin les musiciens. Dans les autres domaines, Prosper Mérimée (1803-1870) travaille en collaboration avec l’architecte Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879), qui cherche à sauvegarder et entretenir les plus grands bâtiments médiévaux (et qui éditera le « Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle », 1854-1868). Mais dans son désir farouche de tout restaurer, il doit dénaturer et réinventer certaines choses. La reliure des livres, qui se conserve mieux, qui est soignée et remplie de détails, nous apprend beaucoup de choses sur le passé. La découverte de Pompéi (identification du site en 1763) dynamise l’archéologie et l’architecture. 1. Problèmes de restitution La redécouverte de J.-S. Bach : Felix Mendelssohn découvre la Passion selon St-Matthieu et la créé avec l’Académie de Chant de Berlin (1829), mais la version est peu authentique (pas de clavecin, effectif surdimensionné, etc). Cependant, les efforts de Mendelssohn entraînent une redécouverte durable de Bach (auparavant, on jouait Bach, notamment Liszt, mais sa valeur ne dépassait pas celle que l’on donne à des exercices techniques). Amédée Gastoué (qui fut le professeur de St-Saëns notamment) découvre des partitions de Guillaume de Machaut : pour lui, l’Ancien est révolu, archaïque  il enrichit sa musique et l’harmonise de manière moderne. L’école de Solesmes parle « d’ornement perturbateur » (cf. Marcel Pérès, « Les voix de plain chant »). La notation musicale participe à faire disparaître l’ornementation : mettre une trace écrite sur une musique de tradition orale, c’est la tuer  Marcel Pérès cherche à s’inspirer des musiques de tradition orale. 1. Etapes des travaux de Solesmes Graduale Romanum (Graduel Romain) : livre qui concentre tous les chants organisés dans l’année liturgique.1851 : premier graduel (notation carrée), mais avec beaucoup de fautes. 1876 : second graduel, amélioré, mais persistent des erreurs d’intervalle. Liber Gradualis, 1883-1889 : première paléographie fiable par le moine Dom Mocquereau (1849- 1930). En 1904, il est le premier à en enregistrer. 1904 : premier graduel officiellement reconnu par le Vatican. Le Motu Proprio, texte du Pape, désigne les chants de ce graduel comme seuls chants de la chrétienté. Le Graduel de Solesmes est utilisé jusqu’en 1962. INTRODUCTION HISTORIQUE DES ORIGINES DE L’ART MUSICAL CHRETIEN La Méditerranée est un terrain d’échanges : métissage culturel (l’origine des religions est proche). En 313, l’Empereur Constantin se convertit au christianisme, qui devient alors la religion de l’Empire. L’Empire romain se désagrège jusqu’au V°. Le chant grégorien s’étend de l’Egypte jusqu’à Constantinople (actuelle Turquie). Le papirus des coptes est le premier chant grégorien noté, en lettres (Grèce antique). On retrouve un des premiers manuscrits à Oxyrhynchus (Egypte), en 1786 (aujourd’hui conservé en Allemagne) : mode de ré, intervalles diatoniques, écrit en grec, termine par le mot « amen ». Clément d’Alexandrie, III°, bannit le chromatisme et les instruments (il faut attendre 1300 pour voir les premiers instruments dans l’Eglise). Les grecs, eux, emploient beaucoup le chromatisme. Influences du judaïsme sur le christianisme (« batismo » avec de l’eau, partie didactique de la communion etc). Jésus est à l’origine un rabin, juif : le christianisme n’existe qu’à sa résurrection (avant, la Grèce était polythéiste).313, les premiers monastères sont créés : la religion est acceptée, les évangélistes parcourent l’Europe. Ils emmènent avec eux leurs chants : le répertoire liturgique s’installe dans l’Eglise, mais ce sont des répertoires locaux. Milan est le premier grand centre liturgique. 1. Le chant de l’Eglise de Milan, ou chant Ambrosien Encore pratiqué aujourd’hui, et pourtant bien plus ancien que le chant grégorien : chant très important. Milan était un centre politique très important. Un siècle avant la liturgie romaine, le chant milanais se met en place, avec des évêques orientaux, syriens. Auxentus, le premier évêques milanais, est syrien, il vient de Cappadoce. Il fait des commentaires didactiques sur le chant sacré (gloses). Influence de l’Empire Byzantin, Constantinople (dont le répertoire se développe en parallèle) :  Improvisation polyphonique vocale (aussi influence corse)  Découpage des offices (ce plan diffère selon la localisation géographique) « Ambroise » vient du second évêque, St-Ambroise, qui emmène une technique dite antiphonaire : technique responsoriale où deux chœurs face à face, un en latin et un en grec, se répondent par alternance. Cette technique vient d’Orient. La liturgie romaine commence à prendre de l’importance et contamine les autres répertoires. En parallèle, Milan s’ouvre. A partir de la communion de la messe milanaise, on a le confractoria, qui vient donc de la messe romaine. Mais malgré tout, le répertoire milanais est tout à fait indépendant dans sa création, et va perdurer. Caractéristiques : Echelle modale. La mélodie évolue sans polarité, on change de mode sans arrêt (la polarité modale se trouve plutôt à Rome). On entend même de petits éléments chromatiques. Ecoute : « Congrelatus Miti », Ensemble Organum avec sœur Marie Keyrrouz. Psaume. Pérès parle « d’ornement perturbateur ». Manuscrits :  MS : Add 34209, British Library  Lat_lit_a4, Oxford, Bolden Library. Manuscrits tardifs, notation carrée. 1. Le vieux romain Appelation moderne qui vient de la musicologie allemande des années 1960. Premier chant de l’Eglise de Rome.En 1891, les moines de Solesmes envahissent les archives. Dom Mocquereau découvre trois manuscrits contenant des répertoires inconnus. Intrigué, il fait un rapport dans lequel il les rejette. Pour lui, les textes ont été « contaminés par le bel canto » (ajout de notes, etc), modifié par les italiens. Or, il s’agit rien de moins que la source de son travail ! Il faut attendre les années 1970 et la publication du « Monumenta Monodica Medii Aevi » par H. Stablein-Harder, pour retrouver l’intégralité du vieux romain. Les premières églises romaines sont dans les catacombes chrétiennes. Les pièces de grégorien et de vieux romain ont les mêmes paroles et des analogies mélodiques (plus orientales dans le vieux romain). On dit que le vieux romain est l’ancêtre du grégorien (avec transfert sous Charlemagne), or le vieux romain se poursuit en parallèle durant des centaines d’années. En réalité, le grégorien est le mélange du vieux romain et de sa relecture par le gallican des francs. Gregoire 1er (VI°) essaie d’unifier le répertoire à toute la chrétienté mais n’y parvient pas. Plus tard, les carolingiens y parviennent. Si le vieux romain disparaît, c’est parce qu’on veut que le chant soit conforme à toute la liturgie. Caractéristiques : des phrases musicales typiques  Phrases répétitives  Mélodie souvent conjointe  L’ambitus est très étroit  La modalité s’installe : la note finale nous donne le mode de la pièce Ecoute : resurrexit. 1. Le chant mozarabe Communauté chrétienne d’Espagne vivant en Andalousie. Vers le VI°, invasion arabe dans toute l’Europe. Martel (VIII°) les repousse jusqu’en Espagne, où ils s’installent : ils forment la communauté Al Andalus. Petit à petit, les chrétiens sont tolérés (contre une légère taxe)  échanges très forts. Concile de Burgos, 1085. Le clergé espagnol, motivé par le Vatican, demande la suppression du chant mozarabe de la liturgie : les Al Andalus refusent. XV° , le cardinal de Tolède Francisco Jiménez de Cisneros, dit Jiménez, fait noter un codex de chant mozarabe. Dans les années 1970, découverte de sources d’origine du mozarabe à Léon (Espagne), dans un antiphonaire, copiés au X°. Mais problèmes de lecture. On reconnaît la notion de hauteur des signes. L’écriture est soignée : volonté de transmission. On retrouve une seconde source de Léon mais celle-ci est moins précise, peu soignée. 4. La liturgie gallicane Avant le VIII° siècle, dynastie des mérovingiens (puis jusqu'au XIX°, caroligiens). Le Gallican n'a pas de grand centre (contrairement à Milan ou Rome) : la liturgie est propre en fonction du lieu → mozaïque de répertoires aux influences bizantines, romaines → Arles, Avignon, Espagne, Verdun, Autun, Narbonne, voire Irlande. L'office de l'adoration de la croix, que l'on pratique encore aujourd'hui, vient de la liturgie galicane. On n'a pas de notation neumatique intelligible de cette période. Les sources sont très tardives. Emploi duresponsorum, proprement gallicane : technique responsoriale soliste-choeur. Ecoute : « Pangue Lingua », « Vexilla Regis uploads/Litterature/ histoire-musique-moyen-age.pdf

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