1 ©BEYA asbl. Tous droits réservés. CONFÉRENCE SUR LE ZOHAR1 INTRODUCTION Mesda
1 ©BEYA asbl. Tous droits réservés. CONFÉRENCE SUR LE ZOHAR1 INTRODUCTION Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, mes chers amis, nous allons parler du Zohar, qui est un livre extrêmement célèbre. Je ne dis pas que c’est la perle des perles des livres d’Israël, mais c’est en tout cas une des perles d’Israël. Je vous donnerai d’abord quelques précisions sur le Zohar. Ensuite, je vous parlerai de la théologie juive, qui nous permettra de comprendre un passage très controversé et très difficile à traduire. Je vous donnerai quelques traductions. Vous verrez à quel point ce texte a été mal compris par les traducteurs. Je vous en proposerai une traduction que j’ai faite moi-même, et nous la commenterons. LE ZOHAR Parlons, d’une manière générale, du Livre du Zohar, le Sepher hazohar2, le « Livre de la Splendeur ». Vous en avez sûrement déjà tous entendu parler. Il a été considéré comme le 1 Le texte que nous proposons est un remaniement de celui de la conference donnée par Emmanuel d’Hooghvorst à Oud-Heverlee (Belgique) en 1985, devant un public composé notamment d’étudiants en hébreu. Le caractère oral de l’exposé apparaîtra clairement. 2 rhvzh rpc 2 ©BEYA asbl. Tous droits réservés. trésor de la tradition des Hébreux. On l’a aussi appelé la « clef du ciel ». Qu’est-ce que le Zohar ? Je dirais simplement que c’est ce qu’on appelle un midrache. Le mot midrache vient d’une racine hébraïque, daroch3, qui signifie « expliquer ». Un midrache est une explication de la Sainte Écriture. Je souhaite que ceux d’entre vous qui sont débutants, ne se découragent pas trop vite, de façon à arriver à l’étude du midrache. Ils en seront enchantés. Les grands midrachim, l’explication de la Sainte Écriture, commentent le pentateuque. Qu’est le pentateuque ? Ce sont les cinq livres de Moïse, pentateuchos en grec4, c’est-à-dire les cinq ustensiles, les cinq livres de Moïse, qui sont la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. D’autres midrachim, plus petits, sont simplement des commentaires, par exemple, des Psaumes, du Cantique des cantiques ou du Livre de Ruth. Le Zohar se présente comme un commentaire : c’est un midrache. C’est un commentaire du pentateuque, verset par verset. Il est extrêmement prolixe : l’auteur du Zohar, à propos d’un verset, parle d’un tas de choses, pour revenir ensuite à son problème, et continuer. C’est un livre énorme. Il est écrit presque entièrement en araméen, un araméen très littéraire, qui paraît presque être un exercice de style, très différent de l’araméen que nous connaissons dans les livres juifs des deuxième, troisième ou quatrième siècles, très différent de l’araméen du Talmud ou de certains midrachim, si bien que l’on s’est demandé qui avait fait ce bel exercice de grammaire. L’AUTEUR DU ZOHAR Il est attribué au plus célèbre des rabbins hébraïques de notre ère, Rabbi Siméon bar Iochaï, qui vivait au deuxième siècle. Rabbi Siméon bar Iochaï se prétendait même supérieur à Moïse. Il disait : Quand Moïse est descendu du Sinaï, son visage 3 >rd 4 Πεντάτευχος. 3 ©BEYA asbl. Tous droits réservés. resplendissait, mais il ne le savait pas. Tandis que moi, quand je suis descendu du Sinaï, mon visage resplendissait, mais je le savais. Cela nous prouve tout simplement que, dans la tradition juive, chaque homme, à chaque époque, peut espérer arriver au degré le plus élevé de la connaissance. Chaque homme peut espérer monter au Sinaï et faire ce que Moïse a fait. Ceci est très encourageant pour nous qui commençons à nous engager dans la voie mosaïque. C’est ce que je vous souhaite à tous, d’ailleurs. Rabbi Siméon bar Iochaï vivait à une époque extrêmement troublée, au moment de la fameuse révolte de Bar Kokba, au temps de l’empereur Hadrien : Bar Kokba veut dire « Fils de l’Étoile ». Bar Kokba s’était présenté comme le Messie, et voulait délivrer son peuple du joug romain. Il y a réussi pendant trois ans. En 133, il a libéré la Palestine et a chassé les Romains. Mais la machine de guerre romaine est une machine qui est comme un crocodile. Quand elle se mettait en marche, elle vous croquait complètement. Elle s’est donc reconstituée : les légions sont entrées en Palestine, et en 135 elles ont pris Jérusalem. Bar Kokba a été martyrisé. Beaucoup de rabbins juifs qui s’étaient mis à sa suite, comme Rabbi Akiba, ont été torturés et sont morts martyrs. La ville de Jérusalem a été détruite au point qu’on y a même passé la herse. Elle n’existait plus. Les Romains y ont reconstruit une autre ville, une ville romaine, une ville païenne avec des temples païens, des jeux, et tout ce que le paganisme supposait. Les juifs n’avaient même plus l’autorisation d’y pénétrer. Ils ne pouvaient y pénétrer qu’une fois par an, pour aller pleurer leur sort au mur des Lamentations. La religion juive fut complètement abolie par Hadrien. C’est ainsi qu’il est l’empereur le plus détesté des juifs. Quand ils parlent de lui, ils disent : « Que ses os soient broyés ! », c’est-à-dire : Qu’il ne puisse pas ressusciter, que ses os tombent en pourriture ! Le judaïsme aurait pu être complètement perdu et oublié. Il n’y avait plus trace de rien. Alors, quelques rabbins, dont Rabbi Siméon bar Iochaï, ont obtenu la permission de se réunir dans une petite ville appelée Yabné. Là, ils ont commencé la rédaction de ce que l’on appelle le Talmud. C’est le Talmud, en quelque sorte, qui a sauvé les juifs, parce qu’il a rassemblé tous les enseignements des maîtres du 4 ©BEYA asbl. Tous droits réservés. deuxième Temple dans un livre composé de mémoire : la Michnah. Michnah vient de chanah5, « enseigner ». La Michnah est une des parties du Talmud. Ensuite vient la Guémara : ce sont des discussions, des explications de rabbins à propos de la Michnah. De ce fait, les enseignements de ce célèbre Rabbi Siméon ont été parmi les plus cités et les plus répandus du judaïsme. On s’y réfère presque toujours par la formule : « Rabbi Siméon a dit... ». L’auteur du Zohar a attribué son livre à Rabbi Siméon, comme autrefois au Moyen Âge, quand les livres sentaient un peu le fagot, on plaçait son oeuvre sous le nom de saint Albert le Grand, de saint Thomas... Je pense que c’est ce qui est arrivé en ce qui concerne le Zohar, parce que personne n’en a jamais trouvé d’extrait qui ait daté d’avant le treizième siècle. Celui qui a répandu ce Zohar, un livre écrit dans un très bel araméen mais un peu artificiel, un peu comme un exercice de style, c’est Rabbi Moïse de León (León est une ville de Castilla la Vieja, en Espagne). Ce rabbin avait écrit d’autres livres très savants, mais en 1280, il a commencé à rassembler et à répandre ces feuilles, qui étaient soi-disant ce qu’avait écrit Rabbi Siméon bar Iochaï. Un des grands commentateurs de l’époque, Rabbi Menahem de Recanati, est le premier à avoir cité le Zohar dans ses livres. Cela devait être à la fin du treizième siècle. Il n’y a jamais eu aucune apparition du Zohar avant cela. Le professeur Scholem, de l’Université de Jérusalem, rapporte à ce sujet une histoire pleine de sens et pleine de sel : À la question de sa femme qui lui demandait pourquoi il ne revendiquait pas la paternité de l’ouvrage, Moïse de León avait répondu : Si je disais que j’en suis l’auteur, personne ne prêterait attention à ce livre ou ne m’en donnerait pas un liard, parce qu’on dirait que ce sont des produits de ma propre imagination. Mais maintenant qu’on entend dire que je copie le livre du Zohar écrit par Siméon ben Yohai sous l’inspiration du Saint-Esprit, on paye beaucoup ce travail, comme vous savez6. Voilà l’origine la plus probable du Sepher hazohar, qui n’en est pas moins un très beau livre, livre aussi utile aux chrétiens 5 hn> 6 G. G. Scholem, Les Grands Courants de la mystique juive, Payot, Paris, 1950, p. 207. 5 ©BEYA asbl. Tous droits réservés. qu’aux juifs, comme tous les livres de la littérature rabbinique d’ailleurs, parce que saint Paul lui-même, dans une de ses épîtres, recommande ceci : Vous avez été greffés sur l’arbre juif. Ne vous en séparez jamais7. Aussi, je crois que l’Église devrait faire son mea culpa. Elle s’est tellement éloignée de l’arbre juif, qu’elle n’a même plus connu l’hébreu. Et vous faites bien, vous suivez le conseil de saint Paul. Vous retournez à l’arbre juif, pas pour devenir juifs, mais pour devenir meilleurs chrétiens, si vous êtes chrétiens évidemment. Moïse de León avait publié d’autres ouvrages, sous son nom. Je ne sais pas s’ils se sont si bien vendus. Ils ont été conservés, notamment le Cheqel haqodech (« Sainte Monnaie »), le Sepher harimon (« Livre de la Grenade »). Ce sont des livres très inspirés, très intéressants. On voit très bien que ce Moïse de León était un homme très savant et très instruit dans les Écritures. LES ÉDITIONS DU ZOHAR Quelles uploads/Litterature/ hooghvorst-emmanuel-zohar-le.pdf
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- Publié le Jui 17, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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