53 8. SYNTHÉTISER L’INFORMATION L’épreuve de synthèse se base sur un corpus de

53 8. SYNTHÉTISER L’INFORMATION L’épreuve de synthèse se base sur un corpus de plusieurs textes d’auteurs différents mais portant autour d’un thème commun. Comme son nom l’indique, l’objectif est de proposer une synthèse de ces textes en faisant apparaître les questions fondamentales posées, les points de convergence et les points de divergence entre les auteurs. Il s’agit ici de rassembler les éléments essentiels de plusieurs textes. Mais aussi de : - comparer les idées des différents textes - présenter les différentes idées émises dans les divers articles en un seul texte - rester objectif Attention : il ne s’agit pas de plusieurs résumés de textes, mais d’un texte global ! 7.1. Introduction : comprendre des textes et en extraire les informations importantes. 1) Prends connaissance des trois documents ci-dessous puis réponds aux questions qui suivent. Document 1 Séries télé : des alliées psychiques par P. Senk « Elles ont une dimension consolatrice, voire psychothérapeutique, rarement atteinte par les médias ». « Quand je voyais Brenda dans Six Feet Under se débattre dans une relation fusionnelle avec sa mère, ou quand le mari de Brigitte Nyborg, dans Borgen, finit par la quitter, j’en apprenais beaucoup sur les relations chaotiques que je vis moi-même au quotidien », confie cette addict télévisuelle qui ne raterait pour rien au monde la saison à venir de ses programmes favoris. Les Grecs de l’Antiquité, pour épancher leurs émotions, mieux se connaître ou apprendre à aimer, avaient les tragédies. Nous, nous avons les séries télé. Entendons là essentiellement ces séries anglo-saxonnes – et depuis peu, scandinaves – qui donnent lieu aux échanges de millions de fans sur Internet, dont les « saisons » s’arrachent dès leur sortie, et qui incitent même Canal+ à créer une chaîne entièrement consacrée à leur format… Breaking Bad, Downtown Abbey et, avant elles, Urgences ou Desperate Housewives. Qu’ont-elles donc de si puissant, ces fictions « post-psychanalytiques » comme les appelle le spécialiste des médias François Jost ? Auraient-elles justement une dimension consolatrice, voire psychothérapeutique, rarement atteinte par les médias jusque-là ? Pour Aurélie Blot, auteur de Héros en séries… Et si c’était nous ? (Éd. Plon), aucun doute : « Si ces fictions ont un tel pouvoir addictif, c’est d’abord parce qu’elles font du bien ». Cela, bien sûr, reste l’apanage de nombreuses œuvres de fiction – romans, films… – qui nous aident à nous évader du quotidien, à nourrir notre imaginaire, entrevoir d’autres manières d’être. Mais dans le cas de ces 26 ou 52 minutes à retour régulier, il y a plus : « Une vraie relation psychologique entre le héros et le spectateur », affirme cette spécialiste de la civilisation américaine. Une intimité à la fois entretenue et renouvelée à coups de cliffhangers1, explosion de tabous et proximité psychique sur la longueur. Humains et vulnérables Certaines séries, telles que Friends, s’invitent ainsi pendant cinq ou dix ans, autant dire que leurs héros deviennent peu à peu des connaissances qu’on voit évoluer. « Avec ces formats, on 1 Le « cliffhanger » désigne, dans la terminologie des œuvres de fiction, la scène qui termine un épisode par une situation de suspense intense, qui ne trouvera sa résolution que dans l’épisode suivant. 54 atteint un vieillissement à trois niveaux, observe Aurélie Blot. Nous-mêmes vieillissons au même rythme que les acteurs, qui eux-mêmes vieillissent au même rythme que leur personnage ». Loin des préoccupations « anti-âge » et « tous au top » cultivées dans les autres médias, les séries ne nous dissimulent donc pas la vérité : oui, nous tous, même Tony Soprano ou Bree van de Kamp2, nous allons vieillir. Oui, parce que nous sommes humains, nous sommes aussi vulnérables, contradictoires et imparfaits. Et capables de résilience3 (nombre de héros suivent une thérapie ou soignent leurs addictions dans des groupes du type Alcooliques anonymes). C’est là une des sources d’apaisement majeures que procurent ces séries : oser montrer de vraies failles chez les héros. Et quel que soit leur statut social, tous se débattent intérieurement avec leurs sentiments d’impuissance, leurs doutes. Pouvant nous identifier à cette ambivalence, nous y trouvons un peu de répit pour nos propres existences. Mark van Vugt, professeur de psychologie sociale à l’Université d’Amsterdam, décrit sur son blog comment la série Borgen vient ainsi toucher la plupart des femmes dans leurs enjeux quotidiens : « Brigitte Nyborg, chef du gouvernement danois, veut à la fois être une brillante politicienne et une mère modèle, écrit- il, mais découvre rapidement que les deux sont incompatibles. Même quand elle promet à sa famille de décrocher du travail le temps d’un week-end, elle ne lâche pas son Black Berry et appelle sans cesse son équipe… ». Quand elle anime des réunions ministérielles, elle reste hantée par l’image de sa fille ado en pleine dépression et sa culpabilité de ne pas être auprès d’elle… Quelle téléspectatrice resterait insensible à un tel dilemme ? Mais la plupart des séries vont aussi plus loin. Derrière les images de « gendre idéal », elles dévoilent un Dexter, serial killer, ou un Walt, héros de Breaking Bad, devenu dealer pour subvenir aux besoins de sa sacro- sainte famille. Et des existences marquées par tout ce qui se laisse découvrir lors d’une psychothérapie : abus sexuels dans l’enfance, deuils lancinants, masturbation, meurtres, sadisme, obsessions… « Tous les sujets tabous ont désormais leur place dans ces fictions, ce qui en révèle beaucoup sur nous », observe Aurélie Blot, qui n’hésite pas à reconnaître dans ces représentations les effets du « ça » freudien4, centre des pulsions inconscient et donc incontrôlable qui nous habite. « En regardant Dexter, le spectateur se débarrasse en partie de ses propres envies meurtrières », affirme-t-elle. Une bonne raison, enfin, de s’accrocher au petit écran. P. SENK, Séries télé : des alliées psychiques, Le Figaro, 4/10/2013 Document 2 Accro aux séries télé, c’est grave, Dr. House ? par M. Laronche Pour Marc Zaffran, alias Martin Winckler, écrivain, médecin, passionné de séries et auteur d’un livre sur le sujet (Les Miroirs de la vie : histoires des séries américaines, Le Passage, 2005), l’attachement des fans est dû à un cocktail. Il combine « varié- té » - il n’y a pas un seul mais plusieurs personnages -, « continuité » - les récits se déroulent sur plusieurs années - et « surprise » - les rebondissements sont nombreux et alimentent le suspense. « Toutes proportions gardées, les séries remplissent la fonction de narration que l’on retrouve tous les jours en parlant de ses voisins, de ses collègues ou de sa famille, explique-t-il. Les psychologues évolutionnistes estiment que la fiction sert, non seulement, à nous mettre dans des situations hypothétiques, mais qu’elle nous apprend à les résoudre. » Comme une sorte d’imitation de la vie. Baptiste, 18 ans, se reconnaît dans certaines scènes de ses deux séries préférées (How I Met Your Mother, The Big Bang Theory), ce qui, avoue-t-il, le fait réfléchir. Johann, 32 ans, fan de Friends, 2 T. Soprano et B. Van de Kamp sont les héros des séries Les Soprano et Desperate Housewives. 3 Capacité de se reconstruire après un traumatisme, une dépression. 4 Selon Freud, le « ça » est l’une des trois composantes de toute personnalité. Il représente l’ensemble de nos pulsions. 55 regrette, des années plus tard, que sa série ait pris fin. « Avec ma soeur, nous passions des heures à la regarder, à reproduire les dialogues et les mimiques, se souvient-elle. J’ai connu la colocation à l’étranger, les mêmes ennuis et galères (que certains héros de Friends), certes moins glamour que la série. Au bout du compte, cela m’a permis de passer deux ans de cohabitation sans vivre un cauchemar permanent. » La jeune femme avoue éprouver un « attachement certain pour les acteurs. » « À la différence d’un film au cinéma, l’imagination du spectateur se porte non seulement sur ce qui s’est passé, mais sur ce qui va se passer », remarque Marc Zaffran. On imagine la suite, comment vont évoluer les personnages, comment ils vont faire face à tel événement… « Les séries sont des histoires ouvertes, elles doivent ménager en permanence des rebondissements. Ce dispositif narratif conduit le spectateur à être actif dans la réception. Il y a plusieurs trames narratives qui se tissent les unes aux autres. Cela rend les personnages complexes et non stéréotypés », souligne Thibaut de Saint Maurice, professeur de philosophie en lycée et auteur de Philosophie en séries (Ellipses, 2009). Selon lui, le succès des séries tient aussi au fait qu’elles mettent en scène les grandes questions de l’existence. Desperate Housewives, par exemple, pose le problème du bonheur ; Prison Break, celui de la liberté ; Six Feet Under, de la mort. Tandis que Dr House pose le problème de la recherche de la vérité. « Ce qui me fascine, confie Jean-Michel, 66 ans, c’est notamment le reflet de la société et de ses violences et l’humanité extrême des personnages comme Brenda Lee Johnson, (héroïne de The Closer), qui offre une formidable ré- flexion sur les femmes victimes, uploads/Litterature/ synthetiser-linformation-version-impression.pdf

  • 26
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager