Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Mhairi McFarlane Parce

Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Mhairi McFarlane Parce que c’était nous Traduit de l’anglais (Grande-Bretagne) par Odile Carton Milady Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Pour Jenny, trouvée à l’université. Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Prologue — ET MERDE ! J’AI VRAIMENT PAS DE BOL… — Quoi ? D’une tape, je chassai une guêpe particulièrement intrépide et obstinée de ma canette de Coca. Le visage dissimulé derrière sa main, Ben ne faisait qu’attirer encore plus l’attention sur lui. — Le Pr McDonald. Tu sais, Crâne d’œuf McBrioche. Je lui dois une dissertation sur Keats depuis une semaine. Il m’a vu ? Je jetai un coup d’œil. De l’autre côté de la pelouse tachetée de soleil, le professeur s’était arrêté net et exécutait une parfaite imitation de lord Kitchener, doigt pointé et allant jusqu’à articuler silencieusement le mot « VOUS ». — Euh… Oui. Ben me dévisagea par un interstice entre deux doigts. — Oui peut-être ou oui sûr ? — Oui, aussi sûr que si un missile Scud écossais en tweed, corpulent et chauve, avait tes coordonnées exactes et traversait la pelouse à fond la caisse pour te détruire. — Bon, OK. Réfléchissons, réfléchissons…, marmonna Ben en levant les yeux vers le feuillage de l’arbre sous lequel nous étions assis. — Tu comptes l’escalader ? Parce que le Pr McDonald a l’air capable d’attendre que les pompiers viennent te déloger. Les yeux de Ben balayèrent les vestiges de notre déjeuner puis nos sacs par terre comme s’ils contenaient une réponse. Je n’étais pas sûre que balancer un sac à dos Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert dans la figure d’un universitaire émérite nous serait d’une grande aide. Son regard s’arrêta sur ma main droite. — Puis-je t’emprunter ta bague ? — Bien sûr. Quoiqu’elle n’ait rien de magique… Je l’ôtai en la faisant tourner autour de mon doigt et la lui tendis. — Lève-toi. — Hein ? — Lève-toi ! Je me mis debout et tapotai mon jean pour en déloger les brins d’herbe restés accrochés. Ben passa quant à lui sur un genou et brandit le bijou en argent vaguement gothique que j’avais acheté pour 4 livres sur le marché étudiant. Je me mis à rire. — Oh… Espèce d’idiot… Le Pr McDonald nous rejoignit. — Ben Morgan… ! — Désolé, monsieur, mais j’ai une urgence à gérer. Il se tourna de nouveau vers moi. — Je sais que nous avons vingt ans et que le moment choisi pour cette demande en mariage a été forcé par des… pressions extérieures, mais, en faisant abstraction de tout ça, tu es extraordinaire. Je sais que je ne rencontrerai jamais une autre femme à laquelle je tiendrai autant qu’à toi. Ce sentiment grandit, grandit… Le Pr McDonald croisa les bras. Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, il souriait. Stupéfiant. La chutzpah de Ben triomphait encore. — Tu es sûr que ce sentiment n’est pas plutôt la vengeance de la tortilla au maïs et Knacki que Kev et toi avez mitonnée hier soir ? demandai-je. — Non ! Mon Dieu – tout mon être t’appartient. Ma tête, mon cœur, mes tripes… — Attention, mon garçon. Je n’irais pas plus loin dans cet Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert inventaire, si j’étais vous, intervint le Pr McDonald. Le poids de l’histoire repose sur vous. Pensez à l’héritage. Vous vous devez de susciter l’inspiration. — Merci, monsieur. — Ce n’est pas d’une femme que tu as besoin, mais d’un comprimé d’Imodium, dis-je. — J’ai besoin de toi. Qu’en penses-tu ? Épouse-moi. Une cérémonie simple. Ensuite, tu pourras emménager dans ma chambre. J’ai un matelas gonflable et une serviette tachée que tu peux plier et utiliser comme oreiller. Et Kev est en train de perfectionner une recette de papas bravas qui consiste à faire bouillir les patates directement dans une soupe de tomates Heinz. — Aussi adorable que soit ta proposition, Ben, je suis navrée, mais non. Ben se tourna vers le Pr McDonald. — Je vais devoir prendre un congé exceptionnel. Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Chapitre premier J’ARRIVE À LA MAISON LÉGÈREMENT EN RETARD, POUSSÉE CONTRE LA PORTE PAR cette pluie typique de Manchester, qui a la particularité de tomber verticalement et horizontalement en même temps. Je répands tellement d’eau dans la maison que je me sens comme une algue étalée au bas des marches à marée descendante. L’endroit est chaleureux, sans prétention. Deux minutes de visite suffiraient à nous classer dans la catégorie « jeunes trentenaires actifs sans enfants » : affiches encadrées des héros musicaux de Rhys, style brocante chic – plus brocante que chic – et plinthes rehaussées d’un vernis bleu foncé qui fait grimacer ma mère : « Ça fait un peu foyer d’accueil. » La maison embaume les effluves du dîner, épicés et chauds. Je perçois néanmoins clairement une certaine froideur dans l’air. Je détecte la mauvaise humeur de Rhys avant même d’avoir posé les yeux sur lui. Quand j’entre dans la cuisine, il est penché au-dessus de la cuisinière, et quelque chose dans la tension de ses épaules confirme mon impression. — B’soir, chéri, dis-je en dégageant mes cheveux trempés coincés dans mon col et en déroulant mon écharpe. Je grelotte, mais j’ai le pas alerte du week-end. T out est un peu plus facile à supporter le vendredi. Il pousse un grognement indistinct qui pourrait être un « salut », mais je m’abstiens de lui demander de peur d’être accusée d’ouvrir les hostilités. — Tu as acheté la vignette ? Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert — Oh, merde, j’ai oublié. Rhys fait volte-face, un couteau à la main. C’était un crime passionnel, votre honneur. Rhys déteste les retards en général et les retards de paiement en particulier. — Je te l’ai rappelé hier ! Ça nous fait un jour de retard. — Désolée. Je m’en occupe demain. — On voit bien que ce n’est pas toi qui dois conduire dans l’illégalité. Ni moi qui ai oublié de m’en charger le week-end dernier, si j’en crois le pense-bête écrit de sa main sur le calendrier. Mais je ne relève pas. Objection, votre honneur : l’accusation harcèle mon témoin. — Ils les remorquent jusqu’à la casse, tu sais, même si elles sont garées sur le trottoir. Zéro tolérance. Faudra pas m’en vouloir quand ils l’écrabouilleront jusqu’à ce qu’elle fasse la taille de l’auto de Oui-Oui et que tu devras prendre le bus. Je me vois soudain coiffée d’un bonnet de nuit bleu surmonté d’un grelot. — Demain matin. Ne t’inquiète pas. Il me tourne le dos et se remet à émincer un poivron qui pourrait aussi bien avoir ma tête. Me rappelant que j’ai de quoi l’amadouer, je me baisse pour extraire une bouteille de rouge de mon sac de courses dégoulinant. Je nous remplis deux énormes verres et lance : — À la tienne, Potiron. — Potiron ? — Oui-Oui. Laisse tomber. Comment s’est passée ta journée ? — Comme d’hab. Rhys est graphiste et travaille dans une boîte de marketing. Il déteste ça. Et il déteste encore plus en parler. En revanche, il apprécie assez les histoires sinistres que je lui rapporte du front, fraîchement récoltées à la cour de la Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Couronne de Manchester pour mes comptes rendus de procès. — Eh bien, aujourd’hui, en entendant le verdict de perpétuité incompressible, un condamné a réagi en prononçant cette phrase mémorable : « Putain de merde, c’est de la couille. » — Ah, ah ! Et ça l’était ? — De la couille ? Non. Il a tué un tas de gens. — Tu peux citer « putain de merde » dans le Manchester Evening News ? — Seulement avec des astérisques. Par contre j’ai été obligée de modérer les propos tenus par sa famille que j’ai résumés en « protestations émues et exclamations s’élevant des bancs du public ». Le seul mot se rapportant au juge qui n’était pas grossier était « vieux ». Rhys emporte son verre dans le salon en gloussant. Je lui emboîte le pas. — J’ai fait des recherches pour la musique de la réception aujourd’hui, dis-je en m’asseyant. Maman ne me lâche pas avec l’histoire du « neveu de Margaret Drummond de son club de pâtisserie qui avait embauché un DJ coiffé d’une casquette de base-ball », lequel a passé « des choses obscènes et cacophoniques où il était question de seins, de fesses et de drogue » avant que les enfants d’honneur ne soient couchés. — Ça me semble parfait. Est-ce qu’elle pourrait se procurer son numéro ? Cela dit, on lui demanderait peut-être de laisser tomber la casquette. — Et qu’est-ce que tu dirais d’un chanteur ? Un de mes collègues a embauché cet imitateur d’Elvis, Macclesfield Elvis. Il a l’air super. Le visage de Rhys s’assombrit. uploads/Litterature/ parce-que-cetait-nous-mhairi-mcfarlane.pdf

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